L’OFFICIEL: À quel moment avez-vous imaginé que la pièce Le Père pourrait devenir un film?
Très tardivement. En écrivant la pièce, je ne savais pas dans quelle mesure le public serait disponible pour ce voyage émotionnel. J’ai été très surpris et ému de voir les réactions, souvent les mêmes, quel que soit le pays (elle a été montée dans près de 45 pays, ndlr), malgré les différences culturelles. Souvent, lorsqu’on rencontrait les spectateurs, ils nous attendaient moins pour nous féliciter que pour partager leur propre histoire. J’ai réalisé que cette pièce avait une dimension cathartique. Je crois que c’est le but, du théâtre, du cinéma, de faire en sorte que chacun se sente appartenir à quelque chose de plus soit juste une histoire, mais qu’il incarne l’expérience de montrer ce que ça veut dire de tout perdre, de ne plus avoir de repères, y compris en tant que spectateur. Jouer avec cette dimension, le cinéma pouvait le faire de manière plus puissante que le théâtre. Tout ce que permet de faire le cinéma, par le choix des cadres, le jeu des décors, permet d’embarquer le spectateur dans ce labyrinthe.