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Le tueur à lame sensible: Roman
Le tueur à lame sensible: Roman
Le tueur à lame sensible: Roman
Livre électronique299 pages4 heures

Le tueur à lame sensible: Roman

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À propos de ce livre électronique

Grand, élancé, les cheveux noirs et longs, une barbe irrégulière qui recouvre son visage émacié, l’homme caractérisé comme étant un individu extrêmement violent est surnommé « Jésus le fou » par son entourage. Avec un grand couteau, il poignarde avec une sauvagerie inouïe celles et ceux qui osent lui résister.
Témoins et indices suffiront-ils à aider Policiers et Gendarmes à l’identifier et le confondre ?
Parfois glaçant, ce roman noir est une pure fiction, dont l’action se déroule dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Les protagonistes aux comportements particuliers et souvent démesurés sont chimériques.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Commandant de police en retraite, Jacky Ricart avait exercé ses fonctions principalement dans les services d’investigation, de recherches et d’enquêtes, fonction qui lui concède le pouvoir d’analyser finement le comportement de la nature humaine avec ses manigances, ses sournoiseries, ses boniments, parfois ses vérités. Il a terminé sa carrière comme Chef de Circonscription de Police de la station balnéaire de Berck-sur-Mer.
Il signe là l’un de ses premiers romans.
LangueFrançais
Date de sortie13 mars 2020
ISBN9791037707024
Le tueur à lame sensible: Roman

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    Aperçu du livre

    Le tueur à lame sensible - Jacky Ricart

    Juillet 1999

    Le gîte partagé

    Repasser du linge pendant les vacances, c’est génial ? Allons donc, une véritable corvée, oui ! Les vacances, en principe, c’est super, normalement bien sûr.

    Néanmoins, Anita, le fer à repasser en main, n’en est plus totalement persuadée. Avoir toute l’année des enfants devant son nez, constamment et sans une seconde de répit, et se retrouver pendant ces deux semaines de vacances dans cet endroit montagneux, mais surtout désert, c’est désespérant.

    Elle aime bien les enfants de sa classe, ils sont en partie sa raison d’être. Apprendre à lire et à écrire à des mômes est pour elle un plaisir. Elle aime son métier. Elle a commencé institutrice, et on lui a demandé de devenir professeur des écoles. Professeur des écoles ! N’importe quoi. Les mots « instituteur » et « institutrice » vont donc disparaître de la langue française ? Insensé ! Les mots « maître » et « maîtresse aussi » ! Énorme, énorme et affligeant. On nous dit que le monde évolue, que la France évolue, alors soyez modernes, il faut vivre avec son temps. Mouais !

    Elle avait le choix : institutrice ou professeur des écoles, elle a dit oui. Elle a accepté, elle est donc devenue professeur des écoles. Professeur, quel grand mot ! Cela ne change pas grand-chose. Elle sait comment sont considérés les enseignants, quelle que soit leur appellation. Les politiques, les hommes d’affaires, les ouvriers, les autres fonctionnaires même, mais aussi les parents d’élèves, les considèrent comme des feignants, toujours en vacances : un week-end complet et tous leurs mercredis, et deux mois de vacances qu’ils ont, et des congés à la Toussaint, à Noël, en février et encore au printemps, ils ne sont pas à plaindre ! Ben voyons… Elle sera donc professeur, avec quelques années à faire en plus pour sa retraite. Bof… qu’importe, on verra bien.

    Elle aime ce qu’elle fait. Elle n’apprécie pas ce gouvernement qui méprise son job. Elle ne supporte pas qu’on la traite comme une fonctionnaire nantie. « Dégraisser le mammouth », disait autrefois l’un d’entre eux. C’est qui le mammouth ? Les ministres, les députés, les sénateurs, oui, ils sont là les mammouths, ce sont eux qu’il faudrait dégraisser, la plupart des cas, dans les deux sens d’ailleurs.

    Que fait-elle, elle ? Alors que les autres, dans le privé, dans les bureaux, y vont de leur petit café, déjà à l’arrivée au boulot, à 9 h, et on discute, puis à 14 h, café de nouveau, et on rediscute… On a encore vu ça à la télé dans un film hier soir, oui, bien analysé le réalisateur. Elle peut faire cela, elle ? Elle peut abandonner sa classe, aller prendre le café et cancaner avec les autres ? Eh bien certainement pas. Impossible. Des nantis, les fonctionnaires ? Dans le privé, ils ont de meilleurs revenus, des treizièmes mois, quelquefois quatorzièmes, souvent sans être obligés de passer le moindre des concours, et alors quand on est le patron, oh là là !

    Quel boulot ils abattent les pauvres.

    Quand on est patron, on mange au resto, avec d’autres patrons, ou parfois des cadres importants, mais même en mangeant au resto et bien souvent jusque 15 heures, voire plus, on pense, et on pense surtout affaires. Un patron réfléchit en mangeant, eh oui, il n’est jamais lâché par son entreprise. Il ne pense qu’au boulot, qu’au business, qu’au chiffre d’affaires aussi, et à sa part de gâteau personnelle. Pensez donc, ça ne dort que quatre heures par nuit un patron. Ouais ! Il panse surtout, il panse. Fumisterie tout cela. Elle, Anita, est toujours sous soixante paires d’yeux, toute la journée, et sans une seconde de répit. Le syndicat ! Oui, elle a cotisé cette année. Trop c’est trop. Cette fois-ci, elle sera de tous les mouvements, même les grèves dures. Non, mais !

    Elle a rejoint le syndicat de son mari. Olivier lui reproche depuis tellement d’années d’être indifférente à leur combat. Lui, le représentant syndical vexé que sa propre épouse ne soit pas une de ses adhérentes. Il a gagné. Trop c’est trop, elle a cotisé, et elle est prête à tous les affrontements.

    Sa pensée coléreuse chemine ainsi tout en écoutant la radio. Décidément, son esprit n’est jamais en vacances, elle pense encore boulot. Elle est un peu comme un patron finalement.

    Les vacances c’est super. Ben voyons !

    Olivier a voulu une fois de plus prendre un séjour dans un endroit sauvage, isolé. VTT… il ne pense plus qu’à cela. Il pense VTT. Quelle obsession ! Faire du VTT, le plus souvent possible et en montagne, c’est bien mieux prétend-il.

    Et elle ? Il y a pensé ? Non, il n’y pense pas l’égoïste. Pour une fois, elle aurait voulu rencontrer d’autres personnes, voir des monuments, visiter des sites, des musées, parcourir des paysages nouveaux, enfin sortir, quoi. Tout simplement sortir. Ce n’est pas compliqué.

    Ce gîte n’est pas mal, super bien aménagé et décoré. Très fonctionnel aussi, avec une grande salle avec belle cuisine américaine, une gigantesque salle de bains avec baignoire, douche et lavabos jumeaux, donnant sur deux chambres immenses dont une avec cabinet de toilette et douche. Ce chalet est très bien aménagé, super confortable, mais tellement isolé. Heureusement, il y a une piscine, Dieu merci, sinon, quel ennui.

    Personne avec qui discuter à des kilomètres à la ronde, et le restaurant le plus proche à quinze kilomètres, les autres, n’en parlons pas, une heure pour y aller et une autre pour le retour. Vacances galère oui !

    C’est bien la dernière fois qu’elle se laisse entraîner par son mari dans son délire. Trop injuste, pas de vraies vacances en fait, et en plus, il faut quand même faire la bouffe, laver et repasser.

    Anita continue à repasser dans un coin du séjour. La radio émet une musique agréable, ça a le don de la calmer quelque peu. Elle sort un bermuda particulièrement hideux, avec des motifs immondes et de très mauvais goût.

    Qu’est-ce que c’est ce truc ? pense-t-elle, mais où a-t-il déniché une horreur pareille ? Je ne repasse pas cette cochonnerie, ah non, sûrement pas. La poubelle n’est pas loin, le caleçon décrié finit par y être balancé avec mépris.

    Mais que fait-il donc ? Trois heures qu’il est parti au village avec son vélo diabolique. Trois heures pour un peu plus de six kilomètres aller et retour. D’ordinaire, quand il va faire des courses au village, il est plus rapide.

    Anita jette un œil par la fenêtre, se penche, ne voit rien si ce n’est à l’horizon, un ciel noir des plus menaçants.

    Mais que fait-il donc ? Il n’y a pas, il faut qu’elle appelle.

    Elle range son fer, replie la table à repasser, et prend son portable.

    Olivier est assez fier. Il s’est procuré cet appareil assez nouveau. Il en a offert un à Anita qui ne l’utilise que rarement. Il a aussi généré l’enthousiasme de ses proches et amis qui se sont empressés de l’imiter.

    Elle compose un numéro. Olivier lui a programmé son numéro en appel direct, mais elle ne sait plus comment faire. Ces appareils, avec ces manipulations compliquées, ne lui plaisent pas plus que cela. Avant on s’en passait et ça allait très bien. Enfin, encore ce foutu progrès qui en fait, emmerde tout le monde. Ce n’est pas grave, elle compose les dix chiffres.

    La sonnerie retentit cinq fois, on l’entend bien, le haut-parleur est actionné. Il ne répond pas. Mince, sa messagerie :

    « Salut, les gars, c’est Olivier, je ne suis pas dispo, rappelez-moi plus tard. Salut les filles, laissez-moi votre numéro, je me ferai un plaisir de vous rappeler, bises »

    Quel con ! Qu’est-ce que c’est que ce message idiot ? Il l’a encore changé. Salut, les filles, laissez-moi votre numéro, je me ferai un plaisir de vous rappeler, baisers. Mais qu’il est con. Con et prétentieux. Ah c’est bien lui ça ! Il compte draguer avec son horrible caleçon ? Avec ce bermuda immonde, il ne se rend pas compte du ridicule, quel idiot ! Un gosse, voilà ce qu’elle a épousé, un gosse.

    Anita a trente-huit ans, n’est pas très grande, mais très bien proportionnée, légèrement rondelette, brune. Ses cheveux sont longs, ce qui lui permet de les nouer de différentes manières. Elle n’est pas de nature à se laisser faire et sait se faire respecter malgré les soucis que causent les enfants d’aujourd’hui. Elle a épousé un enseignant, Olivier. Ils s’étaient connus en fac de lettres, mais après un an, elle avait finalement opté pour l’École normale. Quant à Olivier, il avait également abandonné les lettres pour suivre une formation de professeur d’éducation physique à Wattignies, près de Lille. Ils sont mariés depuis treize ans. Leur fils Nicolas, âgé de dix ans, est parti avec les parents d’Anita pour trois semaines en Espagne. Ils ont donc profité de cette situation pour prendre un bon bol d’air de montagne en amoureux.

    Mais qu’est-ce qu’il fout ?

    Tiens, il m’avait laissé des chemisettes à repasser. Bien, merci, bravo ! La bonne à tout faire est là. En fait, il n’a pas emmené son épouse, mais sa femme de ménage. Pas gêné le prof de gym syndicaliste.

    Ah ! Un plaisir de vous rappeler, bises les filles. Mais quel con ! Pour ses chemisettes, il repassera. Anita l’a décidé, elle embarque le panier. Elle se dirige vers la salle de bains, va prendre une bonne douche, ça la calmera. Elle a conscience qu’elle en a besoin.

    *

    — Pascal, fais donc attention, la route est étroite voyons, on est en montagne et si on croise une voiture dans un virage, on est mal, ralentis donc.

    — Je ne roule pas vite, ma chérie, et puis jusqu’à présent, on n’a croisé personne.

    — Si, tu as doublé un homme en VTT qui semblait avoir des problèmes avec son vélo, tu as failli renverser le sac à dos qu’il avait posé par terre.

    — Il était à l’arrêt, il regardait ses roues, il ne roulait pas. Je l’avais vu de loin, et je ne suis pas passé si près de son sac à dos comme tu le prétends.

    — Quand même ! Il est presque midi et demi. On ne doit plus être bien loin du chalet maintenant.

    — Non, encore un ou deux kilomètres. On devrait le reconnaître tout de suite, c’est le seul.

    Pascal et Julie ont décidé cette année de passer des vacances tranquilles, loin de tout. Pascal, trente-quatre ans, de taille moyenne, très mince, un peu dégarni par une calvitie frontale, lunettes de myope sur le nez, a besoin de faire le vide. Il dirige l’entreprise de son épouse. Leur activité de fabrication de textiles connaît de grosses difficultés. Il est vrai que dans ce secteur rien de va plus comme avant. Trop cher par rapport aux pays asiatiques, avec pour conséquence des clients qui se raréfient. Julie y travaille aussi. Elle sait cela. Son mari est inquiet, très inquiet. Déjà cette année ils devront se séparer de trois salariées. Heureusement, Viviane et Jeanne pourront bientôt profiter de leur retraite, elles ont l’âge, mais pour Agnès, à trente-trois ans, seule avec deux enfants, la pauvre… le chômage.

    Agnès ne retrouvera pas de travail. Le textile, c’est fini dans la région. Elle n’a pas la sécurité de l’emploi. Elle était salariée dans le privé, elle n’est pas fonctionnaire, elle, il faudra qu’elle se débrouille, c’est injuste. Et lui, Pascal ? Combien de temps pourra-t-il encore tenir son entreprise. Un jour, il fermera. Il ne vendra pas, il ne pourra pas trouver d’acquéreur, l’industrie du textile ne marche plus, il mettra la clef sous la porte. Fort heureusement, les parents de Julie sont riches, ce sont eux qui géraient l’entreprise avant de la laisser à leur fille. Ils ont des biens, ils pourront s’en tirer.

    Des vacances tranquilles dans un coin sauvage. Voilà ce qu’ils voulaient tous les deux. Repos, lecture, silence, balades à pied, rien de plus. Ne plus trop penser, surtout pas, vraiment ne plus penser du tout.

    La voiture, un super 4x4 BMW noir, acheté cette année, se gare devant le chalet. On ne pouvait pas le rater, il n’y en a qu’un. Il n’est pas mal, l’extérieur semble coquet, propre, bien entretenu.

    L’agence annonçait une piscine, on ne la voit pas. Elle est sans doute à l’arrière, cela paraît logique. Enfin, on verra bien. Pascal est content de son véhicule, il fonctionne du tonnerre. Julie ne voulait plus ce genre de voiture un peu encombrant pour la ville, mais la décision doit rester au chef de famille. Il a eu raison de résister : enfin quoi ! Et puis après tout, elle a encore sa Twingo. Elle l’avait voulue à tout prix pour sortir, faire des emplettes, promener le chien. Caprice oui, elle ne roule pas, 29 000 kilomètres en huit ans, un gâchis.

    — Nous y voilà, ma chérie. Moins de onze heures de route avec trois arrêts. Pas mal n’est-ce pas ?

    — Je suis quand même un peu fatiguée, il est temps de s’installer. Allons voir, nous prendrons les bagages plus tard.

    — À mon avis, il ne faudra pas tarder. Tu as vu ce ciel noir. L’orage n’est pas loin.

    — Ça va faire mal. Allez, Pascal, on se dépêche.

    Julie, trente-quatre ans, assez grande, de la même taille que son époux, est une femme qui porte une attention particulière à sa tenue, à son corps. Elle incarne l’élégance. Elle est connue comme étant une femme parfois fougueuse, une fougue qui s’éteint progressivement. Elle aide son mari dans son entreprise et le conseille sur les coupes des vêtements que l’entreprise doit réaliser. Pascal considère que c’est bien ainsi, il la sait beaucoup plus capable en ce domaine.

    Curieusement, la porte du gîte n’est pas fermée à clef. Julie pousse la porte, Pascal la suit. Ils se retrouvent tous les deux sur le pas de porte d’une très grande pièce alliant salle, salon et cuisine américaine. Le tout est décoré de manière moderne. Murs blancs, poutres en bois clair, meubles sobres et apparemment fonctionnels, cuisine sophistiquée, fabriquée comme un laboratoire. Des tableaux modernes surmontés de spots agrémentent les murs. En fait, il s’agit surtout de reproductions bien mises en valeur. Julie semble en reconnaître une. Une copie d’un tableau de Tanguy : « Jour de lenteur ». C’est cela, jour de lenteur. Exactement ce qu’il leur faut pour quinze jours de repos complet. La lenteur et le calme, se sentir comme en apesanteur. Tout va bien, mais, pas tout à fait.

    *

    « Un VTT de ce prix, 21 000 francs, et une crevaison au moindre coup de pédale, eh ben quelle merde, alors. Le vendeur m’avait assuré de la qualité de cet engin. Me voilà obligé de remonter à pied jusqu’au gîte, c’est bien ma chance. Et ce sac à dos plein de provisions et de bouteilles, qui pèse une tonne maintenant… quel bordel ! »

    Olivier regarde le ciel, il est noir comme du cirage, ça va péter, c’est sûr et il sera sous le déluge, c’est couru. Pour corser le tout, un orage, et apparemment ce ne sera pas un mesquin petit orage, non un géant, un orage colossal, celui qui résonne comme un bombardement, avec les échos diaboliques de la montagne, celui qui fait peur, celui qui pète le feu et qui entraîne des déluges de flotte.

    Et que tout ça va être bientôt pour sa pomme.

    « Combien me reste-t-il à faire ? Cinq cents mètres, non un peu moins, 6 082 kilomètres en tout pour la montée, et le compteur indique 5 645, donc un peu moins. Qu’importe, il prendra la sauce. Mais quelle déveine ! Et Anita qui doit s’impatienter… Elle aurait pu appeler quand même ».

    Le vélo, c’est et cela a toujours été sa passion. Depuis son plus jeune âge, il rêvait de gravir les cols du Tour de France et de porter le maillot jaune jusque Paris. La nuit, il se faisait des films, s’inventait des victoires Il était interviewé par de grands journalistes sportifs auxquels il répondait avec brio. C’était un grand champion, plein de panache.

    La presse se montrait généreuse en compliments et relatait ses exploits en détail. Les reportages télévisés en direct montraient que le public l’adorait et l’acclamait sur les bords des routes Même adulte, pour mieux s’endormir, il s’imaginait grand champion cycliste. Il avait pourtant tenté en catégorie cadet de percer, mais malgré des entraînements déments, il ne réalisait que des places d’honneur. Alors il a renoncé avec amertume. Le sport est sa passion, il sera quand même professeur d’éducation physique, voilà tout.

    Oui, mais maintenant, la réalité ressurgit, il se trouve dans l’embarras, dans la montée d’un col des Alpes-Maritimes, et il tombe des cordes, des cordes, des câbles plutôt, avec encore 332 mètres de montée, le VTT à la main et le sac à dos bien chargé accroché dans le dos. Ah ! le pain, ficelé au-dessus du sac à dos : trempé lui aussi, imbibé d’eau. Tout va bien, les vacances ne sont pas des vacances réussies cette année, et Anita qui râle tout le temps, qui déclame à longueur de journée qu’elle s’emmerde. Il a emporté un vélo et une tenue de cycliste pour elle, cela pour rien ? Elle ne s’en sert pas. Pourtant, ça lui ferait du bien, ça lui permettrait de rejeter la fumée qu’elle a dans les poumons. Mais quand arrêtera-t-elle de fumer, bon sang, quand ?

    « Ah, plus que 187 mètres, je vois le gîte. Tiens, il y a une grosse bagnole noire devant. Qu’est-ce… ? »

    *

    Tout va bien… pas tout à fait.

    Julie et Pascal ont parcouru des yeux la grande pièce très plaisante, ils sont contents, c’est super chouette, mais Julie a vite observé et analysé la situation.

    — Ça y est, on y est… enfin… ouf… pas mal ici, ma chérie ? souffle Pascal

    — Oui, on y est, mais pas seuls.

    — Comment donc, pas seuls ?

    Julie parcourt une nouvelle fois les lieux et balayant du bras divers endroits, manifestement pour attirer l’attention de Pascal.

    — Dis, tu n’as pas vu ? J’ai la nette impression que nos prédécesseurs ne sont pas encore partis.

    — Ah !

    — Comment, ah ? Tu es aveugle, mon ami, il y a encore leurs affaires.

    — Leurs affaires ?

    — Ben oui, ce ne sont pas les nôtres que tu vois là, voyons !

    Julie est un peu désespérée du manque d’attention de son mari. Il ne voit jamais rien, et a toujours l’air d’être ailleurs. L’impression qu’il donne de toujours se foutre de tout l’agace. En dehors de son boulot, tout est futile, sans intérêt, sauf les femmes bien sûr. Dès qu’il en voit une qui n’est pas trop mal, il se réveille. C’est instantané, il sort de son errance et réagit tel un rapace. Cette attitude la chagrine, elle le lui a déjà dit, mais c’est plus fort que lui, il continue. En voiture, il a risqué mille accidents, juste pour mater ne serait-ce que deux secondes, une femme qu’il trouve élégante, sexy. Désolant, vraiment. Elle a eu beaucoup de mal à s’y faire, mais avec le temps, elle a renoncé à le reprendre. Finalement, son vice l’a eue à l’usure.

    — Tu as raison, ma chérie, ces gens sont en retard. Ça va sûrement s’arranger.

    — Ça ne fait rien, le ciel est menaçant, allons prendre nos bagages.

    Julie dépose son sac à main sur la table et sort avec Pascal, ils ne seront pas de trop tous les deux pour descendre tout ce qu’ils ont emporté. Julie emporte toujours trop de fringues, de chaussures, elle ne les mettra pas toutes d’ailleurs. Pascal le lui rappelle chaque fois, mais rien à faire, sans ses affaires, elle est perdue.

    Anita sort de la douche, s’essuie les cheveux, évolue doucement, regarde une nouvelle fois par la fenêtre et paraît de plus en plus inquiète.

    Mais que fait donc Olivier, il va tomber des cordes ? Enfin, il doit bien se rendre compte qu’il va pleuvoir abondamment, l’orage est là, à quelques minutes, il fait sombre au point qu’elle remet de la lumière.

    Tiens ! Un sac à main noir sur la table. Qu’est-ce ? C’est à qui et que fait-il chez elle ? Anita entreprend d’ouvrir le sac. Elle fouille, et bondit en arrière à l’arrivée brutale de Julie et Pascal.

    — Ceci est mon sac à main. Vous le fouillez, ça alors !

    Pascal sait à quel point il ne faut pas toucher au sac de sa femme, sans son autorisation, elle l’a toujours avec elle, comme une partie d’elle-même.

    — Mais, que faites-vous chez moi, qui vous a autorisés à entrer ?

    — Bonjour, madame, je ne vous permets pas de toucher à mon sac et à ce que je vois, vous êtes en retard.

    — En retard ?

    Julie s’énerve, encore une sans-gêne. De surcroît, elle est à moitié dénudée, et elle ne se cache pas beaucoup. Elle est plutôt jolie et bronzée, et elle le sait la garce. Elle pourrait au moins enfiler un peignoir.

    — Nous sommes le samedi 15 juillet. Il est midi et demi. Nous ne sommes pas en avance pour la location. Par contre, vous, vous devriez déjà être partie.

    — Partis ? Nous ? Vous n’y êtes pas, chère madame, vous faites erreur, qu’est-ce que vous me chantez là ?

    — Je ne chante pas, je n’en ai guère l’envie vu les circonstances. Je vous fais simplement remarquer que vous devriez être partie, voilà tout.

    Anita s’énerve « Mais que raconte-t-elle, cette dingue ? Elle veut que nous partions. Ce sont des fous ces gens-là. Il faut que je me méfie. Surtout ne pas les énerver, rester calme. »

    — Partis ? Et où ça ? s’étonne Anita.

    — Partis d’ici voyons, nous sommes les nouveaux locataires.

    Pascal observe Anita. Il la trouve particulièrement attirante. Elle est bronzée, et la serviette qui descend un peu et qu’elle remonte de temps en temps laisse apparaître le creux de ses seins et cela l’émeut. De plus, cette femme a des jambes parfaites. Ah, si seulement cette sortie de bain pouvait chuter à ses pieds, si seulement… Allez, un mouvement de bras trop brusque, une contorsion mal maîtrisée, si ça pouvait se faire. Il n’attend que cela. Un petit geste malhabile de cette femme. Ah mince alors, la sortie de bain est tombée à ses pieds,

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