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Repenser l'Ecole: Réflexions et Propositions
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Repenser l'Ecole: Réflexions et Propositions
Livre électronique182 pages1 heure

Repenser l'Ecole: Réflexions et Propositions

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À propos de ce livre électronique

Bernard Chabbal propose de changer le système scolaire français en profondeur pour le rendre plus efficace et plus humain.

La délivrance de diplômes ne doit pas être le seul objectif du système éducatif dont la mission essentielle est de former des individus épanouis, capables de vivre en harmonie avec les autres et de relever le défi de l’urgence climatique. C’est cette conviction que Bernard Chabbal défend dans ce livre.
Partant de son expérience de proviseur et d’inspecteur dans l’enseignement agricole, il analyse les faiblesses d’un système scolaire qui écarte des élèves de la réussite, donne à beaucoup l’illusion du succès et reste perméable aux incivilités.
Cet ouvrage propose de mettre en œuvre des mesures concrètes pour une école repensée, capable d’enseigner à vivre aujourd’hui et de donner du sens à l’avenir des jeunes.

Des pistes de réflexion pour une école qui favorise la réussite des élèves vous sont proposées dans ces pages. À approfondir ensemble !

EXTRAIT

"Non, l’école n’était pas mieux avant, mais nous avons « l’ardente obligation » de la rendre meilleure demain.
Prenant appui sur mon expérience en tant que chef d’établissement dans l’enseignement agricole public, et mes souvenirs de parent d’élève et plus lointains d’élève, je forme l’hypothèse que l’établissement d’enseignement, en tant que système, est porteur d’une richesse inexploitée pour améliorer les résultats de l’école. [...]

Ce livre plaide pour le décloisonnement des matières enseignées et son corollaire, le développement de l’interdisciplinarité avec une ouverture sur les problématiques sociales et environnementales.

Caractériser un professeur par la discipline qu’il enseigne ne reflète que partiellement la complexité de son métier. Celui-ci se compose d’une multitude de fonctions sous-tendues par autant de compétences à mobiliser. Ne faudrait-il pas imaginer des parcours professionnels qui valoriseraient des expertises sans forcément se traduire par un face-à-face avec une classe ?

Il propose des mesures pour, sur le plan collectif, renforcer la formation à la citoyenneté et au travail en équipe et, sur le plan individuel, permettre à chaque élève de trouver une voie compatible avec ses capacités et ses talents, sans être assujetti à un dispositif d’orientation algorithmique de type Parcoursup.

Ce faisant, il ouvre une réflexion sur des questions d’actualité qui se posent à l’école comme la mixité, la violence, le harcèlement… Mais aussi la méfiance grandissante des parents vis-à-vis de l’enseignement public."

À PROPOS DE L'AUTEUR

Cadre du ministère de l’agriculture, Bernard Chabbal a exercé des fonctions de chef de service en directions départementales et a participé au développement de la formation continue. Formateur en management et consultant interne diplômé du CNAM, il a conduit différentes missions de conseil en France et à l’Etranger. Il a ensuite intégré l’enseignement agricole en tant que directeur d’établissement public, puis en qualité d’inspecteur.
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie21 janv. 2020
ISBN9782490522767
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    Aperçu du livre

    Repenser l'Ecole - Bernard CHABBAL

    Vive le vent

    Naître à Annonay, ville industrielle du nord de l’Ardèche, au moment du baby boum qui a suivi la fin de la dernière guerre mondiale, peut être perçu comme un privilège. L’essor des trente glorieuses constituait une garantie contre le chômage. Certes, on vivait chichement dans les milieux ouvriers et le travail était rude. Les conditions de vie restaient difficiles dans des quartiers rendus insalubres par les mégisseries et les papeteries qui surexploitaient les rivières. L’hygiène des habitats restait sommaire et de nombreuses familles attendaient avec impatience la possibilité d’aller vivre dans les HLM qui s’érigeaient dans la première couronne du centre-ville. Le spectre des privations provoquées par la guerre s’éloignait malgré les fins de mois difficiles et les rigueurs des saisons, notamment l’hiver. Toutefois, on avait la certitude que les progrès de la médecine éradiqueraient les maladies qui continuaient à sévir et à frapper les plus fragiles. Comment ne pas évoquer le souvenir d’une camarade de classe emportée par la diphtérie et l’image du médecin qui m’a permis de survire à cette terrible maladie ? Comment oublier que la poliomyélite est à l’origine du handicap d’un de mes amis d’enfance qui marche avec peine ? Les soubresauts des dernières guerres coloniales apportaient aussi leurs lots de malheurs. L’attractivité de la ville amorçait l’exode rural, souvent au prix de déchirements familiaux. Malgré ces drames individuels, un regain d’optimisme touchait toutes les strates de la population. Le développement des transports routiers commençait à modifier les modes de vie et l’industrie des autocars contribuait au développement de la ville et au bien-être de ses habitants.

    On avait foi en un avenir qui ne pouvait qu’améliorer le quotidien avec la conviction que le progrès scientifique rendrait les hommes plus sages et le monde meilleur.

    Le système éducatif était confronté à des défis d’importance : accueillir un nombre croissant d’élèves et les préparer à des études plus longues. Ce dernier objectif, quoique purement quantitatif, servait aussi la volonté d’augmenter le niveau de qualification de l’ensemble de la population pour accompagner le développement économique.

    Le certificat d’études n’ouvrait plus obligatoirement la porte de la vie professionnelle et nombreux étaient ceux qui continuaient leurs études jusqu’au BEPC et au-delà.

    Beaucoup de parents, qui avaient dû interrompre prématurément leur scolarité pour gagner leur vie et alléger ainsi la charge financière de leur famille, encourageaient leurs enfants à travailler à l’école. L’idée d’une revanche par procuration et l’assurance que leur progéniture bénéficierait d’un sort meilleur devenaient des certitudes.

    Les familles faisaient confiance à l’école et le métier d’enseignant suscitait des vocations ou offrait des perspectives de mieux être. Les écoles normales recrutaient des jeunes gens d’origine modeste sous la recommandation d’enseignants qui y voyaient un moyen privilégié de lutte contre le déterminisme social. Pour les jeunes filles, c’était un des rares moyens d’embrasser une carrière professionnelle dans un contexte où la condition féminine restait précaire et le travail des femmes subsidiaire par rapport à celui de leur mari.

    Michel Serres a démontré que la vie n’était pas meilleure avant¹. En se penchant sur l’évolution de l’école, on peut faire le même constat. C’était plus simple avant. Les connaissances étaient moins nombreuses et leurs interrelations moins complexes. Les disciplines restaient relativement stables et leurs frontières bien maîtrisées. La parole du maître était incontestable et, dans certains cas, les punitions corporelles venaient à la rescousse pour le rappeler. Le professeur détenait le pouvoir et son rôle consistait à transmettre un contenu et civiliser les apprenants.

    Une anecdote vécue en tant qu’élève m’a particulièrement frappé en classe de sixième. Connaissez-vous « le vent », le remarquable poème d’Émile Verhaeren² ?

    « … voici le vent,

    Le vent sauvage de novembre… »

    Être appelé au tableau par la professeure de français pour réciter une poésie apprise par cœur, mais énoncée sans âme, en fixant le bout de mes chaussures pour leur ordonner d’être prêtes à fuir, constituait une épreuve en tant que telle pour un élève introverti. Si la connaissance du poème était irréprochable, je m’attendais à une critique acerbe sur la manière de réciter. Il n’en fut rien ! L’ouragan a bien eu lieu tant la colère de l’enseignante était vive. J’aurais aimé que le vent m’emporte le plus loin possible même si le reproche s’adressait à toute la classe. C’était notre accent du nord de l’Ardèche qui était fautif, car il transformait le vent du poète en boisson alcoolisée ! Accablé par la révélation de cette tare, je suis retourné à ma place avec la ferme résolution de ne plus m’exprimer en classe et notamment en cours de français.

    L’instruction se souciait peu de la personnalité de l’élève qui était sommé d’entrer dans le moule, quelles que soient ses difficultés pour apprendre. Ne pas y arriver était alors l’incontestable signe d’une évidente mauvaise volonté. La normalisation était en route et la singularité des talents individuels n’avait pas à s’exprimer.

    C’est sans doute dans le domaine pédagogique que les progrès les plus significatifs ont été réalisés grâce à la curiosité de nombreux enseignants pour l’innovation pédagogique et l’arrivée de jeunes collègues formés à de nouveaux modèles éducatifs irrigués par la recherche dans les sciences de l’éducation et, désormais, des neurosciences.

    L’enseignant travaillait seul. J’ai dû attendre la classe de terminale pour rencontrer de jeunes professeurs qui travaillaient en équipe et dont l’implication a permis à toute la classe de réussir le baccalauréat. C’était suffisamment rare, au début des années soixante-dix, pour justifier que depuis, tous les ans, élèves et enseignants de cette classe-là se réunissent pour commémorer une situation innovante sur le plan éducatif et enrichissante sur le plan humain.

    Les établissements se concentraient sur la gestion des flux d’élèves dans une approche essentiellement quantitative en vue de réguler les effectifs des différentes filières. Les fiches de renseignements, remplies au début de l’année, étaient alors l’outil privilégié de l’orientation scolaire et de la notation, la rubrique « Profession des parents » revêtant une importance souvent décisive.

    Non, l’école n’était pas mieux avant, mais nous avons « l’ardente obligation » de la rendre meilleure demain.

    Prenant appui sur mon expérience en tant que chef d’établissement dans l’enseignement agricole public, et mes souvenirs de parent d’élève et plus lointains d’élève, je forme l’hypothèse que l’établissement d’enseignement, en tant que système, est porteur d’une richesse inexploitée pour améliorer les résultats de l’école.

    Le face-à-face pédagogique reste essentiel, notamment à l’école primaire et au collège, mais il ne suffit plus pour répondre aux défis de notre société.

    Mes propositions consistent à actualiser l’organisation de l’enseignement en France au niveau de l’établissement en lui conférant plus de poids et en renforçant la décentralisation des moyens.

    Il s’agit de promouvoir une organisation « apprenante » capable de mobiliser l’ensemble des ressources disponibles en vue d’optimiser la combinaison des lieux et des facteurs d’éducation.

    Dans cette approche, la salle de classe s’insère dans un système plus large, dont les éléments sont en interaction.

    Ce changement de paradigme doit s’accompagner d’une révision des modalités d’évaluation des enseignants et des élèves de façon à ce que ces derniers bénéficient d’un service public de l’orientation rénové et moins sensible aux discriminations sociales ou de genre.

    Ce livre plaide pour le décloisonnement des matières enseignées et son corollaire, le développement de l’interdisciplinarité avec une ouverture sur les problématiques sociales et environnementales. Caractériser un professeur par la discipline qu’il enseigne ne reflète que partiellement la complexité de son métier. Celui-ci se compose d’une multitude de fonctions sous-tendues par autant de compétences à mobiliser. Ne faudrait-il pas imaginer des parcours professionnels qui valoriseraient des expertises sans forcément se traduire par un face-à-face avec une classe ?

    Il propose des mesures pour, sur le plan collectif, renforcer la formation à la citoyenneté et au travail en équipe et, sur le plan individuel, permettre à chaque élève de trouver une voie compatible avec ses capacités et ses talents, sans être assujetti à un dispositif d’orientation algorithmique de type Parcoursup.

    Ce faisant, il ouvre une réflexion sur des questions d’actualité qui se posent à l’école comme la mixité, la violence, le harcèlement… Mais aussi la méfiance grandissante des parents vis-à-vis de l’enseignement public.

    INTRODUCTION

    L’école française, du collège au lycée, repose sur des piliers qui, quelles que soient les politiques mises en place, restent intangibles : un dispositif piloté par un ministre et qui se ramifie sur l’ensemble du territoire national. Un diplôme qui reçoit toutes les attentions, le baccalauréat. Un modèle de transmission des savoirs qui repose sur le trépied, un enseignant, une matière, une classe.

    À chaque rentrée scolaire, tout est organisé pour que ces éléments se combinent harmonieusement et il faut bien reconnaître que l’ensemble arrive à fonctionner, malgré sa lourdeur, grâce à l’investissement des personnels de l’Éducation nationale et à des ajustements de dernière minute.

    Le système fonctionne, mais il est poussif. Il consomme beaucoup d’énergie et obtient de piètres résultats. La France reste mal classée dans le tableau des enquêtes internationales portant sur l’efficacité de son système éducatif. Si certains doutent de la pertinence de ces publications, il suffit d’observer ce qui se passe dans les établissements pour constater que de nombreux dysfonctionnements s’ajoutent au peu d’efficacité du système : une faible mixité sociale, la montée de la violence, les effets de la consommation de produits addictifs, drogue ou alcool, les orientations subies et exagérément sexuées, l’absentéisme, chez les élèves comme chez les enseignants,

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