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La Cage: Tome 1
La Cage: Tome 1
La Cage: Tome 1
Livre électronique692 pages10 heures

La Cage: Tome 1

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À propos de ce livre électronique

Quand Mana se réveille, elle comprend qu'elle est prise au piège, loin de chez elle...

Avec l'aide de son ami Logan, elle va tout faire pour sortir de cet endroit mystérieux qui semble destiné à tester des jeunes adultes et des adolescents dans des situations complexes et extrêmes.
Entouré de ses amis, les Sans-Couleurs, le groupe de Mana va essayer de comprendre ce qu'ils font ici et quel est le but de ce lieu.
Mais à qui faire confiance ? Quel lien Mana entretient-elle avec Dirck, le mystérieux instigateur de cette opération ?
Et pourquoi personne ne semble bien pressé de partir ?
Dans cette atmosphère où chacun lutte pour sa vie et ses objectifs à chaque instant, les héros ne sont pas toujours ceux qu'on imagine et le passé de Mana pourrait bien nous réserver des surprises...

Un premier tome prometteur pour la saga fantastique La Cage, dans laquelle il faut se méfier des apparences !

EXTRAIT

Le vent souffla.
Mana dormait sur l'herbe verdâtre. Ses paupières tressautèrent et ses cheveux chatouillèrent son visage sous la brise. Elle ouvrit ses yeux bleu gris en une seule fois. La lumière vive du ciel l'aveugla. Elle resta allongée un moment, les sens en alerte, regardant de gauche à droite et se redressa. Mana se leva et regarda autour d'elle, elle ne vit que de l'herbe. Une immense plaine d'herbes vertes qui s'étendait jusqu'à l'horizon d'où elle percevait le soleil. De l'autre côté, en contrebas se trouvait une forêt. La jeune fille respira calmement.
« C'est ici, et ça commence. », pensa-t-elle.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Floryane Chaix est une étudiante de 22 ans en langues étrangères. Passionnée par la lecture et l'écriture depuis son plus jeune âge, elle décide de se consacrer pleinement à cette passion parallèlement à ses études.
LangueFrançais
Date de sortie12 juil. 2018
ISBN9782374642116
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    Aperçu du livre

    La Cage - Floryane Chaix

    cover.jpg

    Floryane Chaix

    La cage

    Tome 1

    « Heis Times »

    50 ans avant :

    « Ce sont des heures sombres pour la puissante Heis, le continent pacifique. Encore aujourd'hui, de nouvelles explosions ont eu lieu dans l'Est du continent, les autorités territoriales affiliées au secteur n'ont rien voulu révéler à nos journalistes mais le chef de la division concernée à sous-entendu qu'il pourrait s'agir là de l’œuvre des Rebelles.

    Les Rebelles rappelons-le, est le parti anarchiste qui était contre l'unification des pays lors de la création du continent. Si la plupart des membres de ce parti se sont finalement rangés et ont accepté le système bienveillant de l'Heis, ce n'est pas le cas de tous. Eduardo Cavea en est l'exemple type. Il s'agit du dernier Rebelle connu des services gouvernementaux qualifié comme hautement dangereux. Les rumeurs bien fondées qui circulent au Bureau de Léone indiquent qu'Eduardo Cavea est étroitement lié aux explosions qui déciment les grandes villes depuis peu. Ils n'ont aucune preuve formelle mais celui qui est depuis un moment, considéré comme terroriste aurait toutes les raisons de s'attaquer aux points drastiques du continent afin de semer la terreur et le chaos. Il espère sans doute par-là créer une atmosphère de confusion qui pourrait permettre au parti quasiment inexistant depuis, de reprendre du pouvoir lors des prochaines élections.

    Quoi qu’il en soit, les explosions se sont cette fois produites dans le quartier névralgique des Recherches du Développement Durable (RDD), cet incident a coûté la vie de quinze personnes et en a blessé une dizaine d'autres. L'explosion a eu lieu en plein jour ce qui est une nouveauté. Nos informateurs ont pu apprendre que le mode opératoire est le même que celui qui a été utilisé il y a quatre ans lors des incendies du quartier des Affaires à Celts. La seule différence étant que les incidents ayant eu lieu à Celts n'avaient causé aucun dommage humain, pour cause, ils avaient lieu la nuit pendant que les immeubles et les bureaux étaient inoccupés. Aucun coupable n'avait été retrouvé pour ces multiples incendies et la thèse du pyromane indépendant avait alors été abordée. Les modes opératoires similaires à quelques exceptions près pourraient indiquer qu'il s'agit du récidiviste d'il y a quatre ans mais les autorités et nos journalistes sont intimement convaincus qu'il s'agit de l’œuvre du parti Rebelle mené de fond par Eduardo Cavea. Pour ces raisons, nous invitons donc la population à faire attention et aux habitants vivants proches des points névralgiques de la société à ouvrir l’œil et faire preuve de la plus grande prudence. »

    8 mois avant :

    « Où s'arrêtera Dirck Melfast ?

    À seulement trente-deux ans, Dirck Melfast, le digne successeur de Melfast Industries a annoncé son plan de restructuration pour la ville de Leone.

    Aujourd'hui encore, le plan n'a pas été approuvé par le chancelier au pouvoir mais les projets sont en grande discussion. Rappelons-le, Dirck Melfast a pour projet de fournir un carburant sensiblement efficace qui permettrait au continent à terme, de retrouver une autonomie de transports. Melfast Industries a travaillé ces dernières années, à la recherche et aux tests d'un carburant vert permettant ainsi de remplacer définitivement le pétrole. Les faibles réserves qu'ils restent s'épuisent grandement et bien que soudé, le peuple se questionne sur ce que l'avenir réserve !

    Heureusement pour lui, le philanthrope de Melfast Industries est là pour nous aider ! Il est prêt à améliorer le confort des habitants de notre capital. Il a déjà révolutionné le monde de l'entreprise en accordant à ses salariés des privilèges qui feraient bien des envieux et le nombre d’embauche a augmenté de 10 %. Un employé nous a témoigné qu’en effet, il n'y avait pas de meilleur directeur que Dirck Melfast. Il semblerait qu'en plus d'améliorer le confort des habitants de l'Heis, il améliore aussi leurs salaires ! 

    Il est le requin à abattre pour les sociétés rivales mais le jeune Melfast a encore de la ressource.

    Son parrain et très estimé associé Albert Novralta nous a confié dans une précédente interview (confère page 17) qu'il serait ravi de voir son filleul se lancer en politique. Il estime que malgré son jeune âge, il a les pions en main pour se lancer. Ce à quoi Monsieur Melfast avait répondu que c'était en effet une possibilité et que s'il pouvait apporter aux habitants de l'Heis autant de confort qu'à ses employés, alors il serait de son devoir de s'y atteler le plus vite possible.

    Une chose est sûre ! Il n'a pas fini de nous surprendre ! »  

    4 mois avant :

    « Après une enquête approfondie menée par les Unités d’Élites en personne avec à sa tête le très respecté commandant Jean-Alexandre Carrat, les mystérieuses disparitions ayant toutes eues lieu en même temps le jeudi 22 décembre entre dix-huit heures trente et vingt heures, semblent avoir un lien entre elles. Les informations qui ont filtrées du Bureau des Affaires restent encore floues mais il semblerait, d'après divers témoignages, que le mode opératoire a été le même pour les soixante-dix-sept cas d'enlèvements. La tranche d'âge se situe entre dix et vingt-sept ans et les enlèvements ont tous eu lieu dans le Centre. La thèse extraterrestre, bien que n'ayant jamais été prise au sérieux, vient d'être définitivement écartée.

    La version la plus plausible à l'heure actuelle est que le mouvement anti-unitaire est responsable. Le parti terroriste de l'Heis initialement appelé parti Rebelles n'avait plus fait de vagues depuis l'attentat déjoué d'Eduardo Cavea il y a dix ans de cela. Néanmoins, certains éléments laissent penser aux enquêteurs qu'il s'agit là du même groupe. Nous n'avons malheureusement pas encore en nos mains lesdits éléments mais notre équipe travaille pour vous procurer ces faits et vous présenter l'information sous son vrai jour.

    En attendant, si le mouvement rebelle anti-unitaire est de retour, nous prions tous pour que ce dernier soit très vite neutralisé afin de nous laisser vivre en paix dans la puissante Heis, le continent pacifique. Les souvenirs des attentats mortels qu'avait provoqués ce parti terroriste restent encore très présents dans les esprits et le peuple crie son indignation de voir encore en liberté des personnes cherchant à détruire ce continent pacifique où il fait bon vivre.

    Puisse notre chancelier trouver un moyen de mettre un terme définitif aux activités de ces terroristes afin que notre continent puisse retrouver son confort et sa tranquillité. »

    Partie I

    Ce que nous avons renié

    JAY

    Jay Jitammo fixait le mur.

    Le mur de la pièce sombre, sale et lugubre qui lui servait d'habitat depuis presque deux mois. Au moins était-elle plus grande que sa demeure précédente. Pour cause, Danny Martin somnolait sur la couchette opposée à la sienne. Même si de prime abord, Jay n'avait pas vraiment apprécié Danny, il était heureux d'avoir de la compagnie après avoir passé deux mois entiers seul. Au fil du temps, Jay avait trouvé en Danny des qualités qui l'avaient fait remonter dans son estime, non pas au point de devenir son ami mais il était fier de l'avoir pour partenaire.

    Il devait être environ sept heures du matin. Jay et Danny se réveillaient tout le temps à cette heure-ci car c'était l'heure à laquelle leurs maîtres les réveillaient chaque jour. Jay jeta un coup d’œil à Danny et cette fois il était bel et bien réveillé, les yeux fixés sur le plafond, une expression neutre sur le visage. Jay attendait le moment où son maître Abdel Karim viendrait pour le préparer pour une nouvelle journée éreintante. Après avoir patienté quelques instants, Il se rallongea sur sa couchette et fixa le plafond de ses yeux noirs. Pendant un bref moment il songea que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu d'étoiles. Au bout d'un laps de temps, il entendit son partenaire se remettre sous sa couverture. Jay, après un instant d'hésitation s’emmitoufla dans son lit à nouveau. Il pensa vaguement au visage d'une fillette brune avant de sombrer dans le sommeil. Jay eut un sursaut avant de sortir de son rêve. Un pressentiment lui avait rappelé qu'il devait être debout depuis longtemps. Il n'avait pas pensé s'assoupir aussi vite en se recouchant. Les sens en alerte, Jay se redressa et regarda Danny. Le jeune homme de dix-neuf ans lui rendit un regard perdu.

    « – Est-ce que tu as entendu quelque chose ? demanda-t-il à Jay, une légère vague de panique envahissant sa voix.

    Il est vrai qu'il n'y avait pas eu un seul matin depuis deux mois où ils n'avaient pas été réveillés et ce changement s'avérait inquiétant. La dernière fois que c'était arrivé, Jay était passé de deux mois de captivité solitaire, à deux mois avec un partenaire. – Je ne crois pas non… répondit-il finalement.

    Il regarda d'instinct vers le faible espacement sous la porte. Tout était noir, aucun rayon de lumière ne filtrait.

    – Tu t'es réveillé il y a longtemps ? interrogea Jay.

    – À peine une dizaine de minutes avant toi.

    Ils échangèrent un regard en silence.

    – Tu crois qu'on s'est rendormis longtemps ?

    – Non, je ne pense pas. Peut-être deux heures au max' ! Comme ça, je dirais qu'il doit être entre neuf et dix heures.

    Ils restèrent silencieux, à l’affût du moindre bruit provenant du couloir. Les deux garçons se regardèrent, suspicieux d'avoir eu la paix pendant un long moment ; ils se demandaient ce qui rendait la journée d'aujourd'hui différente des soixante dernières autres. Ce fut finalement Danny qui rompit le silence en premier, exprimant à voix haute ce qu'aucun des deux partenaires n'avait osé dire jusque-là.

    – Il y a quelque chose de pas normal aujourd'hui.

    Jay accueillit cette information d'un haussement de tête et reporta son regard sur la fissure sous la porte. Cela faisait environ deux mois que lui et Danny étaient tous les jours réveillés à sept heures. Le petit-déjeuner arrivait une demi-heure après accompagné de leurs vêtements pour la journée. Ensuite Abdel et Violaine, la personne qui s'occupait de Danny, décidaient de leur programme pour la matinée. Ces derniers temps, le matin était consacré aux jeux cultivant l'esprit individuel de compétition. Ensuite ils déjeunaient et démarraient la session de l'après-midi généralement réservée aux compétences physiques. Puis ils dînaient, et retournaient dans leur chambre. Il arrivait de temps à autre qu'Abdel vienne chercher Jay ou que Violaine vienne chercher Danny et tous les deux étaient soumis à des tests écrits ainsi qu'oraux. Ces tests étaient différents des autres car ils visaient la plupart du temps à évaluer leur personnalité. Après une de ces journées, les deux partenaires allaient ensuite se laver et s'occupaient parfois avec les jeux de société qui étaient disponibles, ou bien avec un livre. Ensuite ils retournaient respectivement dans leur lit où ils discutaient de la vie qu'ils avaient eue avant qu'ils ne se retrouvent ici. Après coup ils sombraient généralement dans le sommeil et se réveillaient le lendemain matin à la même heure, prêts à revivre une journée similaire.

    C'était pour cette raison qu'aujourd'hui les deux garçons étaient perturbés. Il était presque dix heures, d'après Danny et personne ne leur avait apporté leurs petits-déjeuners et même s'il y avait parfois des jours sans, quelqu'un venait toujours les chercher pour aller s'entraîner.

    – Je n'aime pas ça ! lâcha subitement Danny.

    Jay s'apprêta à répliquer lorsqu'une fine lueur, à peine distincte, attira son attention. L'espace sous la porte venait de s'éclairer. Les deux partenaires se jetèrent un coup d’œil et brusquement sautèrent de leur lit pour se coller contre la porte. Après un moment, Danny lança un regard à Jay par lequel il répondit en secouant la tête. Danny décolla la sienne en soupirant bruyamment. Jay s'apprêta à faire pareil lorsqu'il entendit une porte à l'extérieur s'ouvrir.

    – Y a quelqu'un ! chuchota-t-il en retournant sur son lit.

    Jay retourna doucement s'asseoir. Les deux partenaires restèrent silencieux. Ils entendirent le bruit de la porte se refermer, signe que la personne était soit entrée dans le couloir, soit en était repartie et attendirent. Après quelques secondes ils entendirent un très léger bruit de pas. Danny regarda Jay alarmé tandis que ce dernier restait froid, se demandant toujours ce que cette journée avait de spécial et qui se trouvait dans le couloir. Un bruit de clé ouvrant une serrure sortit Jay de sa torpeur, il regarda son partenaire et baissa la tête pour lui signifier de rester calme. Danny inspira lourdement et tourna les yeux en direction de la porte de leur chambre. Lui et Jay la scrutaient tous les deux lorsque celle-ci s'ouvrit. Jay fronça les sourcils. Il ne connaissait pas leur visiteur. Il voulut ouvrir la bouche mais se contenta de regarder Danny qui, à son expression perdue sur le visage, ne semblait pas non plus savoir de qui il s'agissait.

    C'était une jeune femme, la vingtaine passée. Jay se sentit immédiatement attiré par elle, elle n'était pas spécialement jolie mais ça faisait plus d'un trimestre qu'il n'avait vu aucune fille à part Violaine dont la position ne la rendait guère attirante. La jeune femme entra dans la pièce avec un plateau à roulette contenant eux-mêmes deux plateaux ainsi que divers aliments propres au petit-déjeuner et s'arrêta entre leurs lits. Ni Jay ni Danny n'osa dire quoique ce soit, tous deux l’observèrent s'affairer à sortir les plateaux pour les remplir de nourriture. Les cheveux bruns de la jeune femme bougeaient au rythme de ses mouvements ; Jay avait toujours aimé les brunes.

    La jeune femme garnissait leurs plateaux de divers mets avant de tendre le premier à Danny qui lui prit et lui murmura un bref merci. Elle se retourna ensuite pour prendre l'autre plateau et le tendre à Jay. Il la remercia et observa son repas. Il releva brusquement la tête vers Danny qui semblait aussi choqué que lui par la découverte de leur petit-déjeuner. Jay cligna des yeux pour être bien sûr de distinguer ce qu'il avait devant lui. Sur le plateau, au lieu de l'éternel œuf avec deux tranches de bacons, se trouvait un petit-déjeuner digne d'un roi. Il était impressionné par les quantités astronomiques qui envahissaient son plateau. Trois mois auparavant, Jay se serait réjoui d'avoir un tel repas ; aujourd'hui il se demandait si cela ne ressemblait pas à son dernier petit-déjeuner.

    La jeune femme remit son plateau à roulette en ordre et recula en direction de la sortie. Alors qu'elle arrivait près de la porte, Jay vit son partenaire oser parler à la jeune demoiselle :

    Excusez-moi mademoiselle mais… Est-ce que vous auriez l'heure ?

    Jay se retourna vers la jeune femme, il était curieux de connaître la réponse également.

    – Il est neuf heures et demie passées.

    Jay fronça les sourcils, l'heure confirmait les craintes qu'ils avaient eues avec Danny mais n'expliquait toujours pas ce changement d'emploi du temps inhabituel. La jeune femme sortit de la pièce.

    – Bonne chance pour demain.

    Jay aurait voulu lui demander ce qu'elle entendait par là mais la porte s'était déjà refermée. Il entendit le bruit cruellement familier du verrou et poussa un soupir. Il regarda son plateau-repas. Malgré l'envie qui le tenaillait de manger toutes ces bonnes choses, il eut l'impression que s'il n'en prenait ne serait-ce qu'une bouchée, la fatalité du lendemain lui tomberait dessus inévitablement.  

    – Bon, si on doit crever demain, autant que ce soit le ventre remplit ! » ironisa Danny.

    Jay aurait voulu lui répondre qu'il avait tort et que tout se passerait bien. Il en fut incapable. Les deux camarades mangèrent en silence et une fois terminé, déposèrent le plateau vide au pied de leurs lits comme il était coutume de le faire. Après quoi Jay comme Danny s'allongèrent sur le lit, opposés l'un à l'autre pour discuter. Une heure avait dû passer quand Jay ferma les yeux et se souvint de ce qu'il avait enduré ces quatre derniers mois.

    Il se remémora le jour où son maître, Abdel Karim était venu avec un jeu d'échecs en lui demandant s'il savait jouer. Il avait simplement hoché la tête et après quelques défaites, Jay avait repris la main. Abdel avait souri, fier de son élève.

    Il se rappela ensuite le jour d'un entraînement physique, Abdel avait voulu lui apprendre comment se battre et après quelques instructions Jay prit presque l'avantage sur son maître. Ses prouesses physiques étaient dues à son passé et pour Jay il n'y en avait aucun mérite, ni de quoi en être fier. Cependant Abdel voyait en Jay un lourd potentiel et pour le mettre à profit, le fit s'entraîner plus dur et plus longtemps que tous les autres. Cela ne restait pas vain car Jay devenait de plus en plus fort chaque jour.

    Il se souvenait aussi des longs moments de solitude, le matin et la nuit et tous les autres jours où il était seulement seul avec lui-même, torturé par ses souvenirs et son passé. Il avait haï cette solitude qui le rendait fou mais qui parallèlement le rendait plus amer, plus dur et plus résolu qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie.  

    Il se rappela sa rencontre avec Danny, l'antipathie qu'il avait alors ressenti au premier abord. Une inimitée réciproque étant donné le regard que lui avait lancé son futur partenaire. Ils s'en donnèrent à cœur joie lors de leur premier entraînement aux corps-à-corps à deux. Aucun ne vouait à l'autre une véritable haine, mais pendant deux mois ils avaient été seuls, à subir l'un comme l'autre une torture mentale, vouant à tester leur détermination. Alors, lors du premier combat ils s'étaient surtout défoulés avec autant de rage qu'il était possible d'en avoir, n'apportant rien de productif et déchaînant sur eux la colère de leurs maîtres respectifs. Ils avaient été enfermés tous les deux dans leurs cellules pendant cinq jours. C'était au troisième jour que Danny se décida à engager la conversation, d'abord réticent, Jay accepta de lui parler. Ils avaient fini par trouver un terrain d'entente et Jay était fier de l'avoir pour partenaire.

    Enfin il pensa aux tests écrits. Tous relataient plus ou moins de la façon dont ils réagiraient face à une situation propre. Jay avait fini par remarquer que la plupart des tests écrits et oraux sur sa personnalité allaient de connivence avec l'entraînement physique ou moral du lendemain. Le jeune homme avait souvent l'impression d'être étudié, et il détestait ça !

    Aujourd'hui, quelque chose avait changé encore une fois et Jay ignorait comment cela les affecterait. Jay rouvrit les yeux et tourna la tête vers son camarade qui lisait et ne semblait pas l'avoir remarqué.

    « – Quoiqu'il se passe… commença Jay, je suis fier de t'avoir comme partenaire.

    Sa remarque solennelle fit poser son livre à Danny. Jay s'attendait à entendre un autre des sarcasmes propres à son jeune camarade mais il ne dit rien pendant quelques secondes.

    – J'en suis fier aussi Jay, répondit simplement Danny.

    Il reprit son livre avant d'ajouter :

    – Mais pas la peine de jouer les petites filles dramatiques, on ne crèvera pas ! »

    Jay était en train de lire un livre quand son estomac commença à émettre des grognements. Il devait être tard.

    « – Moi aussi j'ai faim ! bougonna Danny.

    Il était allongé sur son lit et lançait une balle de tennis qu'il rattrapait. Jay posa son livre. Ils auraient sûrement un repas ce soir-là si le but était de les préparer à ce qui arriverait le lendemain. Si la personne apportant les repas était la brune de ce midi, Jay pourrait lui poser des questions sur ce qu'elle avait voulu dire en leur souhaitant bonne chance. Qui que ce soit, elle en savait obligatoirement plus que lui à l'heure actuelle et il se promit de lui demander dès qu'il la verrait.

    Jay fixait une tache sur le mur en face de lui lorsqu'il aperçut le faible rayon de lumière filtrer sous la porte. Il se redressa rapidement et lança un regard à Danny. Ils s'assirent tous les deux au bord du lit et attendirent. Le même pressentiment les avait saisis et aucun d'eux n'ouvrit la bouche mais Danny tendit une main à Jay. Jay la regarda et regarda son partenaire, il sourit et la lui serra. Ils se relâchèrent la main et entendirent tous les deux le bruit de la serrure que l'on déverrouille. La porte s'ouvrit et la même jeune femme brune du midi apparut avec le même plateau à roulettes. Elle commença tout d'abord par ramasser ceux que Jay et Danny avaient laissés au pied de leur lit. Elle entreprit ensuite la préparation de leurs plateaux pour dîner, cependant Jay pu observer qu'elle n'en avait qu'un et ne put s'empêcher d'en éprouver un certain frisson. Pendant qu'elle s'en occupait, Jay fit signe à Danny qu'il allait tenter de lui parler. Il se leva doucement et s'approcha de la jeune brune. Elle le vit venir et fronça les sourcils avec un bref mouvement de recul. Le jeune homme commença doucement.

    – Tout à l'heure, que vouliez-vous dire quand…

    Il se figea net quand il vit Abdel Karim et Violaine Colomba arriver derrière elle. Danny qui avait remarqué le changement de comportement chez son ami se pencha et vit les maîtres arriver. Jay retourna près de son camarade. Une fois face à leurs maîtres respectifs, ils plièrent le bras, main sur le cœur et s'inclinèrent doucement, yeux fermés. Les maîtres firent de même avant que tout le monde ne se relève. La voix dure d'Abdel brisa le silence :

    – Faites vos adieux l'un à l'autre, ce soir nous vous séparons ! Malgré le fait qu'ils se soient attendus l'un comme l'autre à cette éventualité, l'entendre rendait la chose plus réelle et plus difficile à faire. Après un moment d'hésitation où chacun se demanda comment se dire adieu, ils s'étreignirent comme des frères.

    – On se retrouvera ! murmura Jay à l'oreille de son ami.

    Il sentit Danny hocher la tête. Ils se séparèrent et se serrèrent la main, après quoi ils s'inclinèrent pour se saluer solennellement.

    – Bien ! dit simplement Violaine. Jay tu suivras Abdel, Danny et moi nous resterons ici.

    Abdel s'écarta de la porte pour laisser passer Jay. Après un dernier regard à son ami, il sortit de la pièce et avança dans le couloir. Il entendit la porte se refermer derrière lui. C’était une étrange sensation se retrouver de l’autre côté pour une fois.

    – Suis-moi ! ordonna Abdel.

    Son maître se dirigea vers une autre porte, l'ouvrit et fit passer son élève. Ce dernier se retrouva face à un couloir où plusieurs portes semblables à la sienne étaient alignées. Ceci confirma ce dont Danny lui avait fait part un jour, ils n'avaient jamais été les seuls à vivre tout ça, d'autres personnes le vivaient également. Abdel repassa devant lui et le guida à travers le couloir vers ce qui serait sans doute sa nouvelle demeure. Ils arrivèrent vers une porte plus légère que les autres dont Abdel déverrouilla la serrure, il l'ouvrit et fit signe au jeune homme d'entrer. Une fois à l'intérieur Jay s'aperçut qu'il s'agissait en fait de son ancienne cellule, celle où il avait été seul pendant deux mois. Il émit un petit ricanement.

    – Assieds-toi ! lui somma Abdel.

    Jay s'assit sur son lit tandis qu'Abdel prit une chaise sur laquelle il s'assit pour lui faire face. Il sourit avec bienveillance à Jay, ce qui le mit tout de suite sur ces gardes.

    – Détends-toi mon garçon.

    Jay ne se détendit pas pour autant, depuis le début de la journée il savait qu'un moment comme celui-ci arriverait.

    – Que va-t-il se passer demain ? demanda-t-il abruptement.

    – Demain tout va commencer Jay.

    Jay n'était pas sûr de comprendre. Il s'apprêtait à demander plus de détails quand Abdel le devança.

    – Tout ce pour quoi on vous a entraîné Jay, ça commencera demain. Demain, toi et toutes les autres personnes présentent ici vont être relâchées pour que vous puissiez mettre à profit tout ce que vous avez appris ces derniers mois avec nous.

    – Attends ! Tu es en train de me dire que demain vous nous relâchez, que nous serons libres ? reprit Jay.

    Abdel poussa un soupir las.

    – Non Jay. Demain vous serez dehors, toi et les autres mais vous serez toujours testés. Disons que c'est une sorte de prémisse avant de te laisser circuler tranquillement. On observera si tu as réussi et ce que ça a donné sur les autres.

    Jay digéra l'information.

    – Si je comprends bien, reformula-t-il, demain on fera encore des tests mais dehors et sans vous ?

    Son maître confirma.

    – Et si on refuse de se soumettre aux tests ? Si finalement, on avait changé d'avis parce que quoi…

    Abdel pinça les lèvres et le coupa.

    – C'est que vous ne pourrez pas partir Jay. Pas avant qu'il l'ait décidé. Cependant… Fais comme tu le sens. Prouve ta valeur et aussi que tu n’es pas un simple mouton suivant les autres.

    Jay releva la tête et fronça les sourcils. Il croyait comprendre ce que voulait dire Abdel mais il n’en était pas certain.

    – Ok, et on sera combien ? Combien se font entraîner et torturer en ce moment même ? Moi ça va mais, les autres… ? Enfin je ne comprends pas est-ce qu'au début c'était pas censé… 

    Abdel Karim le coupa d'une main et lui somma de se calmer s'il voulait qu'il continue à parler.

    – Vous êtes soixante-dix-sept.

    Jay inspira lourdement et ferma les yeux. Il tenta vaguement de se rappeler une petite fille brune pour se calmer.

    – Jay… dit doucement Abdel. Demain vous aurez le libre arbitre. Certains vont sûrement déconner et d'autres vont juste flipper. Seulement toi tu dois réussir ! Tu es le deuxième meilleur élément ici, le plus prometteur donc ne me déçois pas et met à profit tout ce que je t'ai appris pour survivre. Retrouve Danny, vous êtes dans la même équipe lui et toi comme tu sais donc retrouve le et tâchez de réussir. Réussis Jay ! Personne n'essaiera de te tuer, mais si tu échoues tu es foutu. Tu n'auras pas ce pour quoi tu t'es battu jusque-là.

    Il fit une pause avant de terminer la conversation.

    – C'est tout ce dont tu as besoin de savoir.

    Le jeune homme claqua des lèvres sous l’exaspération.

    – D'accord, répondit-il.

    Abdel lui tapota l'épaule gauche.

    – Fais-moi honneur !

    Il se leva, remit la chaise à sa place et s'éloigna vers la porte.

    – Marta viendra t'apporter ton repas, ensuite je te conseille de bien dormir. Demain tu as une rude journée devant toi !

    Marta ? S'agissait-il de la jeune fille brune ? Abdel Karim allait franchir la porte quand Jay l'interpella :

    – Abdel, je serai libre si je réussis ?

    Abdel sourit.

    – Tu as toujours été libre Jay. »

    MANA

    Chapitre 1

    Le vent souffla.

    Mana dormait sur l'herbe verdâtre. Ses paupières tressautèrent et ses cheveux chatouillèrent son visage sous la brise. Elle ouvrit ses yeux bleu gris en une seule fois. La lumière vive du ciel l'aveugla. Elle resta allongée un moment, les sens en alerte, regardant de gauche à droite et se redressa. Mana se leva et regarda autour d'elle, elle ne vit que de l'herbe. Une immense plaine d'herbes vertes qui s'étendait jusqu'à l'horizon d'où elle percevait le soleil. De l'autre côté, en contrebas se trouvait une forêt. La jeune fille respira calmement.

     « C'est ici, et ça commence. », pensa-t-elle.

    Elle ferma les yeux un long moment et les rouvrit. Ce n'était pas le moment de céder à la panique.

    À ses pieds se trouvaient plusieurs affaires parfaitement alignées et qui ne pouvaient pas être ici par le fruit du hasard. Il y avait un sac à dos, une gourde, plusieurs sachets de nourritures lyophilisées, une trousse de secours, deux bouteilles d'eau, un livre, une pièce d'échecs, une mini-arbalète, des petites flèches, un couteau de chasse, une boussole, une tente, un duvet ainsi que des affaires de rechange. Un mot était accroché au sac à dos :

    Tu ne peux porter sur toi que cinq objets.

    La première règle était posée. Mana regarda attentivement chacun des objets posés devant elle et se demanda lesquels elle allait choisir. Elle savait que cinq objets signifiaient cinq objets propres, autrement dit, elle ne pourrait prendre qu'une seule flèche pour un objet et non pas l'ensemble ; elle ne pourrait pas prendre non plus l'ensemble de la nourriture pour un seul objet. Le dilemme était cruel. Elle regarda attentivement les objets et fit son choix.

    Elle fouilla dans les affaires de rechange et enfila un manteau ainsi qu'un bonnet. Mana prit le sac à dos qu'elle remplit avec la gourde, les bouteilles d'eau, les sachets de nourriture, le livre, la trousse de secours, le couteau, quelques flèches et la pièce d'échecs. Elle retira le mot et referma le sac avant de l'enfiler. Elle récupéra deux flèches qu'elle cala tant bien que mal dans ses bottes. Elle se baissa ensuite pour récupérer la petite arbalète, plia les deux arcs sur le fût et la prit dans sa main gauche. Elle ne portait sur elle-même que cinq objets : le bonnet, le manteau, le sac à dos, les flèches et l'arbalète.

    Elle l'entendait comme s'il était là, tout près d'elle, murmurer avec un demi-sourire : « C'est bien joué Mana. »

    L'ensemble était un peu lourd, mais rien d'insupportable. Mana se demandait quelle serait la suite des événements. Elle regarda à nouveau autour d'elle, près du reste des affaires posées au sol et aperçut un signe derrière la boussole. Elle fronça les sourcils et se pencha pour déplacer l'objet. Elle s'accroupit et observa une flèche directionnelle subtilement gravée dans la terre. Elle orienta la boussole pour voir où la flèche l'emmenait ; vers le sud-est. Mana reposa la boussole par terre, où elle était, elle n'en aurait pas besoin. Elle se releva, réajusta son sac et commença à avancer dans la direction opposée.

    « Tu ne m'auras pas aussi facilement ! », pensa-t-elle.

    Elle regarda vers la forêt et se dirigea jusqu'à l'orée du bois. Elle inspira et baissa la tête avant de s'enfoncer dans la forêt.

    Sa quête pour s'enfuir d'ici venait de commencer.

    Le bois était silencieux. Seuls les bruits évident tels que le craquement des branches, la brise dans les feuilles et ses propres pas venaient troubler ce calme. Elle avait décidé pour commencer de trouver un point d'eau. Elle marchait depuis un peu plus d'une heure quand elle décida de faire une pause pour boire une gorgée d'eau dans l'une de ses bouteilles. Elle la rangea quand elle l'aperçut. Un homme de Dirck. Elle le reconnut à ses vêtements : tout de noir vêtu, seulement trahi par le brassard qu'il portait à l'épaule gauche. Un vert, avec deux rayures. Les deux rayures signifiaient qu'il n’était pas une des personnes les plus dangereuses que Mana croiserait ici, cependant elle se méfiait de tout le monde. Tout homme de Dirck était dangereux à ses yeux. Lui n'était pas là pour les capturer, mais sûrement pour s'occuper des fuyards comme elle.

    L’homme lui tournait le dos. Il portait un revolver et un couteau accrochés à sa ceinture ; et dans ses mains un fusil. Elle était à environ trois cents mètres de lui, de ce fait elle n'arrivait pas à voir si c'était un banal fusil ou bien un à seringue hypodermique. Mana profita que le garde ait le dos tourné pour calmer sa respiration et reculer calmement. Un pas après l'autre. Son pouls battait si fort qu'elle se demandait comment il ne pouvait pas l'entendre et s'il l'entendait : elle était prise.

    Elle commença à suffoquer, elle était gagnée par la panique et ne pouvait plus bouger quand elle se mit à compter : un, deux, trois, quatre, … Au nombre de quinze elle était de nouveau calme et continua à reculer le plus silencieusement possible. Un pas après l'autre. L'homme était toujours de dos à regarder dans la direction opposée mais elle savait qu'arriverait le moment où il se retournerait vers elle. La jeune fille risqua un coup d’œil en arrière, juste le temps de repérer un arbre à gauche qui était suffisamment grand pour l'abriter. Elle regarda de nouveau en direction de l'homme et recula vers la gauche cette fois et plus rapidement. Malgré son calme, son pouls restait intenable. Mana sentait son front suer et son corps lui ordonner de partir en courant. Elle luttait de toutes ses forces pour ne pas céder à la panique.

    Elle fit un autre pas vers la gauche. Pas, gauche. Pas, gauche. Elle se rapprochait de l'arbre lorsqu'elle vit l'homme faire la même chose qu'elle et reculer. La jeune fille regarda alors ses pieds, comme son maître le lui avait appris afin de voir dans quelle direction son opposant allait se retourner. Gauche. Dès l'instant où l'homme se retournerait vers la gauche, la première chose qu'il verrait serait Mana et la chasse serait ouverte. Elle réfléchit une demi-seconde, tourna la tête et vit un semblant de sentier sec sur sa gauche, elle sauta aussi vite que l'éclair pour le rejoindre sans bruit. Encore un pas, un autre et enfin elle se trouvait derrière l'arbre qui la cachait de son ennemi. Mana tendit l'oreille pour voir si l'homme avait remarqué sa présence, mais rien ne lui parut anormal. Elle ralentit sa respiration au fur et à mesure qu'elle entendait les bruits de pas se rapprocher. Son corps tremblait à l'idée qu'elle puisse être découverte. Elle resta là, sans bouger, pendant ce qui lui semblait être une éternité. Au bout d'un certain temps, elle n'écoutait plus que le silence. Elle compta dix longues secondes dans sa tête et très lentement, elle se pencha pour se hasarder à voir où était passé l’homme aux deux rayures.

    Tout se passa très vite. Au moment où elle allait sortir de sa cachette, une main se posa brusquement sur sa bouche pour étouffer ses cris, tandis qu'une autre empoigna fermement son abdomen pour la tirer avec force en arrière. Mana essaya de se débattre avec ses mains et ses pieds mais elle n'en eut pas le temps. L'inconnu qui l'avait attrapée lui montra son visage. Cheveux noirs, yeux verts. La jeune fille cessa toute agitation et reprit son calme. Le jeune homme enleva la main qui était sur sa bouche et écouta attentivement. Il prit son revolver caché dans son dos et fit signe à Mana de rester ici et avança à découvert pour sortir de leur cachette. Mana attendit patiemment et ramassa son arbalète qu'elle avait fait tomber sous la surprise.

    Au bout de cinq minutes le garçon réapparut.

    « – Tu t'es laissé distraire, dit-il simplement.

    Entendre sa voix briser le silence la rassura instantanément. Mana détourna le regard, elle savait qu'il avait raison. Ça ne lui ressemblait pas de se laisser gagner par la panique ainsi. Sauf que contrairement à avant, les choses étaient différentes. Elle était différente.

    – Viens, dit-il en lui tendant la main pour l'inviter à le suivre. J'ai trouvé un coin sympa près d'un plan d'eau, on pourra se planquer là le temps qu'il faut.

    Elle le rejoignit en quelques pas. Même s'ils n'avaient été séparés que le temps d'une nuit, elle avait été effrayée à l'idée de ne jamais le revoir, ou de le revoir mais changé. Seulement, le jeune homme était toujours le même et au grand désarroi de Mana, il était toujours aussi grand. Elle qui était si petite.

    – Qu'est-ce que tu as pris ? lui demanda-t-elle.

    Il enleva son sac à dos pour l'ouvrir devant elle.

    – De la bouffe, de l'eau, un bouquin, des balles, un briquet, la trousse de secours, un sifflet : c'est pour toi que je l'ai pris d'ailleurs, un bandana : pour toi aussi. Plus ce que je porte sur moi.

    Elle vit qu'il portait une veste chaude, un bandana noir, un revolver et enfin sa plaque autour du cou. Elle lui sourit malicieusement.

    – J'avais peur que tu n'aies rien retenu de ce que je t'avais dit, mais je vois que finalement tu as plutôt bien appris.

    – Je suis plutôt malin comme tu peux le voir !

    – Ce n’est pas dit ça Logan !

    Il sourit.

    – On ferait mieux de pas trop s'attarder ici, dit-elle finalement en reprenant son sérieux. Montre-moi ta planque.

    Logan acquiesça et perdit son sourire alors qu'il se mettait à marcher sur la gauche. Mana s'engouffra à sa suite sans dire un mot.

    – Tiens, mets ça autour de ton cou et protège ton visage avec le bandana ! ordonna Logan à Mana.

    Il lui tendit le sifflet qu'elle prit et mit autour du cou. Elle trouvait ça ridicule mais si ça pouvait rassurer Logan alors elle était prête à le faire. Mana récupéra ensuite le bandana qu'elle noua autour du cou de telle sorte qu'elle puisse se couvrir jusqu'au nez avec en cas de nécessité.

    Ils marchèrent durant environ vingt minutes avant d'arriver dans le coin de Logan. Sa cachette était dissimulée par de gros buissons verts qui une fois traversés, laissaient apparaître un petit plan d'eau à peine plus grand que leur ancienne cellule.

    – Tu sais si l'eau est potable ? interrogea Mana en observant la végétation qui avait l'air de vivre dans cette petite étendue.

    Elle put observer que plusieurs arbres semblaient avoir des racines plongeantes dans ce lac.

    – Celle-là non je ne sais pas, répondit Logan.

    Il contourna le plan d'eau par la droite et lui désigna un espace entre deux arbres. Mana se pencha et vit un infime ruisseau qui s'écoulait dans la mare.

    – Mais j'ai goûté celle-ci, vu qu'elle a l'air de venir du nord et qu’on ne sait pas s'il y a des montagnes ou quoi.

    Mana attendit.

    – Et ?

    Logan sourit.

    – Elle est potable relax ! Je ne t'aurais pas emmenée ici sinon.

    Le jeune homme retourna vers l'étendue d'eau et s'assit au bord. – Ça ne pourra pas être permanent mais c'est une bonne planque pour le moment.

    Mana regarda autour d'elle. La mare était entourée d'arbres imposants dont ceux d'où s'écoulait le ruisseau. Il y en avait peu mais ils étaient suffisamment épais pour les dissimuler. Il y avait une petite pleine d'herbe à côté du lac assez grande pour qu'il puisse chacun dormir à leur aise. Ce n'était pas la meilleure des cachettes mais elle leur suffirait le temps qu'ils trouvent ce qu'ils cherchaient.

    – Ce sera parfait le temps d'élaborer un plan, déclara-t-elle doucement.

    Elle posa son sac à dos contre un tronc et vint s'installer près du bord avec Logan.

    – Comment tu m'as trouvée ? questionna soudainement la jeune fille.

    Logan regarda l'eau un moment.

    – Je te connais voilà tout.

    Il fronça ses sourcils noirs avant d'ajouter :

    – Et puis tu es mon frère.

    Pour confirmer ses paroles il tendit la paume de sa main droite vers la jeune femme. Elle observa la cicatrice qui lui barrait la main. Elle tendit à son tour la main gauche à ses côtés où se trouvait une cicatrice similaire. Elle se souvint alors du jour où d'un commun accord, ils avaient fait un pacte et Logan, plein de symbolique, avait alors exigé qu'ils deviennent frères de sang afin qu'un lien indestructible les unisse tous les deux dans leur mission. Mana regarda Logan dans les yeux et lui sourit. Elle serait vraiment perdue sans lui. Elle était extrêmement fière que cet homme soit son partenaire. Logan et elle avaient été séparés la veille de leur cellule par leurs maîtres respectifs, chacun leur annonçant que le lendemain ce à quoi ils avaient été préparés depuis le début allait enfin commencer. Mana n'avait pas été tranquille à l'idée de laisser Logan avec son maître Mathias, elle savait quel homme détestable il était et comment il avait pu les torturer elle et lui. Cependant Logan lui avait un signe de tête et lui avait indiqué que tout se passerait bien. La jeune fille avait ensuite fait ses adieux à son ami, lui promettant de le retrouver au plus vite dès le lendemain. Elle était ensuite retournée dans son ancienne chambre, accompagnée par son maître. Toute la nuit elle s'était demandé si elle retrouverait Logan et si leur relation aurait changée dans la mesure où les circonstances seraient différentes.

    Pourtant il était là, il s'était réveillé et avait suivi ses conseils, il avait trouvé un coin où ils pourraient rester tous les deux et il était parti à sa recherche. Personne au monde ne pouvait avoir de meilleur partenaire que Logan Cartier et c'était le sien. Il était son frère de sang. Il n'avait pas changé.

    Logan s'allongea sur le sol. Mana fit pareil. Étendus côte à côte ils regardèrent le ciel bleu sans un bruit. Cela faisait si longtemps qu'ils ne l'avaient pas vu qu'ils restèrent silencieux. Tout semblait différent désormais. Mana eut l'impression que le ciel était plus clair que dans son souvenir. Elle songea aussi que l'odeur de l'herbe était douce et agréable et que la terre n'était pas aussi dure qu'elle ne le pensait. Elle appréciait également la légère humidité que dégageait le petit lac et sentit ses poils se dresser sous la fraîcheur de la brise. La jeune fille ressentit ses joues d'ordinaires pales, rosirent sous la caresse du vent. Elle éprouvait le besoin de vivre pleinement chacune de ces sensations dont elle avait été privée pendant si longtemps. Malgré ses craintes premières de passer la nuit dehors, Mana réalisa qu'elle préférerait dormir dehors durant tout le reste de sa vie plutôt que de se retrouver privé du monde extérieur une nouvelle fois. La jeune femme regardait toujours le ciel et espérait que la nuit serait claire afin qu'elle puisse voir quelques étoiles.

    – C'est peut-être de courte durée mais je me sens bien, murmura Logan.

    Pour toute réponse elle ferma les yeux pour pouvoir ressentir tout ce que cette terre qui lui avait tant manquée pouvait lui offrir. La jeune fille se sentait libre comme l'air. Brusquement elle rouvrit les yeux. Elle se redressa rapidement et passa ses mains dans ses cheveux, enlevant son bonnet. Elle ne pouvait pas se permettre ce genre de sensation, elle n'était pas libre ici. Mana se remémora ce que son maître lui avait dit.

    – Les autres, commença-t-elle, ceux qui ont suivi les règles.

    Elle s'arrêta. Logan s'était redressé et attendit patiemment.

    – Ils doivent être à la première réunion.

    Le jeune homme fronça les sourcils.

    – Il y avait une réunion de prévue ?

    – Oui. C'est ce qu'il m'a dit, il y aura une réunion avec tous ceux qui seront là-bas.

    Logan resta silencieux sous les paroles de la jeune fille.

    – Il va remarquer notre absence, ajouta-t-il.

    Mana soupira.

    – Il remarque toujours tout.

    Le jeune homme resta silencieux fasse à sa réponse. Il mit ses bras sur ses genoux et reposa sa tête dessus, résigné. Il poussa un long soupire.

    – Il va donc falloir qu'on trouve un plan, et vite fait !

    Il se leva précipitamment et sourit.

    – En attendant je propose qu'on se débarrasse de ça !

    Logan désigna le brassard rouge présent sur le bras droit de Mana. Elle le regarda et sourit. Elle enleva son brassard tandis que Logan ôtait le sien, également rouge. Ils rassemblèrent les deux signes de leur appartenance au groupe. Logan sortit son briquet pour y mettre feu.

    – Adieu équipe Pourpre… murmura Mana.

    Les deux partenaires regardèrent les brassards brûler en silence. – Maintenant on a plus de couleur, dit Logan. Notre équipe est l'équipe des Sans-Couleurs, comme à l’école, au premier grade quand y avaient plus de dossards.

    Il rit, heureux de se remémorer un souvenir insouciant. Il regarda la jeune fille pensive, s'assit à côté d'elle et lui prit la main.

    – On va y arriver Mana. On va sortir d'ici et rentrer chez nous.

    Mana le regarda profondément.

    – Je sais.

    Ils se regardèrent dans les yeux un moment. Logan s'apprêta à dire quelque chose lorsque Mana détourna le regard et se leva. Elle regarda les buissons qui les cachaient du danger extérieur. La jeune fille repensa aux deux mois qu'elle avait passés dans sa cellule, ainsi qu'aux deux mois suivants qu'elle avait passés avec Logan. Maintenant elle et lui revoyaient enfin le soleil. Elle scrutait les buissons comme si elle pouvait voir à travers. Jamais plus elle ne laisserait qui que ce soit enfermer Logan. Dès l'instant où elle l'avait vu, Mana s'était promis de le faire sortir d'ici. Envers et contre tout, envers et contre lui.

    – Il faudra qu'on y retourne, déclara-t-elle.

    – Où ?

    – Là où on était enfermé. Il faudra qu'on retrouve cet endroit et qu'on y retourne.

    Elle aurait préféré mourir que de soutenir le regard douloureux de son ami.

    – Pourquoi ?

    – C'est là-bas que ça a commencé…

    Elle s'arrêta. Logan baissa les yeux.

    – C'est là-bas que ça se terminera, dit-elle dans un souffle.

    Mana s'assit face à lui. Elle le regarda froidement et sérieusement dans les yeux.

    – Il faudra qu'on trouve l'endroit où on était pendant ces quatre mois. C'est sûrement le quartier général, ou un truc du genre. Là-bas, il doit y avoir des trucs comme des téléphones ou des ordinateurs. Si on met la main sur ce genre de choses, on pourra prévenir nos familles, les autorités ou les autres qu'on est là. Ils viendront nous chercher. Et ce sera terminé !

    Logan baissa la tête et ricana en arrachant l'herbe.

    – Tu crois vraiment que ce sera aussi simple ?

    – Bien sûr que non ! Dirck a tout prévu. C'est pour ça que dans un premier temps on devra se contenter d'observer. La première mission est de trouver le QG et on observe. Après on élabore le plan pour se barrer d'ici.

    Le jeune homme observa son amie et sourit.

    – Je te suivrai où tu iras mon frère, proclama-t-il.

    – Je sais. »

    Ils se réveillèrent plus tard. La soirée était déjà bien entamée. Aucun des deux partenaires ne se parlait, ils se contentaient ensemble de regarder le ciel changer de couleur. Le ventre gargouillant de Mana rompit le silence.

    « – J'ai faim !

    – Je ne m'en serai pas douté !

    Logan tendit une main vers son sac et l'ouvrit pour sortir un paquet de fruits secs. Il ouvrit le sachet et en partagea le contenu entre lui et Mana.

    – Je ne pense pas qu'on puisse survivre avec le peu de provision qu'on a, dit-il en mâchant un abricot.

    La jeune femme mangea en silence.

    – Non tu as raison.

    Elle se leva et alla chercher son sac, elle s'accroupit contre le tronc d'arbre et regarda les sachets de nourriture qu'elle avait en sa possession.

    – Avec ce qu'on a toi et moi, on devrait pouvoir tenir approximativement deux à trois jours au maximum.

    Sa déclaration fut suivie d'un silence. L'un comme l'autre pesait les options qui se présentaient devant eux. Il faudrait trouver de la nourriture ou bien chasser. Ou bien la solution de facilité qu'ils exécraient l'un comme l'autre mais qui était la plus apte à garantir leur survie. Logan brisa le silence.

    – Il faudra qu'on participe à deux trois tests pseudos épreuves et réunion…

    Tous les deux avaient appris lors de leur captivité que lorsqu'ils seraient relâchés dans le monde, la nourriture se trouverait par l'intermédiaire des tests à effectuer. En effet, à chaque réunion avec Dirck et ses sbires, ils auraient l'opportunité de décrocher un sac de provision par équipe afin d'assurer la survie des membres de celle-ci. Il existait environ soixante-dix-sept épreuves, au nombre des personnes présentes sur l'île. Chaque personne avait été entraînée et préparée à son épreuve par son maître respectif lors de la captivité solitaire. Ainsi chaque personne avait une chance de rapporter le plus gros sac de provision pour son équipe.

    – Il faudra, en effet… Mais on a encore un peu de temps pour ça. »

    Sur cette affirmation, Mana retourna s'allonger au côté de Logan et regarda le ciel qui continuait de s'assombrir. A cet instant elle se promit de ne pas s'endormir tant qu'elle n'aurait pas vu une étoile.

    Chapitre 2

    Le lendemain Mana se réveilla après Logan. Celui-ci était en train de lire le livre qu'elle avait pris la veille. Elle se leva et mangea un abricot sec. Mana se dit qu'à ce rythme ils ne tiendraient pas très longtemps.

    « – C'est bien comme bouquin ? lui demanda-t-elle.

    Logan ne releva pas la tête et continua à mâcher bruyamment son abricot.

    – Ben ce n’est pas une histoire d'amour au moins !

    Il referma le livre d'un coup sec.

    – Tu sais moi et la littérature.

    Il rangea le livre dans le sac.

    – Tout le monde ne sait pas apprécier les bonnes choses de la vie ! le taquina Mana.

    Il lui tira la langue. Mana sourit et arracha distraitement un morceau d'abricot avec ses dents. Elle se demandait encore comment la situation avait dégénéré et pu en arriver à ce point. Elle se remémorait comment elle rentrait chez elle ce soir d'hiver, comment la température était basse mais tout de même assez douce pour la saison. Elle se souvenait de la rue pavée qu'elle empruntait à chaque fois qu'elle rentrait de l'université. Le raccourci des escaliers. Les bruits de lutte. Un gémissement. Un corps qui s'effondre. La peur qui tiraille. Et le noir.

    Mana frissonna.

    – T'as froid ?

    Elle se tourna vers Logan qui la regardait.

    – Non ne t’en fais pas. Juste un frisson.

    Le jeune homme n'en dit pas plus. Il connaissait sa partenaire par cœur et savait que lorsqu'elle ne voulait pas se confier il valait mieux ne pas insister.

    – On devrait aller faire un tour dans les environs, proposa Logan.

    – C'est une bonne idée. Plus vite on aura fait du repérage et plus vite on pourra élaborer un plan qui tient debout !

    Elle se leva vivement. Logan la rejoignit en riant.

    – J'aime cet esprit !

    – Comme si je ne l'avais jamais eu !

    Ils esquissèrent un sourire. Avant de partir, Logan prit avec lui son revolver et enfila son bandana pour se couvrir le visage. Mana enfila son manteau et son bandana. Elle prit son poignard qu'elle rangea dans son dos, ainsi que son arbalète et ses flèches. Mana n'aimait pas cette arme, elle n'était pas très à l'aise avec la distance et trouvait que cet engin était beaucoup trop lent à recharger bien que ce soit une petite arbalète au summum de la modernité. Elle aurait de loin préféré avoir le choix avec un fusil à pompe même si elle n'en avait jamais utilisé. Elle avait toujours aimé la résonance du nom de cette arme.

    Ils se mirent tous les deux en route et prirent le chemin à travers les buissons par lequel ils étaient arrivés la veille. Mana se sentit à découvert une fois leur abri de fortune quitté. Bien qu’elle soit dehors, Mana ne se pensait pas libre. Elle était coincée ici, avec Logan et tous les autres.

    Elle suivit son ami qui ouvrait la voie. Tous deux étaient silencieux, à l’affût des moindres bruits environnants. Ils se dirigèrent d'abord vers l'endroit où ils s'étaient retrouvés la veille.

    Une fois arrivés, Logan demanda à Mana d'où elle était venue.

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