"Nous étions dans un studio aux grandes baies vitrées, au sommet d’une colline, en plein ouragan, se souvient Pete Doherty. Tous les oiseaux semblaient désorientés et venaient se fracasser sur les vitres. Il y avait cet aigle impressionnant qui nous fonçait dessus et, au milieu de tout ça, la télé retransmettait les funérailles de la reine. C’était assez apocalyptique, vraiment.”
Des scènes comme celle-ci, qui s’est déroulée alors que Doherty et son alter ego au sein du groupe, Carl Barât, avaient choisi la Jamaïque pour composer de nouveaux morceaux, semblent assez symptomatiques de la façon dont les Libertines ont parcouru ces vingt dernières années: constamment au bord du plus étroit des précipices, entre le succès et un chaos sans égal.
Quand le groupe a émergé, à la fin du siècle précédent, ces deux-là étaient les têtes d’affiche de la dernière révolution rock’n’roll made in England en date, réponse directe à la scène indie rock de New York qui explosait alors outre-Atlantique, emmenée par The Strokes.
On pouvait trouver des relents de Mick et Keith dans la relation amour-haine et fraternelle entre Doherty et Barât, tandis que les deux premiers albums du groupe – en 2002, et en 2004 – généraient une poignée d’hymnes indé en parfaite adéquation avec leur époque. Mais peu importe où allaient The Libertines, le tumulte suivait, et le groupe se fracturait lentement, en grande partie à cause de la bataille amplement médiatisée de Doherty avec une addiction à