TRAVERSÉE MORTELLE
AUSSI EXCITÉ QU’EFFRAYÉ, Jose suit son passeur. Il fait nuit noire. Son voyage à travers le vaste et implacable désert de Sonora, en Arizona, ne fait que commencer: il faudrait au moins une semaine pour parcourir les quelque 130 km. Arrivé à la barrière qui fait office de frontière, le passeur s’en va, promettant à Jose que quelqu’un d’autre l’attend à l’autre bout de la vallée. Ce n’était pas ce qui était convenu. À présent, Jose est seul, avec des provisions ridicules: moins de 10 litres d’eau, quelques haricots et une pochette de crackers.
Dans ses rêves les plus fous, Donald Trump ne pourrait pas bâtir un mur plus efficace que le désert de Sonora. 320 000 km² de montagnes et de vallées arides à cheval sur le Mexique, la Californie et l’Arizona. Des températures pouvant dépasser les 49° C. Résolus à atteindre les États-Unis à tout prix et craignant des autorités de plus en plus hostiles à la frontière, les migrants font un détour par cet endroit, peu surveillé. On y dénombre près de 9 000 morts depuis les années 1990, un chiffre sans doute en dessous de la vérité, car seule une fraction des victimes est retrouvée dans cette immensité.
Jose, 22 ans, vient de loin: le Guatemala. La moitié de son salaire lui étant extorquée par les gangs, impossible pour lui d’élever ses deux enfants. Alors il a économisé ce qu’il pouvait, puis est parti, direction les États-Unis. À la frontière, il a payé Le jour suivant, il a bu son urine.
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