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Dernière sortie avant la nuit: Série noire à Limoges
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Dernière sortie avant la nuit: Série noire à Limoges
Livre électronique209 pages2 heures

Dernière sortie avant la nuit: Série noire à Limoges

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À propos de ce livre électronique

Plongez dans cette histoire sombre et mystérieuse en plein cœur de Limoges.

Une nuit, un homme est abattu dans une rue de Limoges, sans mobile ni motif apparent. Ce meurtre déchaîne alors des passions aussi violentes et soudaines qu'inattendues...
Il y a tout d'abord les réactions des proches de la victime. Face à l'horreur de la situation, ces derniers sont naturellement en proie à l'incompréhension la plus totale. Mais s'immisce peu à peu en eux le doute. Connaissaient-ils réellement cet homme avec qui ils ont partagé tant de bons moments ? N'y avait-il pas en lui une part sombre, méconnue de tous ?
Il y a ensuite les réactions des habitants de la ville. Attristés par la nouvelle, chacun semble apporter son soutien et faire preuve d'empathie. Mais quand le masque tombe, les faux-semblants se dévoilent et la vérité s'impose, impitoyable…

Un ouvrage qui mêle suspense et rebondissement jusqu'à ses dernières pages !

EXTRAIT

Déjà le vieux est dehors et son 357 en action. Les vitres descendent sous l’impact des balles. Après deux essais, le moteur repart. Une salve frappe la carrosserie sur l’aile arrière de la BMW. La voiture fonce droit devant, portières latérales ouvertes. Le jeune un genou à terre, la main gauche maintenant le poignet du bras tendu envoie deux frappes sèches dans la calandre avant de rouler à terre pour éviter la percussion. Le nez de l’italienne cogne l’aile de la BM. Un instant déstabilisée, elle chaloupe de droite à gauche avant de retrouver la stabilité et de repartir rageusement. Les dernières balles du vieux n’y changeront rien. Elle sort du parking sans marquer le moindre arrêt. Il n’y a que la fumée qui s’échappe à l’avant du capot dont on voit la traînée s’enfoncer dans la nuit et disparaître.
Déjà le conducteur lance le moteur de la BM. Le vieux aide le jeune à monter le corps de la fille inanimée à même le sol à l’arrière. Il démarre alors que les portières ne sont pas encore closes.
Le parking est redevenu désert.
Loin dans l’obscurité urbaine, on entend les hurlements des sirènes qui déchirent le silence en traversant la ville.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Il faut souligner l’écriture. Mesurée et percutante, phrases courtes et parlantes, souvenirs ébauchés et présent morose. Ce qui offre une juste tonalité au récit, proche du béhaviorisme. Ce noir polar de Joël Nivard est de très belle qualité. - Action-Suspense

À PROPOS DE L'AUTEUR

Joël Nivard est né à Limoges où il a passé toute une carrière de commercial, il vit toujours dans cette ville qu’il a longuement évoqué dans les pièces de théâtre qu’il a écrite et qui ont été jouées à Limoges comme Limoges avril 1905 ou Les chroniques du trolley. Il a publié 2 romans : Loser en 1983 aux Éditions Denoël et On dira que c’est l’été, deux ou trois jours avant la nuit aux Éditions Albin Michel en 1986. Son théâtre On pourra pas dire qu’il a pas fait beau aujourd’hui, Rien n’arrive pour rien, Limoges, avril 1905, T’avais qu’à prendre le trolley et Faut-il abattre les tringleurs de rideau ? est publié aux Éditions Le Bruit des Autres. Il aime la nuit, le vin, le roman noir et le rock’n’roll qu’il consomme sans modération.
LangueFrançais
Date de sortie6 déc. 2017
ISBN9782367469966
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    Aperçu du livre

    Dernière sortie avant la nuit - Joël Nivard

    CHAPITRE 1

    Maintenant seulement, il s’accorde la douceur du havane. Dont il tranche méticuleusement le bout. Avec une précision chirurgicale. À l’aide de l’outil adéquat. De sa main aux doigts parfaitement entretenus. À l’ongle impeccable. Puis il passe le cigare lentement sous son nez. Il hume la senteur soutenue. Chaude. L’odeur de la terre. De la tourbe. Comme certains single malts. Avant de le glisser voluptueusement entre ses lèvres minces et sèches.

    Maintenant seulement, il laisse aller son corps rompu dans l’assise du fauteuil. Qu’est-ce qui pourrait lui manquer ? Là. Dans l’instant. Il chauffe le corps du tabac à la flamme du briquet. Un verre d’alcool. Ambré. Dans un verre à tenir dans la paume de la main, les doigts serrés sur le cul de verre. Single malt. Dans les associations d’idées, il n’y a pas de hasard.

    Face à lui, par la fenêtre du bureau vide, la nuit urbaine pose sur les immenses baies ouvertes sur la ville les éclats syncopés des néons électriques. Miles Davis. Havane. Single malt. Miles. Le cuivre vibrant de la trompette à la fois nerveuse et lascive.

    C’est le moment qu’il préfère. Celui où l’ombre laisse la part belle à la lumière factice. Une ponctuation silencieuse. Comme une pause hors du temps. La respiration d’un silence. Et le vide qui se fait dans tout le corps. Dénouer la pression. Défaire les liens.

    Sur la vitre, la pluie a laissé traîner ses gouttes telle une dentelle qui accroche les feux insoumis de la nuit citadine et fait scintiller la transparence liquide comme des perles minérales.

    Il allume le havane. Étend ses jambes. Il voit parfaitement la lumière rouge du téléphone lui indiquant un appel de l’extérieur. Il ne répondra pas. La boutique est close. Il ferme les yeux et les volutes du tabac envahissent sa bouche, son nez, sa gorge. Les spasmes du plaisir se coulent en lui. Il lui manque juste l’alcool. Dans le tiroir bas du bureau, sa main trouve la flasque en argent. Le goût de tourbe. Sur le cadran du téléphone, le point rouge devient fixe. On laisse un message sans doute. Ça n’a à cet instant, aucune importance. En trois lampées, il a vidé la flasque de son contenu. La chaleur descend. Comme une langue de feu.

    Puis il se lève. La douleur lui vrille le bas du dos. Il s’étire. Putain vieillir. Il ne s’y fera jamais. Il va face à la nuit. La vue domine la ville qui étale les ombres de ses quartiers résidentiels au-delà des limites du périphérique. D’ici, de cette hauteur, il pourrait se croire le maître de la ville. La médiathèque francophone en vis-à-vis est éteinte et les rares bureaux allumés sont en cours de nettoyage. Il peut apercevoir çà et là, la blouse claire d’un corps incliné dans l’exécution d’une tâche ménagère. La lenteur d’un mouvement pour occuper l’espace. La pierre sombre de l’hôtel de ville alterne dans son éclairage sophistiqué, l’ombre et la lumière donnant une impression de relief à la surface plane de la façade. En bas, descendant vers la Vienne, les avenues Georges-Dumas et de la Révolution sont encore saturées d’automobiles bien que l’heure soit avancée. Il se sent bien. Vieux mais bien. On l’attend pour dîner. Il n’est pas pressé. Pas maintenant. Il a le temps. Les bouffées de havane lui ont provisoirement coupé l’appétit.

    Une fois encore le clignotant du téléphone rougeoie. Ce n’est une heure pour personne. Il va jusqu’à la porte de son bureau, éteint la lumière. Il prend son loden et son écharpe. Ajuste l’ensemble d’un mouvement d’épaule. Il parcourt les couloirs dont les portes ouvertes donnent sur des bureaux vides. Le silence est aussi épais que la moquette qui s’enfonce sous les semelles de ses Weston. Enfin il gagne la porte d’entrée.

    Le palier est également silencieux. Seul l’ascenseur émet un chuintement en arrivant à l’étage. En descendant, dans la glace, il ajuste son écharpe. Élégant. Rester élégant. Quoi qu’il arrive. Donner un coup de main hâtif à sa chevelure. Tenter de conserver une allure digne, respectable. Il déteste l’image que lui renvoie le miroir.

    Dehors la fraîcheur l’enveloppe d’une gangue humide. Il pleut depuis des jours. Sans discontinuer. Ça fait seulement une heure qu’une accalmie provisoire s’est installée sur la ville. Il tête son cigare et s’arrête un moment pour s’emplir les poumons de l’air glacé.

    Le restaurant est à deux pas. Dans la vieille ville. Il remonte le col de son loden et s’en va d’une démarche paisible.

    Il traverse le boulevard Gambetta et pénètre dans le vieux quartier par la rue Gondinet. La rue Saut-de-Bœuf est étroite, les pavés luisants et inégaux ne facilitent pas une marche soutenue. Les lampadaires déversent une lumière chaude dans la ruelle déserte. Il entend le bruit caractéristique d’un moteur de moto. Derrière lui. Il s’apprête à se mettre à l’écart dans le renfoncement d’un immeuble. Il n’en a pas le temps. La moto est sur lui. Et tout d’un coup, il a un éclair. La peur. Le pressentiment.

    La première balle lui arrache l’écharpe et le frappe au cou. La seconde perfore le poumon, en pleine poitrine. Sous l’impact il recule et tente de se maintenir contre le mur. Bizarrement il ne ressent aucune douleur. Mais un bruit terrible dans l’oreille, celui de la percussion d’une douille d’arme de gros calibre. La répétition de ce même claquement sec. L’odeur également. Du métal fondu. Mais pas de douleur. Rien.

    Sa main accroche le revêtement de pierre. Le vide sous ses pieds. La chaussure qui ne trouve pas d’aspérité. Les doigts qui s’écorchent au crépi. Se relever. L’apesanteur dans la tête. Il tente un ultime effort. De l’air lui entre dans le corps. Il voudrait aspirer tout ce courant salvateur. Il entend vaguement le dérapage de l’engin. L’acier qui racle le sol. Il est à genoux quand les trois autres balles le frappent à la nuque.

    Il n’a pas le temps de voir le havane s’échapper de ses lèvres et glisser dans le caniveau tandis qu’un flot de sang lui envahit la gorge et jaillit par la bouche et les trous de son nez.

    CHAPITRE 2

    La pluie balaie l’asphalte détrempé de l’avenue du Général-de-Gaulle et des bourrasques de vent éparpillent les feuilles des platanes. Les phares allumés des voitures en plein jour parviennent à trouer les vapeurs dont on ne sait si elles montent du sol ou descendent de la tourmente des cieux. Le ciel est si bas qu’on entrevoit à peine les sommets des immeubles qui bordent l’avenue longeant les voies ferrées en contrebas.

    La pluie, incessante comme un rideau sans fin, pisse son implacable rigueur d’automne paysan sur la désolation urbaine.

    Il remonte le col de son imperméable et reste sous l’auvent qui abrite une partie de l’esplanade. Le vent de travers soulève les papiers épars qu’une poubelle renversée dispense à ses assauts répétés. Il allume une cigarette en protégeant de sa main la flamme vacillante. Il aspire. Laisser le tabac descendre, longuement. Dans l’encoignure d’une porte un homme assis à même le sol, les yeux hagards et les bras enserrant une bouteille de mauvais vin, semble n’attendre plus qu’un dernier train pour quitter définitivement un monde auquel il n’appartient déjà plus.

    En face, au-delà des rails entrelacés s’enfuyant vers un autre horizon, on devine la ville de Limoges, masse grise et compacte, solide comme une citadelle adossée aux rigueurs habituelles d’un méchant climat.

    Derrière, la voix annonçant les départs et arrivées des trains disperse dans le hall de la gare des Bénédictins ses informations monocordes ponctuées par les notes métalliques d’un clavier de synthèse qui se perdent dans le courant d’air des ouvertures et fermetures des portes automatiques.

    Le vent dans le dos le pousse dehors.

    Il n’offre aucune résistance.

    En face, l’air de la ville lui plaque sur le visage son haleine à l’ozone saturé. Ça sent la ferraille détrempée et une odeur plus forte encore, celle de la fiente que les étourneaux dispensent généreusement sur les trottoirs et les capots des voitures stationnées en dessous des platanes assaillis. Ça piaille à tout va. Comme dans une volière en plein vent. Il tire sur la cigarette mécaniquement.

    Arrêter. Il sait.

    Il fait le temps qu’il faut, celui qui colle tellement à la lumière de la ville. De cette ville en particulier. Cette lumière monochrome qui gomme les nuances pour n’en faire plus que cette couleur fanée au goût désuet de pluie et de vent. Il s’imprègne de cette lente résurgence qui s’insinue en lui. Retrouver les repères.

    Il est là.

    De retour.

    Et si ce n’était le temps passé, il pourrait un instant s’attendrir et se persuader que rien n’a vraiment changé.

    La file des taxis s’étire le long du trottoir, les voitures garées en double file se conspuent en un concert tonitruant de klaxons vindicatifs. Les gens s’étreignent et s’enlacent. Il a toujours aimé les gares pour ce qu’elles sont, un lieu de passage pour des commencements imprévus ou des fins assumées. Se quitter, se retrouver, partir, revenir parfois, s’enfuir dans l’urgence rigoureuse des trains qui partent et arrivent toujours à l’heure. Presque toujours.

    Il prend sa place dans la file entre un homme d’affaires ventripotent sanglé dans un imperméable terne dont la ceinture souligne la taille ample et une femme au regard inquiet, au corps tendu, le talon trahissant régulièrement l’impatience d’un coup bref sur le bitume et l’œil qui ne cesse de consulter la montre du poignet.

    Il tire sur la cigarette jusqu’au ras du filtre. Et il envoie le mégot d’une pichenette finir sa course dans la flaque que la pluie a creusée minutieusement dans le bitume.

    Il a du temps devant lui. Du moins c’est ce qu’il croit.

    Le chauffeur de taxi a la mine taciturne et le verbe sobre. Il glisse son bagage dans le coffre de la Mercedes. La radio est une locale qui fleure bon la rusticité provinciale, la proximité de la vraie vie, des vrais gens.

    Il lui demande de passer par les voies qui longent la Vienne. Ce n’est pas le plus court mais il ne fait aucun commentaire. Il remonte la vitre, laissant un léger espace pour que l’air humide s’insinue et maintienne une fraîcheur dans l’habitacle.

    On évite un voyageur égaré dans le vent dont le parapluie ne parvient pas à se maintenir ouvert. On contourne l’esplanade par le pont enjambant les voies ferroviaires. Les rails s’enfoncent dans le tunnel au bout du regard. Gueule noire qui paradoxalement ouvre sur l’axe du sud. Il entend la plainte brève de l’avertisseur de la locomotive qui disparaît dans la profondeur souterraine. Puis le feu arrière. Rouge. Puis plus rien. La pluie qui zèbre l’obscurité de l’horizon.

    On longe la brique sale des murs de la vieille cité ouvrière des Coutures. Les derniers commerces tiennent encore debout. Le boucher dont la calligraphie à main levée sur la vitrine vante le pâté de pommes de terre artisanal du jeudi, le jambon et la terrine faits maison. Un peu en dessous à l’angle, la boulangerie recrache la vapeur de cuisson des fours ce qui n’empêche pas les vitres de la devanture d’être couvertes d’une buée qui ne permet pas de distinguer l’intérieur du magasin. Simplement la lumière glauque des néons. Sans doute l’odeur du pain dans la rue. À un pas de porte de là, le fleuriste étale ses plaques mortuaires en vitrine et de grands lys blancs fichés dans un vase semblent n’attendre plus rien ni personne. En prolongement, une boutique de mode à l’ancienne expose des mannequins dont les robes aux teintes mordorées soulignent les formes généreuses et assure qu’ici, on trouve des grandes tailles. Il ne manque rien. Ou presque. Si ce n’est un bistrot pour étancher la soif de ces solitudes que l’on aperçoit derrière le poli de la vitre, ces regards qui ne voient plus le vide de la rue, qui n’entendent plus le silence rituel des heures vacantes, ces ombres furtives qui semblent n’espérer rien d’autre que la pluie cesse et que vienne enfin la fin du jour.

    On dirait un village. Des silhouettes grises et courbées longent le trottoir au plus près du mur pour éviter les trombes d’eau. Ça sent la retraite. Les femmes en blouses fleuries et bigoudis recourbant des cheveux permanentés, les hommes en bleu de chauffe les poings dans les poches, les mobylettes Motobécane et les petits chiens ridicules à poil ras qui tortillent leurs trous de cul en marchant de travers avec la queue recourbée sur le dos. Un autre temps.

    On descend vers les quais. Son regard dans le rétroviseur aperçoit l’ardoise des toits qui se confond avec l’étoupe grise des nuages. La pierre grise. L’ardoise grise. Des silhouettes grises. Monochromie uniforme d’un quartier enchâssé dans la ville. Intemporelle.

    Tout est resté tel quel.

    En plan.

    Il a quitté Limoges il y a plus de vingt ans et il n’y est jamais revenu jusqu’à ce jour. Ce pourrait être seulement hier. Dans son souvenir, les images restent fidèles, comme si le temps n’avait pas d’impact ou que les yeux de sa mémoire aient anticipé l’usure.

    Le bas de l’avenue des Coutures s’ouvre sur un vaste carrefour que des bulldozers méthodiques ont dû tailler à coups de pelles détruisant des pâtés de maisons vétustes ou frappées d’alignement. On arrive sur les quais, le port du Naveix. La Vienne est large, sombre et la pluie pointille la surface de l’eau d’un lancinant frémissement. Sur l’autre berge défile un autre quartier populaire de la ville que l’on peut rejoindre par le pont Saint-Étienne aujourd’hui uniquement piéton. Les murs lézardés d’une des dernières manufactures semblent accuser une vétusté qui aura raison de l’édifice, un jour ou l’autre. Seule la cheminée du four des Casseaux pointe vers le ciel l’arrogance de son passé ouvrier.

    On file doucement sur le quai Saint-Martial. Il se cale dans la tiédeur des sièges. Il accuse la fatigue de ces derniers jours. Son regard se perd dans les détails de cette ville qu’il retrouve et dont il n’a pas le sentiment de s’être éloigné depuis si longtemps. De cette ville où il aurait pu ne jamais revenir.

    On quitte le bord de l’eau et on remonte par le boulevard extérieur qui ceinture la ville. À la radio, des hommes et des femmes interpellent l’animateur, il est question de la meilleure façon de préparer une spécialité locale, avec ou sans fromage. Il n’écoute pas vraiment mais il retrouve dans les voix des intervenants cette pointe d’accent des gens d’ici, de cette province-là, un mélange de paysannerie occitane et d’expressions triviales à l’image savoureuse.

    Le boulevard sinue entre des immeubles bas entourés par les espaces verts des jardins publics et remonte vers le nord. La circulation est fluide. La pluie ne cesse pas et à intervalles réguliers, les balais d’essuie-glace émettent le miaulement caractéristique et irritant du caoutchouc frottant la surface lisse du pare-brise.

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