n prévision des quatorze heures et demie de vol, j’ai emporté le coffret des quatre DVD contenant les six heures et quarante-cinq minutes de l’adaptation de de Léon Tolstoï, réalisée par Sergueï Bondartchouk en 1966. J’étais déjà dans l’avion quand est sorti le de Ridley Scott. Le film soviétique répondait au de King Vidor tourné dix ans plus tôt, lequel ne semble pas avoir été une réponse d’Abel Gance qui n’était pas l’animation du roman-tableau peint par Jacques-Louis David. Ce qui m’a le plus réjoui dans le film fleuve de Bondartchouk c’est l’absence de Napoléon. Ou si l’on préfère, sa présence hors champ. Il est là au sens où tout est de sa faute, ce désastre, cette gabegie, cette misère humaine confite de nullité militaire, politique, morale, qui trouve son expression la plus odieuse dans cette campagne de Russie qui extasie les collectionneurs de soldats de plomb. C’est moins Napoléon que j’abhorre que ceux qui saluent régulièrement son retour depuis le 1 mars 1815 jusqu’à sa réincarnation poutinienne. L’intérêt des scènes de batailles? Purement pictural. Pornographie de l’Histoire. L’intimité du sabreur? Degré zéro du ridicule copulatoire. En posant les pieds sur le tarmac de l’aéroport de Santiago, j’étais content d’avoir laissé l’Europe et ses massacres à venir 15 000 kilomètres derrière moi. Et aussitôt trouvé les joies du décalage horaire, avec Dora en plein hiver et moi qui me balade dans l’printemps.
Choses vues au Chili (1)
Dec 07, 2023
2 minutes
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