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Chris Neurosis: ou la loi du paraître
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Chris Neurosis: ou la loi du paraître
Livre électronique123 pages2 heures

Chris Neurosis: ou la loi du paraître

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À propos de ce livre électronique

Narkis nous conte la force de l’amour d’une mère que rien n’arrête pour permettre le bonheur de sa fille, même à ses propres dépens

Dans l’air du temps, entre champagne et hôpital psychiatrique, Adrianna, le personnage principal de ce roman, nous raconte avec humour et féminité une tragédie grecque moderne : la sienne.

Sous le soleil du Brésil et la bruine parisienne, Narkis construit un ouvrage au parfum savoureux, l’odeur du scandale exhale. Entre le monde de la luxure et celui du divin, il n’y a qu’un pas et il est franchi : le ciel et l’enfer s’embrassent sous les talons aiguilles.

Mais c’est aussi et surtout l’histoire d’une femme et son combat. Le lecteur lira, derrière ces mots espiègles, la douleur de la mère et l’ambition d’être femme, deux amours, Hannah et Chris. Deux idéaux parfois antinomiques, inséparables pourtant.

« La justice écoute aux portes de la beauté. » A. Césaire

Un récit troublant à trois voix sur le besoin d’amour et de paraître

EXTRAIT

Alors que je reprenais un deuxième verre de cet excellent Chablis, entourée de quelques amis proches, le téléphone sonna. Je réponds, on me passe ma fille.
C’est le service de psychiatrie de l’hôpital Henri Ey dans le 13e arrondissement de Paris.

Il s’agit, si l’on veut bien le prendre comme ça, de la nouvelle demeure de ma fille Hannah… moins luxueuse j’en conviens, mais plus adaptée à son tempérament aujourd’hui plus qu’inadapté face à la vie et à ses proches. Elle y est soignée pour une dépression nerveuse depuis plus de six mois, mais en réalité cela fait des années qu’elle perd pied sans que moi, sa mère, celle qui l’a vu grandir, je m’en aperçoive. Et cette sonnerie de téléphone, comme un cri que l’on m’enfonce à nouveau dans le cœur à chaque appel, me confronte encore à cette dure réalité : ma fille va mal. Elle est malade. Et ce doux breuvage que j’absorbe avec délectation ne saurait me la faire oublier.
LangueFrançais
Date de sortie2 mai 2016
ISBN9782876835375
Chris Neurosis: ou la loi du paraître

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    Aperçu du livre

    Chris Neurosis - Narkis

    Narkis

    Chris Neurosis

    ISBN 9782876835375

    Catégorie : Roman Psychologique

    www.compagnie-litteraire.com

    C

    C’est moi, Adrianna, qui vais vous raconter mon histoire, j’aime que les choses soient claires, désormais les présentations sont faites, nous pouvons commencer !

    Alors que je reprenais un deuxième verre de cet excellent Chablis, entourée de quelques amis proches, le téléphone sonna. Je réponds, on me passe ma fille.

    C’est le service de psychiatrie de l’hôpital Henri Ey dans le 13e arrondissement de Paris.

    Il s’agit, si l’on veut bien le prendre comme ça, de la nouvelle demeure de ma fille Hannah… moins luxueuse j’en conviens, mais plus adaptée à son tempérament aujourd’hui plus qu’inadapté face à la vie et à ses proches. Elle y est soignée pour une dépression nerveuse depuis plus de six mois, mais en réalité cela fait des années qu’elle perd pied sans que moi, sa mère, celle qui l’a vu grandir, je m’en aperçoive. Et cette sonnerie de téléphone, comme un cri que l’on m’enfonce à nouveau dans le cœur à chaque appel, me confronte encore à cette dure réalité : ma fille va mal. Elle est malade. Et ce doux breuvage que j’absorbe avec délectation ne saurait me la faire oublier.

    Un jour, Hannah est allée jusqu’à lancer une potiche en terre depuis la terrasse de son appartement, faisant preuve d’une impétuosité à la hauteur de son mal ; et, inconsciente de la gravité de son geste, elle s’étonnait que les policiers viennent l’intercepter. Elle ne comprenait pas qu’elle aurait pu tuer quelqu’un.

    Hannah souffre d’anorexie, aujourd’hui elle ne pèse plus que 40 kilos, un péché pour la si ravissante jeune fille qu’elle était et qui resplendissait du haut de son mètre soixante. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Avec le recul, je me rends compte avec horreur que cette situation était peut-être prévisible et qu’elle s’était écrite au fil des ans, au fur et à mesure qu’Hannah choisissait de se détacher de moi pour se terrer dans sa douleur et dans un manque d’amour de soi qui ne faisait - en rien ! - partie de l’éducation qu’elle avait reçue de nous. Adoptée, aimée et choyée, elle avait toujours été traitée comme une véritable petite princesse. Mais peut-être est-ce ce conte de fées ornementé de richesses et de caprices qui l’a conduite entre les murs de cet hôpital… Cet univers aseptisé et merveilleux dans lequel elle a vécu était sans doute d’une luxure immaculée et bien trop inadapté à la vie réelle, et cette vie à laquelle elle n’avait pas été préparée lui a laissé des séquelles qu’elle m’a toujours renvoyées au visage, moi, la mère, le miroir, la protectrice, donc la fautive. Hannah s’était éloignée de moi peu à peu, et cela s’est accentué après le décès de son père adoptif, mon mari.

    À l’époque, encore enfiévrée par la perte de cet homme qui avait partagé ma vie pendant de si nombreuses années, aveuglée par ce départ soudain, je ne voyais pas le manque terrible qui venait de se creuser dans le cœur de mon enfant. Elle n’avait plus de repères et une lumière dans ses yeux s’était éteinte laissant, à sa place, un vide immense.

    J’avais énormément souffert de voir mon mari mourir brusquement d’une crise cardiaque, m’étant alors retrouvée seule, j’imaginais qu’un tel événement ne pourrait que nous rapprocher Hannah et moi car les malheurs ont la faculté de rapprocher les êtres chers. Mais il n’en fut rien.

    Il faut dire qu’Hannah s’était éloignée de nous depuis bien longtemps déjà, voulant construire sa vie « à sa manière » : une vraie catastrophe. J’étais très permissive, elle fréquentait beaucoup de garçons que je trouvais sympathiques, mais en aucune façon je n’intervenais dans sa vie amoureuse : elle était majeure et libre de sa personne. Mon mari, lui, déplorait son manque d’agressivité quant à l’idée même de travailler. En effet, ma fille a fréquenté l’Université, elle parlait l’anglais couramment, se piquait d’avoir une licence de droit, mais malgré ces nombreux atouts, nous contribuions largement au fait qu’elle vive dans un très bel appartement dont nous assurions le loyer régulièrement.

    On me passe Hannah : « Maman, je ne peux prendre un kilo, je suis trop malheureuse, ne parlons pas de nourriture, je suis gavée de paroles, la seule chose que je veuille que tu m’apportes ce sont mes médicaments, je ne peux vivre sans médicaments. » Et moi je n’entends qu’un bourdonnement infernal, toujours le même refrain : ses médicaments. Elle me parle en boucle, dans sa tête tout s’entremêle, divagation et réalité. Elle réclame des médicaments pour une mycose qui, évidemment, n’existe pas ; des dragées spéciales contre les palpitations et des produits dermatologiques pour de l’eczéma qu’elle n’a pas.

    Auparavant, j’avais déjà lu des rapports consternants sur un certain nombre « d’agressions » sonores qu’elle avait souhaité dénoncer : une main courante déposée à l’encontre du gardien de son immeuble, qui, soi-disant, faisait trop de bruit ; elle en dépose une seconde contre ses voisins car leurs ébats amoureux la gênaient toute la nuit, d’autant plus qu’elle est insomniaque. Elle s’était également plainte d’une autre voisine qui passait son temps à discuter bruyamment avec son amant lorsqu’elle ne se livrait pas à des joutes érotiques. Cette enfant pourrie gâtée qui s’offusquait du moindre bruit et avait une tendance aiguë à la paranoïa, c’était ma fille.

    Cette femme perdue et déboussolée, moi seule l’avais élevée. Alors, que faire avec ça ?

    Avoir honte ? Certainement pas. Il fallait avancer. Ne pas la laisser tomber, car il n’y avait plus que ça à faire : demeurer présente, même au loin, et espérer. Nous lui avions tout donné, nous n’aurions pas pu faire mieux et malgré cela ça ne pouvait guère être pire ! Mais je ne suis pas d’une nature à me laisser aller : ni physiquement, ni moralement.

    Un beau jour – heureusement qu’il faisait beau d’ailleurs ! Mais lisez donc la suite – on a même retrouvé Hannah à demi nue dans la rue, essayant d’échapper à je ne sais quels démons… J’ai alors appris avec étonnement qu’elle était déjà internée depuis des jours ; moi qui m’inquiétais de son silence. La petite fille que j’avais vu naître sous le soleil rougissant du Brésil, dans ce pays rayonnant d’amour et de liberté, se consumait aujourd’hui dans ses propres flammes. Phénix atrophié, ma fille me devenait chaque jour un peu plus étrangère, consumée par ses propres peurs, ses visions, ses cauchemars. Elle me raccrochait au nez parce que je refusais d’accréditer ses histoires délirantes. J’essayais malgré tout de rester en contact avec elle afin de la maintenir tant bien que mal dans la réalité, la nôtre, pas la sienne. Et c’était une douleur terrible que cette lutte incessante, une lutte que je menais pour son bien, mais elle ne le voyait pas. Au contraire, elle me traitait de tous les noms : plus je restais forte et sereine, plus elle m’en voulait. C’était une spirale diabolique et infinie : moi qui prenais toujours soin de moi, choisissant avec goût aussi bien mes tenues que mes compagnons, je devenais cette autre détestable qu’elle prenait à partie. En effet, pour elle je n’avais qu’un seul tort mais il était immense : aimer la vie et m’aimer. Ma fille n’a jamais su s’aimer alors elle n’a jamais compris que je puisse et l’aimer, et continuer à vivre : être sa mère, inquiète et combative, tout en étant une femme, tantôt maîtresse, parfois muse. Un parfum, un brushing, une touche de mascara, autant de gestes que ma fille jugeait futiles avec un air furieux, m’envoyant d’un regard lointain la force profonde de son mépris. Elle ne comprenait pas que le feu qui brûlait mon cœur lorsqu’elle était enfermée, je le dissimulais grâce au plaisir si doux que procurent le regard d’un homme et ses mains sur ma peau. Elle avait d’ailleurs – inconsciemment – pris ombrage du fait que je fréquentais depuis peu un jeune homme d’une grande beauté, et bien plus jeune que moi ! Elle qui était plus jeune, plus belle, plus désirable que moi, elle bouillonnait de jalousie et d’incompréhension face à moi.

    Les mois passent et Hannah se complaît dans son univers de maux imaginaires : de plus en plus caractérielle, elle « exige » d’être présentée à des médecins spécialisés pour des douleurs qui la tourmentent (alors que, physiquement, elle est en parfaite santé), pour des maux d’yeux qui l’empêcheraient de lire les journaux, des malaises inventés, des maladies diverses et variées qui progressent au rythme des saisons la faisant osciller entre tristes caprices et douce folie. L’image qu’elle a d’elle est aussi déformée que sa vision du monde : ébréchée, taillée en pièce, déchirée… par ce deuil toujours englué dans son être : la perte de son père adoptif, mon mari. Elle a perdu une nouvelle fois sa famille, l’équilibre, la confiance en elle que j’ai toujours voulu lui transmettre. Cette confiance qu’elle me jette au visage, trouvant sans doute que je survis trop bien, que ce n’est pas normal de continuer à vivre comme je le fais.

    Cette enfant du Brésil que j’ai cajolée sous les rayons du soleil, cette enfant que je pensais éprise du vent de liberté qui m’a toujours portée, s’offusque du baiser d’un amant passager sur mes lèvres. Brésil, brûlant Brésil, pourquoi as-tu laissé en elle un feu qui la consume sans lui donner ta luminosité ?

    Elle flotte dans des vêtements trop grands pour elle. Soudain, face à sa psychiatre, une idée me vient, inspirée du moment je lui pose cette question : « Pourquoi un photographe ne l’a-t-il pas prise en photo ? Cela permettrait de la mettre face à une image réelle afin qu’elle se regarde et qu’elle se juge. » La psychiatre m’a répondu que cela ne changerait rien. Quels que soient les moyens employés pour la confronter à son image, elle se focaliserait sur une réalité autre, imaginaire et erronée. Cela fait partie de sa maladie : elle ne se voit pas telle qu’elle est.

    Après quelques semaines j’ai obtenu l’autorisation de l’hôpital pour l’emmener régulièrement au restaurant près du centre hospitalier. Hannah était ravie de sortir se promener et de

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