Ma guerre froide: Un Charentais au pied du mur (de Berlin)
Par JP Bouzac
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À propos de ce livre électronique
Ce livre est le récit d'un témoin sans préjugé, amoureux du détail un brin loufoque. On n'a aucun mal à croire sa future femme, quand celle-ci affirme, lucide, dès sa première rencontre avec l'auteur, alors jeune et timide: "Dans sa langue maternelle, c'est sûrement un moulin à paroles!".
Ce livre est le seul à ce jour consacré à l'Etat-major allié de Berlin et à la vie des appelés français en général dans cette île perdue en Allemagne de l'Est.
JP Bouzac
JP Bouzac - gekühlter Veteran Geboren in Cognac, im Département der Charente, neuerdings Teil der Region Nouvelle-Aquitaine, lebt seit vielen Jahren zwischen Berlin & Brandenburg, der Charente und irgendwo auf dem (noch) blauen Planeten. Studium der Natur- und Geisteswissenschaften in Poitiers, Indien, Aachen und Berlin. Lernt jeden Tag, meistens in der Berliner S-Bahn, wenn diese fährt. Autor, Fotograf, Zeichner, Maler.
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Avis sur Ma guerre froide
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Aperçu du livre
Ma guerre froide - JP Bouzac
À la mémoire de
Gaston Renault, mon grand-père paternel pacifiste 10 avril 1887, Montmorillon – 29 août 1936, Poitiers
Ursula Margarete Rummel, ma belle-mère berlinoise 20 avril 1930, Berlin – 7 août 2002, Berlin
Louis-Clément Renault, mon père 24 août 1925, Poitiers – 22 mars 2015, Bourg-Charente
Table des matières
Préface à la réédition de 2019
Encore un livre sur le mur ?
Berlin, Berlin…
Fort en version (Premier de la classe)
Chère Marianne
L’ours de Berlin
Classes (suite et fin)
Chez les Britanniques
Ricains
Réconciliés
La Chorale franco-allemande de Berlin !
Réconciliés ?
This wall will fall
A lier
LE Mur
Incident diplomatique au Pergamon Museum
Hélicos pa ruski
Rencontres insolites
De Berlin sur Charente à la guerre civile européenne...
Mur mûr
Vingt ans après
Épilogue
JP Bouzac, vétéran refroidi
Notes de lectrices et lecteurs
Préface à la réédition de 2019
Décidément le temps passe de plus en plus vite ! Moi qui avais peur de rater le vingtième anniversaire de la commémoration de la chute du mur de Berlin lors de la parution de la première édition de ce petit livre de souvenirs, je suis bien parti pour rater aussi celle du trentenaire. Avec un peu de chance, il me restera le cinquantenaire… en 2039, c'est-à-dire peu avant mon prix Nobel. De littérature évidemment.
Le vingtième anniversaire avait été une farce de mauvais goût : une grosse fête réservée à l’élite politique, laquelle n’avait pourtant pas brillé par sa présence lors des évènements ayant conduit à la chute du mur de la honte en 1989.
Le vingt-cinquième anniversaire était infiniment mieux. Le parcours du mur avait été reconstitué de manière ludique, virtuelle et éphémère (un peu de plus je disais conviviale), du moins le trajet nord-sud qui coupait la ville en deux, par des ballons blancs qui s’envolèrent pendant une nuit de festivité cette fois-ci vraiment destinée à toutes et à tous.
Les organisateurs du trentième anniversaire n’ont pas le droit de faire moins bien que la dernière fois. Je ne les envie pas car la tâche est ardue. D’autant qu’à en juger par la commémoration du 29ème anniversaire (ce sont les « noces de velours », à titre d’information), au moment où j’écris ces lignes, l’ambiance politique dégradée de ces dernières années s’est invitée à la fête sans demander l’avis de qui que ce soit. Au lieu de se réjouir de ce qui reste l’un des grands moments de ces dernières décades, on se dispute pour savoir si le 3 octobre, fête nationale, depuis la réunification, le fameux 9 novembre…, sont des festivités nationales et nationalistes ou plurielles et multiculturelles. Un débat stérile et inutile.
D’autant que dans le même temps le spectre de la guerre froide repointe sa sale gueule à l’horizon. Et si nous revenions à l’histoire, ou du moins à la partie que je peux vous raconter en tant que témoin ?
Commémoration de la chute du mur, Berlin, 9 novembre 2014
Encore un livre sur le mur ?
Les bourrasques de neige balayent la rue en tous sens, la transformant en gigantesque soufflerie sans début, ni fin. Les flocons fusent à tout va, fouettent la baie vitrée de mon bureau, pour s’écraser, une seconde plus tard, sur les vitrines du marchand de sushi, de l’autre côté de la rue. Dans la tourmente glacée, on devine à peine les immeubles, je crois apercevoir les contours d’un vaisseau fantôme qui profiterait de l’aubaine pour faire un tour de ville incognito.
Tout d’un coup, le soleil éblouit la scène, les couleurs éclatantes du Block Aldo Rossi font mal aux yeux. Au premier plan, étincelants de lumière, d’épais flocons continuent de tomber, mais au ralenti, dans un flou artistique à la Wong Kar-wai. A-t-on jamais vu un arc en neige ? Délaissant mon ordinateur, je me lève un instant et m’approche de la fenêtre. Les rares passants rasent les murs, en pestant, la tête enfoncée entre les épaules. Un grand bus panoramique noir cachalot (c’était lui, le Hollandais volant ?), avec une poignée de touristes assoupis à son bord, passe au pas.
Des touristes, par ce temps ? J’avais un peu vite oublié cette cicatrice sur la chaussée, juste sous ma fenêtre. Deux lignes en pavés de granite luisant, noyés dans le bitume, marquent l’emplacement du mur disparu, du Berliner Mauer 1961 – 1989, comme l’indiquent d’innombrables petites plaques métalliques encastrées dans le sol, sur des kilomètres.
Depuis peu, je travaille dans la Zimmerstraße, la rue qui recoupe la Friedrichstraße à l’endroit connu sous l’appellation martiale de Checkpoint Charlie ¹. La Friedrichstraße, c’était aussi le centre du Berlin des Années folles. Après la seconde guerre mondiale, le quartier s’est retrouvé en première ligne de l’affrontement heureusement avorté entre Américains et Soviétiques, les Russes, comme on continue à les appeler ici, vingt ans après la fin officielle de la Guerre Froide, après la chute du mur de Berlin, symbole de cette époque emblématique qui a disparu à tout jamais pour laisser place à l’ère pas beaucoup plus réjouissante de la crise financière mondiale et du réchauffement planétaire.
Bien sûr, je n’ai pas connu les Années folles, bien que, pour être franc, la plupart des années que j’ai vécues jusqu’à ce jour (à Berlin ou pas) m’ont bel et bien semblé plus ou moins maboules. Mais pour la Guerre Froide, là, vous pouvez compter sur moi : j’y étais, au premier rang, ici à Berlin, au pied du mur. Je n’insisterai pas une nouvelle fois ² sur les étonnantes circonstances de ma venue dans cette ville à part que fut Berlin pendant pratiquement une génération. J’y suis arrivé par un matin d’hiver glacial et ensoleillé, trois ans avant le tournant, nom politiquement correct du grand chamboulement de 1989.
Français du Sud-ouest que rien ne prédestinait à mettre un jour les pieds dans l’ancienne capitale du Reich en uniforme, j’ai joué pendant un mois au Rambo des neiges avant d’être promu au rang de planqué interculturel pour une éternité qui est finalement passée en coup de vent, comme une bourrasque de neige printanière...
Si je maltraite aujourd’hui mon clavier, c’est que j’ai du mal à accepter que l’histoire passe si vite aux oubliettes ou dans un tiroir qui accueille pêle-mêle tout le monde, de Cro-Magnon à September Eleven. J’ai la chance de n’avoir vécu ni les horreurs de la première, ni les monstruosités de la seconde guerre mondiale.
La guerre froide, c’était et tant mieux, en tout cas pour nous Européens, une sous-guerre. Rétrospectivement, il n’est pas pour autant interdit d’avoir froid dans le dos quand on pense combien de fois cette guerre pour rire a failli sans prévenir glisser dans l’abîme du prochain conflit.
D’autant que tout est lié : Pas de guerre froide sans seconde ni sans première guerre mondiale... Partant de ce principe, il ne faut pas beaucoup de fantaisie pour se retrouver en pleine guerre des Gaules ! Et puis, qui s’intéresse à l’avenir ne peut jamais en savoir trop sur le passé.
Si les témoignages des protagonistes des deux guerres mondiales ne manquent pas, la grande majorité des victimes ayant survécu est restée silencieuse. Plus de soixante ans après la fin du deuxième conflit global, il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau film ou musical traitant de cette période ne fasse son apparition.
Dans ces œuvres avant tout destinées à distraire le plus vaste public et donc à enrichir les producteurs, tout est permis, un Hitler homosexuel plein d’humour, des Juifs collecteurs de scalps et victorieux. J’ai du mal à comprendre l’intérêt de ces fictions délirantes et préfère m’en tenir aux récits autobiographiques, qu’il s’agisse de textes mondialement reconnus comme ceux de l’extraordinaire Primo Levi, de notes personnelles telles celles, très élaborées, de mon père (poitevin), ou celles, beaucoup plus modestes, de mon beau-père (berlinois). Et même si certains, en l’occurrence, certaines, ont choisi l’anonymat pour raconter avec beaucoup d’humanité ce que les autres ont préféré taire ³.
C’est bien connu, l’histoire se répète encore et toujours. Depuis la chute du Mur de Berlin, le traitement de l’information concernant la guerre froide en général, et l’histoire de l’Allemagne de l’Est en particulier, connaît une évolution comparable à celle décrite ci-dessus pour le reste du siècle. Il n’en a pas fallu plus pour me pousser à mettre sur le papier mes souvenirs personnels pour tous ceux qui ne souffriront pas d’indigestion historique après le 8 novembre 2009.
Les textes qui suivent ont été rédigés entre février 1986 et il y a… tout juste une heure. A une exception près, il ne s’agit donc pas de documents d’époque, écrits sur le vif. Désolé, je n’avais pas le temps ! Ce n’est pas non plus un journal, mais plutôt une mosaïque d’impressions, hautement subjectives comme il se doit, parfois drôles si j’en crois mes premiers lecteurs.
Certains chapitres ont déjà été publiés séparément, ce qui se traduit par quelques répétitions ⁴, sans que l’ensemble ne puisse en aucun cas pour autant prétendre à l’exhaustivité. Loin de vouloir imposer une quelconque vérité, j’invite au contraire toute personne intéressée à participer au dialogue.
JP Bouzac
Panketal, mars 2008 – juin 2012
1 Ce qui ne veut rien dire d’autre que Point de contrôle C. C parce que c’était le troisième depuis la frontière occidentale (Les autres s’appelaient : A = Alpha, B = Bravo)
2 Voir Nach Berlin!
in „20 Jahre in Preußen – 20 ans en Prusse", Rhombos Verlag, Berlin, 2007
3 Un excellent exemple : Une femme à Berlin : journal d’une femme anonyme, cf. bibliographie en fin de volume
4 Ainsi, par exemple, quatre citations de Kurt Tucholsky, cela peut paraître beaucoup dans un petit bouquin comme celui-ci, même de la part d’un admirateur inconditionnel. En fait, et après mûre réflexion, je ne vois aucune possibilité de renoncer à aucune d’entre elles. D’ailleurs, j’espère vivement que cela donnera envie au lecteur francophone d’en savoir plus