GDANSK, MILLEFEUILLE DE MÉMOIRES
en cravate et complet veston, se donnant gaillardement une poignée de main. C’est la seule image qu’on a trouvée, dans les méandres de Google, montrant, côte à côte, les deux célébrités de Gdansk : Günter Grass et Lech Walesa. Le premier, écrivain allemand, décédé en 2015 à l’âge de 87 ans, le second, syndicaliste et homme d’État à la retraite, tous deux Prix Nobel – de littérature pour l’un, en 1999, de la paix pour l’autre, en 1983. C’est pour ces deux hommes qu’on a voulu voir Gdansk, comme si en humer l’air, en tâter la topographie, complexement déployée sur le delta de la Vistule, quand bien même tout a changé depuis la jeunesse de ces deux-là, allait nous édifier sur ce que le mot « Europe » veut dire. Si Walesa, électricien aux chantiers navals de Gdansk, n’avait pas, en 1980, cofondé Solidarnosc – avec Anna Walentynowicz, opératrice de grue sur ces mêmes chantiers, à qui Volker Schlöndorff consacra un film intitulé –, lequel galvanisa, depuis Gdansk, les grèves massives qui ont secoué la Pologne en1977), avec un garçonnet tambourinant et criant d’une manière si stridente qu’il casse les vitres (1959, dont Schlöndorff, encore lui, a fait un film, Palme d’or à Cannes en 1979) – et raconté si richement notre XX siècle, à quoi ressembleraient les lettres européennes ? Alors, avant d’y mettre un pied, on a le fantasme d’une Gdansk rebelle, héroïque, peut-être même un peu rigolarde, eu égard à la photo précitée, prise ici même en 2007, sur laquelle nos compères Grass et Walesa ont l’air d’être d’une très belle humeur.
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