Les nazis sont parmi nous. La crise revient. Les nationalismes gagnent du terrain. La guerre fait rage. Nous savons tous cela. Il est donc très étonnant que l’on n’ait pas entendu depuis quelque temps une voix autorisée s’exclamer : « Nous vivons dans les années 1930. » Ou alors, je n’ai pas été assez attentif.
C’est que le refrain est connu et alimente la chronique avec une régularité parfaite. On se souvient bien sûr Et si l’histoire recommençait ? On se souvient aussi de l’excellent de Michael Foessel, où l’auteur parcourait la presse de 1938 en quête de similitudes avec notre temps. La parole politique n’est pas exempte de cette référence : Manuel Valls en 2014, Emmanuel Macron en 2018 firent part de leur étrange impression de revivre les années 1930. Souvent, ces analogies se sont concentrées sur tel ou tel aspect des années 1930, en particulier la montée des extrêmes et le péril de la guerre, sans aller tout au bout de la comparaison terme à terme, qui est évidemment impossible et conduirait à une impasse. C’est là que ce parallèle trouve sa plus grande limite, et prêterait presque à sourire.