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Le grand secret de Sade. Un changement radical d ́interprétation de sa vie et de son oeuvre
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Livre électronique301 pages11 heures

Le grand secret de Sade. Un changement radical d ́interprétation de sa vie et de son oeuvre

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À propos de ce livre électronique

Cette oeuvre suppose une explication completement nouvelle de la vie et de l ́oeuvre du marquis de Sade, partant de quelques données historiques connues mais negligées par les biographes et studieux à cause de préjugés et d ́interêts. Ici est offerte, en plus d ́une nouvelle explication des faits biographiques et des traits psychologiques de Sade, une nouvelle interprétation de son oeuvre littéraire partant de ces données, et un nouvel regard philosophique de ses idées. et, en plus, la présentation d ́une nouvelle théorie sur l ́algolagnie ou sadisme qui contient celle qui est en vigueur à présent, mais expliquant aussi les cas qu ́elle n ́explique pas.

LangueFrançais
Date de sortie19 févr. 2018
ISBN9781370102709
Le grand secret de Sade. Un changement radical d ́interprétation de sa vie et de son oeuvre

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    Aperçu du livre

    Le grand secret de Sade. Un changement radical d ́interprétation de sa vie et de son oeuvre - Vann Fjernthav

    Chapter 2. Préface, Introduction

    PRÉFACE

    Le grand secret de Sade est ignoré par ses faux adorateurs, et aussi par ceux qui le dénigrent et par les studieux plus ou moins objectifs. Sade lui-même ignorait aussi ce fait concret qui le rendait différent de la plûpart des hommes. Il s´agit d´un fait qui rend très hautement probables les mésinterpretations de sa vie et de son oeuvre. Un fait qui, comme dans beaucoup d´autres cas, n´a été découvert qu´après la mort de l´interessé.

    Ce trait caracteristique se combina avec des circonstances qui produirent une conduite et une littérature qui ont porté à confondre Sade avec tout le contraire de ce qu´il fut, et cela dans tous les sens, bons et mauvais.

    Ce qui rendait la psychologie de Sade différente de celle d´un homme normal, c´est juste le contraire de ce qui a été affirmé par presque la totalité de ceux qui ont écrit sur lui, soit leur opinion favorable ou contraire. Cette différence, avec les circonstances qui la conditionnèrent, c´est la clef qui permet d´expliquer la vie et l´oeuvre de Sade avec quelque cohérence sans y ajouter rien de faux ni omettre rien de vrai.

    Dépuis le temps de Sade jusqu´à aujourd´hui, cette clef a été généralement ignorée, et c´est pour cette ignorance qu´elle est présentée ici comme un secret. Les données qui permettent la trouver jamais n´ont été occultes, mais il y a des préjudices et des interêts, aussi nuisibles pour l´ensemble de la société que forts et répandus, qui ont empêché de voir l´importance de ces données et leurs implications.

    ***

    INTRODUCTION

    Ce livre n´est pas une biographie, mais un nouvelle explication de la vie et de l´oeuvre de Sade. Il découvre des facteurs vitaux pour l´interpretation des faits, qui ont été négligés jusqu´à présent par les écrivains.

    Toutes les opinions soutenues jusqu´à aujourd´hui sur Sade, en soient-elles acharnément contraires, passionément favorables ou neutres, ont été incapables d´expliquer à la fois les aspects les plus positifs et les plus négatifs de sa vie et de son oeuvre. Toujours il y a des données historiques vraies et certaines qui ne peuvent pas s´ajuster à l´ensemble de l´explication, n´importe quelle en soit la nature.

    Pourquoi est-ce que, lorsqu´il s´agit de Sade, on peut omettre ou dénaturer si souvent des faits prouvés? Porquoi est-ce qu´on pose des données imaginaires ou des simples conjectures comme des réalités constatées? Pourquoi les ouvrages de la plus haute rigueur historique tombent dans le simplisme le plus grossier aux explications?

    Si on pense, comme quelques auteurs, que Sade ne fut que le produit de son temps, un écrivain qui, hors de son oeuvre, n´etait pas guère different de la plûpart des gens du même état social qui l´entouraient, et qui, tout simplement, fût malchanceux, on tombe dans une double érreur, car les données réelles de sa vie ne disent pas cela, et les causes de sa malchance ne sont point simples, mais très complexes.

    Si, par contre, on tend a voir Sade comme un monstre de perversité dont la pensée était dominée par la méchanceté absolue, la réalité s´eloignera plus encore des idées que dans le cas antérieur, même s´agissant de l´opinion la plus répandue dès l´époque de Sade jusqu´à aujourd´hui. Une (per)version de cette opinion consiste à vénérer Sade comme le génie du Mal. Mais voir Sade comme le plus méchant des hommes, soit que, à cause de cela, on l´adore ou l´abhorre, n´a aucune base réelle dans la vie de Sade.

    Une opinion bien intentionnée, mais aussi erronée à cause du simplisme, consiste â dire que Sade ne fut qu´un bouc émissaire. Si cette opinion s´approche de la vérité à certains égards, ce n´est qu´au prix de s´en éloigner à d´autres. Il y a des versions plus neutres de cette opinion, comme celle qui fait de Sade un être des plus vulgaires, ce qui ne fait qu´accroître l´érreur.

    Sade n´était pas un homme normal; il y a des évidences de cela. Et il est constaté qu´il n´était pas méchant. Non plus était-il fou, malgré sa reclusion â Charenton.

    On a voulu expliquer l´anomalie de Sade comme de la psychopatie, c´est-à-dire, un égoïsme absolu, manqué de la moindre capacité d´empathie, qui expliquerait une extrème méchanceté sans qu´il y ait une maladie d´aliénation ni un déficit cognitif. Il est vrai que ces traits se trouvent chez plusieurs personnages de quelques romans de Sade, mais l´analyse des données de la vie réelle de Sade, sans des donnés imaginaires ou des hypothèses non constatées, ne permet pas de dire que Sade fut un psychopate, même étant cette idée la plus répandue parmi les auteurs les plus prestigieux, qui l´adoptent peut-être pour ne pas en adopter de plus simplistes.

    Encore qu´il semble incroyable, il y a chez Sade beaucoup d´évidences de toutes les qualités necéssaires pour la plus haute excellence éthique, et il est prouvé qu´il en fit usage, mais on ne peut pas nier son libertinage sexuel, ni son algolagnie, ni les descriptions de toute sorte de perversions et de crimes dans ses écrits, même jusqu´à portraiturer la cruauté humaine portée aux dernières conséquences, qui arrivent au désir du mal pour le mal, même au déla du plaisir. Cela est vrai quoique Sade ait décrit aussi tout le contraire dans d´autres écrits ou dans les mêmes.

    Malheureusement, l´histoire de l´humanité est pleine de crimes semblables à ceux qui se trouvent dans les romans de Sade. Il en y eùt avant la naissance de Sade et aussi après sa mort. Ce qui est étonnant n ´est pas le fait de parler de ces horreurs, ni celui d´en jouir ou de sembler en jouir: c´est le fait, qui reste sans explication jusqu´à aujourd´hui, d´avoir décrit ces horreurs, tout semblant en jouir, un homme comme Sade, dont la pensée, les sentiments et la conduite en étaient si loin.

    Ce livre tâche d´offrir une explication qui unifie le sens de l´ensemble des données, certaines mais d´apparence contradictoire, de la vie et de l´oeuvre de Sade, et il fait cela moyennant une hypothèse qu´on ne doit pas croire, mais juger d´après l´évidence, car son but n´est que l´éclaircissement de la vérité. D´accord avec cette hypothèse, des mêmes traits donnaient à Sade sa superiorité intellectuelle et sa vulnérabilité émotionnelle. Le choc de ces mêmes traits par des circonstances determinées donna lieu à la conduite et aux écrits à cause desquels Sade est condamné ou perversement admiré.

    Sade eût des traits dignes de la plus haute admiration qui sont niés ou méprisés, non pas seulement par ses détracteurs, mais aussi par ses faux admirateurs et par des studieux impartiaux. Et ce qu´on admire de lui n´est que le produit non voulu de son énorme souffrance, et non pas de sa liberté et de son plaisir, comme veulent ceux qui manipulent son nom pour justifier leurs attitudes.

    ***

    Première partie:

    LA RÉALITÉ HISTORIQUE DE SADE

    ***

    Chapter 3. La fantaisie et la réalité

    1. La fantaisie et la réalité

    1.1. Une combinaison dangereuse

    Une habitude pernicieuse, très répandue parmi les biographes de Sade, consiste à mêler aux donnés historiques des éléments provenant d´oeuvres de fiction, donnant pour certain que, s´il y a quelque manière d´interpreter les faits de la vie de Sade, cette manière doit être nécessairement lui attribuer la mentalité des personnages méchants de ses romans. C´est ainsi qu´on remplit les lacunes dans les données historiques (où il n´y peut avoir que de la conjecture) avec des scènes prises de passages violents et obscènes des écrits de Sade. Cela plaît, sans doute, à beaucoup de lecteurs, mais c´est beaucoup moins honnête qu´affirmer, lorsqu´on ignore ce que fit Sade dans une période determinée, qu´on n´a pas d´information sur cela.

    Personne ne pense jamais à interpréter, par exemple, la vie de Sade d´aprés des personnages comme Justine (la vertu torturée) ou Zamé, le roi plein de bonté de Tamoë, qui sont tous deux aussi de Sade que la méchante Juliette ou que les bourreaux de Les 120 journées de Sodome. Bien sûr qu´identifier Sade aux personnages bons serait une erreur, mais l´identifier aux méchants est aussi erroné, car dans les deux cas on mêle la réalité avec la fiction, et on le fait dans des ouvrages qui ne sont pas de fiction, ou qui ne devraient pas l´être.

    Toute une autre chose serait de faire une analyse littéraire visant à interpreter l´oeuvre d´un écrivain partant des données de sa vie, tout reconnaissant les grandes limitations que cela implique. Mais ce qu´on fait par rapport à Sade c´est justement le contraire: interpreter sa vie partant de ses oeuvres littéraires (et seulement de quelques, choisies d´après le préjugé), sans marquer les limites entre la fantaisie et la réalité. Malheureusement, le public, si culte qu´il soit, donne souvent pour bonnes ces mélanges, peut-être parce que, dans ce cas, elles peuvent satisfaire quelque appétit morbide. Mais cette acceptation sans raisonner est dangereuse, et elle peut l´être beaucoup plus en sautant de Sade à d´autres choses. Si on fait de même avec des sujets d´importance vitale pour la société, les conséquences peuvent être très graves. Si les autorités intellectuelles et culturelles montrent si peu de rigueur, alors l´ensemble de la société devient très manipulable, sans capacité critique.

    1.2. Besoin d´une nouvelle thèse sur Sade

    L´image de Sade offerte jusqu´à présent par la plûpart de ses biographes, aussi les admirateurs que les détracteurs et les neutres satisfait les goûts morbides de quelque sorte de lecteurs, mais non pas le désir de ceux qui cherchent comprendre la vérité historique. C´est dangereux aussi chercher une réhabilitation de Sade à tout prix, ou une impossible objectivité basée sur la froideur neutrale *[la plûpart des écrivains indifférents au thème de leurs écrits ne sont pas indifférents à l´argent et au prestige, et les plus idéalistes ne sont pas indifférents à leurs idées et sentiments]. À cause de tout cela, plus que l´objectivité, il faut chercher l´honnêteté intellectuelle qui consiste à montrer distinctement ce qui est conjecture et à distinguer nettement la vie réelle de la fiction littéraire.

    Les écrivains qui comparent Sade aux personnages méchants de ses romans disent, c´est vrai, qu´ils parlent de romans, mais ils ne donnent pas à entendre aux lecteurs que ces comparations sont des hypothèses tirées de la fantaisie. Par contre, ils suggèrent que c´est un fait constaté que la conduite de Sade était comme celle de quelques personnages fictifs, sans en avoir aucune évidence; un exemple de cela est l´idée, sortie de quelques romans, de qu´il y eut des orgies sadiques á Lacoste avec participation de la marquise et les valets. On peut dire, non sans raison, que l´étude rigoreuse de telles biographies ne permet pas de conclure que Sade était comme les personnages de ses romans. Mais la manière d´écrire les biographies, lorsqu´il s´agit de Sade, n´incite pas à faire de telles études.

    Ce livre n´est pas une biographie, mais une explication alternative de la vie et l´oeuvre de Sade qui tâchera de démontrer l´hypothèse contraire aux idées que presque tout le monde a sur Sade.

    1.3. Résumé biographique

    Louis-Aldonze-François-Donatien, nommé aussi (et plus connu comme)Donatien-Alphonse-François de Sade est né à Paris le 2 juin 1740, au palais de Condé. Le père, un noble provençal (Jean-Baptiste-Joseph-François de Sade des Murs), est ambassadeur en Allemagne. La mère, Marie-Élenore Maillé de Carman, des familles Condé et Richelieu, habite le palais comme dame d´accompagnement de la princesse. Le petit Sade reste là jusqu´aux quatre ans, et alors, pour être éduqué par son oncle l´abbé d´Ebreuil, on l´envoye à la Provence. À dix ans, il entre au collège des jésuites de Louis-Le-Grand, où il reste jusqu´aux quatorze ans, âge à laquelle il entre à l´école militaire.

    La Guerre des Sept Ans porte un très jeune Sade aux combats du Regiment français de Cavalerie en Allemagne. En 1763, Sade retourne à Paris et épouse Renée de Montreuil, fille d´un magistrat. Jusqu´ici, la vie de Sade est apparemment semblable à celle de la plûpart des nobles français de son époque, mais bientôt commence une suite de scandales sexuels qui le portent plusieurs fois à la prison, encore que des faits semblables et même beaucoup pires accoutument à rester impunis chez les aristocrates.

    En prison, Sade, qui a une vocation littéraire dès sa jeunesse, écrit beaucoup. Pendant la Revolution Française il est libéré, et il arrive même à occuper des hauts charges, mais sa négative à signer des peines de mort le porte de nouveau à la prison pour trahison à la République.

    Il est condamné à mort, mais il se sauve par hasard. De nouveau en liberté pour un peu de temps au commencement du XIXe. siècle, il est finalement detenu et emprisonné. Il meurt le 2 décembre 1814, ayant été prisonnier une grande partie de sa vie.

    ***

    Chronologie

    1740 (2 juin): Naissance de Sade au palais de Condé, à Paris.

    1745-1750: Sade est éduqué à Saumane, en Provence, par son oncle l´abbé d´Ebreuil, Jacques-François de Sade.

    1750-1753: Sade étudie au collège de Louis-Le-Grand à Paris, dirigé alors par les jésuites.

    1754-1763: Carrière militaire à la Cavalerie. Participation à la Guerre des Sept ans en Allemagne.

    1763 (17 mai): Mariage avec Renée de Montreuil.

    1763 (29 octobre): Emprisonnement pour l´affaire Testard (profanation et blasphémie).

    1764-1767: Période de liberté sans des pratiques sadiques connues, mais avec des rapports avec des nombreuses maîtresses.

    1768 (3 avril): Affaire Keller (fustigation). Prison aux châteaux de Saumur et Pierre-Encise. Indulte du Roi à condition de s´établir en Provence.

    1769-1772: Séjour de Sade à son château de La Coste (Provence). Des fêtes et répresentations théâtrales, mais aucun scandale.

    1772 (27 juin): Orgie à Marseille avec plusieurs prostituées et le laquais Latour. Condamnation à mort des deux hommes pour tentative d´empoisonnement (à cause d´un accident avec des pastilles aphrodisiaques) et pour des actes homosexuels. Les deux condamnés s´echappent et arrivent à l´Italie, mais Sade veut retourner à la France et il est détenu et emprisonné avec Latour à la forteresse de Miolans (Savoie) par le Roi de la Sardeigne, à pétition de la famille politique de Sade (probablement pour éviter l´execution de la peine de mort et des nouveaux scandales).

    1773: Fuite de Miolans et séjour secret à La Coste.

    1774-1776 : Deux scandales avec des servants adolescents, le deuxième seulement pour des propositions. Nouvelle fuite à l´Italie. Retour à France.

    1777: Affaire Nanon. Affaire Trillet. Emprisonnement à Vincennes.

    1778 : Annulation de la peine de mort par manque de preuves, encore que Sade reste en prison par une lettre de cachet (lettre scellée du Roi par laquelle la famille politique de Sade demandait l´emprisonnement du marquis).

    1784 : Transfert à la Bastille.

    1790 : La Revolution Française anulle les lettres de cachet, et Sade sort de la prison.

    1790-1793: Période de liberté pendant laquelle Sade écrit, publie des livres et occupe des charges, parmi lesquelles celle de juge et président du tribunal révolutionnaire de sa section. Pendant ce temps, il n´y a pas des scandales sexuels sauf à cause de ses livres.

    1794 : Emprisonnement et condamnation à mort de Sade, accusé de trahison à la République pour ne pas vouloir signer des peines de mort. Chute du gouvernement radical et libération de Sade le 15 octobre.

    1795-1800: Travail littéraire et théâtral. Vie de misère économique à Paris et à Versailles. Vente de La Coste en 1796. Époque sans aucun scandale extra-littéraire.

    1801 : Emprisonnement de Sade à cause de ses écrits par la police napoléonique, formellement plus puritaine que la révolutionnaire.

    1803 : Transfert de Sade à l´asyle d´aliénés de Charenton, aux frais de sa famille.

    1803-1814 : Réclusion de Sade à l´asyle d´aliénés de Charenton, avec relative liberté au commencement (il pouvait écrire et organiser des representations théâtrales), mais avec des cruelles restrictions après à cause d´un changement de directeur de l´institution. En 1809, mort en bataille du fils aîné de Sade, Louis-Marie.

    1814 (2 décembre) : Mort de Sade à Charenton.

    ***

    1.4. La vérité et le mensonge, le prouvé et l´incertain

    Avant d´exposer des nouvelles théories il faut montrer quelles idées ont été en vigueur jusqu´à présent, en précisant leur nature, solidité et authenticité. Encore qu´on a écrit et recherché beaucoup sur Sade, la réalité est que, même chez les gens cultes, l´opinion sur Sade est encore dominée par beaucoup de croyances qui ont été prouvées fausses, et aussi par beaucoup d´autres qu´on prend pour des faits prouvés n´étant que des possibilités (parmi d´autres possibilités généralement ignorées ou négligées).

    Quelques affirmations prouvées fausses:

    1. Sade était un assassin, et il tuait pour plaisir.

    2. Sade faisait des expériences, vivisections, etc.

    3. Le satanisme de Sade.

    4. La cruauté infinie de Sade.

    5. Sade n´écrivit que de la pornographie et des récits de violence.

    1.4.1. Sade était un assassin, et il tuait pour plaisir

    On ne connait pas ni un seul cas d´assassinat attribué à Sade, ni une seule victime mortelle, pas même à la guerre (Sade était cornette et porte-étendard). La seule accusation formelle fut celle d´empoisonnement d´une prostituée à qui Sade donna une dose excessive d´aphrodisiaque (cantharide), et qui en tomba malade, très grave, mais sans arriver à mourir, bien que les récits de fiction du XIXe. siècle magnifièrent le fait parlant de plusieurs morts. Il pourrait y avoir eu des victimes mortelles, mais, en tout cas, il s´agit d´un accident ou d´une grave imprudence.

    Quant au plaisir du meurtre, la Révolution Française présenta des innombrables occasions de jouissance à ceux qui trouvaient du plaisir à tuer et à torturer. Il y avait même des réunions ludiques et sociales autour des échafauds, c´est à dire, on allait voir les exécutions comme un spectacle. Mais on sait que Sade, étant alors prisonnier et obligé de voir les executions, vomit et s´évanouit en les voyant, et cela eut lieu étant le motif de son emprisonnement une accusation de trahison pour ne pas avoir voulu signer des peines de mort. Il avait démissioné comme président du tribunal révolutionnaire et sauvé de la guillotine des condamnés, non seulement des amis et des inconnus, mais aussi ses beaux-parents, à qui il considérait des ennemis pour l´avoir fait emprisonner avant la Révolution et pour avoir induit son épouse à se séparer de lui lorsqu´il sortit de la prison.

    1.4.2. Sade faisait des expériences,des vivisections, etc.

    Pendant les siècles XVIIe et XVIIIe, le goût por la science fut très répandu parmi les classes puissantes (noblesse, haute bourgeoisie). Quelquefois il y avait un vrai interêt pour la science, tandis que souvent il ne s´agissait que d´apparence, sans d´autre but que la pédanterie et la justification d´une vie oisive. Il n´était pas rare, donc, voir chez les nobles la chimie, la biologie ou l´astronomie cultivées vraiement ou aparemment, comme la musique ou la littérature. Les expériences et les vivisections étaient pratiquées, comme aujourd´hui, par des étudiants ou des rechercheurs de quelques branches de la science, généralement avec des animaux. Est-ce que ces branches attirèrent Sade? On peut affimer que, aux égards pratiques et expérimentaux, non. Les penchants intellectuels de Sade étaient artistiques, philosophiques et littéraires. C´est vrai que la science intéressait Sade, mais seulement aux égards théoriques et philosophiques.

    Il est vrai qu´il y a eu toujours des expériences dont le seul but n´est que jouir en faisant souffrir, et que pour cela il ne faut pas aucune connaissance scientifique. Ce cas aurait pu être celui de Sade si les rumeurs sur lui avaient été vrais, mais il n´en y a aucune preuve. En plus, pour essayer des méthodes de torture ou apparenter des expériences comme prétexte pour le plaisir cruel, avant d´y soumettre des êtres humains, on accoutume à avoir une longue, impunie et respectable histoire d´expériences avec des animaux. On n´en a pas trouvé aucun indice au cas de Sade. Si Sade commit quelquefois contre des êtres humains des actes impliquant quelque dégré de cruauté, ces actes n´eurent rien à voir avec des expériences, bien qu´il ne soit pas en sa faveur qu´il s´agisse de déviations sexuelles, et qu´elles soient séparées par un abîme des dégrés de cruauté attribués à Sade par les rumeurs.

    Encore qu´il semble incroyable —ce qui va démontrer la monstrueuse croissance qui peut atteindre une rumeur—, la légende de Sade comme vivisecteur commença lorsqu´il dit à une femme fouettée par lui (Rose Keller) qu´il allait essayer avec elle un baume pour les blessures qu´on lui avait dit qui était très bon. De cette preuve inoffensive —le mal fut ce qui l´avait précedée— la rumeur sauta, déjà alors, à des expériences de torture et vivisections, et le Romantisme du XIXe. siècle perpetua et augmenta la légende. Même Sade contribua involontairement à donner une apparence de vérité aux rumeurs lorsqu´il traita le thème des expériences cruelles dans quelques de ses romans.

    1.4.3. Le satanisme de Sade

    Il y a encore des livres (de la fin du XXe. siècle et après) qui parlent de satanisme par rapport à Sade. Ils se refèrent à la rébellion contre l´ordre établi et à l´athéisme, ou à une présumée cruauté infinie, mais le terme fait penser à des messes noires, des sabbaths, etc. Le pire de tout est qu´il y a même des sectes sataniques qui utilisent le nom de Sade, et des artistes qui s´inspirent de ces sectes, mais qui ignorent complètement l´histoire et les idées de l´homme qu´ils disent adorer comme incarnation de Satan. De nouveau nous sommes devant un produit tardif du Romantisme, qui montra Sade aux gravures entouré de démons.

    La vérité c´est que Sade, selon dit lui-même, était un athée qui abhorrait la superstition. Pour lui, aussi Dieu que le Diable étaient des superstitions abominables, surtout à cause du fanatisme et de la souffrance inutile qu´ils genèrent. Bien sûr, pour les fanatiques, et plus encore pour ceux qui ont fait de ces croyances un instrument de domination et un négoce, cette façon de penser est déjà satanique en elle-même, mais aussi les athées et les agnostiques que les croyants sincères savent qu´on ne peut pas adorer ou pactiser avec ce qu´on croit inéxistant, et Sade ne croyait pas au Diable.

    La vraie pensée de Sade est que la nature et l´être humain sont, eux-mêmes, si cruels qu´il ne faut pas supposer l´existence d´un être surnaturel pour expliquer le mal.

    Il y a eu quelques sorciers parmi les nobles du XVIIIe. siècle, mais Sade ne fait pas partie d´eux. Aussi la magie et le culte au Diable que la religion, vue comme un ensemble de croyances irrationnelles imposées moyennant la peur, n´étaient aux yeux de Sade qu´une vile imposture.

    1.4.4. La cruauté infinie de Sade

    Il n´y a pas aucun doute que l´oeuvre de Sade prouve qu´il était capable de portraiturer littérairement la cruauté, même

    l´infinitude de la cruauté. Mais cette capacité, toute seule, ne dit rien sur la vie réelle de Sade.

    La supposition que le caractère et les faits

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