Gustave Courbet et œuvres d'art
Par Georges Riat
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À propos de ce livre électronique
Ornans, sa ville natale, se situe près la ravissante vallée du Doubs, et c'est là que jeune garçon, et plus tard en tant qu'homme, il acquit l'amour du paysage. Il était par nature révolutionnaire, un homme né pour s'opposer à l'ordre existant et affirmer son indépendance ; il possédait la rage et la brutalité qui font le poids d'un révolutionnaire en art comme en politique. Et son esprit de révolte se manifesta dans ces deux directions.
Il s'installa à Paris pour étudier l'art. Toutefois, il ne se fixa pas à l'atelier d'un maître influent en particulier. Dans sa province natale déjà, il n'avait pas cherché à se former à la peinture, et préférait maintenant étudier les chefsd'oeuvre exposés au Louvre. Au début, ses oeuvres n'étaient pas assez caractéristiques pour susciter une quelconque opposition, et elles furent admises au Salon. Puis il produisit L'Enterrement à Ornans, qui fut violemment pris d'assaut par les ritiques : «Une mascarade de funérailles, six mètres de long, dans lesquels il y a plus motif à rire qu'à pleurer ». En réalité, la véritable offense des tableaux de Courbet était de représenter la chair et le sang vivants ; des hommes et des femmes tels qu'ils sont vraiment, et faisant vraiment ce qu'ils sont occupés à faire – non pas des hommes et des femmes dépourvus de personnalité et idéalisés, peints dans des positions destinées à décorer la toile. Il se défendit en disant qu'il peignait les choses telles qu'elles sont, et professa que la vérité vraie devait être le but de l'artiste. C'est ainsi que lors de l'Exposition universelle de 1855, il retira ses tableaux du site officiel et les exposa dans une cabane en bois, juste à côté de l'entrée, arborant l'intitulé en majuscules : «Courbet – Réaliste ».
Comme tout révolutionnaire, c'était un extrémiste. Il ignorait délibérément le fait que chaque artiste possède sa propre vision et sa propre expérience de la vérité de la nature ; et il choisit d'affirmer que l'art n'était qu'un moyen de représenter objectivement la nature, dénué d'intentions, et non une affaire de choix ou d'arrangement. Dans son mépris pour la beauté, il choisit souvent des sujets que l'on peut sans mal qualifier de laids. Il possédait néanmoins un sens de la beauté doublé d'une aptitude aux profondes émotions, qui transparaît tout particulièrement dans ses marines. Il se révéla être un peintre puissant, au geste ample et libre, utilisant des couleurs sombres en couche épaisse, et dessinant ses contours avec une fermeté qui rendait toutes ses représentations très réelles et mouvementées.
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Gustave Courbet et œuvres d'art - Georges Riat
Les Casseurs de pierre, vers 1850
Huile sur toile, 160 x 238 cm. Anciennement Gemäldegalerie, Dresde (détruit)
Biographie
1819
Naissance à Ornans (Doubs) de Gustave Courbet, fils d’Eléonor-Régis-Jean-Joseph-Stanislas Courbet, fermier et propriétaire terrien.
1831
Courbet est élève au petit séminaire d’Ornans, ses dons artistiques se développent et deviennent évidents.
1837
Courbet est envoyé au Collège Royal de Besançon par son père, dans l’espoir qu’il y réussisse une classe préparatoire de droit. Il suit parallèlement un enseignement artistique à l’école des Beaux-Arts.
1839
Courbet s’installe à Paris, où il rencontre le peintre réaliste François Bonvin. Il découvre les grands maîtres, notamment Velázquez et Zurbarán, qui l’influenceront beaucoup au début de sa carrière artistique.
1841
Soi-disant à Paris pour poursuivre des études de droit, Courbet voue la majorité de son temps à peindre et à copier les œuvres de grands maîtres.
1844
Son Courbet au chien noir est accepté au Salon.
1847
Les œuvres qu’il propose au Salon sont refusées.
1849
Quelques-uns des ses travaux antérieurs sont exposés et rencontrent un vif succès. Alors qu’il rend visite à sa famille, il peint Les Casseurs de pierre, sans doute l’une de ses plus belles œuvres.
1850
Courbet présente L’Enterrement à Ornans au Salon, qui provoque un scandale.
1853
Les Baigneuses, tableau exposé au Salon, cause une vive polémique et offusque le public bourgeois. Il rencontre Jacques-Louis-Alfred Bruyas, qui lui commande un portrait.
1855
Onze de ses œuvres sont présentées à l’Exposition Universelle. En guise de protestation au rejet de l’une de ses toiles, Courbet ouvre son propre pavillon, qui se révèlera être un échec.
1856
Courbet voyage en Allemagne, où il est accueilli chaleureusement par la communauté artistique.
1863
Le Retour de la Conférence est refusé par le Salon, pour « outrage à la morale religieuse ».
1866
Courbet peint L’Origine du monde pour le diplomate turc Khalil Bey. Le tableau ne sera découvert par le public qu’en 1995, lors de son entrée au musée d’Orsay.
1871
Courbet est emprisonné pour son engagement politique pendant les événements de la Commune de Paris.
1877
Courbet décède le 31 décembre à la Tour-de-Peilz où il s’était établi. Sa dépouille sera transférée à Ornans en 1919.
Portrait d’une jeune fille d’Ornans, 1842
Huile sur toile, 71 x 87 cm. Musée départemental Gustave Courbet, Ornans
Enfance et jeunesse à Ornans et à Besançon
Le peintre Jean-Désiré-Gustave Courbet est né à Ornans, le 10 juin 1819. Son père, Régis Courbet, était un propriétaire foncier d’importance. Tout autre était la mère de Courbet, Sylvie Oudot. Très brave au travail, occupée sans cesse à réparer les conséquences des fausses manœuvres et des lubies de son mari, ce fut elle qui, en fait, dirigea l’exploitation rurale. Gustave fut le premier-né. Ensuite, vinrent trois filles, que l’artiste a représentées bien souvent dans ses tableaux, notamment dans les Demoiselles de village.
C’étaient Zélie, de tempérament maladif, qui étudia la guitare ; Zoé, sentimentale à l’excès, d’imagination ardente ; Juliette enfin, active et pieuse, qui se passionna de bonne heure pour le piano. Tel fut, avec le grand-père et la grand-mère Oudot, le milieu familial où Courbet grandit, milieu bourgeois, plus que paysan, pas assez bourgeois pour que le jeune homme fût privé du spectacle de la nature, trop peu paysan pour qu’on ait songé à faire de lui autre chose qu’un adepte des carrières libérales.
En 1831, ses parents le mirent au petit séminaire d’Ornans, établissement diocésain, dépendant de l’archevêché de Besançon. Courbet y fut fort indiscipliné, ne prenant goût ni au latin, ni au grec, ni aux mathématiques, faisant l’école buissonnière le plus souvent. Si Courbet se souciait peu des études classiques, il en allait tout autrement du dessin, et même de la peinture, qui commencèrent bientôt à le passionner. Son professeur de dessin, le « père Beau », n’eut pas d’élève plus attentif ni plus assidu.
C’était un vieux brave homme, dont les connaissances artistiques se trouvaient être assez rudimentaires, mais qui avait une méthode d’enseignement très originale pour le temps. En effet, quand le temps était favorable, au lieu de garder ses élèves en chambre, pour copier des modèles sur cartons, il les conviait à aller étudier la nature dans son domaine, parmi les sites d’alentour. Cette vocation ne fut pas du goût du père de Courbet, qui voulait que son fils soit polytechnicien. Aussi l’envoya-t-il, en octobre 1837, étudier la philosophie au Collège royal de Besançon, pensant que l’internat lui changerait les idées.
Ce fut le contraire qui advint, et les nombreuses lettres du fils à ses parents montrent combien il s’accommodait mal de cette existence si nouvelle pour lui. Cependant, la peinture sollicitait Courbet : peu à peu, il oublia le chemin de l’Académie pour celui de l’Ecole de dessin. Il y retrouvait avec toujours plus de plaisir l’excellent Flajoulot, moins modeste que le père Beau, mais qui s’intéressa à lui avec autant