Succubus vendetta
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À propos de ce livre électronique
De son côté, les cauchemars de la jeune Hope Montgomery semblent vouloir lui révéler d’obscurs secrets, tandis qu’un individu mystérieux prend peu à peu place dans sa vie.
Pour les habitants de Dunwich, l’heure est venue de répondre de leurs péchés…
Croix de bois, croix de fer, si tu meurs, tu files en enfer !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Descendant par sa mère d’une longue lignée de forains parmi lesquels une grand-mère cartomancienne un peu sorcière et un arrière-grand-oncle phénomène de foire qui inspira H.P. Lovecraft lui-même lors d’une tournée aux USA, c’est tout naturellement que Frédéric Czilinder s’est tourné vers le fantastique et le surnaturel quand il a commencé à écrire, adolescent. Puisant également son inspiration dans ses terreurs d’enfance, ce rejeton de la génération VHS se plait à susciter l’angoisse chez ses lecteurs. Régulièrement sélectionné pour le Prix Masterton, il en sera même finaliste en 2022 avec L’île des poupées maléfiques, véritable teen-movie littéraire inspiré d’un cinéma de genre dont il raffole.
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Aperçu du livre
Succubus vendetta - Frédéric Czilinder
AVERTISSEMENT
Cher lecteur, chère lectrice,
Avant de vous immerger dans cette aventure sombre et troublante, sachez que ce chemin est parsemé d’épreuves difficiles. Au fil des pages, vous rencontrerez :
• Des meurtres choquants.
• Des actes de torture.
• Des pensées suicidaires.
• Des scènes de sexe explicites.
• Des situations de pédophilie.
• Des cas de harcèlement.
Réfléchissez bien avant de continuer, car chaque mot peut résonner profondément en vous.
À Florence, mon succube.
Succube [en anglais Succubus] n. m. : désigne un démon d’apparence féminine dont la vocation est de séduire les hommes pour les débaucher et corrompre leur âme. Les succubes sont les serviteurs de Lilith. Leurs pendants masculins sont les incubes. Dans la littérature fantastique et la pop culture, incubes et succubes sont parfois assimilés à des vampires du fait qu’ils se nourrissent de l’âme et de l’énergie vitale de leur proie.
Prologue
Joshua Wheeler tira une dernière bouffée sur sa cigarette et la projeta d’une pichenette hors de l’habitacle. Son regard suivit dans le rétroviseur la chute du mégot sur le bitume. Tout en se grattant distraitement l’entrejambe, il s’abîma dans la contemplation de la brève danse erratique des particules incandescentes dans la nuit, avant de fixer de nouveau son attention sur le ruban d’asphalte craquelé défilant dans le faisceau des feux.
Il réprima un bâillement et tendit la main vers l’autoradio pour monter le volume, histoire de se réveiller un peu, mais sur KTBO, la station de radio locale, c’était l’heure des ballades sirupeuses des années soixante. De vraies berceuses ponctuées de paroles complètement mièvres. Son estomac se révulsa. Toutes ces chansons naïves qui scandaient un amour indéfectible, un bonheur inaltérable, lui donnaient invariablement la nausée.
Il renifla avec un certain mépris, se racla la gorge et cracha un gros glaviot par la fenêtre avec une pensée pour cette garce de Shannon qui l’avait saigné à blanc au moment de leur divorce, dix ans plus tôt, et qui le pompait encore tous les mois jusqu’à la moelle avec la pension alimentaire exorbitante qu’elle avait obtenue, avec l’aide de son connard d’avocat.
Un soupir agacé lui échappa tandis qu’il s’essuyait le coin de la bouche du revers de la main. Il bascula l’autoradio sur la lecture du CD, coupant le sifflet à Johnny Ace en plein élan lyrique, lequel déclamait sa flamme à des minettes en pâmoison dont les plus jeunes devaient aujourd’hui avoir l’âge de sa grand-mère.
Aussitôt, le mythique riff d’entame de Highway to Hell s’éleva dans la cabine du pick-up. Un rictus incurva ses lèvres. Autoroute pour l’enfer, voilà qui illustrait à la perfection ses années de mariage !
La station-service du vieux Red apparut au loin, nimbée du halo de ses néons et de son enseigne lumineuse.
Au même moment, le voyant de la jauge s’éclaira avec un bip strident.
Autant s’arrêter faire le plein avant de rentrer, décida-t-il, en se rappelant qu’il n’avait également plus de bière dans le frigo de son misérable mobil-home.
Il leva le pied. Arrivé à hauteur de l’établissement, il mit son clignotant, puis s’engagea sur le parking en terre battue et se rangea près d’une des deux pompes à essence antédiluviennes. L’endroit n’avait pas été rafraîchi depuis de si nombreuses années qu’il semblait hors du temps avec ses peintures passées, ses panneaux publicitaires périmés depuis Reagan et sa vénérable dépanneuse des seventies garée sous l’auvent du garage. Red avait succédé à son père à la direction de la station-service à son retour du Viêt-Nam et n’avait quasiment jamais entrepris de travaux depuis.
La camionnette de Josh pila dans le couinement de ses freins usés, soulevant un petit nuage de poussière. Il coupa le contact, mettant fin aux braillements de Bon Scott et au hululement de la guitare d’Angus Young, puis descendit.
Au-delà du cercle de lumière de la station, les bois étaient plongés dans les ténèbres. Seule la cime des arbres se découpait dans la chiche clarté de la lune croissante. Un peu plus au sud-ouest, à quelques miles de là, l’éclairage urbain de Dunwich teintait la voûte céleste dans les tons jaune orangé.
Le silence nocturne l’enveloppa de sa quiétude, à peine troublé par le chant sporadique de quelques grillons et le grésillement de l’antique enseigne Texaco. Au-dessus de sa tête, des nuées d’insectes s’égayaient autour des néons, dans le bruissement feutré de leurs élytres.
En raison de la proximité de l’océan, l’atmosphère était légèrement iodée, et l’air un poil plus frais qu’en ville.
À peine, songea-t-il en se dirigeant vers la boutique. Il faisait une chaleur à crever, ces jours-ci, et on n’était encore qu’au début de l’été. Foutu réchauffement climatique de mes deux !
Une clochette tinta quand il poussa la porte. Derrière son comptoir, le vieux Red ne daigna pas lever les yeux de son journal. Près de lui, un vieux transistor Panasonic diffusait les programmes de KTBO presque en sourdine. Josh grimaça : The Temptations avaient succédé à Johnny Ace, dans un registre tout aussi dégoulinant.
« Salut, Josh, se contenta de lancer le septuagénaire, concentré sur sa grille de mots croisés.
— Salut, Red », répondit l’autre en filant droit vers les frigos, au fond du magasin.
Il s’empara d’un pack de Bud, puis revint vers la caisse. Il aurait préféré de la Coors, mais Red n’avait qu’une seule marque de bière en stock, alors il s’en satisferait.
« Mets-moi aussi vingt dollars sur la deux. »
Il tira de sa poche une poignée de billets froissés.
L’homme posa enfin sa feuille de chou et rafla les billets avec une dextérité que son apparence de vieillard rachitique était loin de laisser soupçonner.
Derrière lui, quatre écrans de contrôle vidéo affichaient différentes vues de la station-service en haute définition. La modernité de l’installation dénotait furieusement avec le reste, mais Josh savait que Red s’était fait braquer par une petite frappe de passage, l’année précédente, comme il connaissait l’existence du fusil à pompe accroché sous le comptoir, venu compléter l’équipement. Il n’était pas sûr que le vieil homme fût capable de s’en servir sans se faire surprendre par le recul et se blesser, mais si ça pouvait le rassurer… Seul le shérif McLaughlin s’en était inquiété ; Red l’avait envoyé paître avec sa répartie habituelle : il n’avait pas de conseil à recevoir d’un gamin qui tétait encore sa mère quand lui-même risquait ses miches pour l’Oncle Sam dans la jungle du Sud-Est asiatique.
« Et voilà, vingt dollars sur la deux. Tu peux aller te servir.
— Merci, à plus. »
Red hocha simplement la tête et se replongea dans son journal.
Une bouffée d’air moite accueillit Josh à l’extérieur, lui faisant réaliser que la boutique devait en fait être vaguement climatisée, bien qu’il ne l’eût pas vraiment ressenti. Il s’épongea le front, pesta une nouvelle fois contre les températures plutôt élevées même pour la saison, puis déposa la bière sur la banquette du pick-up avec la promesse d’en décapsuler une sitôt regagnés ses pénates.
Il remarqua la fille alors qu’il introduisait le pistolet dans la trappe du carburant et qu’il pressait la gâchette. La pompe se mit en branle avec un doux ronronnement, et l’antique compteur analogique commença à lentement égrener les galons tandis que l’essence coulait dans le réservoir.
Une silhouette hâve, indubitablement féminine, qui se dressait de l’autre côté de la route.
Josh chercha du regard la présence d’une bagnole à proximité, mais il n’y en avait pas. Il était de toute façon à peu près sûr qu’aucune caisse n’était passée par ici depuis qu’il s’était lui-même arrêté, quelques minutes auparavant.
Elle ne semblait pas non plus accompagnée.
Bizarre, qu’est-ce que pouvait bien faire cette nana dans le coin, à pied, à une heure si tardive ?
La gâchette claqua soudain dans le vide et l’arracha à ses réflexions. Il avait atteint les vingt biffetons. Il raccrocha le pistolet, referma la trappe et remonta dans la camionnette.
Là-bas, la fille n’avait pas bougé. Il n’aurait pas pu le jurer à cause de la distance et de sa vue de quadragénaire bien tassé, mais il avait l’impression qu’elle le fixait.
Il plissa les paupières.
Ouais, p’t’être bien… Ou p’t’être pas…
Il sortit un paquet de clopes de la poche de sa chemise, en coinça une entre ses dents, puis l’alluma avec son Zippo avant d’en aspirer une première goulée qu’il expira avec une lenteur délibérée sans quitter l’apparition des yeux.
Autant en avoir le cœur net.
Il pinça la clé entre le pouce et l’index et la tourna. Le moteur se mit à ronfler. ACDC reprit le morceau là où il avait été interrompu.
Josh baissa le volume, passa un rapport et s’élança doucement en direction de la fille.
Il stoppa à sa hauteur.
« Je peux vous aider, mademoiselle ? » demanda-t-il en la toisant.
Cheveux blonds mi-longs avec une frange lui barrant le front, un petit nez en trompette, des lèvres fines d’un rouge vif tranchant sur son teint laiteux, de jolies miches, un petit cul serré dans un étroit short en jean et de longues jambes luisantes. Elle était sacrément bien roulée.
Quel âge pouvait-elle avoir ? Il n’aurait su le dire. Dix-sept ans ? Vingt-cinq ? Les gosses d’aujourd’hui faisaient parfois plus matures…
Un fourmillement parcourut son bas-ventre. De vilaines pensées l’assaillirent alors qu’il tentait de se rappeler la dernière fois qu’il avait joui autrement qu’en s’astiquant le manche devant du porno en streaming.
C’était avec Jody, l’ancienne serveuse du diner, un soir après la fermeture, alors qu’ils étaient tous les deux bien imbibés. Il avait néanmoins lâché la purée si vite qu’il ne s’était pour ainsi dire rien passé. Jody lui avait dit de ne pas s’en faire, que ça pouvait arriver à n’importe qui, mais il en avait conçu une telle honte qu’il n’avait plus osé aller la voir… Depuis, Jody avait quitté la ville avec son nouveau jules. Ça faisait quoi ? Deux, trois ans ?
La minette fronça les sourcils et parut le sonder d’un regard perçant. De façon irrationnelle, une onde brûlante irradia les joues de Josh. Il déglutit pour faire passer la brusque aridité de sa gorge.
« Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai besoin d’aide ? répliqua-t-elle enfin avec méfiance.
— Je ne crois rien du tout. C’est juste qu’il est tard pour faire du stop. Presque personne ne passe par ici à cette heure-ci.
— T’es bien là, toi, non ? »
Josh esquissa un sourire. Cette gonzesse semblait avoir un caractère bien trempé – en plus d’être foutrement gaulée, ne put-il s’empêcher de songer une nouvelle fois en la reluquant de plus belle.
« J’habite pas très loin. »
Il s’attarda quelques instants sur ses courbes, puis sur son ventre pâle et plat et enfin sur la fine dentelle blanche qu’il devinait derrière le V de sa braguette entrouverte.
Son pouls s’accéléra. Une brusque suée ruissela entre ses omoplates jusqu’aux creux de ses reins. Il était pris d’une poussée de fièvre. Ou bien c’était cette fichue chaleur.
« Tu… Tu veux que je te dépose quelque part ? Je veux dire, à un endroit où passent plus de bagnoles ? On est à dix minutes de l’embranchement de la 97… »
La jeune fille inclina légèrement la tête et le scruta d’un air sibyllin.
« De là, s’empressa-t-il de préciser, tu peux rejoindre Deep Harbor au nord ou Salem et Boston au sud.
— Ok. »
Elle contourna le pick-up, traversa le cône des phares et grimpa côté passager. Josh coula un regard en biais vers ses cuisses tandis qu’elle prenait place sur la banquette.
Il redémarra.
« Je… Je m’appelle Josh, se hasarda-t-il, histoire d’entamer la conversation.
— Violaine. »
Elle désigna le pack de Bud posé entre eux.
« Je peux ?
— T’as l’âge légal ?
— Qu’est-ce que ça peut foutre ? »
Il haussa les épaules.
« Fais-toi plaisir. »
Elle prit une cannette et la décapsula, avant d’en porter le goulot à sa bouche et d’en boire plusieurs gorgées.
« Tu en veux ? »
Il considéra avec stupeur la bouteille qu’elle lui tendait.
Et puis, pourquoi pas ? Il avait soif, non ?
Il s’en empara et but à son tour, en ayant conscience de poser ses lèvres à l’endroit où Violaine avait pressé les siennes, de mêler leurs salives. L’idée alluma un brasier dans ses entrailles.
À la périphérie de son champ de vision, l’éclairage en contre-plongée des voyants du tableau de bord donnait aux traits de la jeune femme une expression étrange, un rien mutine.
Elle surprit son regard, puis baissa ostensiblement les yeux vers le renflement qui tendait le tissu de son pantalon et trahissait sa soudaine érection.
« Ce… C’est pas ce que tu crois…
— Ah, bon ? ricana-t-elle. Et qu’est-ce que je dois croire ? Je te fais de l’effet, on dirait. »
Avec la souplesse d’un serpent, sa main rampa jusqu’à l’entrejambe du quadragénaire.
Tétanisé, Josh retint son souffle en éprouvant à travers l’étoffe la chaleur de la paume de Violaine sur son sexe gonflé par l’excitation.
« Un sacré effet, même ! » renchérit-elle.
Tu parles ! Il bandait si dur qu’il avait l’impression que sa verge allait exploser faute de pouvoir contenir plus longtemps la pression sanguine.
« Je sais comment te soulager. »
Avec dextérité, ses doigts déboutonnèrent le pantalon, puis ouvrirent sa braguette.
Putain, je rêve ! Ce n’est pas vraiment en train de se produire, hein ?
Violaine libéra son membre et l’empoigna avec tant de fermeté que Josh donna un coup de volant. Le pick-up fit une brève embardée. Ses pneumatiques malmenés miaulèrent. La cannette lui échappa et heurta le sol à ses pieds en l’éclaboussant.
« Merde ! jura-t-il, tout étourdi.
— Doucement, murmura-t-elle. Détends-toi. »
Mais il avait du mal à réfréner sa nervosité.
« Attends, protesta-t-il dans un éclair de lucidité malgré le désir qui le consumait, alors qu’elle se penchait sur son sexe dressé. T’es majeure, au moins ? J’veux dire… J’veux pas d’ennuis, tu sais…
— T’inquiète, je fais beaucoup plus jeune que mon âge…
— Vrai ?
— Croix de bois, croix de fer, si tu meurs, tu vas en enfer.
— Hein ?
— Chut, laisse-toi aller. »
Les lèvres de Violaine ne s’étaient pas plus tôt refermées autour de sa verge que Josh poussa un gémissement fébrile. L’accueil de cette bouche brûlante et humide, la sensation du velours de cette langue… Seigneur ! L’ivresse le gagnait. Un plaisir immense le submergeait comme elle s’activait entre ses cuisses.
Il frémit.
Ses bourses se contractaient et se préparaient déjà à la salve qu’il sentait imminente, mais la jeune fille la fit refluer avec habileté en le mordillant avant qu’il eût atteint le point de non-retour.
« Hé ! Calme-toi, plaisanta-t-il, ne sois pas si vorace ! »
Elle leva alors vers lui un visage dont l’expression carnassière lui glaça le sang et, sans lui laisser le temps de se soustraire à l’attaque foudroyante, ouvrit grand la bouche et fondit sur son pénis qu’elle mordit à pleines dents.
Josh hurla.
Entre douleur et épouvante, il donna des coups répétés sur la chevelure blonde sans parvenir à lui faire lâcher prise.
Impuissant, il sentait sa chair se déchirer, le sang gicler et tremper son pantalon, ruisseler le long de ses jambes.
Avec la rage du désespoir et sans cesser de crier, il cogna de plus belle tandis que la camionnette faisait de nouvelles et dangereuses embardées, en vain. Violaine paraissait insensible. Insensible, implacable et froidement déterminée au point de ne se redresser qu’une fois son sinistre forfait accompli.
Halluciné, meurtri, en état de choc, Josh la vit recracher avec satisfaction son pauvre membre amputé dont il suivit la trajectoire jusqu’au pare-brise qu’il heurta avec un effroyable bruit spongieux avant de retomber mollement au-dessus du tableau de bord.
C’est à ce moment-là, malgré l’hébétude et la souffrance insoutenable, qu’il réalisa que le pick-up abordait un virage serré à trop vive allure.
Mû par un réflexe conditionné, son pied s’élança à la rencontre du frein, sans réussir à l’écraser.
Dans la lutte, la cannette de Bud avait roulé sous la pédale et la bloquait.
Oh, merde !
Il leva les yeux au moment où le pare-buffle défonçait la glissière de sécurité. La voiture bascula dans le vide.
À côté de lui, insouciante, barbouillée de sang en un maquillage effrayant et grotesque, Violaine éclata d’un rire dément.
Si tu meurs, tu vas en enfer !
Elle riait toujours quand la voiture percuta la surface de l’eau, au pied de la falaise, quarante mètres plus bas.
Chapitre 1 : Un tragique accident
« Ça fait une sacrée chute, hein chef ? Il n’avait aucune chance. »
L’adjoint Sykes avait le don d’enfoncer les portes ouvertes. Le shérif Andrew McLaughlin acquiesça d’un vague signe de tête et contempla avec gravité la falaise culminant près de quarante mètres au-dessus des flots.
Non, effectivement, à partir du moment où le pick-up de Wheeler avait pris son envol, le malheureux n’avait plus eu la moindre chance d’en réchapper.
Les vagues venaient finir leur course avec fracas au pied de la falaise, près de l’endroit où s’était abîmé le véhicule. La forte houle du jour n’avait pas facilité le travail des sauveteurs, mais les gars avaient bien bossé. Une fois le corps extrait de la carcasse, ils avaient amarré un câble à celle-ci, et Red n’avait plus eu qu’à la treuiller jusque sur la grève. Elle reposait à présent sur le plateau de son antique dépanneuse où elle s’égouttait doucement, des grappes d’algues suspendues aux essieux. La déformation de la carrosserie témoignait de la violence avec laquelle elle avait heurté la surface de l’eau.
L’alerte avait été donnée par Mike Storm, un autre adjoint d’Andrew, lequel avait repéré la barrière pulvérisée durant sa patrouille, puis les deux sillons parallèles laissés dans l’herbe grasse en direction du vide. Depuis les hauteurs, Storm n’avait eu aucun mal à distinguer l’ombre rectangulaire immergée en contrebas, et ça avait été le branle-bas de combat.
Ce n’est qu’une fois atteinte l’épave que l’identité de la victime avait été connue : Joshua Wheeler, un pauvre hère d’une quarantaine d’années, prématurément vieilli par la bouteille, qui vivait dans un mobil-home décrépit non loin de là depuis son divorce.
L’absence de gomme sur la chaussée indiquait que Wheeler n’avait à aucun moment cherché à freiner. Si ses antécédents connus et la présence d’un pack de bière dans l’habitacle plaidaient en faveur d’une perte de contrôle liée à l’alcool, le shérif restait dubitatif. Peu avant l’heure supposée du drame, Josh s’était arrêté à la station-service pour faire le plein et, d’après Red, il avait l’air parfaitement sobre.
« Il a même embarqué une jolie pouliche qui faisait du stop ! » avait ajouté celui-ci avec un ricanement lubrique.
Depuis qu’il avait truffé son établissement de caméras de vidéosurveillance, le vieil homme avait des yeux partout.
Grâce à Dieu, seule la dépouille de Josh se trouvait dans le pick-up quand les plongeurs avaient forcé la portière. Ce dernier avait sans doute déposé la fille avant l’accident.
Mais déposée où ? Il n’y avait aucune habitation entre la station-service et le virage mortel, et l’embranchement de la 97 était encore à quatre ou cinq miles de là…
Le long et lugubre bruissement d’une fermeture éclair le tira de ses réflexions. Il tourna la tête vers l’employé des pompes funèbres qui venait de refermer la housse mortuaire et s’apprêtait à embarquer le brancard dans sa fourgonnette.
Avec son air de déjà-vu, le sinistre spectacle lui noua la gorge.
Une vingtaine d’années plus tôt, après son retour d’Afghanistan, alors qu’il n’était qu’un jeune adjoint frais émoulu de l’école de police, il avait assisté à une scène similaire, sur cette même plage de galets dégagée à marée basse, quand on avait repêché le corps sans vie de Bethany Sawyer, une adolescente disparue depuis plusieurs jours.
Il lui suffisait de clore les paupières pour que vienne le hanter l’effroyable vision de ce cadavre au teint cireux, aux lèvres cyanosées et aux chairs boursoufflées par son séjour dans l’eau ; pour entendre le hurlement déchirant d’une mère anéantie par la douleur ainsi que l’irrévocable claquement du hayon de l’ambulance se refermant sur une housse semblable…
Un frisson lui lécha la nuque.
Avec son expérience de la guerre, il avait cru s’être familiarisé avec la mort ; cru qu’elle ne pouvait plus le toucher. Mais le corps de Bethany n’avait rien à voir avec celui des terroristes qui pourrissaient dans le désert à proximité de leur véhicule calciné, ou qu’il découvrait, avec son unité, après avoir lancé un assaut sur une position ennemie. Là, c’était le cadavre d’une gosse qu’il connaissait.
Plus tard, on apprendrait que ce n’était ni un suicide, comme on l’avait un temps envisagé, ni un accident, mais un meurtre sordide, à ce jour encore irrésolu. Après l’avoir violée et suppliciée jusqu’à ce que mort s’ensuive dans une vieille bicoque abandonnée, son meurtrier avait balancé le corps du haut de la falaise pour s’en débarrasser, mais la mer avait fini par le rejeter sur la grève.
Un marginal de passage avait été brièvement soupçonné et interpellé, avant d’être en fin de compte relâché une fois son alibi vérifié : au moment de la disparition de Bethany, l’homme dormait en cellule de dégrisement dans la ville voisine de Deep Harbor, au fond de laquelle l’avait collé le shérif Riley pour ivresse sur la voie publique.
Les preuves manquaient, mais pour avoir maintes fois compulsé le dossier, Andy avait acquis l’intime conviction que le coupable n’était pas étranger à Dunwich et il se demandait parfois si la physionomie affable d’untel ou de tel autre de ses administrés n’était pas un masque de carton-pâte qui dissimulait en réalité les traits d’un monstre sanguinaire…
La brise enfla. Une nuée d’embruns fouetta son visage, rappelant McLaughlin au moment présent. Il retint son stetson avant que le vent l’emporte. Au large, l’horizon noircissait inexorablement. Au-dessus de lui, les mouettes poussaient des cris aigus en s’enfonçant vers l’intérieur des terres. Un grain se préparait et s’abattrait sans nul doute sur la côte avant la tombée de la nuit.
« C’est bon, lança Red en s’aidant du marchepied pour se hisser derrière le volant de sa dépanneuse. Je la ramène au garage. »
Le shérif leva le pouce, mais Red n’avait pas attendu son approbation et avait déjà refermé la portière. Le camion s’ébranla dans un panache de fumée et rejoignit la route en cahotant sur les galets.
Le croque-mort lui emboîta le pas.
« Vous savez s’il a des proches ? demanda Sykes. Quelqu’un qu’on pourrait prévenir ? »
Le père du malheureux, Hank Wheeler, avait disparu corps et biens en mer avec son chalutier alors que Josh était tout gosse ; quant à sa mère, Martha, elle avait succombé des suites d’un cancer quelques années plus tôt. Il n’avait pas eu d’enfants et, à sa connaissance, n’avait pas non plus de frères et sœurs.
Ironie du sort, son ex-femme était donc sa seule famille.
Il soupira.
« Oui, répondit-il. Je vais m’en charger. »
Sykes afficha un air soulagé. Annoncer un décès était une sale besogne qu’aucun flic n’aimait faire, pas même le plus endurci.
L’adjoint s’empressa de remonter dans sa voiture de patrouille et fila sans demander son reste.
McLaughlin demeura un moment sur la grève, le regard rivé vers les rochers sur lesquels la houle venait se briser, avec à l’esprit l’image du plongeon vertigineux du pick-up et le fracas de la tôle percutant la crête des vagues.
Il frissonna.
« Ouais, aucune chance », marmonna-t-il.
Et il s’en alla à son tour.
***
« Oui, une minute ! J’arrive ! »
Shannon Pikulski atteignit le vestibule alors que résonnait une fois encore le timbre insistant de la sonnette. Elle jeta un rapide coup d’œil à travers le judas, pensant apercevoir la face ravagée d’acné des scouts qui écumaient le quartier depuis la veille pour vendre des chocolats ou Dieu seul savait quelle autre saleté artisanale pour leurs bonnes œuvres – la racketter, en somme –, mais grimaça devant l’identité de son visiteur.
Elle reposa le sac à main qu’elle avait déjà saisi sur le guéridon afin de se débarrasser prestement des importuns. Celui-là ne se contenterait pas d’un billet de cinq dollars pour lui foutre la paix.
Elle attrapa la poignée, la tourna et ouvrit la porte.
Le shérif Andrew McLaughlin – Andy pour les intimes – se tenait sur le seuil. Il avait ôté son stetson, dévoilant sa chevelure poivre et sel ainsi que ses tempes qui allaient en s’éclaircissant. Derrière l’écran de ses Ray-Ban, ses yeux clairs restaient invisibles, mais la surprise avec laquelle il considéra sa tenue n’échappa toutefois pas à la quadragénaire, ni la manière dont son regard fut attiré par le galbe de sa poitrine qu’il devinait par l’entrebâillement de son peignoir.
Shannon le resserra sous son menton.
Pris en faute, les joues du shérif s’empourprèrent.
De quelques années sa cadette, Shannon portait plutôt bien les quarante-deux printemps qu’elle venait tout juste de fêter. C’était une femme épanouie, séduisante, dotée d’un charme impérieux. Au contraire de son ex qui avait peu à peu sombré dans la déchéance, elle s’était embellie avec le temps. Une heure de jogging quotidien, une alimentation saine ainsi que des soins esthétiques et capillaires réguliers n’y étaient pas étrangers et en faisaient la divorcée la plus désirée de Dunwich. La rivale potentielle de nombre de femmes au mariage insipide, aussi. Ce n’était pas un hasard si certaines de ses voisines ne lui adressaient plus la parole, après avoir surpris leurs époux respectifs en train de badiner avec elle.
McLaughlin et elle avaient un temps gentiment flirté, sans que la relation aille plus loin qu’un rapide baiser échangé sur ce même seuil, un soir, alors qu’il la raccompagnait au terme d’un rendez-vous et d’un dîner au restaurant.
Il avait bien senti combien les lèvres de la jeune femme étaient demeurées froides, rigides, insensibles, de même qu’il avait perçu son ennui, tout au long de la soirée. Et la sentence était tombée :
« Écoute, lui avait-elle dit. Ne te vexe pas, mais je sens que ça ne peut pas coller, tous les deux. Restons-en là, si tu veux bien. »
Lui qui avait osé braver sa timidité maladive avec l’autre sexe avait passé les semaines suivantes à l’éviter, contrit, honteux.
Il la dévisagea tandis qu’elle passait une main dans sa crinière rousse tout ébouriffée pour se recoiffer sommairement.
« Andy ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
— Je suis désolé de t’importuner. Je te réveille ? Tu dormais ? »
Ce fut au tour de Shannon de rougir.
« Oui, enfin non, balbutia-t-elle. Je me reposais, c’est tout.
— Je te dérange, tu n’es pas seule ?
— Si, bien sûr que si. »
Ils se regardèrent en chiens de faïence. McLaughlin ignora à dessein la présence de la tondeuse au milieu de la pelouse, comme abandonnée en plein travail, de même que la carafe de limonade et les deux verres posés sur la table basse, devant la balancelle, sous l’auvent. Ça ne le regardait pas.
Triturant le bord de son chapeau, il se jeta à l’eau.
« Je… J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. »
Les sourcils de Shannon se froncèrent. L’inquiétude assombrit son visage. Durant une fraction de seconde, elle pensa à sa sœur Cheryl, qui vivait à Boston, à son neveu Matthew…
« Je t’écoute.
— C’est Josh.
— Quoi, Josh ?
— Il est mort. »
Elle écarquilla les yeux, ses traits se détendirent aussitôt. Un sourire incrédule naquit à la commissure de ses lèvres.
« Sans déconner ?
— Oui. Sa voiture a fait une sortie de route, sur les hauteurs. Il est tombé de la falaise.
— Et qu’est-ce que tu veux que ça me foute ? Ça fait dix ans qu’on est divorcés. C’était un raté, un moins que rien, un pleurnichard. Tous les mois, il fallait que je lui coure après pour qu’il s’acquitte de la misérable pension alimentaire que le juge l’a condamné à me verser. Au moins, cette fois, il aura une bonne excuse ! »
Le shérif fit la moue. Il savait leur relation tendue, mais il s’était toutefois attendu à plus de compassion.
Il s’éclaircit la gorge, de plus en plus mal à l’aise.
« Ben, en fait, vu qu’a priori tu es sa seule famille, il faudrait que
