À propos de ce livre électronique
Les Emnos découvrent l’existence des Humains. L’escadre Tanacé débarque dans le système solaire. Les Emnos soumettent Mars et partent conquérir la Terre. Le vaisseau Alpha Cent rejoint Mars et se retrouve au cœur du conflit...
A. T.
A.T.Alain Tourpin was born on May 25, 1960, in Saint-Brieuc, France.After passing his scientific baccalaureate, he went on to study science at the University of Rennes.He works in business, retail, and then education.In 2010, he ventured into the world of writing beginning the saga "L’Âge des Anges."The seven-volume saga is self-published.The saga is rewritten and becomes "XXIV".
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Avis sur Engagement 1.0
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Aperçu du livre
Engagement 1.0 - A. T.
A. T.
XXIV
Livre 5
ENGAGEMENT 1.0
Copyright © CNFED A. T., 2023
Tous droits de traduction, de reproduction
et d’adaptation réservés pour tous pays
5.0.0
Enki – Terre
Néolithique. Proche-Orient.
Personnages : Enki, Enlil, Abgal. Hommes de la trentaine, d’un mètre soixante environ, bruns, barbus, aux cheveux crépus, à la peau mate jaune brun clair, aux yeux noirs, au nez aquilin, au menton fuyant. Ils sont vêtus d’un carré de laine aux épaules ; un carré orné d’un collier à plusieurs rangs composé d’amulettes. Ils portent un pagne court, en peau retournée, enroulé autour de la taille. Et ils sont chaussés de sandales lacées à la cheville, le gros orteil dans un anneau.
An et Eâ : chiens primitifs de taille moyenne. De type spitz au poil serré, dur et droit. À la robe rouge-brun à blanc. Aux oreilles dressées, triangulaires, courtes et larges. Et à la queue attachée haut, enroulée sur le dos.
Plaine alluviale marécageuse. Abords d’une vaste roselière.
Le voile de brume matinale s’évapore lentement. Un nouveau jour se lève sur cet étrange Sug-ki
, monde d’eau et de roseaux.
En compagnie d’An et d’Eâ, Enlil, Abgal et moi avons quitté le campement aux toutes premières lueurs de l’aube. Attirés par l’inconnu, nous souhaitons poursuivre l’exploration de cette mystérieuse contrée de lacs, d’étangs et de roselières. Une région difficile d’accès, découverte au hasard de notre errance il y a maintenant deux lunes.
Nous portons chacun une hampe, pour nous aider à sonder le terrain, un arc et des flèches. Des pointes de silex à pédoncule et ailerons pour nous défendre au besoin. Des pointes à l’extrémité arrondie pour assommer le gibier... si l’occasion se présente. Et une pointe barbelée à fixer au bout de la hampe pour pêcher.
Une question nous taraude : qu’y a-t-il de l’autre côté de ce monde, où la moindre brise agite les roseaux pour les faire bruisser comme s’ils étaient habités de redoutables esprits ?... Est-ce le royaume des morts ?... Un nouveau monde de vivants ?... Notre insatiable curiosité nous pousse à dépasser nos peurs, nos craintes, nos limites...
An et Eâ courent au-devant ; ils jouent, sautent, pataugent, flairent, jappent, aboient, faisant fuir les sangliers, les oiseaux et les serpents. Une faune qui abonde sur ces rivages quasi impénétrables.
Nous atteignons la roselière, un haut mur bruissant hostile que nous allons contourner face au vent. Un sifflement sur deux tons, long, court. Enlil rappelle An et Eâ qui répondent aussitôt de leurs aboiements rauques. Un clapotement furieux se déchaîne sous leur course précipitée. An s’approche d’Enlil, Eâ vient à moi. Le poil court ruisselant, elle m’observe de ses petits yeux en amande, attentive, la tête penchée sur le côté... Haletante, elle attend mes recommandations. Elle lâche un wouf
interrogateur, je lui réponds par un chuutt
discret.
*
De l’eau jusqu’à mi-cuisse, nous progressons péniblement, harassés et éblouis par un astre brûlant aux rayons qui se reflètent sur la surface miroitante des eaux... Le soleil est au zénith, lorsque les chiens se mettent à l’arrêt face aux roseaux, oreilles et queue dressées. Ils ont flairé quelque chose... Nous nous baissons instinctivement, à l’écoute du moindre bruit suspect... Je plante la hampe dans le sol spongieux, empoigne discrètement mon arc et deux flèches à pédoncule... Eâ gémit, An montre les crocs, grogne et pleure en même temps, et tous deux commencent à japper ! Surpris par leurs aboiements inhabituels, je prends soudain conscience de notre solitude et de notre isolement... Malgré la chaleur, la chair de poule me gagne, un frisson me parcourt l’échine... Nous sommes perdus au cœur de ce monde étrange... Eâ, suivie par An, file et disparaît derrière l’écran de roseaux... Je crie pour les retenir... en vain ! Nous les appelons... sifflons... ils ne répondent pas.
Une longue attente, des appels répétés sans réponse...
Enlil et moi convenons, après hésitations, tergiversations, de partir à leur recherche, mais, Abgal, la voix de la raison, finit par nous en dissuader. Nous rebroussons chemin pour regagner le campement... Le royaume des morts a gagné la bataille... L’inextricable roselière a fait disparaître nos compagnons de chasse... Elle les a éteints, étouffés, noyés...
La nuit tombe sur un village de huttes rectangulaires en roseaux tressés. Les villageois, la plupart assis en tailleur, sont rassemblés autour de trois foyers. Des enfants, accroupis, tracent des lignes courbes au sol. Les femmes, les cheveux détachés ou coiffés en chignon, portent un châle drapé, en forme de robe, sur une tunique à manches courtes. Les hommes portent un grand châle, un pan rejeté derrière l’épaule. Des viandes cuisent sur des braises, des galettes sur des pierres. Des chèvres broutent non loin.
Assis devant le feu, nous palabrons à voix basse dans la bienfaisante fraîcheur du soir... Marduk, l’un de mes fils, fait ses premiers pas près de ses aînés... Des jappements me tirent de ma rêverie. Je croise les regards surpris et interrogateurs d’Abgal et d’Enki, quand un coup à l’épaule gauche me bouscule ! Une langue râpeuse vient me lécher le visage ! Eâ !
An et Eâ viennent de rentrer au campement ! Surpris, ravi, je caresse sa tête à deux mains... pour me figer au contact de quelque chose de froid... de dur ! Je me lève d’un bond et recule ! terrorisé par l’objet qu’Eâ porte autour du cou !
Un collier ! Parfaitement régulier ! Extraordinairement poli ! Un collier dur comme la pierre, froid comme la mort, lisse et miroitant comme l’eau ! Je vois les flammes danser sur cette surface scintillante ! Quelque chose de surnaturel, merveilleux, magique, impossible !
Est-ce une malédiction ? ou une bénédiction des dieux ?
5.0.1
Kohor Dod Jaha – Kriemn
Kohor Dod Jaha est le primat de l’Iscatari
, le président de l’Assemblée du peuple Emnos.
Kriemn est la planète mère des Emnos. Une planète du système d’Affath, dans la galaxie Amal Tyrh, notre Voie Lactée. Une galaxie de l’univers Fèch, notre univers.
Les Emnos sont de grands humanoïdes. Plus de deux mètres pour les femelles, plus de deux mètres vingt pour les mâles.
Ils ont la peau très claire, le teint pâle et des cheveux blancs et lisses. Leur visage, osseux, aux traits toniques et fermes, présente un prognathisme mandibulaire important. Leur front est large, les arcades sourcilières sont marquées, les yeux ont un iris bleu intense, le nez est camus et la mâchoire puissante. Leur dimorphisme sexuel est semblable à celui des humains, hormis l’absence de poils terminaux secondaires.
Nous sommes le 17 Tanéis [onzième mois emnos, 247e jour de l’année]
Il fait nuit sur Iscari, une grande île de l’hémisphère nord. Une chaîne de montagnes, imposante, silencieuse, surplombe le décor. Atari, la capitale de Kriemn, une ville lumière bâtie au cœur de collines boisées, est plongée dans l’obscurité. Une obscurité irradiée de vives lueurs fugaces.
Atari est une mégalopole dominée par des gratte-ciel de verre et de métal qui évoquent des arbres titanesques taillés en nuage. Des monuments futuristes reliés les uns aux autres par de multiples passerelles. La ville a conservé de nombreux édifices historiques, parmi lesquels des monuments baroques somptueux, avec des clochers à bulbes, des coupoles, et des tours richement sculptées coiffées de toits superposés.
Les rues sont désertes, les véhicules, aérodynamiques, à trois roues… à l’arrêt. Des vaisseaux, à aile rhomboédrique intégrée au fuselage, et d’autres, plus imposants, à aile delta gothique, avec empennage en V, sont stationnés sur d’impressionnants belvédères superposés.
Les anciennes sirènes mécaniques de la ville émettent un son montant et descendant qui se mêle à des détonations sourdes et répétées.
Le Jardin du Peuple est le plus grand jardin de la capitale. Un jardin botanique à la française. Les bleus surréalistes des végétaux de Kriemn se révèlent sous les lueurs scintillantes d’un ciel nocturne nuageux.
Un groupe de huit personnages remonte l’allée principale en courant. Trois Emnos vêtus de capes blanches, aux liserés brodés d’arabesques en fils d’or et d’argent, escortés par cinq créatures protégées par une combinaison intégrale au casque à la visière ouverte. Armure ou scaphandre, leur protection, souple, aux reflets bronze, est bardée de dispositifs miniaturisés. Ils portent chacun un satikka, une arme sceptre polyvalente.
Ils franchissent l’entrée du parc, un accès matérialisé par deux piliers en forme de tronc ébranché… et traversent la place de la Nation… Une esplanade recouverte d’une mosaïque de marbre qui représente des scènes champêtres des colonies. Ils contournent le bassin octogonal de la Purification… pour se diriger vers les marches du palais de l’Iscatari.
Le palais est un bâtiment majestueux, imposant, antique. L’Iscatari est l’assemblée des représentants du peuple emnos.
L’un des Emnos, vêtu d’une cape, stoppe au beau milieu de l’escalier. Il se courbe, la tête rentrée dans les épaules, les mains sur les genoux. Ses longs cheveux blancs cachent son visage. Il s’agit de Kohor Dod Jaha, le primat de l’Iscatari.
Deux créatures à combinaison intégrale l’aident à se relever. Kohor grimace, à bout de souffle. Arrivés en haut des marches, les deux autres Emnos à cape se retournent... Le stress et l’épuisement se lisent sur leur visage.
« Kohor ! s’inquiète Tanélias.
— Excellence ! Vous devez vous abriter ! insiste l’un des agents de sécurité.
— C’est bon... » J’inspire et leur signifie, d’une main ouverte, de me lâcher. Je reprends l’ascension et rejoins Tanélias et Apateïn...
Tanélias est médecin. Apateïn est le secrétaire général de L’Iscatari.
Les portes du palais, des vitres blindées, sont ouvertes. Une étrange lueur orangée émane de l’édifice. Le personnel, silencieux, nous attend. Nous parcourons la colonnade de la cour d’honneur... et nous arrivons... enfin ! dans le vestibule. Ils ont déniché des flambeaux ! Et c’est de là que provient cette odeur âcre de combustion. Le groupe s’active, ils referment manuellement les portes... Anterh s’avance, l’air grave...
Anterh est le conseiller pour le Renseignement et les Opérations Spéciales.
« Combien de temps pour rétablir le courant, les communications ? » Anterh grimace, il me désigne, de l’index, le salon des miroirs.
« Pas ici. » J’acquiesce de la tête et nous nous dirigeons, d’un pas décidé, vers le salon. Je suis attendu : ils sont une trentaine, conseillers, diplomates, quelques hauts gradés des armées, fidèles parmi les fidèles... tous abattus, consternés.
Les grands miroirs sont sombres ! leur cadre éteint ! Les passages vibratoires sont interrompus ! Alors tout simulacre de retraite est impossible...
« Oui, reprend Anterh. L’impulsion a endommagé tous les circuits.
— Il nous faudrait plusieurs jours pour rétablir la situation...
— Faudrait ?
— Oui ! Faudrait… Sauf que le temps... on ne l’a plus.
— La situation s’est aggravée, nos lignes de défense tombent les unes après les autres.
— Ce n’est plus qu’une question de nèmes...
Le nème, la minute pour les Emnos, compte 75 de nos secondes. Le nème est composé de 46 rends. Le rend équivaut à 1,64 seconde. 46 nèmes forment un gref, une heure. Un jour compte 23 grefs, un mois, 23 jours, et une année, 17 mois.
— Alors, faites disparaître toute trace des projets sensibles !
— Je crains... Kohor...
— Quoi ?
— Que les Anastazis n’aient un coup d’avance.
Les Anastazis sont les forces rebelles, quelques oligarques, leurs sbires, des hauts gradés extrémistes des armées, dirigés par celui qui se fait appeler Cherfa Kriemn.
— Le jeune Cherfa et sa troupe ont envahi Tchévesk.
— Le labo ?...
— Oui... Et la base de Karza Hyèl.
— Nous aurions dû éliminer Cherfa avant qu’il n’aveugle nos opposants.
— Il se sert d’eux pour obtenir ce qu’il a toujours voulu, le pouvoir absolu ! Il les trahira dès qu’il l’aura conquis.
— Cherfa au pouvoir ! Alors nous sommes perdus.
— Sa folie conduira notre peuple à sa perte.
— Que peut-on faire ?
— Vous ne devez pas rester ici !
— Aller où ?
— Les abris souterrains.
— Mmm... » Dubitatif, je me laisse entraîner vers les escaliers de secours... Les ascenseurs, aussi, sont en panne, comme tout ce qui, il y a à peine un gref, faisait la fierté, la suffisance, de notre civilisation... Nous avons été bien présomptueux... et stupides ! de nous croire invulnérables... Inutile de nourrir de faux espoirs. La démocratie, cette boulimique compulsive qui se nourrit de l’opposition, finira par en crever.
*
Nous avons entendu plusieurs détonations. Le plafond, les murs, le sol de cette cage, ont tremblé. Sommes-nous enterrés vivants ? Vivants ? Nous avons des réserves de nourriture, d’eau, d’air... mais pour combien de temps ? Cette odeur d’huile brûlée devient insupportable.
*
Les portes blindées viennent de vibrer sèchement. Mes camarades d’infortune ont aussitôt pointé leurs satikkas. Le métal a fondu comme neige au soleil. Une onde de choc nous a violemment plaqués contre les parois. Un son strident, d’une violence inouïe, me vrille les tympans, j’ai l’impression que mon crâne va exploser... je n’arrive pas à respirer... Les flambeaux ont été soufflés, mais une vive lueur bleue m’aveugle. Trois silhouettes surgissent sous les flashes et les décharges de satikkas...
L’imposante silhouette centrale lève les bras... Le bruit cesse... mais les oreilles sifflent, bourdonnent... Le halo s’atténue. Cette carrure impressionnante, cette montagne de muscles...
« Aktor abar ishtar ! » Le dialecte de Cherfax.
Cherfax est une grande île équatoriale de Kriemn.
Le géant s’avance vers moi, à pas lents, mesurés... Il stoppe et éclaire son visage... aux traits rudes, anguleux. Des yeux bridés au regard changeant, glacial, pervers. Cherfa ! Il sourit, un sourire mauvais, diabolique.
« Lève-toi, Kohor ! » La voix est froide, impersonnelle, une voix sans émotion. Alors que je m’exécute, en retenant tant bien que mal un gémissement, je le vois lever les deux mains, il brandit quelque chose... L’Aspika !
L’Aspika est un symbole du pouvoir emnos. C’est un svakia, une dague à lame courbe à double tranchant.
Je sens une vive brûlure à la gorge ! Je porte instinctivement les mains... baignées par un liquide chaud, gluant.
« Maudit sois-tu ! » La bouche pleine, je n’émets qu’un gargouillis étouffé. La respiration est bloquée... Le monde tangue... bascule... et s’éteint.
TANACÉ
Adar Hil Matori – Tanacé 1
Galaxie Amal Tyrh
Constellation d’Antadrium
Système Andénaté
Tanacé 1 est le vaisseau amiral de l’escadre Tanacé, une escadre de sept vaisseaux chargés d’objets d’art, de supraconducteurs exotiques, et d’une espèce… non identifiée.
Cabine de commandement. Une cabine exiguë organisée autour d’un fauteuil sophistiqué.
Adar Hil Matori, un Emnos, le Commandant de l’escadre, est assis dans son fauteuil.
« Et voilà ! Et une nouvelle mission qui s’achève ! Musique ! »
Sa voix est grave, tranchante.
Un tempo de tambours dayanais jaillit autour de moi...
Daya est l’une des nombreuses colonies des Emnos.
Le tempo accélère... Des rythmes saccadés de percussions cordophones viennent accompagner les tambours...
J’arrange ma crinière en queue de cheval, puis porte les mains jointes à la bouche pour tenter de réprimer un bâillement.
« Pff... » Je souffle de lassitude et me recule dans mon fauteuil... Bercé par les cadences effrénées, avachi, perdu dans mes pensées, je regarde sans voir les longues séries d’informations chiffrées qui défilent devant moi...
Comme les temps changent !... Les incidents se multiplient dans les colonies... Notre autorité est contestée, notre domination mise à mal... Même notre influence se fissure, le pouvoir nous échappe, nous condamne peut-être... Plus rien n’a de sens... Et si je perdais la foi ?... Le temps est venu pour moi de raccrocher. Pourquoi devrais-je encore... et toujours ! me sacrifier pour ce guignol ?... Kraya et les enfants me manquent...
Le volume des accords endiablés baisse soudain.
« Commandant ! » La voix ferme et autoritaire de Vitri, mon second et ami de longue date. La vidéo du visage anguleux aux pommettes saillantes de mon cadet de deux ans apparaît. Son front large est déformé par d’inhabituelles vagues de rides, sa mâchoire est crispée. Vitri est contrarié. Lui aussi...
« Commandant ! Six Tanacés prêts pour le saut. Tanacé Un n’attend plus que vos ordres.
— Merci. Alors, préparez-vous ! » Nous nous tutoyons dans le civil, mais nous tâchons de respecter le vouvoiement lors de nos missions communes, l’usage du tutoiement étant réservé aux communications entre leaders, les dirigeants de vaisseau.
Les logos de nos sept vaisseaux apparaissent. Six sont bleus et clignotent. Le nôtre est encore vert. J’inspire à fond... et me redresse à l’aide des accoudoirs. Je me penche pour attraper le casque. La visière bleutée clignote. J’inspire à nouveau profondément... avant d’ajuster le casque sur l’exosquelette.
« Notre avant-dernier saut avant notre retour sur Affath ! »
Malgré l’expérience et la quasi-routine de la projection spatiotemporelle, je ne peux m’empêcher de ressentir une nouvelle appréhension profonde. L’existence même de l’escadre se retrouve entre mes mains, seules habilitées au déclenchement du saut.
« Arrêt de la gravité artificielle ! » J’appuie sur la commande de l’accoudoir gauche... Le logo vert de Tanacé Un vire lentement au bleu. J’attends qu’il se mette à clignoter... Voilà... l’escadre est prête.
« Enclenchement du processus ! » Le ton est solennel.
Je presse les cinq boutons-poussoirs de l’accoudoir droit... Les séquenceurs harmoniques sont lancés... Le système d’anneaux entre en scène... Les derniers instants de répit avant le saut. Je prends une profonde inspiration... et expire lentement... La vibration montante du système d’anneaux résonne au plus profond de mon être... J’ai l’impression de faire corps avec le vaisseau. Le temps que les vibrations, émises par les dispositifs de nos sept vaisseaux, s’associent pour entrer en résonance avec l’espace environnant... Une fois l’harmonie générée, ils modifient instantanément leurs vibrations, ajustant simplement leurs fréquences sur les vibrations de notre destination... Ce qui provoque une déchirure de l’espace-temps et engendre un passage vibratoire.
Sous le vacarme infernal des oscillations, les mains crispées sur les accoudoirs, je grommelle en ressentant, entre les vertèbres cervicales, la douleur aiguë causée par la piqûre dans la moelle épinière... Une injection qui va permettre, à chacun d’entre nous, de supporter la violence du saut ! Le composé chimique s’insinue le long de la colonne vertébrale... il se répand dans tout le corps, jusqu’aux moindres extrémités, donnant la sensation d’être liquéfié.
Je tente une nouvelle inspiration... avant d’être plongé dans l’obscurité ! Le passage est ouvert ! Dans quelques instants, les secousses seront stoppées... et nous serons projetés... à 32 millions d’orodexis !
L’unité de mesure des Emnos est l’exis, un millionième de l’étadexis. L’étadexis correspond au vingtième de la longueur de l’équateur de Kriemn. L’orodexis est égal à mille étadexis. L’exis fait 1 m77, l’étadexis 1 773 km et l’orodexis1 773 875 km.
32 millions d’orodexis correspondent à six années-lumière.
La distance maximale, une dimension colossale parcourue... en moins de huit jours ! Un espace temporel que nous n’apercevrons pas. Nous aurons l’impression de parvenir à destination quasi instantanément...
Les vibrations stoppent net ! Mon corps semble partir en fumée, littéralement attiré, absorbé, par les ténèbres... Dans le silence le plus total, les oreilles bourdonnent encore de l’assourdissant vacarme qui a précédé l’ouverture du passage spatiotemporel.
« Un… deux… trois… quatre… cinq… six… sept… huit… neuf… dix… onze… et douze ! Nous y sommes ! »
Une violente secousse m’écrase contre le dossier du fauteuil ! La déflagration, suraiguë, est accompagnée d’une lumière éblouissante, aveuglante, malgré la visière filtrante et les paupières fermées. La lumière embrase les photorécepteurs rétiniens. Le système nerveux entier est stimulé, à vif... exacerbé par la prodigieuse accélération ! Nous passons de l’autre côté... La décélération ne va pas tarder, quelques rends...
« Un… deux… trois… quatre… cinq… et six !... Mmm ! »
Projeté vers l’avant par le freinage, j’en ai le souffle coupé ! La violence est telle, que j’ai la sensation d’un arrêt brutal après une interminable chute libre... Je marque un temps de pause... le temps de reprendre mes esprits, mon souffle, et ouvre les paupières... Malgré la persistance de l’éblouissement, je devine les logos lumineux de l’escadre : sept lueurs bleues !
« Un nouveau saut accompli !... Plus qu’un… plutôt encore un… et nous sommes à la maison ! »
Je retire le casque, et remue doucement la nuque engourdie, provoquant des bruits assourdis de décapsulation, les craquements habituels après chaque saut.
« Retour de la gravité artificielle… Rapports du saut ?
— Saut conforme, Commandant ! » La voix de Vitri. « Aucune avarie, aucune perte.
— Tanacé Deux ! » La voix féminine, autoritaire, tonique et dure d’Assibir Kat Orfax, la jeune leader du deuxième vaisseau de l’escadre. « Aucune avarie, aucune perte, Commandant !
— Tanacé Trois, Commandant ! » La voix éraillée au débit rapide de Licori Pad Xarès, son homologue masculin du troisième astronef. « Aucune avarie, aucune perte !
— Bien… »
Un étrange silence, tout à fait inhabituel, s’installe.
« Tanacé Quatre ? Tanacé Quatre ?...
— Un instant, Commandant, répond une voix hésitante que je ne situe pas.
— Qui parle ?
— Lirid Paj Onobri, Commandant. Je suis le responsable du séquenceur harmonique de Tanacé Quatre.
— Ah ! Un jeune au physique athlétique. D’accord, je vous situe. Où est votre leader ? Que fait Adria ?
— Je suis là, Commandant ! » La voix essoufflée d’Adria. « Aucune avarie sur Tanacé Quatre... mais nous déplorons la perte d’une exobiologiste.
— Comment ?!
— Irana Deb Voroï n’a pas supporté le saut. Son squelette ne s’est pas correctement reconstitué lors de la restabilisation.
— Oh ! Et que s’est-il passé ?
— Je suis désolée, Commandant... mais c’est encore trop tôt pour répondre à la question. Les premiers indices... tendent à suspecter... un dysfonctionnement... de la diffusion du composé liquéfacteur.
— Pardon ?! C’est possible ?
— Hélas oui, Commandant. Le problème circulatoire est peut-être dû à une contamination... Une contamination liée à la présence des créatures de Katöla.
Les créatures de Katöla
sont l’espèce non identifiée que Tanacé Quatre transporte.
— Elles ont supporté le saut ?
— Apparemment, Commandant. Pour l’instant, je ne peux en dire davantage.
— Merci, Adria. Je veux un rapport détaillé avant notre prochain saut.
— Bien, Commandant. Je transmets de plus amples informations dès que possible.
— Je ne veux pas d’autre victime. Aucun saut avant qu’on sache ce qui s’est passé ! Je veux connaître les raisons exactes de cet accident. Tanacé Cinq ?...
— Tanacé Cinq, Commandant ! » La voix tranchante et puissante d’Ilias Rat Paraxos. « Aucune avarie, aucune perte.
— Tanacé Six, poursuit la voix sèche et pénétrante du jeune Origni Kar Atvédef. Aucune avarie, aucune perte, Commandant.
— Tanacé Sept, Commandant, termine Élégi Rès Alifax, la dirigeante du dernier vaisseau. Aucune avarie, aucune perte. »
Élégi, la plus âgée d’entre nous, est d’une cruauté sans égale. Je ne compte plus mes interventions pour réfréner ses ardeurs répressives...
« Merci à tous. Prochain saut… en attente.
— Commandant ! intervient Vitri, en images cette fois. Nous recevons à l’instant une transmission codée à votre intention. Elle provient du Haut Commandement Suprême.
— Déjà ! Ils savaient où nous trouver ?... Ils ne perdent pas de temps !
— Les données se téléchargent, précise Vitri. Elles attendaient notre arrivée dans le système.
— Merci, Vitri. » L’image de Vitri se brouille, remplacée par le Wyg’nmat, l’emblème de notre toute-puissance, l’œil qui voit tout. Un œil stylisé, celui de Cherfa... notre cher mégalo, cerclé de quatre anneaux censés représenter l’univers...
S’ensuivent les images du visage âgé, prognathe, au regard froid, intense et pénétrant, d’Acer Bar Kantari, le redoutable Abakan
! L’un de nos trois commandants suprêmes, les bras armés de Cherfa.
« Mon cher Adar... Nous avons détecté un signal étrange dans la constellation des Épierres... dans la bordure extérieure du système Daturia... Ton escadre est la plus proche... À peine quelque huit millions d’orodexis...
— Mmm... Mauvaise nouvelle... très mauvaise... J’te vois venir, Abakan.
— Un saut d’agrope... Les coordonnées te sont transmises... Tu as l’ordre... de t’y rendre... immédiatement !
— Non !
— La suite des instructions t’attend sur place. »
La retransmission stoppe net.
« Immédiatement... Un ordre d’Abakan... il ne me laisse pas le choix. Transmission du message à tous les leaders de Tanacé ! »
Les réactions de surprise ne se font pas attendre, mais mes collègues obtempèrent sans rechigner.
Adria est la seule à hésiter : « Mais, Commandant... je n’ai pas...
— Pas de, mais, Adria ! la coupe sèchement Élégi. Les ordres ne se discutent pas ! Tanacé Sept prêt pour le saut... Commandant ! »
Je sens une pointe de mépris certain dans son Commandant
.
« Préparez-vous pour le saut ! » Une décision... aussitôt regrettée... L’un de mes étranges pressentiments resurgit... L’intime conviction que ma décision va bouleverser l’ordre des choses. Encore une de mes inexplicables et puissantes intuitions... Ce don de naissance qui m’a d’ailleurs valu... ma place... enviée, mais délicate, de commandant d’escadre...
*
« Retour de la gravité artificielle ! »
Les rapports attendront quelques nèmes. Je souhaite que les équipages se remettent du saut si proche du précédent, et que leurs leaders aient le temps de faire le point.
« Vitri ?
— Oui, Commandant !... Aucune avarie, aucune perte, Commandant... Nous avons une nouvelle communication du Haut Commandement Suprême... en attente... Je vous la transmets...
— Pas tout de suite, Vitri ! Après les rapports de saut.
— Bien, Commandant. Je lance un scan de l’espace à la recherche du signal.
— Je verrai ça plus tard... Tanacé Quatre ?
— Ici, Lirid Paj Onobri, Commandant... Le saut a fait deux nouvelles victimes... Notre leader a quitté sa cabine pour... s’enquérir de la situation... Elle vous tiendra informé dès qu’elle le pourra, Commandant.
— Merci, Lirid. J’attends son rapport. Bon sang ! Que s’passe-t-il ? Mon mauvais pressentiment ?... Rapports ? »
Les rapports tombent les uns après les autres... Aucune avarie, aucune perte
revient en litanie comme les vagues de l’océan... Seul Tanacé Quatre fait exception à la règle.
« Commandant ! Ici, Adria.
— Adria ! Du nouveau ?
— Deux nouvelles victimes, Commandant. Deux exobiologistes. Les symptômes sont identiques. Leur cage thoracique a implosé... Le liquéfacteur a bien joué son rôle, mais nous avons retrouvé un important dépôt cristallin dans leurs alvéoles pulmonaires.
— Un dépôt cristallin ? Dans leurs poumons ? Ils ont respiré quelque chose ?
— Ils ont été en contact direct... avec l’espèce de Katöla.
— Ils toussaient ? Des signes avant-coureurs ?
— Pas que je sache, Commandant. Le dépôt cristallin est en cours d’analyse.
— Trois exobiologistes ! Certainement pas le hasard ! Il faut éviter la contagion ! Mets immédiatement leur secteur sous confinement niveau cinq !
— C’est déjà fait, Commandant. Les quatre survivants s’examinent en ce moment même.
— Parfait !... Diligence, efficacité... comme toujours, Adria.
— Merci, Commandant.
— Je place Tanacé Quatre sous confinement niveau trois. S’il y a eu contagion, je ne veux pas que ça se propage. Vous êtes en quarantaine.
— Bien, Commandant... Tous ceux qui ont été en contact avec l’espèce de Katöla sont déjà en confinement niveau cinq.
— Je n’veux pas que vous tombiez les uns après les autres, je n’veux pas d’un équipage fantôme ! J’ai besoin de toi, Adria ! Nous avons besoin de vous !
— Merci, Commandant. »
La communication coupée me laisse seul avec mes réflexions... Un dépôt cristallin dans les poumons... Trois exobiologistes... pour l’instant... Le lien avec les créatures que transporte Tanacé Quatre me paraît évident. Ces hybrides mi-animaux, mi-végétaux, ou chimères inclassables, que nous livrons sur Kriemn pour étude approfondie.
« Vitri ! Tanacé Quatre est dorénavant en quarantaine ! Je suis disposé à recevoir la transmission du Haut Commandement Suprême.
— Tout de suite, Commandant.
— Merci, Vitri. » L’écran se brouille et le Wyg’nmat émerge, suivi par l’apparition en fondu enchaîné du visage d’Abakan... Je ne l’ai jamais vu dans une telle excitation ! Lui d’habitude si froid, si distant, semble enflammé, passionné :
« Mon cher Adar !... Le moment... est historique ! »
Il prend son temps, comme pour ménager le suspense.
« L’étrange signal dont je t’ai parlé... ne peut avoir une origine naturelle... Il s’agit d’une transmission radio... faible, mais régulière. Des données primitives, certes, mais que nous n’arrivons pas à interpréter. Elles proviennent de l’espace intersidéral... et le signal se déplace ! »
Il ferme les paupières et inspire pour savourer l’instant.
« Tu vas être le témoin privilégié d’une première rencontre avec une intelligence qui a, comme nous, conquis l’espace ! » Son regard, envieux, trahit une jalousie qu’il n’avouera pas, de par son arrogance et son orgueil démesuré, je ne le connais que trop bien... Il souhaiterait être à ma place, je la lui céderais volontiers !
« Nous ignorons quel type d’appareil émet ce signal... Une sonde, une navette, un vaisseau, habité ou non, civil ou militaire... Ton escadre va devoir aborder l’engin avec une extrême précaution... La procédure à suivre est détaillée chapitre quatorze, paragraphe trois ou quatre, suivant la détection, ou non, d’une quelconque forme de vie à bord. Codez vos transmissions niveau cinq ! Ils ne doivent savoir... ni qui nous sommes... ni d’où nous venons. Tu devras évaluer la menace et déterminer précisément leurs intentions... Ta mission, mon cher Adar, ne s’arrête pas là... Ton retour sur Kriemn... est retardé.
— Non !
— Il te faut coûte que coûte identifier l’origine de l’engin... et te rendre aussitôt sur place !
— Non !
— Notre hégémonie
