À propos de ce livre électronique
de cinq cataclysmes diaboliques. Et Luby en était le coeur… »
Les ombres maléfiques rôdent sur Luby, la nouveau-née du ménage Holloway. Les démons voulaient
naître à sa place et ils ont échoué, mais ils n’ont pas dit leur dernier mot.
Il y a de ces puissances démoniaques coriaces prêtes à tout pour s’enraciner sur Terre.
Qui sont donc les cinq nouveaux voisins des Holloway ? Tous aussi étranges que malfaisants, ils parviennent insidieusement à s’incruster dans la cellule familiale. Leur présence déclenche autant de malheurs qu’elle sème la dissension au sein du clan.
Renata, prête à tout pour protéger sa famille, fait appel à Esposito, un démonologue polonais.
Bientôt, celui-ci réalisera l’ampleur cataclysmique des entités qu’il doit combattre…
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Avis sur Maman?, t2 - L'avènement
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Aperçu du livre
Maman?, t2 - L'avènement - Maude Rückstühl
Ma petite Fleur…
J’incarne un aigle qui décrit un cercle de protection
autour de sa progéniture.
Et…Au son du beffroi, les archanges et moi fondrons sur le Mal
pour t’arracher à son emprise qui te consume.
Ainsi soit-il.
Tirons notre courage de notre désespoir même.
Sénèque
Chapitre 1
Matrice
Impossible de chasser de son esprit les cinq créatures éthérées qui avaient déserté les caillots de sang expulsés de son utérus. Renata n’en avait parlé à personne. À force, son silence lui saignait les entrailles. De temps à autre, des bouillons sanguins remontaient son œsophage, gagnaient sa trachée comme une boisson effervescente et lui déclenchaient des haut-le-cœur, bien entendu, imaginés. Oui, évidemment imaginés… Et si ses enfants lui remémoraient des terreurs passées, au temps de sa grossesse, elle éludait rapidement le sujet, espérant souvent qu’une météorite frappe leurs souvenirs et détruise cette tranche de vie précise. Des lacérations cauchemardesques marquaient sa mémoire devenue suintante. Un simple battement de cils pouvait entraîner le bruit soudain d’un Polaroïd et libérer un déjà-vu démoniaque. Mais, encore là, Renata en faisait fi, même si, à l’intérieur, un vertige tendait à la paralyser. Pourtant, elle savait…
Qu’ignorer une certitude piétine l’âme.
Existe-t-il pire scénario pour éteindre la lanterne de cet insaisissable corps éthéré ? Une âme privée de lumière s’observe sur le teint, la mine, la posture et l’humeur… publicité bien alléchante pour l’inauguration d’un gîte aux frayeurs ! Évincer ces horreurs de sa tête s’avérait une lutte féroce, épuisante… vaine. La colombe morte, déterrée et déchiquetée ; le cerbère ; la glaciation ; l’attaque de crayon ; la tache de jus et le goût altéré du raisin ; le cauchemar lors de la version externe ; les cinq énormes caillots associés à autant de visages spectraux… L’ensemble contaminait l’esprit de Renata, sabotait son quotidien. Quel bouleversement de songer à l’enfer qu’avait enduré sa petite chérie durant ces neuf mois ! Renata avait conclu que, par jalousie, les démons s’étaient terrés derrière les épreuves gestationnelles – menace de fausse-couche, positionnement inversé, placenta prævia. Certes, les intrus s’étaient ingéniés à faire obstacle à la venue au monde de Luby, mais, à présent, ils étaient partis et ne reviendraient plus. L’amour, entre la fille et sa mère, les avait vaincus. N’est-ce pas ? Pour mériter ce nom, une compétition doit comporter des gagnants et des perdants. Pourquoi, irrémédiablement, craindre la victoire de la perversité sur le bien ? Pourquoi serait-il exclu que l’humain casse les reins aux démons ?
Vois la vérité en face, Renata…
Cesse de jouer à l’autruche !
Nous savons toutes les deux que le retour des âmes malveillantes n’est pas écarté…
Leur méchanceté vibre toujours dans ta matrice…
Tu les ressens, mais tu les ignores…
Oui, c’est ce qui t’affaiblit parfois ou…
Affecte ton humeur.
Elles peuvent tout aussi bien la balancer hors de sa couchette, ta petite Luby.
Oh ! Et si elles l’étouffaient pendant son sommeil ?
Activant le flux de son affolement, une nouvelle interrogation s’ajouta à la dernière : et si le syndrome de mort subite du nourrisson, cette mort mystérieuse, indéfinissable à ce jour, découlait d’une conspiration fantomale visant à s’insinuer dans le corps des bébés pour en étreindre le cœur… ?
Néanmoins, après la ponte des œufs rouges, les médecins avaient fortement conseillé à Renata de rester sous surveillance encore quelque temps. Dans la foulée, l’infirmière en chef du département de maternité avait alerté Daniel : « Elle a perdu de gros caillots. Il serait plus sage de la garder en observation pendant trois jours. » Mécontent, son mari avait fait savoir à sa femme qu’il désapprouvait la dérogation qu’elle avait signée pour devancer son congé. N’empêche qu’à ce jour, les médecins n’avaient relevé la moindre anomalie. Or, Renata, elle, connaissait la vérité, mais elle craignait que la déclarer eût forcé son séjour, en plus de l’exposer au risque d’un transfert dans une aile que tout « fou sain d’esprit » préfère éviter.
Était-ce vraiment un hasard si son utérus avait repris sa taille plus vite que la moyenne, comme si elle n’avait jamais été enceinte ? Comme si elle n’avait servi que de véhicule pour la descente de ces monstres sur Terre…
Le lendemain de son accouchement, pendant que les puéricultrices veillaient aux soins de Luby, Renata en avait profité pour se doucher. Aussi voulait-elle se purifier des angoisses et d’horribles appréhensions qui lui avaient composé une seconde peau au fil des précédents mois, une peau toxique, une gangrène de l’âme.
Un sourire serein avait courbé subtilement ses lèvres alors qu’elle lavait ses cheveux couverts de mousse ; elle se réjouissait de retrouver sa silhouette si rapidement. Jeremy avait dû cogner à sa porte au moins trois fois pour s’assurer qu’elle n’avait pas basculé dans l’inconscience. Elle avait répondu d’un ton guilleret : « Ça va très bien ! »
Plus tard, débit d’eau fermé, Renata avait commencé à se sécher quand Jeremy, s’étant encore enquis de son état, avait ajouté : « Vous êtes sûre ? » Comme sa chevelure opulente lui demandait un soin méticuleux et délicat, elle culpabilisait un peu de monopoliser l’unique douche de l’étage. D’autres mères ressentaient sûrement l’envie de se laver… Renata avait alors usé de diligence et rassemblé sa crinière sur son sein gauche engorgé de lait, afin d’y passer de vifs coups de brosse. Au même moment, on avait frappé à la porte :
— Avez-vous besoin d’aide, madame ? s’était informée une femme, cette fois.
— Non, merci. Mais… est-ce que ma petite fille va bien ?
— Oh, oui. Rassurez-vous. Elle dort.
— Ah ! Désolée d’être lente…
— Non, non. Prenez votre temps, madame. C’est parfait.
À son passage devant le poste de maternité, Renata avait constaté à quel point le personnel, majoritairement féminin, la dévisageait. Certaines expressions brillantes d’émerveillement lui procuraient la sensation d’incarner une reine ; d’autres, en revanche, par leur mine blême et leurs traits neutres la reléguaient dans un rôle de revenante…
Les heures suivantes s’étaient avérées mouvementées pour Luby, mais surtout pour sa mère : de la paperasse de routine à remplir, mais aussi de nombreuses palpations de son abdomen et autant d’observations de ses fonctions vitales.
— Votre utérus reprend sa taille vraiment vite, avait remarqué Jeremy. Incroyable. Vous devez être en très grande forme. Quel genre d’entraînement faites-vous ?
— Euh… être mère au foyer, est-ce considéré comme un sport ? J’ai l’impression de courir constamment ! avait lancé Renata à la blague.
Tout en notant dans son cahier, le jeune homme avait souri. Puis, toute gaieté avait disparu de son visage :
— Hum, j’ai encore une question pour vous.
— Oui ?
— Vous n’avez pas ressenti d’engourdissement dans les jambes ? Des douleurs ?
— Non.
— Très bien. C’est important de marcher, ou au moins de remuer les orteils et les chevilles, pour faciliter une bonne circulation sanguine.
— Euh… Jeremy ?
Sans détacher les yeux de son bloc-notes, il l’écoutait.
— Quelle était la cause des gros caillots que j’ai perdus ?
Cette fois, il s’était détourné de ses écrits et avait répondu d’un haussement d’épaules :
— Je ne sais pas. Vous récupérez plus que bien, votre pression est parfaite. Vos pertes sanguines sont normales… Le gynécologue qui a suturé vos déchirures viendra vous voir plus tard, cet après-midi. Vous pourrez en discuter avec lui, si vous le souhaitez.
Ce même soir, le gynécologue en question avait pétri le ventre de Renata pour en expulser tous les résidus sanguins possibles. Puis, à l’aide de son spéculum vaginal, il avait exploré les parois du temple pour valider l’absence de lésions. Ensuite, il avait posé à Renata une rafale d’interrogations implicites qui visaient, en réalité, à tester sa lucidité. Il lui avait ensuite accordé son congé pour le lendemain, jugeant son rétablissement favorablement. Au demeurant, la demande de Renata sur la cause des cinq énormes caillots avait provoqué chez le médecin une vague réaction : un haussement d’épaules. À la différence du jeune infirmier, l’obstétricien avait tenté de clouer le bec de Renata en lui conseillant de ne plus s’inquiéter avec ça.
— Ben… ils contenaient quand même des embryons morts, avait-elle insisté.
Le torse du toubib avait pris de l’expansion sous son sarrau.
— Ça peut arriver…
Il avait semblé masquer son scepticisme par une indifférence sereine. L’impatience avait commencé à tendre les nerfs de Renata.
— Et avec toutes les échographies que j’ai eues, pourquoi ne les a-t-on pas vus ?
Je veux dire… on parle de cinq êtres vivants, tout de même !
— C’est normal. Ils n’ont jamais grandi. À quatre semaines et moins, on utilise l’échographie vaginale. Donc, cela expliquerait qu’ils n’aient pas été dépistés aux échographies de routine.
— J’ai eu une échographie vaginale vers la quatrième semaine de grossesse, lui avait-elle rappelé.
— Hum, hum, oui. Pour s’assurer que le cœur de votre bébé battait. Par contre, les cinq embryons étaient déjà décédés. Il n’y a rien de surprenant à ce que l’échographe n’ait pas relevé leurs présences.
— D’accord. Mais comment se fait-il que je n’aie pas eu une infection ou un rejet ? C’est bizarre, non ?
— Oui, absolument. (Il avait soulevé les sourcils, croisé les bras, l’air d’exprimer son ennui à l’écouter poser dix mille questions auxquelles sa science ne savait répondre.) L’important, c’est d’avoir un poupon et une maman en santé. L’histoire s’est plutôt bien terminée, non ?
Renata avait tourné la tête vers Luby, endormie au creux de ses bras. À quoi bon s’acharner ? Espérait-elle le voir tirer une carte de sa grande poche blanche sur laquelle il serait inscrit : « Investigateur en résidus fantomatiques malsains certifié par la Société des Crimes d’Esprits Contre Mères et Nouveau-Nés » ?
— Oui, vous avez raison, s’était résignée à répliquer Renata.
— Bien. À votre place, madame Holloway, je regarderais l’avenir florissant qui s’offre à vous.
— Avez-vous gardé les… ?
— Non, avait-il tranché, catégorique.
— Même pas pour les étudier ?
— Non. Bon, maintenant, avez-vous d’autres questions avant de signer la feuille de congé pour demain ?
Après avoir secoué la tête d’un air dépité, Renata avait gribouillé vite fait sa signature au bas du formulaire.
-
Dans la voiture, au retour à la maison, elle avait discuté de la perte des caillots avec Daniel, question de sonder son point de vue sur le mystère.
— Hier, une infirmière m’a téléphoné. Elle m’a demandé plein d’informations sur toi.
— Ah oui ? Lesquelles ?
— Elle voulait savoir si tu étais toujours aussi pimpante, normalement. Énergique. Je lui ai répondu oui. Et quand je l’ai questionnée sur la raison de l’appel, elle m’a dit que tu avais perdu beaucoup de sang : de gros caillots… (Il avait murmuré pour ne pas être entendu des enfants assis à l’arrière.) avec des embryons dedans. (Il avait ensuite repris un ton de voix normal.) Elle m’a dit de te surveiller, parce que les médecins ont cru à une thrombose.
— Aaah ! C’est donc pour ça que Jeremy ne cessait de s’informer de mon état quand je me douchais.
— Oui, ils flippaient littéralement, avait marmonné Daniel. C’est tout de même bizarre, cette histoire d’embryons…
Sa version ne faisait qu’appuyer la thèse d’esprits jaloux.
Renata Holloway les avait portés et avortés sur Terre. Elle avait accouché de bombes à retardement, de cinq cataclysmes diaboliques et Luby en était le cœur…
Chapitre 2
Quand la lumière est éteinte, les ténèbres se régalent…
Quelques semaines étaient passées depuis l’arrivée de Luby dans son nouveau foyer. Les parents avaient instauré une routine d’endormissement afin d’habituer la petite à sa couchette dès les premiers jours. Lorsque Luby demandait la tétée, Daniel ou Renata se levait pour la prendre et l’amener dans leur lit. Ainsi, la mère pouvait récupérer un peu de sommeil, le temps de l’allaitement. Normalement, à l’âge de Luby, les aînés avaient pleuré jusqu’à ce que la première goutte de lait blanchisse leur langue ; or, la nuit précédente, un phénomène insolite avait ravivé les inquiétudes de Renata…
Daniel ronflait malgré les plaintes incessantes de Luby. Elle avait alors allumé sa lampe de chevet et s’était extirpée du lit. Inconsolable, l’enfant sanglotait au point de s’étouffer.
— Chhhhhut, tout va bien, ma chérie. Tout va bien. Maman te conduit dans sa chambre et tu pourras boire, lui avait chuchoté Renata à l’oreille.
Malheureusement, les doux murmures n’avaient su tarir la détresse du bébé. Renata craignit une crise de coliques. Elle avait donc déposé sa fille au centre du lit et s’était hâtée de détacher le bonnet de son soutien-gorge d’allaitement. Elle avait constaté l’arrêt immédiat des pleurs, tout en s’étendant sur le côté. Couchée entre Daniel et elle-même, la petite avait écarquillé des yeux insondables. Son acuité visuelle, quoiqu’encore un peu déficiente, ne semblait pas l’empêcher d’apprécier la couleur des murs, les reliefs du plafonnier, le reflet lumineux sur les cadres photo des enfants… Soupirant, Daniel, à moitié endormi, avait demandé à sa femme de fermer la lumière.
— Oui, bien sûr, lui avait-elle répondu, toujours mystifiée par le regard curieux que portait Luby sur son environnement.
Elle avait tiré sur la cordelette de la lampe de chevet et Luby s’était aussitôt remise à pleurer. Ces lamentations n’avaient rien à voir avec la douleur ou la fatigue. Non. Sa mère avait su immédiatement y déceler des vibrations d’épouvante, voire de terreur. Daniel, maugréant, s’était redressé à demi sur un coude et avait allumé la lampe de son côté. Le bébé avait cessé ses hurlements. Son père lui avait rappelé doucement que la nuit était conçue pour dormir, que cela lui plaise ou non. La petite l’avait observé avec le même air émerveillé.
— Très bien. Bonne nuit, Luby, avait-il d’un ton irrévocable, avant d’éteindre.
Ce coup-ci, Luby avait réagi d’une plus forte crise.
— Ah non ! C’est pas vrai ! s’était plaint Daniel, alors que la pénombre découpait son profil pointé vers le haut.
— Attends, avait dit Renata. Laisse-moi essayer un truc.
Il lui avait suffi d’éclairer la pièce pour faire taire Luby sur-le-champ. Une déduction s’était imposée, même pour l’esprit cartésien de son mari : leur fille ne s’affolait qu’une fois la lampe éteinte. Ainsi, pour appuyer sa théorie, Renata avait alterné plusieurs fois entre l’obscurité et la clarté, opération qui supposait fortement que quelque chose d’invisible pour les parents effrayait Luby. D’abord perplexe, Daniel avait reproduit consécutivement la séquence d’actions. Le résultat s’était avéré identique : lumière = Luby calmée. Noirceur = Luby paniquée.
Flattant la tête duveteuse de son bébé, Renata s’était hasardée à aborder le sujet des fantômes.
— Et si des ombres malfaisantes fonçaient sur elle quand il fait noir ? Voilà pourquoi elle pleure. Elle est morte de peur. Et au contact de la lumière, les esprits malveillants se désagrégeraient.
Daniel avait roulé sur le dos, mains derrière la nuque. Pensif, il avait rivé son attention au plafond.
— Ouf ! Tu vas un peu trop loin, là.
— Mais c’est vrai ! Avoue que, depuis sa naissance, elle accepte difficilement de dormir sans lumière. Elle ouvre de grands yeux et regarde partout, tout le temps, comme si elle voyait des choses invisibles pour nous.
Sceptique, comme à son habitude, Daniel s’était gratté le crâne, la mine dubitative, sur le point de reconnaître la valeur du point de vue de sa compagne.
Il n’y a pas plus aveugle que celui qui refuse de voir, avait-elle songé, frustrée.
— Et les orages ! avait-elle ajouté en révisant le fil de ses observations. Tu as remarqué que Luby montre de l’angoisse quand il y en a ? Elle supporte moins qu’on la laisse seule. Elle demande plus souvent à téter et, pourtant, elle ne boit pas plus.
Daniel avait regardé Renata en fronçant les sourcils. Son expression frôlait la nonchalance :
— Ouais, comme la majorité des enfants en temps orageux.
— Oui, mais c’est un bébé. Elle ne devrait pas avoir conscience de la peur qu’inspirent le tonnerre ou les éclairs…
— Possible…, avait fait Daniel, en se tournant sur le côté, une portion de visage fripée par sa paume. Où veux-tu en venir avec ça, au juste ?
— Les orages signalent peut-être une invasion de mauvais esprits, là où ils frappent…
— Pff ! OK, ça suffit. Tu es en train de te monter la tête avec ces histoires. Ce que tu as besoin, c’est d’une bonne nuit de sommeil. Rien de tel pour remettre les idées en place. (Il avait bâillé de façon disgracieuse.) En tout cas, moi, je tombe de fatigue.
Le prosaïsme de Daniel durcissait le cœur de Renata. Elle maudissait sa mentalité étriquée. Effervescente, une frustration avait pétillé sur ses lèvres serrées, tandis qu’elle le fixait.
— On fait quoi ? avait-il persisté. Peur ou pas, on ne peut laisser un nourrisson de quatre semaines veiller toute la nuit. Luby en prendra une fâcheuse habitude et, avec mon travail, je rentrerai complètement crevé, le matin. Et toi, le jour avec les enfants, tu dormiras debout. En plus, le sommeil des trois plus vieux ne doit pas être terrible…
— Dors donc. Moi, je ne suis pas fatiguée, avait tranché Renata, en ouvrant sa lampe de chevet. Je vais essayer de l’endormir.
Daniel avait tout de suite saisi l’occasion de s’affranchir de son rôle de père, sans s’efforcer de pacifier l’esprit de sa femme. Il s’était retourné et avait étiré le bras pour attraper la cordelette de sa lampe. Cependant, la contemplation de son adorable fille avait soufflé la frustration de Renata au loin ; fille qui la regardait avec tant d’amour. Les ronflements de Daniel avaient vite résonné dans la chambre.
— Que se passe-t-il, mon ange ? avait murmuré Renata tout près du visage de Luby. De méchantes âmes te font peur ? Ne t’inquiète pas. Tant que je serai là, elles ne pourront pas t’atteindre. Je te le promets. Tu es en sécurité avec moi. D’accord ? Même si la lumière est fermée et que les méchantes entités essaient de te faire peur en te menaçant, elles n’y parviendront pas. Elles ne sont pas aussi fortes que toi, car elles ont perdu la course. C’est toi, la championne. (Dans le vide, Renata avait promené un regard menaçant.) Et je te jure qu’elles devront me passer sur le corps avant de te faire du mal. Maintenant, ma chérie, je vais fermer la lumière, car c’est la nuit et il est temps de dormir. Je vais t’allaiter et j’irai te porter dans ton lit, d’accord ?
Par le regard soutenu de sa mère, Luby avait semblé comprendre toutes les paroles. Elle avait paru boire chacun des mots, sans broncher, sans s’agiter. Une communion indéfectible circulait entre l’enfant et la mère, parfumé d’une profonde tendresse et bâti sur une confiance inébranlable, à l’épreuve des ressentiments ou de la colère ; traces de l’édification de leur communion extraordinaire, amorcée le 1er février de l’an dernier.
En fermant la lampe, Renata avait répété à son bébé des mots rassérénants :
— N’oublie pas. Tu es en sécurité avec moi.
Tout en douceur, Renata s’était allongée sur le côté pour nourrir Luby.
Une fois l’enfant repue, sa mère l’avait déposée dans sa couchette, auprès de Boubou, son hibou peluché offert à sa naissance. Flattant les cheveux fins, comparables au duvet d’une chouette, Renata n’avait pas manqué pas de rassurer à nouveau son enfant, et avait regagné le lit conjugal.
Luby avait passé le reste de la nuit sans pleurer.
Chapitre 3
La ronde des ombres
Les prémices de l’aurore brillèrent sous les félicitations de Renata à son petit ange pour avoir dormi pendant quatre heures d’affilée. Elle comprend vraiment tout ce que je lui dis, en déduisit-elle, un regard songeur et amoureux s’égarant dans la beauté de sa fille. En cette matinée de la fin juin, Daniel raccompagna Érica et Mallory à la jonction de l’allée et de la chaussée, pour attendre le bus scolaire. Le trajet qui séparait la résidence de la rue serpentait à travers bois et, lorsque les aînées empruntaient le chemin pour rejoindre la route, elles échappaient à la vigilance des adultes rapidement. Trop rapidement… Renata s’inquiétait encore, même après quelques années. Dieu sait ce qu’il pourrait survenir ! Un animal ? Un maniaque à l’affût ? La balle perdue d’un chasseur ? Si elles criaient, personne ne les entendrait. Heureusement, depuis son changement de poste, Daniel avait pris l’habitude de les reconduire à un abribus, érigé avec l’aide de son indispensable assistant de quatre ans, à l’époque.
Tommy commencerait la maternelle dans un peu plus de deux mois. Sa mère redoutait cette étape, qu’elle concevait comme une sorte de fatalité. En revanche, son fils percevait, dans le commencement de ce chapitre, l’occasion de renouveler ses jeux et de créer des liens d’amitié avec des petits garçons de son âge. Son enthousiasme la consolait.
En se refermant, la porte d’entrée ébranla les murs. Daniel rentrait avec Tommy : le signal pour s’atteler à la préparation du petit-déjeuner. Cependant, Renata allaitait toujours Luby. Confortablement installés dans le lit marital, maman et nourrisson profitaient de la douce caresse de la clarté orangée qui s’infiltrait par le créneau des rideaux entrouverts. Des pas, au rythme moyen, plus pesants que ceux du benjamin, martelèrent l’escalier, puis se précisèrent au seuil de la porte.
— Coucou, chérie, murmura Daniel, en se faufilant doucement dans l’entrebâillement du battant. Ah ! Elle boit constamment, cette petite gourmande ?
— Oui.
— Est-ce que tu prendras le petit-déjeuner avec nous ?
— Je suis crevée, mais oui…
— Ah ! Et, en passant, je sais que ce n’est pas une nouvelle qui te réjouira, mais je préfère que tu l’apprennes par moi que par Adam, ou quelqu’un d’autre.
— Quoi ?
— Adam m’a laissé un texto ce matin. Il y a une visite prévue cette semaine pour la maison des Liverpool.
— Non… ne me dis pas que quelqu’un l’achètera !
— Ben, elle est à vendre. Après tout, elle n’est pas si mal, quand même… une fois retapée…
Renata échappa un grognement.
— Je savais que nous aurions dû acquérir ce terrain ! Maintenant, nous sommes aux prises avec un véritable problème ! Ce pourrait être des gueux ou des drogués… je ne sais pas, moi, de jeunes voyous qui feront la fête tous les jours… Au fait, lui as-tu demandé des informations sur les personnes intéressées ?
Daniel réagit à la négative. Il haussa les épaules et répondit que, de toute façon, quand les gens se rendraient compte de l’état délabré de la maison et qu’ils devraient partager l’entrée avec eux, ils renonceraient peut-être à l’achat.
— Oui, tu as raison. Ça ne sert à rien de…
La porte s’ouvrit lentement. Tommy pointa timidement le bout de son nez :
— Papa, j’ai fait les rôties. (Il regarda sa mère et lui sourit avec affection.) Allo, maman. Allo, Luby.
— Salut, mon ange, et merci pour le petit-déjeuner.
Le retour au travail de Daniel était prévu le lendemain et Renata se demandait avec quel talent de gestionnaire elle parviendrait à tenir le coup entre allaitement, repas, discipline des enfants, tâches ménagères, et écriture. Elle projetait également de se mettre à la course à pied, pour perdre les quelques kilos restants accumulés pendant la grossesse. Galoper lui permettrait de voler, d’évacuer par ses pores l’acide corrosif de son âme. Coupant court aux pensées de sa femme, Daniel pria Tommy d’attendre au salon, l’assura qu’il arriverait dans quelques minutes. Le petit garçon lui obéit et prit l’initiative d’apporter les assiettes sur la table.
— Qu’y a-t-il, chérie ? s’enquit Daniel en s’asseyant sur le lit. Ça te déprime à ce point l’idée que des gens viennent habiter à côté ?
— Oui, un peu, mais il n’y a pas que cela… J’aimerais recommencer la course, mais demain tu recommences à travailler et je ne me sens pas à la hauteur pour tout conjuguer : enfants, écriture, sport, allaitement, tâches… je ne sais pas comment je ferai. Et avec l’arrivée des vacances scolaires dans une semaine, ce sera un véritable enfer sur terre.
Au même instant, Luby lâcha son sein et l’observa de ses yeux abyssaux. Renata eut soudain l’impression que ses prunelles plongeaient dans le bassin de son cœur pour y pêcher ses émotions les plus secrètes. Elle semblait lui dire : « Ce sera si pire que ça, maman ? Mais non, ne t’en fais pas, tout ira bien. »
— Je suis sûr que tu te débrouilleras très bien. Certes, il y aura un petit temps d’adaptation, comme l’apporte tout
