UN SOUPER, SEPT SERVICES
Par Nathalie Piché
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À propos de ce livre électronique
Un souper, sept services
L’histoire ordinaire de gens extraordinaires
Anne-Soleil Léveillé et Manu Légaré sont les parents des jumeaux Anouk et Marc-Olivier. Ce couple affronte la vie avec et contre vents et marées d’une façon extraordinaire. Ensemble, ils sont plus forts que tout.
Dominique Gendron (Éric Muloin, divorcé) et Bryan Wilson gèrent leur famille recomposée du mieux qu’ils peuvent. Marilou et Chloé, les filles de Dominique ainsi que Benjamin, Fanny et Léo, les enfants de Bryan, leur en font vivre de toutes les couleurs.
Nancy Breton et Robert Plante sont les parents d’un fils unique, Ulrich. Entrepreneurs en graphisme, ils savent s’occuper de leur compagnie comme pas un, mais la maladie s’acharne sur eux comme la peste.
Martine Gagné et Michel Boulay, affectueusement surnommés M&M, sont les parents de quatre enfants, Alex, Simon, Béatrice et Raphaël, ainsi que les propriétaires d’un chien, deux chats, deux hamsters, six poules et quatre poissons rouges. Cette garderie/zoo les occupe à temps plein.
Johanne Pinsonneault et Jean-Marc Pinson sont des voyageurs émérites, les vingt ans qui les séparent ne les gênent pas le moins du monde. Leur fils Olivier suit leurs pas avec sa filleule Audrey, de trois mois plus jeune que lui !
Francis Jeté, célibataire et père d’Angélique, Camille et Jonathan, s’occupe de ses enfants comme pas deux. Divorcé d’une femme bipolaire et superficielle, il profite de son petit-fils, Sacha, avec le plus grand bonheur.
Jacinthe Pinsonneault (Conrad Légaré, décédé), jumelle identique de Johanne, veuve et maman de Samuel, Ève et Christopher à temps plein, passe au travers des embûches de la vie d’une façon remarquable. Son rôle préféré ; être grand-mère de Sacha, le fils de Samuel et Angélique.
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Aperçu du livre
UN SOUPER, SEPT SERVICES - Nathalie Piché
¹, hein ?
— Chéri, si jamais tu t’échappes devant Jean-Marc et Johanne, je te divorce !
— Quoi ? Je t’énerve, puis là, tu veux me divorcer ?
Je m’approche et je lui fais une grosse caresse en lui donnant un baiser rapide en m’allongeant le plus possible sur la pointe des pieds, du plus haut de mes 5′ 2″, pour l’embrasser sur ses lèvres pulpeuses.
— Fais juste attention, je crois qu’ils pourraient être froissés s’ils savaient que tu les appelles les Pincés !
— Ils ne seraient pas froissés, ils seraient pincés, P-I-N-C-É-S ! épelle-t-il à haute voix. Tu ne suis pas du tout la conversation, mon amour, es-tu stressée ? qu’il me répond du tac au tac toujours avec ce sourire fendu jusqu’aux oreilles en m’embrassant tendrement à l’oreille ! Ça me calme et m’énerve à la fois.
J’ai des frissons qui traversent tout mon corps en entier. Ses mains baladeuses descendent doucement le long de mon dos pour s’arrêter sur mes fesses. Il en profite pour me serrer contre lui pour que je puisse sentir son excitation monter doucement en lui.
— Euh nenon monsieur le maniaque du sexe, les invités vont arriver d’une minute à l’autre ! que je taquine tout en le repoussant. Il me fait la plus belle moue tout en s’en allant dans la salle de bain, la queue entre les deux jambes. (Pouhahahaha, c’est le cas de le dire.)
— Je me demande si Martine aura fait des mises en bouche ou une entrée chaude, que je dis à voix haute en haussant le ton pour qu’il puisse m’entendre de la salle de bain.
— Euhhhh, des mises en bouche chaudes ?
— Hey, ce n’est pas fou, tu es plus intelligent que tu en as l’air, mon chéri !
— Bon ça y est, je t’énerve, tu veux me divorcer, puis là, tu dis que je n’ai pas l’air intelligent ! Pourquoi m’as-tu marié ? En sortant sa tête de la salle de bain avec un beau sourire craquant dans la face et en me faisant un clin d’œil.
Il va finir par m’énerver réellement !
— En passant, vendredi au hockey, Robert m’a demandé si on avait fait exprès pour qu’ils pigent le service de trou normand. Apparemment, Nancy n’arrête pas de dire que c’est un service qui n’est pas suffisant par rapport aux autres services !
— Que lui as-tu répondu ? que je lui demande en me tortillant un peu les mains ensemble.
— Bien, comment peux-tu t’arranger pour qu’ils pigent spécifiquement un service plus qu’un autre ? C’est ça que je lui ai dit ! me répond-il tout en observant mes mains.
Je le regarde avec mes plus beaux yeux en espérant qu’il ne s’aperçoive pas de mon malaise. Shit, ça ne fonctionne pas ! Depuis notre thérapie de couple, cet homme voit tout simplement à travers moi, comme un livre ouvert.
— Anne-Soleil Léveillé, qu’est-ce que tu as fait ?
— Rien, j’ai rien fait, pourquoi tu dis ça ?
— Mon amour, tu tortilles tes mains quand tu mens !
Et merde, note à moi-même, arrêter de tortiller mes mains !
— Bon, ce n’était pas réellement mon idée au départ, mais j’étais d’accord ! que je lui explique.
— Dominique, j’imagine ?
Dominique Gendron est ma meilleure amie, depuis le primaire. Nous avons été coloc au cégep à Montréal avec Robert Plante, aussi un ami d’enfance et maintenant, nous habitons une à côté de l’autre depuis longtemps. Nous sommes plus des sœurs d’âme que des amies. Nous prenons notre marche tous les matins dans notre beau petit village de plus au moins 5500 habitants et dans ces moments, il nous vient toutes sortes d’idées en tête tout à fait géniales ! Comme s’assurer que Nancy et Robert auront le service le plus simple et le moins coûteux cette année.
— Disons que Dominique et moi, on a préparé deux chapeaux identiques. Puis un ne contenait que le service de trou normand et l’autre, tous les six autres services !
— Vous n’êtes pas possible vous deux ! Et pourquoi ne me l’as-tu pas dit ? me demande-t-il. Parce que tu croyais que je m’échapperais ?
— Mon chéri, avec une couple de bières dans le corps, ta langue se défait assez vite, merci !
— Euh, je te rappelle que je n’ai jamais appelé les Pinson/Pinsonneault, les Pincés et que je n’ai jamais révélé notre affaire ! exprime-t-il en étant un peu vexé.
Manu fait encore sa fameuse moue. Je m’approche et le serre tendrement contre moi par-derrière, car par en avant, c’est trop dangereux ! Et je lui rappelle toutes les autres fois où il n’a pas tenu sa langue.
— D’ailleurs, il y a une des deux affaires qu’il va falloir révéler ce soir ! me dit-il
— J’opte pour les pincés !
— Très drôle ma chérie, mais on a besoin d’aide et je suis certain qu’ils vont nous supporter à 400 %.
— Je sais, mais c’est dur tout ça !
— Tu es belle, tu es forte et tu es capable !
— On va attendre le bon moment et de toute façon, on n’a pas le choix !
— Il faut penser positif, ma chérie.
— On dirait entendre Jacinthe !
— Ouin, tu as peut-être un peu raison ! C’est bien parce que tu me menaces sans cesse de me divorcer que je ne dis pas à Johanne et Jean-Marc qu’ils sont un peu pincés ! Ça les décoincerait peut-être ?
Je lui donne un coup sur le bras.
— Je te rappelle, Manu Légaré, que mes parents étaient exactement comme eux quand j’étais jeune et que, malgré tout, je considère m’en être bien tirée !
— C’est ce que tu penses, mon amour !
Un autre coup sur le bras.
— Ça y est, elle me bat maintenant ! crie-t-il.
— Manu… TU M’ÉNARVES.
— JE T’ÉNARVES, qu’il crie simultanément avec un clin d’œil.
La sonnette de la porte retentit au même moment où on se donne un petit bec en pincette.
Je me demande pourquoi Dominique n’est pas encore arrivée. Et c’est sûr que ce n’est pas elle à la porte, car Dominique ne sonne jamais. Elle m’avait pourtant dit qu’elle arriverait plus tôt pour s’installer à faire son repas principal chez nous. Elle a peut-être changé d’idée !
— Chéri, peux-tu aller ouvrir s’il te plaît, je vais sortir les plateaux pour les hors-d’œuvre de Jass.
Manu ouvre la porte pour accueillir Jacinthe et Francis qui ont les bras bien remplis.
— Anne-Soleil ! Jass et Frank sont là, crie-t-il à tue-tête.
Euhhhh, Jacinthe et Francis qui arrivent en même temps ! Hum, je me demande si c’est le cupidon en moi qui fait aller son imagination ou bien, n’est-ce qu’une coïncidence ? Je crois sincèrement qu’ils feraient un beau couple !
— Franky boy ¿Cómo estás? demande mon dominicain préféré à Francis.
Manu serre chaleureusement Francis dans ses bras tout en le débarrassant de ses deux emballages de Guinness qu’il prend de sa main droite. Il embrasse tendrement Jacinthe sur les deux joues et de sa main gauche, il prend la boîte de verres, ainsi que le plat Tupperware qu’elle tient elle-même à deux mains.
— Comment vas-tu, ma belle ? lui demande-t-il.
— Ça va super bien et toi ? Je vais aller chercher le sac de boisson dans ma voiture.
— Laisse faire, je vais y aller. Manu, mets la bière au froid et Jacinthe, va préparer tes hors-d’œuvre, je suis affamé ! explique Francis.
Francis fera deux voyages pour apporter le sac de boisson de Jacinthe, ses croûtons
² et son gros chaudron de soupe.
Après avoir embrassé Jacinthe et Francis, je débarrasse ce dernier de sa charge et je pose le chaudron de soupe sur la cuisinière en allumant le feu à basse température pour la réchauffer sans la faire coller.
— Comment ça, vous êtes arrivés ensemble ? je leur demande.
— Anne-Soleil, il faudrait aussi partir le four, j’ai des croûtons à faire griller, m’annonce Francis en évitant la question.
— Wow, des croûtons, tu t’es lâché lousse ! que je réponds, en lui faisant un clin d’œil.
Je pars le four de la cuisinière et lui demande à combien. C’est Jacinthe qui me répond ! Bizarre quand même ! Je me dirige vers le comptoir pour tenter d’aider Jacinthe à préparer ses petites bouchées et les Dirty Martinis
³. Elle déteste qu’on l’aide, mais je vais tout de même lui offrir mon aide.
— Et puis comment vas-tu aujourd’hui Jass ? que je lui demande en sortant les verres de la boîte que Manu a laissée sur le comptoir.
— Ça va, ça va, mais je me sens super coupable d’avoir oublié ce matin que ça faisait dix ans que Conrad est décédé ! C’est sa mère qui me l’a rappelé en m’appelant ce midi en me demandant comment j’allais. Tu sais, il était et sera toujours le père de mes trois petites merveilles et je ne pourrai jamais l’oublier dans mon cœur, mais je crois qu’il est temps que je passe à autre chose !
— Wow, belle attitude. Disons qu’il est à peu près temps que tu penses à toi, ma belle !
— Tu le penses vraiment, tu crois que Conrad approuverait ?
— Je crois que oui, mais tu sais, ce n’est pas sa décision, c’est la tienne !
— Ouin, en tout cas, il serait fier de ses enfants, je crois avoir fait une pas pire job là-dessus !
— Pas pire job, tu dis ? Franchement, Jass, tu as les meilleurs enfants du monde. Tu as consacré les dix dernières années de ta vie à élever ces enfants-là, sans jamais te plaindre, sans jamais regarder les sacrifices, les heures et le dévouement et en mettant ta carrière de côté. Je dirais plutôt que tu as fait un travail extraordinaire !
— Tu penses que j’ai les meilleurs enfants du monde, mais tu es donc bien fine toi !
Je lui fais un gros câlin et l’embrasse tendrement sur la joue.
— Je le crois sincèrement, Jacinthe. Puis en plus, tu as le plus beau petit-fils qu’une grand-mère puisse avoir !
— Ha ça, tu peux être certaine que c’est vrai.
— Je seconde, s’écrie Francis avec du pur émerveillement dans la figure.
Jacinthe et Francis ont des étoiles dans les yeux quand on parle de Sacha. Le fils plus vieux de Jacinthe, Samuel et l’aînée de Francis, Angélique, ont mis au monde, il y a deux ans, un magnifique petit trésor. Toute la gang est complètement gaga de ce petit bout de chou, même nos enfants ! Ils se disputent à tour de rôle pour le garder. Samuel et Angélique n’ont jamais eu de problème de gardienne !
— Peut-être que je pourrais consacrer les dix prochaines années de ma vie à mon petit pou ?
— Pouhahahaha, tu es drôle ! Pourquoi ne pas écrire une suite à tes livres ? Sacha va capoter sur tes contes, Jass !
— Ce n’est pas fou ! affirme-t-elle, songeuse.
— En tout cas, je suis fière de toi, mon amie. Manu pensait qu’il faudrait te saouler ce soir pour te faire oublier la mort de Conrad !
— Mouhahahaha, puis j’imagine que tu lui as crié TU M’ÉNARVES ! quand il t’a dit ça ? me demande Francis.
— Pfffft, de quoi tu parles ? je lui dis en feignant l’ignorance.
— Combien de fois lui as-tu dit ce soir ? me demande Jacinthe.
— Je ne sais vraiment pas de quoi vous parlez vous deux !
— Oh boy ! marque Jacinthe en roulant ses yeux au ciel comme un ange.
La sonnette retentit encore une fois, mais je sais que Manu va s’en occuper, donc nous continuons la préparation des martinis. Je lui offre le plateau pour les hors-d’œuvre, qu’elle prend soigneusement dans ses mains.
— C’est drôle que tu fasses des martinis, car Johanne m’a demandé exactement la même chose que toi !
— Hein ?
— Ouais, elle m’a demandé si j’avais des verres à martini, car elle n’en avait que six ! Je lui ai répondu que oui, j’en avais six, mais que tu m’avais annoncé que tu faisais des dirty martinis.
— Bien voyons ! Elle n’a pas fait des martinis elle aussi, ça ne se peut pas, elle m’a demandé si j’avais des verres à champagne !
— Bien, j’en ai plein des verres à champagne, on m’offre toujours ça en cadeau !
— C’est peut-être parce que tu les brises tout le temps !
— C’est peut-être parce que c’est trop fragile ! je lui réponds, du tac au tac.
— Où parce que tu aimes beaucoup les bulles ? Puis c’est ce que j’ai dit à Johanne, que tu en avais plein.
— Anyway, je ne comprends pas, pourtant, c’est juste un drink avec le service, pas deux !
— Ça serait le bout de la marde qu’elle ait deux drinks, j’aime ma sœur, mais il faut toujours qu’elle en fasse un peu plus !
— Relaxe bella, il y a sûrement une explication ! Chéri, qui arrive ? que je crie à Manu. Même si je vois la porte et les nouveaux invités qui arrivent.
— Nan, Bob, Jo et JM, me répond-il en criant bord en bord de la maison. Holà, la compagnie ¿Cómo estás? demande joyeusement Manu aux deux couples qui arrivent en même temps.
On fait un sacré couple de beaux, nous deux, deux criards !
À ce moment, Nancy, Johanne et Jean-Marc nous rejoignent dans la cuisine et Robert nous salue à sa façon, de l’entrée. Johanne me remet un beau bouquet de fleurs roses, ma couleur préférée.
— Salue les chix, crie Robert de l’entrée en déposant sur la table d’entrée, les verres pour le trou normand avec l’aide de Manu.
— Salut Robert, crions-nous à l’unisson, Jacinthe et moi.
Francis rejoint Robert et Manu dans le salon tout en sirotant son verre de martini, donne la main à Jean-Marc en passant et fait un Fist bump à Robert.
— Bonsoir mesdames, s’exprime Jean-Marc soigneusement en nous embrassant à tour de rôle. Comment allez-vous ce soir ? toujours aussi poliment.
— Très bien, merci, Jean-Marc, répond Jacinthe.
— Ça va bien, merci Jean-Marc, auquel je réponds simultanément. Sa politesse ne peut faire autrement que la nôtre est imminente.
— Puis-je vous aider ? nous demande-t-il gentiment.
— Tu pourrais apporter les Dirty Martinis aux gars, mon charmant beau-frère, s’il te plaît !
— Avec le plus grand des plaisirs, lui répond-il avec un beau sourire.
Jean-Marc apporte deux Dirty Martinis à Robert et Manu et revient pour le sien.
— Si vous n’avez pas besoin de mon aide, alors, je vais aller rejoindre le reste de la meute, nous dit-il, tout en nous souriant et en prenant une gorgée de son martini. Hum, Jacinthe, super ce martini !
— Merci, cher beau-frère, mais attends de goûter à mes hors-d’œuvre ? lui répond Jacinthe.
— Slàinte mesdames, ajoute-t-il en cognant son verre aux nôtres en prenant soin de nous regarder bien dans les yeux.
C’est la politesse, selon lui, de regarder dans les yeux quand on fait un tchin. De plus, Jean-Marc parle toujours dans la langue où il a fait son dernier voyage. Cette fois-ci, c’était l’Irlande. Il recommencera avec les garçons dans la salle à manger. Les gars répondent tous en chœur Slàinte.
De notre côté, on commence à préparer le premier service de notre soirée, les hors-d’œuvre de Jacinthe. Plutôt, on regarde Jacinthe les préparer, car elle ne veut pas que nous l’aidions – je suis capable – qu’elle nous assure ! Francis nous rappelle qu’il est affamé et que de boire sur un ventre vide, ce n’est pas une bonne idée, à moins que Manu et moi voulions avoir du monde à coucher ce soir !
— Qu’est-ce que je peux faire les filles ? demande Nancy.
— Rien, s’exclame Jacinthe, j’ai tout préparé ce matin pour que ce ne soit pas trop compliqué. Est-ce que tu peux prendre un bon dirty Martini ? lui demande-t-elle en pensant qu’elle est superbe avec son foulard.
— Ce n’est pas vrai que je vais m’empêcher de boire ce soir, la vie est trop courte pour s’empêcher de profiter des petits plaisirs de