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Oracle, Magie & Co - T2 La Quête: Oracle, Magie & Co, #2
Oracle, Magie & Co - T2 La Quête: Oracle, Magie & Co, #2
Oracle, Magie & Co - T2 La Quête: Oracle, Magie & Co, #2
Livre électronique325 pages4 heures

Oracle, Magie & Co - T2 La Quête: Oracle, Magie & Co, #2

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À propos de ce livre électronique

Moi c'est Dick, fantôme lié à Sybille, une médium puissante qui vient de découvrir ses pouvoirs. Avec sa meilleure amie (la morue), un hacker et un flic, on s'est embarqués dans une quête pour déjouer un complot magique de grande envergure dont son chéri, Dimitri, un Mage paria est victime. Mais on a beau tirer un fil, la pelote n'en finit pas !
Là, on se retrouve en Louisiane avec des découvertes et des rebondissements dans tous les sens ! Franchement, dès qu'on trouve une réponse, cela apporte un nouveau lot de questions ! De quoi en manger mon Borsalino, Grrr !
Nom d'un caïd, mais qui se cache derrière tous ces meurtres depuis cent-vingt ans ?
Arriverons-nous à l'arrêter à temps avant que la guerre entre Mages n'embrase tous les continents ?

Magie, oracle et fantôme grincheux : découvre une aventure pleine d'humour et de rebondissements !
2ème volet et fin d'une duologie d'Urban Fantasy.

LangueFrançais
ÉditeurSunny TAJ
Date de sortie20 nov. 2022
ISBN9782494720152
Oracle, Magie & Co - T2 La Quête: Oracle, Magie & Co, #2
Auteur

Sunny TAJ

Stories are, for me, the door to the imaginary world that can be opened infinitely to escape at will. Welcome to my world of Urban Fantasy, with its mix of strong characters, action, suspense and humor. I hope you'll enjoy the journey with me!

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    Aperçu du livre

    Oracle, Magie & Co - T2 La Quête - Sunny TAJ

    Oracle, Magie & Co

    T2 : La Quête

    Sunny TAJ

    Indépendant

    Copyright © 2022 Sunny TAJ

    Crédits :

    — Couverture : NicoLino

    — Correction : Dani_Arthacky_Corrections

    (dani_corrections@outlook.fr)

    Mentions légales : Tous droits réservés.

    Les personnages et les évènements décrits dans ce livre sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, est fortuite et non voulue par l’auteur.

    Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite, ni stockée dans un système de récupération ni transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre, sans l’autorisation écrite expresse de l’éditeur.

    Toute erreur qui subsisterait n’est imputable qu’à l’auteur.

    Édition : Sunny TAJ Éditions

    Dépôt légal : Novembre 2022

    ISBN : 9 782 494 720 152

    Contents

    Title Page

    Copyright

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 26

    Chapitre 27

    Chapitre 28

    Chapitre 29

    Lexique des personnages principaux

    Remerciements

    Chapitre 1

    Une image contenant croquis, cassette, noir et blanc Description générée automatiquement

    Sybille

    L

    e monde est au bord du chaos mais nous sommes les seuls à le savoir : la guerre est à nos portes, et il n’y a que nous qui pouvons l’empêcher.

    Il y a deux semaines, j’étais juste une jeune femme timide et réservée qui tenait une boutique ésotérique avec ma grand-mère excentrique, Sarah, et Sélène, ma SBFF[1] extravertie (ou Barbie comme je la surnomme à cause de son physique). Il y a deux semaines, je ne me doutais absolument pas que je venais d’une lignée de femmes médiums, que ma grand-mère était liée à un fantôme, gangster à Chicago dans les années 50, ni que ma vie allait être bouleversée par un Mage beau comme un dieu et pourchassé par sa communauté. Il y a deux semaines, j’avais un chez-moi, un refuge où je me protégeais des gens et de leurs esprits étriqués. Je n’imaginais pas que mon immeuble allait être réduit à néant ni que Sarah allait se sacrifier pour nous sauver. Il y a deux semaines, ma préoccupation la plus importante était de gérer au mieux les stocks de notre boutique ésotérique « L’Oracle Pythie ». Jamais je n’aurais pu envisager que je serais un pilier de la Révolution Magique.

    Et pourtant… Aujourd’hui, notre « famille » éclectique, qui comprend aussi un flic et un hacker, est pourchassée par les Electi, soldats d’élite des Mages sur l’ordre de leur Magister Tykala, et on a bien l’intention de renverser la tendance, merci !

    — Cela fait près d’une semaine que nous sommes planqués ici, déclare Dimitri, superbe Mage de 1,80 m aux yeux bleu glacier qui fait battre mon cœur. Nous devons décider de ce que nous allons faire, car même si nous sommes temporairement en sécurité ici, nous y sommes également prisonniers. Attention, Charlie, ce n’est pas un reproche du tout. Au contraire, nous te sommes reconnaissants de nous avoir accueillis dans ton antre.

    — Ne vous inquiétez pas, je comprends parfaitement votre sentiment, répond ce dernier, hacker de génie au physique de surfeur australien. Et je ne suis pas tranquille non plus. Que les Mages n’aient pas « bougé » plus que ça depuis que la Magister Tykala, chef de ta communauté, t’a condamné à mort ne me dit rien qui vaille… Ils préparent sûrement quelque chose !

    — On les a aussi contrariés en leur volant leur camion, dis-je en réfléchissant à voix haute. Si, comme on le soupçonne, le contenu leur permettait d’absorber de l’énergie aux humains qu’ils tuent pour augmenter leur pouvoir, peut-être qu’ils ont recherché de quoi le remplacer en urgence ? Du coup, on ne serait plus leur priorité si la guerre avec les continents d’Afrique et d’Asie est à leurs portes ?

    — Ça m’étonnerait quand même qu’on ait cette chance, répond Jarod, flic de 1,90 m à la beauté brute, et amoureux de Barbie.

    Tout comme son ami d’enfance, Charlie, sa vie a aussi été bouleversée quand nous nous sommes rencontrés, il y a deux semaines. La magie a exercé une influence dans nos rapprochements, mais je reste convaincue que ce qui nous a liés ensemble si vite est avant tout le cœur : celui de Grand-mère notamment ! Nous sommes tous, chacun à notre manière, des êtres blessés par le monde, sans famille, et avons choisi d’en reconstruire une qui nous ressemble en nous acceptant tels que nous sommes. Dick, fantôme et ancien gangster de Chicago des années 50, dit que ça lui rappelle les débuts de son clan Colombo[2] quand il défendait son territoire, et qu’ils n’étaient alors qu’une poignée de « gars n’ayant pas froid aux yeux mais avec la rage de vaincre ». Car nous avons la rage contre cette Magister Tykala ! Non seulement elle tue des humains en leur volant leur énergie afin d’augmenter son pouvoir, mais elle a condamné Dimitri à mort et causé le décès de ma grand-mère !

    Jarod était le flic qui enquêtait sur des femmes assassinées par les Mages. Dimitri était le second d’Erick, commandant des Electi – garde d’élite des Mages – qui a été piégé par ce dernier pour endosser le meurtre des Magisters d’Afrique et d’Asie. Quand il a réussi à prouver son innocence et a demandé à quitter la communauté afin de vivre avec nous en tant qu’humain, il a été condamné à mort, et n’est parvenu à s’enfuir qu’in extremis. C’est ma grand-mère qui nous a tous entraînés pour aider Dimitri au départ, et elle a même sacrifié sa vie pour nous sauver. C’est pourquoi, nous nous sommes réfugiés dans le hangar qui sert de bureau secret à Charlie pour ses activités de hacker, et que nous réfléchissons à comment nous sortir de cette situation, à première vue inextricable.

    — J’ai eu Maître Laurent et il m’a confirmé que nous pouvions avoir un rendez-vous avec son homologue pour visiter le domaine de La Nouvelle-Orléans la semaine prochaine, dis-je pour relancer le débat.

    Le notaire en charge de la succession de Grand-mère a, sur les repérages de Charlie, retrouvé une propriété en Louisiane qui serait toujours dans ma famille, même si nous n’en savions rien. Notre ancêtre aurait fui l’Amérique pour venir se réfugier à Paris, et compte tenu de toutes les découvertes faites auprès des Mages, il semble impératif que nous nous y rendions. Peut-être y trouvera-t-on les réponses qu’on cherche, notamment un moyen d’arrêter la Magister Tykala, et comprendre comment elle réussit à voler l’énergie des humains qu’elle tue. Si on arrive à lui couper sa base de pouvoir, on peut la battre et l’empêcher d’asservir et d’exploiter les autres Mages. Peut-être qu’en sauvant cette communauté d’un esclavage par un despote avide de puissance, et qu’en protégeant l’humanité d’une tuerie de masse, Dimitri pourra vivre en paix avec nous. Il ne serait plus obligé de se cacher et de fuir. Cette épée de Damoclès pèse sur sa tête depuis une semaine déjà, et cela ne cessera que si l’on empêche Tykala d’accéder au statut de Maestro – seul dirigeant de l’ensemble des mages du monde selon la Légende.

    — Je vais nous réserver un jet privé au Bourget, annonce Charlie.

    — Et comment on va le payer, cet avion ? demande Barbie d’un ton dubitatif. On n’a plus grand-chose en attendant le règlement de la succession de Grand-mère…

    Barbie, ma SBFF depuis l’adolescence, a été adoptée en secret par Sarah, et nous sommes désormais sœurs légalement en plus de l’être par le cœur. C’est le notaire qui nous l’a appris avec le testament de Grand-mère.

    — Peut-être que quand j’ai trouvé les comptes cachés des flics ripoux qui ont essayé de baiser les frères Zlotoff, une manip malencontreuse les a vidés pour envoyer l’argent sur un autre compte caché, dit-il avec un sourire, visiblement très content de lui.

    Les frères Zlotoff sont des trafiquants d’armes qui se sont fait manipuler par les Mages, avec l’aide de fonctionnaires corrompus, pour les obliger à travailler pour eux. Ils n’ont pas apprécié et les agents ripoux qui ont manœuvré pour les Mages ont tous été victimes « d’accidents ». Dick dit que la justice de la rue a été rendue, mais j’avoue avoir de la peine pour leurs familles.

    — Charlie ! Mais c’est du vol ! ne peut s’empêcher de réagir Jarod. La police aurait dû saisir cet argent comme preuve pour inculper ces ripoux !

    — Écoute, répond-il agacé, les flics sont tous morts, la police a classé l’affaire. Alors à qui ça manque cet argent, hein ? En plus il faut bien qu’on finance notre opération.

    — Il n’a pas tort, dis-je malgré mes scrupules. Être en « cavale » comme dit Dick, ça n’est pas simple et l’argent est crucial. Après, Charlie, un jet privé…

    — Hé, quitte à être des fugitifs autant que ce soit avec classe ! Et puis, vu le paquet qu’ils avaient amassé, on aura quand même de quoi tenir après cette escapade, t’inquiète, me répond Charlie avec un clin d’œil.

    — Mais y avait combien au juste ? demande Barbie.

    — Près de trois millions sur l’ensemble des comptes. Et maintenant que le monde s’est « uberisé », même un avion ne coûte pas si cher que ça. J’ai déjà dégoté une société qui propose un vol aller-retour pour moins de cinquante mille euros avec deux semaines sur place !

    — Non seulement c’est la classe, rajoute Dimitri, mais ça va largement simplifier l’embarquement. Sous un sort d’invisibilité en plus de mon sort de camouflage, je pourrais m’y glisser plus facilement que sur un vol commercial classique.

    Évidemment, vu comment il est recherché par les Mages, c’est un argument de poids. Il était aussi recherché par les forces de l’ordre, car accusé d’avoir tué un policier – merci les Mages – mais le préfet a réussi à enterrer le dossier avec l’aide de Jarod et de Charlie. Ils ont, fort à propos, fourni une vidéo surveillance de « faux » Dimitri à cinq endroits différents de la France au moment du meurtre dont il était soupçonné. Vu le nombre de personnes correspondant au portrait-robot, le préfet a fait retirer l’avis de recherche pour ne pas risquer trop d’erreurs policières.

    — Du coup, quand peut-on partir, Charlie ?

    — J’ai déjà posé des options au cas où. Si je confirme avant 15 h aujourd’hui, on pourra décoller demain matin à 11 h.

    — OK, alors je vais prévenir le notaire pour qu’il fixe un rendez-vous avec son homologue à La Nouvelle-Orléans après-demain.

    Chapitre 2

    Une image contenant croquis, cassette, noir et blanc Description générée automatiquement

    Jarod Holmes

    N

    ous voilà embarqués dans un jet privé en direction de La Nouvelle-Orléans. Qui aurait pu imaginer une chose pareille il y a quelques jours ? Pas moi en tout cas.

    Avant de croiser Sélène dans la boutique ésotérique de sa grand-mère adoptive, j’étais un lieutenant de la police criminelle ordinaire qui enquêtait sur un meurtre perpétré dans son quartier. Meurtre que j’avais relié à une série commise dans toute l’Europe sur les vingt dernières années, dont celui de ma mère. J’espérais enfin trouver une piste valable…

    Et quelle piste ! J’ai découvert le monde magique (mais franchement pas idyllique) et l’existence (réelle) des médiums. Je suis tombé comme une brique sous le charme de Sélène – qui voit des fantômes même si elle n’est ni médium ni Mage – et Charlie s’est arrangé pour nous mettre tous les deux sous couverture à Interpol. Ce hacker de génie, mais totalement hors la loi, m’est officiellement rattaché tandis que je suis consultant détaché de la police française pour enquêter sur la série de meurtres.

    Le fantôme Dick et Charlie ont rigolé comme des bossus tellement ils ont trouvé hilarant d’être du « bon côté de la barrière » sur le papier. Mais vu les manips de Charlie, ça n’est officiel que de nom !

    — Je nous ai déniché un Airbnb du feu de dieu à La Nouvelle-Orléans, m’annonce Sélène. Une maison coloniale typique dans le vieux quartier français. Il y a trois chambres et un patio. Ça a l’air mignon comme tout. Avec surtout, un très grand lit qui semble plus que confortable, me dit-elle avec ses yeux bleus emplis de malice.

    — J’imagine que tu l’as choisie parce que c’en est un digne de ma princesse ? Du coup j’espère être à la hauteur, dis-je en ne plaisantant qu’à moitié.

    Je suis tombé raide dingue de Sélène, et pas seulement à cause de son physique de poupée « Barbie ». Et même si l’attirance semble réciproque, son caractère provient de son enfance où elle a subi de nombreuses maltraitances. Elle s’est forgé une carapace épaisse qui l’aide à maintenir les gens à distance. Sous des dehors extravertis, elle se méfie de tout ce qui est lien émotionnel sauf avec Sybille.

    Je lui laisse donc le temps de me laisser entrer dans son cercle restreint, et de déposer son blindage quand elle se sentira vraiment prête. De ce fait, malgré nos câlins – ou nos « cochonneries », comme se lamente Dick à la moindre occasion – qui sont restés soft, nous n’avons pas vraiment franchi « cette » étape cruciale dans notre relation ; et j’ai quelques angoisses à l’idée de ne pas la combler comme je le désire.

    — Arrêtez de penser au sexe, intervient Charlie en levant les yeux au ciel. Vous êtes désespérants. Entre Dimitri et toi, j’ai l’impression d’être un pompier sur la brèche en permanence. Vous allez foutre le feu à la baraque si vous continuez comme ça, et adieu la caution !

    — Mais j’espère bien ! s’exclame Sélène en éclatant de rire. Sybille et moi on mérite un vrai feu d’artifice.

    — Laisse la petiote en dehors de tes rêves pervers !

    — Dick, soupire cette dernière, arrête de te chamailler avec Barbie. Ce n’est pas pervers que de vouloir une belle entente sexuelle avec le partenaire qui fait battre ton cœur.

    OK, j’en déduis que le fantôme, que seuls Charlie et moi n’entendons pas, cherche encore des poux à Sélène. Depuis qu’elle l’a qualifié de parasite en comprenant qu’il s’alimentait en énergie à travers sa grand-mère, il a été suprêmement vexé et la traite de « morue ». Ils se chamaillent donc à la moindre occasion comme des chiffonniers – même si je soupçonne qu’ils y prennent le plus grand plaisir, ce qu’ils nieraient avec véhémence – et Sybille joue la juge de paix régulièrement.

    — Charlie, dis-je pour changer de sujet. Pendant que les filles iront voir le notaire américain, il faudrait qu’on aille rencontrer le shérif pour éplucher leurs archives. Histoire d’étudier les dossiers de meurtres que tu as trouvés, et essayer de voir si on déterre une piste malgré toutes ces années.

    — Ouais, ouais, t’inquiète, je lui ai envoyé un email pour le prévenir de notre arrivée.

    — Euh… un mail ? Mais de qui ?

    — Ben, du chef d’Interpol. Autant qu’on soit introduit par le grand manitou, non ?

    — Mais s’il l’appelle pour lui demander des explications, notre couverture va sauter !

    Suite à l’aide que j’ai apportée à Sybille contre les Mages, ces derniers ont manœuvré pour que je sois suspendu de mes fonctions en représailles. Charlie a réussi, par je ne sais quelle entourloupe, à faire en sorte que je sois officiellement affecté à Interpol afin que je puisse continuer à enquêter sur les meurtres perpétrés par ce groupe. Et il en a profité par la même occasion pour s’y mettre aussi avec moi.

    — Tu me prends vraiment pour un bleu, grommelle-t-il avec un air boudeur. Quand le Préfet a signé ton transfert, j’ai envoyé un email de sa boîte à celle du directeur d’Interpol à Lyon pour le prévenir que « le lieutenant détaché Jarod Holmes et son expert Charlie Magnus » étaient en mission à sa demande. Donc même si le shérif se renseigne, tout est officiel et légal.

    — Tu es vraiment dangereux !

    — Que veux-tu, le monde numérique est devenu l’ère du Geek Power ! s’exclame-t-il avec la mine d’un chat devant son bol de lait.

    Il a raison en plus et ne trouvant pas d’argument, on profite du reste du voyage. Il faut avouer qu’un jet privé c’est quand même drôlement plus confort qu’Air France, en plus d’être « trop classe ». Mais je ne dis rien pour ne pas encourager Charlie dans sa « délinquance », je suis un flic tout de même !

    Dimitri

    Cela fait quatre jours que nous sommes arrivés à La Nouvelle-Orléans. Après la découverte émerveillée de la vieille ville, la rencontre avec le notaire local pour authentifier l’identité de Sybille et de Sélène et la location d’un 4x4 tout terrain, nous voici partis pour aller voir ce fameux domaine.

    Le clerc a expliqué comment, depuis cent vingt ans, son cabinet gère ce « dossier » qui est devenu une légende dans le coin. Pensez donc, une propriété de quatre hectares qui vaut désormais une fortune, laissée à l’abandon depuis si longtemps, mais avec l’impossibilité de la vendre ou d’y pénétrer, car « hanté » ? Au fil du temps, tous ceux qui ont essayé d’y accéder en sont repartis en courant et à moitié fous, racontant à qui voulait l’entendre que les arbres et les plantes les avaient attaqués ! Il y a maintenant autour de cette propriété une crainte qui fait que les gens évitent de s’en approcher ou même d’en parler !

    Dick, à la lecture de la lettre d’Elizabeth, l’ancêtre de Sybille, s’est vraiment demandé s’il n’y avait pas des fantômes qui « hantaient » réellement la maison, et est tout émoustillé à la perspective d’en rencontrer. Car grâce à Sybille, Sélène et moi, il peut désormais les voir et les entendre. Ma magie a « fichu le binz » dans nos auras comme il dit, et nous a permis d’obtenir les capacités des uns et des autres depuis que nous sommes liés. Quand je relis cette lettre, je me dis qu’il a peut-être raison… Car comment expliquer que personne d’autre n’ait pu mettre la main dessus depuis tout ce temps ?

    Magnolia House – La Nouvelle-Orléans

    1er novembre 1901

    Cher Maître de La Salle,

    Je vous écris cette lettre avant de quitter la Louisiane, car je dois disparaître si je veux pouvoir survivre.

    Vous ayant aidés, vos proches et vous, je sais que vous êtes un homme bon et ouvert : vous comprenez que je n’ai pas d’autre choix et que ce n’est pas de la théâtralité de ma part.

    J’en appelle donc à votre soutien à mon tour.

    Ce domaine, malgré mon départ, doit demeurer dans ma famille car ma lignée y réapparaîtra, même si cela prendra du temps. De ce fait, je vous demande de faire ce qui est en votre pouvoir pour le préserver de l’avidité des hommes qui ne sauraient manquer de vouloir s’en emparer d’un point de vue légal. Je suis certaine que vous découvrirez une solution pour cela. Quant au reste, ne vous embarrassez pas à entretenir la propriété car celle-ci sera protégée de toute intrusion : seul mon sang pourra y revenir.

    Je ne pourrai plus avoir de contact avec vous, jamais, aussi trouverez-vous joint à cette lettre de quoi financer largement vos émoluments pour les années à venir.

    Avec tous mes remerciements,

    Elizabeth Caldwell

    P.S. Ne vous inquiétez pas, les pièces d’or que je vous joins viennent du trésor caché du pirate Jean Laffitte, et vous en tirerez un bon prix à la revente en toute légalité.

    Et un trésor de pirate ? Dick, en bon gangster qui se respecte, veut absolument le découvrir, supporté en cela par un Charlie aussi enthousiaste qu’un gamin la veille de Noël.

    C’est plongé dans toutes ces pensées qu’après environ trente minutes de route, nous arrivons enfin devant l’entrée du domaine. L’immense grille en fer forgé est évidemment rouillée mais tient toujours debout. Au travers, nous apercevons, au bout de l’allée principale, une maison de style colonial qui semble décrépite mais encore entière. C’est incroyable car nous nous attendions vraiment à trouver des ruines depuis tout ce temps à l’abandon !

    — Je devrais rentrer en premier, dis-je en regardant Sybille. Même s’il y a des fantômes, désormais je peux les voir et les entendre aussi bien que toi, grâce à la fusion de nos auras avec celles de Dick et de Barbie. Ça, plus mon sort d’invisibilité, il n’y a pas de réel danger pour moi.

    Nous avons réalisé qu’au fur et à mesure du temps, avec nos auras liées, nous acquérons et partageons nos pouvoirs respectifs. Sybille entendait les fantômes, Sélène les voyait, Dick savait absorber de l’énergie et moi… ma magie a combiné tout ça ensemble.

    — Pour l’instant je ne vois ni n’entends rien, dit Sélène. Rentrons tous ensemble, comme ça tu n’es pas seul et nous, nous accompagnons « le sang d’Elizabeth » ?

    — C’est un bon compromis, dis-je aussitôt pour que Sybille n’essaie pas d’y entrer seule tout de même. Je vais aller ouvrir la grille.

    Remontant dans le 4x4 pour aller jusqu’à la maison, nous restons devant la porte en envoyant Dick en éclaireur. Comme l’a si bien fait remarquer Sélène : « À quoi ça sert d’avoir un fantôme s’il ne se rend pas utile en effectuant un repérage ? ». J’en profite pour admirer le porche qui court sur toute la façade de la bâtisse : la bordure de colonnes en bois est sculptée avec une grande finesse.

    — Y a rien, petiote, annonce Dick à Sybille en revenant. Je viens de faire un tour mais les pièces sont vides. Y a un grand salon et une cuisine au rez-de-chaussée avec un bureau et des chambres à l’étage. J’ai pas trouvé de sous-sol mais vu qu’on est sur d’anciens marécages, c’est pas étonnant.

    — Quand faut y aller, faut y aller, déclare Charlie en ouvrant la porte.

    L’atmosphère est relativement fraîche et ne sent pas le renfermé comme on pourrait s’y attendre. Ah, il y a des interstices ajourés entre les fenêtres et les portes pour la circulation de l’air. Mon regard fait le tour de la pièce qui devait être le salon et…

    — Bordel, mais d’où il sort celui-là, il était pas là il y a deux secondes ! s’exclame Dick tandis que Sybille, Sélène et moi nous nous figeons à la vue de…

    — Elizabeth… murmure un homme l’air totalement ahuri et en même temps émerveillé en dévisageant Sybille avec intensité. Tu me vois maintenant ?

    — Je m’appelle Sybille et Elizabeth est mon ancêtre, lui répond-elle d’une voix douce. Qui êtes-vous ?

    — Je savais que cela ne pouvait être toi, Elizabeth, mais pendant une seconde, je me suis laissé aller à espérer…

    Comme sortant d’une transe, l’homme se reprend.

    — Je m’appelle Jean Laffitte junior et suis le gardien d’Elizabeth, enfin étais. Et vous êtes bien de son sang, sinon vous ne communiqueriez pas avec moi, sans parler du fait que vous êtes son portrait craché ! C’est une joie immense et une douleur douce-amère que de vous regarder… Mais cela veut dire que le temps est enfin venu ! Ce sera une grande délivrance ; les années sont interminables quand vous êtes seul avec vos souvenirs comme uniques compagnons…

    Vu son nom, cet homme doit être un descendant proche du fameux pirate du bayou : d’où le trésor ! Il semble jeune, une vingtaine d’années et à la grande déception de Dick, ne porte pas une tenue géniale digne de son rang. Mais bon, tout le monde n’a pas un code vestimentaire spécifique comme un gangster de Chicago qui ne jure que par un costume trois pièces et un Borsalino.

    — Depuis combien de temps êtes-vous là si vous l’avez connue ? Comment avez-vous fait pour résister à l’appel du Tout Infini sans repartir vers La Source ? demande Sybille.

    — Vos compagnons ne semblent pas surpris de vous entendre parler dans le vide ? demande-t-il avec un air intrigué.

    — Hé, Duschmol, on te voit et on t’entend aussi, réplique Sélène avec sa diplomatie habituelle. Donc arrête de faire comme si on était pas là et raconte l’histoire.

    Le fantôme, car c’en est forcément un, sursaute aux paroles de Sélène et nous dévisage tour à tour, quand je décide de lever mon sort d’invisibilité.

    — Comment est-ce possible ? Je ne vois pas votre aura, vous n’êtes donc pas médium. Et seules les femmes sont médiums, donc comment ces hommes peuvent-ils aussi partager ce don ? demande-t-il à Sybille en nous désignant, Jarod, Charlie et moi.

    — Dimitri et Barbie sont les seuls à vous percevoir car nos auras sont liées, répond Sybille et…

    — Et moi, petiote ? Je compte pas pour du beurre ! s’exclame Dick, vexé.

    — Et Dick, le fantôme avec lequel j’ai fusionné aussi, ajoute-t-elle précipitamment parce qu’un Dick vexé, est un Dick rancunier – et difficile à gérer.

    — Charlie et moi ne vous voyons pas et ne vous entendons pas, mais nous connaissons l’existence d’une autre réalité, complète Jarod. Les filles nous relaient systématiquement toutes les informations nécessaires ainsi que les « conversations » quand il y a besoin.

    — Par le Saint

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