Ma vie parfaite: de maman entrepreneure en dépression post-partum
Par Camille Trolliet
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À propos de ce livre électronique
Ce livre est un partage, un recueil d’expériences et de tranches de vie très intimes d’une maman qui passe notamment par la dépression post-partum et le burnout parental sans s’en rendre compte, pour en sortir 4 ans plus tard, seule.
C'est un témoignage touchant et poignant de la réalité de la maternité, de prises de conscience et de réflexions profondément personnelles.
Mais c’est aussi une voix qui s'élève, une preuve que « quand on veut, on peut », une histoire de maman, de femme, mais aussi d’entrepreneure multi passionnée.
Un récit drôle, parfois ironique, teinté de drame dans une écriture sincère et authentique.
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Aperçu du livre
Ma vie parfaite - Camille Trolliet
Les bêta-lectrices ont aimé
« Le récit sincère et émouvant d’une femme multi-facettes qui nous livre son parcours pour retrouver un équilibre après être devenue mère et avoir connu des moments sombres.
De l’empathie, de la compassion. Le sentiment parfois étouffant d’être responsable et liée à un bébé, de ne plus avoir d’espace pour soi.
Des pistes pour prendre du recul, la certitude qu’il est nécessaire de s’accorder du temps et d’être indulgent envers soi-même, trouver sa voie, un côté rassurant de savoir que l’on est nombreuses à vivre des émotions ambivalentes en devenant maman.
Un témoignage sincère, poignant et sensible sur la réalité de devenir maman tout en restant femme. »
Coralie Cottier
« Un récit de vie vrai et simple qui montre la réalité de la vie de gens normaux loin des m’as-tu-vu que l’on découvre normalement. Beaucoup de vérité et des partages très riches qui apportent leurs petites touches de bonheur.
Beaucoup de légèreté, de la joie, et ce sentiment de me dire que quoi qu’il arrive, je ne serai pas seule.
En tant que future maman, cette lecture m’a apporté beaucoup moins de culpabilité. »
Élodie
« Comme je suis maman en devenir, les sentiments qui m’ont traversée ont été nombreux car il y a encore pleins d’expériences que je n’ai pas faites. Cette lecture m’a apporté des clés, outils et questionnements que je pense pouvoir mettre en pratique ou reprendre dès que j’en aurai besoin. C’est un livre reflétant la pensée d’une maman pouvant servir à toutes les autres, par endroits, par moments et surtout permettre de déculpabiliser et de ne pas se sentir seule. »
Kim
Camille Trolliet
Ma vie parfaite
de maman entrepreneure
en dépression post-partum
Témoignage
© 2023, Camille Trolliet.
Illustrations : QueenMama
Reproduction et traduction, même partielles, interdites.
Tous droits réservés pour tous les pays.
ISBN 9782889820122
À vous toutes, chères mamans.
Avec force et douceur.
Et à vous,
mes bébés d’amour.
Préface
Ce témoignage a pour but de mettre du baume au cœur de celles qui empruntent ce chemin de la dépression post-partum (mais pas que) et de leur montrer qu’elles ne sont pas seules, leur donner le courage et la force d’écarter les sentiments de culpabilité, d’incompétence et les doutes. C’est une manière de dire que nous sommes humaines, toutes différentes et que c’est normal.
Outre cela, c’est une preuve de courage et de volonté. Un don à moi-même, la preuve que j’avance, que l’on peut, et que l’on doit, aller de l’avant pour suivre ses rêves quels qu’ils soient. La promesse de faire les choses qui nous tiennent à cœur. De réaliser que tout est possible, et même d’écrire un livre.
C’est également prendre le risque de ne pas plaire, de l’assumer et d’accepter les critiques. Assumer mes maux et mes mots dans tous les sens du terme, pour faire ce qui est important pour moi, et non pas, ce que je pense que l’on attende de moi.
Et, bien sûr, devenir le modèle que je souhaite être pour mes enfants, mes bébés d’amour qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui et qui me forcent à devenir celle que je dois être. Je veux leur montrer qu’il faut se faire confiance, suivre son instinct, croire en soi et ne jamais lâcher.
« Non, je n’ai rien fait, je suis restée pendue à un clou toute la journée, je n’ai pas habillé les enfants, je ne les ai pas changés. Je ne leur ai pas donné à manger ni brossé les dents. Nous ne sommes pas sortis, le chien non plus d’ailleurs. Et, bien sûr, je n’ai pu avancer sur rien puisque j’étais pendue à un clou. »
C’est parfois l’impression que j’avais et, très souvent, ce que j’avais envie de répondre lorsque l’on me demandait, le soir : « Comment s’est passée ta journée ? »
Bienvenue dans le livre d’une femme qui a, entre autres, fait une dépression post-partum, sans s’en rendre compte. Bienvenue dans sa réalité de maman au foyer, hyperactive et multi-passionnée.
Partie 1
Qui suis-je ?
Ces questions que je me pose sans cesse depuis plusieurs mois. Ces grossesses, idéalisées et mises en avant comme la plus belle chose, m’ont fait me perdre. Par le passé, je n’ai jamais douté de moi, je n’ai jamais douté de mes capacités, de qui j’étais. J’étais forte, j’avais une volonté de fer, je faisais les choses, parfois sans réfléchir, mais je les faisais et j’allais de l’avant.
Et tout à coup…
Qui suis-je ? Qui suis-je sans enfants ? Et si j’avais eu des frères et sœurs ? Et si j’avais choisi moi-même mon parcours ? Avec ce que je sais aujourd’hui, qu’aurais-je choisi ? Et si j’étais restée à Moscou pour parfaire mon russe ? Et si je n’avais pas géré mes émotions lorsque notre couple était au bord de la faillite ? Et si j’étais restée dans mon dernier job ? Et si nous n’avions pas eu d’enfant ? Et si j’avais baissé les bras lorsque ça devenait difficile ? Tout cela serait-il quand même arrivé sans le deuxième enfant ? Pourquoi je n’arrive pas à dire non ?
Spectatrice de ma vie
Nous sommes en février 2023 et je commence à réaliser des choses. Maintenant que je suis sortie du gros nuage – je crois –, je me rends compte que j’étais dans un état de fatigue extrême, avec un moral à ras les pâquerettes et un sentiment d’incapacité profonde, de déception et de frustration quotidienne. J’avais perdu mes fous rires, mes rêves et je m’étais perdue moi-même. Les questionnements et le travail que j’ai faits sur moi durant les derniers mois, m’ont fait prendre conscience que je n’étais plus alignée avec mes rêves, que j’avais des pensées plus sombres et que je n’étais pas (plus) celle que j’avais envie d’être.
Je parle tout d’abord de grosse déprime, de baisse de moral. Et puis, un jour, je réalise que c’est plus. Je réalise que cela a un nom. Ou plusieurs. Parce que je ne sais pas vraiment lequel il faut lui donner. C’est alors que, sans avoir consulté de professionnel, sans avoir mis un nom dessus de manière officielle, je prends conscience que j’ai fait une dépression. Une dépression qui est complètement passée inaperçue.
Sérieux ? Moi, une dépression ?
À force de vouloir faire bien pour tout le monde, je me suis oubliée. Pourtant, on nous le dit toujours dans chaque avion : mets ton propre masque à oxygène avant de t’occuper des autres ! C’est si logique.
Tout cela, j’en prends conscience en écrivant. En allant chercher au fond de moi-même ce qui est important, ce qui me motive, ce que j’aime. En faisant l’exercice de me questionner sur ce qui est important pour moi, je me rends compte que je ne fais (plus) rien de tout ça. J’ai complètement mis tout ce que j’aime sur pause. En réalité, je ne sais même plus ce que j’aime. Je ne sais même plus rire, d’ailleurs. Tout ce qui faisait que celle que j’étais pouvait être fière d’elle, tout cela a disparu.
Et puis, je commence à en parler autour de moi, de manière très prudente. Sans clairement nommer la dépression mais en évoquant certaines choses, certaines pensées que j’ai eues ces derniers mois. Simplement en mettant des mots sur mes attitudes, sur mon état d’esprit.
Et finalement, la personne la plus proche de moi, mon chéri, Chris, mon conjoint, le papa de mes enfants, me regarde un jour, les yeux écarquillés, et me demande : « Tu as fait une dépression ? » Il n’a rien vu. Pris dans les vagues du quotidien, il a sans doute dû penser que la maternité me faisait devenir une vieille ronchonne, une vieille rombière. Bref, une emmerdeuse quoi.
D’autres personnes, amis, parents, s’étaient rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond. Certains étaient étonnés, d’autres pas du tout. Je crois que c’est cela qui m’a le plus surprise !
Et plus j’avance sur ce terrain, plus je me rends compte que ce n’est que la pointe de l’iceberg que je vois. Je parle d’une dépression, mais, en réalité, il y en a eu plusieurs. En réalité, je n’ai pas tiré sur la corde, j’ai tiré sur toutes les cordes que j’avais. J’ai mitraillé dans tous les sens. Comme si c’était la dernière chance. Je voulais me débattre à tout prix mais je faisais n’importe quoi.
Pas une dépression, mais plusieurs
Toute seule, c’est difficile de se rendre compte. C’est pour cela que j’ai mis si longtemps à réaliser que je n’allais pas bien, que mon état n’était pas normal. Je n’ai pas tilté qu’il y avait un problème et je ne me suis pas posée de question. J’ai pensé que c’était normal.
Alors avoir des enfants, c’était donc ça ? Être fatiguée tout le temps, se mettre de côté, ainsi que tout ce qu’on aimerait faire, ne plus être vraiment soi, ne plus avoir de cartes à jouer.
Aujourd’hui, je me rends compte que je n’ai pas réussi à porter ce regard sur moi, je ne me suis pas rendu compte que j’allais mal. Je n’ai pas l’impression que mon entourage m’ait questionnée quant à mon état. Je pense que tout le monde s’est dit, comme moi, « c’est normal avec des enfants en bas âge ».
Mais non, en réalité, ce n’est
PAS
normal. Quelle aurait été ma réaction si l’on m’avait dit que je faisais une dépression ? Peut-être l’aurais-je nié ? Je me serais fâchée ? Peut-être. Mais peut-être pas. Et cela m’aurait peut-être permis de gagner du temps. Ou d’en perdre moins.
Dans le peu de documentation, de podcasts¹ et d’interviews que j’ai trouvés et lus, plusieurs professionnels parlent de l’effet de mode de la dépression post-partum. Alors, je me suis questionnée si j’étais légitime d’utiliser ce terme. La dépression. Car, non, il n’a pas été validé cliniquement. Mais le fait est que je n’en trouve pas de meilleur. Et dire que c’était une « déprime » est absolument absurde.
J’ai réalisé que de nommer la dépression post-partum est une chose importante. Cela aide beaucoup de se rendre compte que l’on a effectivement quelque chose et que c’est une maladie qui existe et qui n’est pas nouvelle. Je ne l’ai pas inventée et, surtout, elle peut passer. Il y a des aides et des solutions et elle ne va pas rester tout le temps. Réaliser cela m’a permis de ne plus devoir me dire chaque jour « mon Dieu, dans quoi me suis-je lancée ? Est-ce que ce sera tout le temps comme ça ? ».
Alors, Mesdames qui n’osez pas, s’il vous plaît, pensez au temps que vous perdez. Car, seule, on va moins loin et, surtout, on va moins vite.
Parce que même si avoir des enfants est un choix et même si c’est un rêve, nous ne sommes pas toujours toutes armées de la même manière pour faire face à tout ce que nous allons ou pourrions traverser dans la maternité. Et c’est OK. On a le droit.
Le regret maternel
L’année dernière, j’ai découvert ce vaste sujet. D’abord, je ne l’ai pas compris. Il ne s’agit pas de regretter l’enfant né, ou de ne pas l’aimer, mais il s’agit de regretter ce qui « n’est plus », à la suite de la naissance. De ne pas aimer une partie ou tout ce que représente la maternité. Or l’amour pour son enfant, quoique bien présent, ne suffit pas à compenser le vide.
Regretter le temps qu’on n’a plus, regretter la liberté disparue, la flexibilité, la spontanéité, les grasses matinées, les repas et week-ends en amoureux, les moments de glande sur le canapé à se demander quoi faire et zapper. Pour moi, c’est aussi regretter la moto, la natation, les cours de pilates, les soirées entre copines, les moments en amoureux. Regretter mon corps, ma forme, mon énergie, ma taille de jeans. Regretter ma confiance en moi, mon estime de moi, ma force. Tant de choses, futiles pour certaines et si importantes pour d’autres.
« Un rôle ingrat, trop lourd à porter, des frustrations, mais aussi la charge mentale, les sacrifices, le don de soi, le manque de soutien, l’anxiété décuplée, le manque de liberté et de confiance en soi et un certain renoncement. »
Astrid Hurault
« Le regret maternel, à la différence de la dépression post-partum, n’est pas une maladie mais un ressenti. Il s’agit plutôt d’un mal-être que l’on ne soigne pas, mais que l’on soulage progressivement, jusqu’à l’adoucir avec le temps. »
Ehlee
Or, toutes ces choses que je regrette, finalement, ce sont des choses que je peux changer, adapter, organiser. En réalité, ce n’est autre qu’une hiérarchisation de priorités. En revanche, je comprends ces femmes qui ne veulent pas prendre le risque de perdre cette liberté, de faire un enfant qu’elles regretteront, de changer leurs vies. Car lorsqu’on sait (ou qu’on croit savoir) ce qu’on risque de perdre et qu’on se focalise dessus, le choix ressemble toujours plus à une sentence. Pourtant, une chose est sûre, c’est que si on savait toujours ce qui nous attend, la vie n’aurait aucune saveur et, sans doute, qu’elle se résumerait à éviter de « vivre » de peur de mourir, éviter d’aimer de peur de souffrir. Et puis encore, ce risque de regretter de ne pas avoir eu le courage d’y aller et s’en vouloir, une fois que c’est trop tard.
C’est tellement difficile de faire un choix conscient. Pression sociale, idéalisation, injonctions à la maternité, instinct maternel, épanouissement de la femme, de la maman. Il me semble tellement important de faire sauter les schémas et briser les tabous. Et c’est pour cela que je n’ai aucun doute sur le fait qu’en parler est libérateur. C’est aussi permettre à d’autres femmes de se questionner et de se libérer également de ce poids, ne serait-ce qu’en partie.
Regretter, c’est aussi croire que, sans enfant, cela aurait été différent et mieux, sans doute. C’est croire que la vie aurait été plus clémente avec le temps, avec nos rides, notre silhouette, notre poids, nos relations, nos amours… Croire que tout aurait pu rester et persister dans le temps, sans influences extérieures. C’est l’illusion de croire que tout aurait continué comme avant. Parce que, au final, il y a peu de chance que tout reste identique, que les mêmes personnes restent dans notre même environnement, dans le même bar, à jouer au même baby-foot, toujours, sans évoluer ni changer.
Alors, pour moi, et dans mon cas, regretter tout ça est un peu utopique, finalement. Aussi et surtout, comme le dit souvent David Laroche : « Parce que je ne sais pas ce que je ne sais pas. »
« Quand on ne peut plus revenir en arrière, on ne doit se