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Les graines du bonheur: De la violence à la vivance
Les graines du bonheur: De la violence à la vivance
Les graines du bonheur: De la violence à la vivance
Livre électronique152 pages1 heure

Les graines du bonheur: De la violence à la vivance

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À propos de ce livre électronique

Après la faillite de son entreprise, Thomas décide de prendre une pause de trois mois, durant laquelle il consulte un thérapeute holistique. Également bousculé par son activité de bénévolat dans une unité de soins palliatifs, il s’interroge sur son passé, ses idées et ses choix. C’est alors qu’il découvre un nouvel état d’esprit plus libre. L’observation de synchronicités le pousse à emprunter un chemin de vie plus ouvert. Le suivra-t-il ?


À PROPOS DE L'AUTEUR

René Trolliet connaît l’impact et l’importance des mots qu’il utilise depuis sa jeunesse à travers la poésie. Après deux recueils publiés : "La plume et le fusain" et "Les creux et les bosses", il se lance dans une autobiographie romancée où ressources thérapeutiques, réflexions et proximité avec la mort nous éveillent à la beauté de la vie.
LangueFrançais
Date de sortie19 janv. 2024
ISBN9791042209308
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    Aperçu du livre

    Les graines du bonheur - René Trolliet

    Préambule

    La vie vous assène parfois une enfilée de drames qui vous mettent dans un état de désespoir et d’interrogations dont on ne sait comment on va pouvoir s’extraire.

    René Trolliet nous rappelle par une abondance de descriptions fines, de réflexions à voix haute, de perceptions à fleur de cœur que tout réside en soi, le problème et la solution.

    Il nous convainc que c’est par l’ouverture aux autres, aux improbables, que la plénitude peut venir nous surprendre. Notre besoin d’être aimé, d’être libéré des craintes et des contraintes passe par le don, l’abandon, la conscience et la croyance pure, celle en un génie accompagnateur qui nous assisterait dans notre libération intérieure pour peu que l’on ose tenter l’inaccoutumé. Mouiller son doigt et tourner la page.

    PaulineKa

    L’homme est solide, enveloppé de pudeur, il teste sa résistance.

    Josef Ciesla

    Prologue

    « Bonjour.

    Il est complexe d’établir un diagnostic uniquement d’après les mots de votre mail. D’une manière universelle, prendre soin de soi est basé sur une bonne alimentation physique et psychologique. Je vous conseille quelques périodes de jeûne (ne pas manger un jour par semaine par exemple). Relaxez-vous chaque jour une dizaine de minutes, vous trouverez ci-joint l’enregistrement d’une séance de relaxation de dix minutes. Je vous propose de pratiquer cette discipline chaque jour, car la régularité est importante. Et surtout, donnez-vous la permission de vivre une vie paisible. Supprimer les oui, mais les il faut les je ne peux pas de votre langage. Il faut du courage pour nettoyer sa vie de ses acquis limitants. Je vous souhaite de la force et de la puissance. Bon cheminement.

    Je reste à votre disposition pour un rendez-vous si besoin. »

    J.M.

    Psychothérapeute

    Pas de dentelles

    Assis sur un carton, les mains jointes, les coudes posés sur mes genoux, devant mille cinq cents mètres carrés d’un atelier vide. Je regarde ce désert silencieux. Les faits sont là, mais mon cerveau a du mal à le croire, empli qu’il est des images de la veille où les tissus de soie, les doux velours peints à la main, les satins brillants et lumineux, les taffetas, les paillettes, les broderies faisaient de cette entreprise un lieu de magie symphonique, de couleurs intenses et luxueuses, un empire des sens où les odeurs des teintures et des apprêts se mêlaient à celles des matières : le craquant de la soie sous les mains, la douceur d’une mousseline, les noirs, blancs, beiges, ors, rouges, les couleurs préférées de Chanel. Je validais avec rigueur tous ces coloris chaque jour, qui se devaient de correspondre à l’identique aux échantillons d’origines, afin d’obtenir la même lumière de référence que le teinturier, à dix heures du matin, tourné vers le sud. J’aimais le bruit des machines à coudre, des rouleuses, des massicots, de ces machines métalliques qui laissaient déborder de chacune de leurs articulations, une graisse noirâtre, de ces mécanismes complexes dont les réglages si délicats étaient en totale opposition à la matière textile et qui pourtant enroulaient, coupaient, cousaient, rassemblaient chaque pièce de tissu jusqu’à l’obtention périlleuse et extatique d’une robe luxueuse.

    Le goût et l’odeur du café qui me faisaient rester vigilant de cinq heures du matin jusqu’au soir bien engagé, étaient bien présents, eux aussi.

    Mes larmes se libèrent alors, et j’ai une pensée pour les nombreux salariés : Michèle, la cheffe d’atelier, qui a donné les trois quarts des heures de sa vie à m’accompagner – elle s’obstinait à vouloir être celle qui ouvrait et fermait les portes de la société – ; les créatrices, Sandrine et ses couturières qui, de leurs mains expérimentées, jonglaient avec les plus extrêmes détails de la qualité.

    Vivre la vente aux enchères de votre entreprise est un moment que je ne souhaite à personne.

    Toutes ces années pour rien. Pour ce vide. L’absence de tout.

    J’entends la voix du liquidateur judiciaire :

    — Bureau, photocopieurs, fauteuils, placards : Combien ? Il ne doit rien rester ; allez, combien ?

    — Vingt euros ! lui répond un acheteur, échangeant un sourire un peu complice avec le liquidateur qui porte bien le nom de sa fonction.

    — Ok, allez, débarrassez !

    Trois impayés de mes plus gros clients ont suffi à me faire tomber assis là, me stopper net, me pousser de force à cette réflexion.

    Je me remémore l’autoroute prise à grande vitesse afin de livrer un échantillon. Combien de courses poursuites contre la montre afin que l’éditeur confectionne les fauteuils, les tentures de châteaux sans retard ; combien de rendez-vous par TGV avec des couturiers pour qu’ils puissent terminer leurs ultimes modèles de défilé ; combien de prouesses impossibles, de vitesses infernales.  Je stationne là, sur ce tabouret d’infortune, dépité, éprouvé par ce que je trouve si injuste. Mon cerveau se vide. Tout s’éteint… Sauf ma vie. Elle aurait pu.

    Les nombreux deuils vécus dans mon passé m’ont appris heureusement que la vie est primordiale.

    Une question me trotte cependant dans la tête : pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ?

    L’homme à la moto

    Je suis né dans une famille où jamais je ne me suis senti à ma place. Comme si les dés de la naissance avaient été jetés et que les miens n’étaient pas tombés sur les bonnes faces, comme si j’avais hérité du sort de quelqu’un d’autre.

    Ma mère et mon père se sont mariés en 1947, animés par la détermination de sortir d’un monde dans lequel ils se sentaient enfermés.

    Blandine, ma mère, a grandi dans une ferme reculée de l’Isère, tellement retirée, que rien, pas même la guerre, n’a jamais bousculé les mouvements réguliers de l’horloge quotidienne. Le silence des mots était une garantie contre les volcans tumultueux des secrets et tabous : que rien ne vienne rompre une monotonie rythmée et plus que centenaire. Entourée de deux frères et cinq sœurs, ma mère observait le monde avec un doute : était-ce là ce qu’il y avait de meilleur pour elle ?

    Auguste, mon père, a perdu sa mère à l’âge de dix ans. Projeté adulte un peu trop tôt, il ne voulait pas perdre son âme d’enfant. Dès le matin, il s’évadait loin de la maison familiale et de son père ivre. Il allait libérer sa colère contre ce monde injuste dans des bagarres, des rébellions quotidiennes, des coups de poing facilement donnés à quiconque s’opposait à son tempérament de soi-disant justicier. Instituteur, élèves, et tout son environnement vivaient l’incapacité de freiner cette ardeur à casser toute relation qui le conduirait à l’attachement, à l’émotion. Une unique émotion vivait en lui, la colère.

    Seule, de temps en temps, soufflait en lui une brise passagère, un message d’espoir lorsqu’il roulait à toute vitesse à vélo et que les odeurs des champs et des fleurs au départ d’une pluie fine venaient ouvrir si grand ses narines. Les gouttes coulaient sur ses joues, sur son beau visage. Seuls ses profonds yeux noirs restaient secs. Il sentait cette nourriture si essentielle : la liberté.

    Dès qu’il eut seize ans, le vélo se transforma rapidement en moto, une belle Norton 500 cc noire au ronronnement si particulier. Sa réputation dans les villages alentour se créa autour des vrombissements de l’engin et cela lui plaisait. Plus il faisait peur, plus il était heureux. Plus il se faisait peur, plus il était excité.

    C’est avec cette moto qu’il rencontra Blandine, dans le matin où les perles de rosée caressent encore les fleurs, où les peupliers s’accordent avec le vent et chantent une ballade scintillante. Elle marchait avec une élégance naturelle. Sa silhouette fine, ses longs cheveux noirs détachés se mariaient aux herbes élancées qui bordaient le chemin. Elle se sentait belle. Le soleil déchirait doucement la brume qui tardait à se lever. Les odeurs s’entremêlaient, un parfum particulier de paix et de douceur flottait comme une mandorle autour d’elle. Les moutons filaient vers le champ qui longe la rivière. Seuls quelques sons de clochettes pendues aux cous des brebis se mélangeaient aux rythmes des sabots, aux gazouillis des oiseaux. Elle écoutait le chant du coucou ; celui qui vous apporte la fortune lors de sa première rengaine de l’année, si vous avez une pièce dans votre poche. Blandine aimait ce moment privilégié en lien avec elle-même, en lien sans le savoir avec cette spiritualité authentique que donne la nature. Elle s’éloignait joyeusement du carcan étouffant des silences familiaux.

    Tayau, son chien, virevoltait autour des moutons.

    Cette volupté fut de courte durée. Comme un orage soudain. Une tornade. La moto sortant du virage apparut. Le cri des freins affola les moutons qui se précipitèrent de tous côtés. Tayau se mit à japper, japper, japper et grogner en direction du monstre. Blandine était face à la mort et à sa faux. Elle demeurait figée par le froid glacial de la terreur. Dans une ultime manœuvre, Auguste fit alors glisser la moto sur le côté. L’engin s’envola au-dessus du fossé ; agrippé par la clôture du champ, il finit par se taire dans une épaisse fumée noire.

    Auguste, lui, était resté dans le fossé. Assis les fesses, dans l’eau. Le casque de travers. Touché dans sa fierté, il essayait de se relever de cette position humiliante.

    Blandine lâcha subitement un rire qu’elle-même ne se connaissait pas. Un rire nourri par la libération de cette peur immense et par la scène atypique de cet homme honteux et vexé qui cherchait à se relever en attrapant les herbes, les branches, mais retombait lentement dans la boue. Puis, comme s’il se noyait dans ces dix centimètres d’eau, il se débattit tel un animal pris au piège, le piège du ridicule. Les larmes coulaient des grands yeux noirs de Blandine, sur ses joues roses qui n’avaient encore jamais connu de larmes de tristesse, encore moins de joie. Elle riait, s’arrêtait pour reprendre son souffle, riait à nouveau ; son ventre secoué souffrait de ces

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