Objectif - Pro du Soccer, t3 - La relève
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À propos de ce livre électronique
Confronté à la déception à cause de sa petite taille, Tomas revient à la charge et décide de suivre son propre chemin en s’inscrivant à la Black Hills Academy, en Floride, que monsieur Riviera dirige.
En effet, le directeur est impressionné par Tomas depuis qu’il l’a vu en action au Combine de 2019.
En peu de temps, tout est réglé et Tomas est prêt à partir seul à l’étranger, aux États-Unis. Ses parents, tout de même inquiets, lui ont fait promettre d’appeler chaque soir… Malgré la réputation de cette académie, Tomas y trouvera-t-il vraiment l’entraînement et l’expérience qu’il cherche ? Et si ce n’était pas du tout ce à quoi il s’attendait ?
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Aperçu du livre
Objectif - Pro du Soccer, t3 - La relève - Jérémie Provencher
Chapitre 1
Les incendies du cœur
(mars 2020)
Aujourd’hui, il ne reste plus rien dans ma chambre : plus un prix sportif sur les tablettes flottantes, plus une affiche de Messi sur les murs, plus une pile de t-shirts soigneusement pliés dans la commode… plus rien. C’est aujourd’hui le grand jour : le déménagement des Charbonneau ! Il m’est plus difficile de dire adieu à ma maison d’enfance que je ne le pensais ; il y a tellement de souvenirs, ici…
Enfin, je n’aurais jamais cru qu’un jour ma vie entrerait dans une douzaine de boîtes de carton, sans compter les meubles… Eh bien, voilà! Voilà où elle en est, ma vie : bonne à enfermer au fond d’une caisse et à mettre à la casse.
Je n’ai pas été choisi par l’Académie de l’Impact ! Je n’ai pas été admis, tandis que trois de mes amis y seront, à cueillir sans moi la gloire longtemps rêvée… Andrew, Didier, Micha…
Micha !
Je serre les poings et m’empare de deux boîtes à la fois. Elles sont plutôt lourdes, super ! Je les emporte jusque dans l’entrée en chancelant, puis la porte s’ouvre subitement.
— Hé! s’indigne Laura alors que je me faufile dehors. Regarde où tu vas, Tomas !
Elle me dévisage tandis que je passe la porte de la maison avant elle.
— N’as-tu aucune honte, Tomas Charbonneau ? me demande-t-elle avec autant de mordant dans la voix que sait en mettre une jeune adolescente. Oh…
Son ton s’adoucit malgré mon effronterie : ma sœur voit clair à travers mon jeu.
— Ça va, s’il te plaît… lui dis-je.
Ma sœur croise les bras et soupire avant d’entrer.
— Comme tu voudras, garde tes sentiments ! Maudits gars… murmure-t-elle, dévalant les marches du sous-sol.
Je me dirige vers l’arrière du camion loué par mon oncle Benoît. Sa moustache frémissant au vent du printemps, il me décharge de mon paquet d’un grand « ouf ! ».
— Tu y vas un peu fort, mon homme ! grogne mon oncle, entraînant la charge au fond du camion.
— Désolé !
Oh non !
J’ai remarqué deux petites taches humides sur le dessus de la boîte ; j’espère qu’oncle Benoît ne s’en rendra pas compte !
Feignant un éternuement, j’essuie mes larmes d’un revers de manche et reviens sur mes pas.
Dans la maison, Rose aide maman à ranger la vaisselle dans du papier journal afin qu’elle ne casse pas. De mes quatre sœurs aînées, Rose est la plus jeune.
— Pourquoi est-ce que je dois torcher les toilettes, maman ? tempête Marianne, la plus vieille de mes quatre sœurs.
Tout comme Emma, Marianne n’habite plus avec nous, mais elles sont venues nous donner un coup de main pour le déménagement. Alors que Marianne est enseignante depuis quelques années, Emma termine ses études à Nicolet pour devenir policière !
— C’est la seule salle vide pour l’instant, rétorque notre mère en posant une tour d’assiettes sur le comptoir. Tu peux aider papa dans son atelier, si tu préfères !
— Euh, non. Franchement…
Mine de rien, j’imagine ma sœur gesticuler en disant franchement et je me rends à ma chambre pour un autre voyage de boîtes. Après quelques allers-retours qui me plombent les bras et le dos, je reste planté là à regarder ma chambre vide… Difficile de croire qu’il y avait un lit avant, et un petit moi dedans !
Petit !
Ma garde-robe est vide également : seuls quelques crochets à linge orphelins y traînent. Ils seront laissés derrière… Tout comme les fenêtres, qui laissent mal pénétrer les rayons du soleil.
Je m’approche et observe la cour depuis la fenêtre un instant. Mes mains tremblent légèrement sur la moulure blanche. Des pleurs roulent sur mes joues alors que mon regard suit l’orée de la forêt… Ce que je vais m’ennuyer de ces arbres ! Mes yeux s’arrêtent sur la poutre démontée que papa m’avait construite. À présent, je devrai m’exercer sans cette fidèle compagne !
Quelques secondes plus tard, j’arrive à me calmer et à tourner les talons pour de bon.
— Tomas ! Hé, Tomas ! fait oncle Benoît, faisant à son tour irruption dans le hall d’entrée. Tu ne m’apportes plus de boîtes ? Où se trouve ton père ?
— Non, c’est terminé pour ma chambre ; papa est en bas, dans l’atelier !
En parlant du loup, j’entends des pas lourds dans l’escalier jusqu’à ce que mon père apparaisse avec un coffre à outils dans chaque main. Oncle Benoît lui en prend un.
— Il n’y a plus qu’à mettre le divan et on sera prêts à partir, annonce mon oncle.
— Déjà ? interroge mon père, surpris. Je n’ai même pas fini de ranger la moitié de mon bric-à-brac, en bas…
— Eh bien, avec toute l’aide que j’ai, commence oncle Benoît en m’adressant un clin d’œil, le camion sera bientôt plein !
— Super ! répond mon père.
Je suis les deux hommes, qui s’empressent de sortir.
— Tu es certain que tu n’en auras pas besoin ? interroge mon oncle en laissant les coffres à outils sur le bord du camion.
— Oui, ça devrait aller… J’ai gardé ceux dont j’aurai besoin pour démonter le lit de Laura. D’ailleurs, c’est ce que je vais aller faire. La deuxième ronde de camion sera plutôt pour les gros morceaux.
Oncle Benoît grogne en guise d’assentiment alors qu’il retourne à l’intérieur avec papa afin de prendre le grand sofa du salon.
— Prends ton bord, ordonne mon oncle. On va le tourner comme ceci, puis comme cela pour passer la porte, O.K. ? précise-t-il en gesticulant. Tomas, monte dans le camion : tu nous aideras à le glisser une fois que nous l’aurons posé.
— D’accord, mon oncle !
Une fois dans le véhicule où sont entassés nos boîtes et d’autres articles personnels de nos chambres d’enfants, comme des lampes, des tables de chevet, ma commode verte et nos bibliothèques, j’entends les deux hommes souffler en forçant, puis oncle Benoît change la position de ses mains avant de passer la porte. En quelques instants, le gros meuble est chargé dans le camion et j’aide mon oncle à le coller contre d’autres meubles afin de les empêcher de bouger une fois que nous serons sur la route.
— Bon ! rugit oncle Benoît. Allez, on va apporter tout ça à votre nouvelle maison !
Papa hoche la tête tout en s’essuyant les mains sur ses jeans.
— Va avec ton oncle, me dit-il. Tu seras plus utile là-bas qu’ici.
— Monte, mon Tom ! insiste oncle Benoît. On va rejoindre tante Céline et tes cousins, Natan et Amélie. Je vais les appeler en chemin, leur dire que nous partons et ils vont venir nous donner un coup de main pour vider le camion !
Le moteur du camion gronde et je regarde ma maison disparaître de mon champ de vision, incertain de la revoir.
— Tu ne causes pas beaucoup, dis donc ! me reproche mon oncle après quelques minutes de route.
— C’est juste que… C’est comme si je m’abandonnais moi-même, avec ce déménagement… dis-je d’une voix fatiguée.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? me demande oncle Benoît en tournant adroitement le volant.
— Eh bien, tu sais, dans un déménagement, on s’occupe surtout de nos affaires matérielles et tout, mais pour moi, c’est comme si je laissais mon ancienne vie derrière aussi, tout d’un coup ! Mon école, mes amis, mon équipe de soccer…
— Ouais… soupire mon oncle. Ton père m’en a glissé un mot ; c’est dur de mettre notre passé dans une boîte et de le ranger aux oubliettes, mais tu sais, Tomas, notre passé, c’est ce qui fait que nous sommes devenus la personne que nous sommes aujourd’hui.
— Hmmm…
— Ne te casse pas trop la tête ; tu es si jeune ! Écoute, je sais que ça t’a donné un sacré coup, ce refus de l’Académie… Je vois que tu n’es pas trop dans ton assiette, et que le déménagement n’est pas le fond du problème. Ce n’est pas comme si tu partais pour Montréal ou l’Ontario ! Tu déménages seulement à Mascouche, puis tu pourras bien finir ton année scolaire à l’école où tu es en ce moment !
— Je sais… C’est juste que… je ne sais pas ; je me sens comme si on m’avait trahi.
— C’est normal, mon homme ! Moi aussi, j’aurais envie de leur dire ce que j’en pense, de leur prouver qu’ils ont tort ! Peut-être qu’ils auront une mauvaise saison sans toi et qu’ils comprendront leur erreur.
— Peut-être… mais je ne peux pas compter là-dessus !
— Exactement, Tomas. Bien que ça te brûle ici, en dedans, comme un feu, explique mon oncle en posant une patte sur sa poitrine et en me fixant du regard, c’est quelque chose que tu ne peux pas contrôler. Alors, tu dois apprendre à te détacher, et à faire ton propre chemin…
— Est-ce que tous les feux finissent par s’éteindre ? que je lui demande.
Le pompier-vétéran