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De la cécité volontaire Essais sur l'identité de lieu
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De la cécité volontaire Essais sur l'identité de lieu
Livre électronique192 pages2 heures

De la cécité volontaire Essais sur l'identité de lieu

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À propos de ce livre électronique

Qu'est-ce donc ce malaise insoutenable qui mène certains à s'expatrier, en démocratie comme en temps de paix ? Christine Boucher s'interroge sur ce qui nous greffe à un territoire. Sous forme d'essais pimentés d'humour caustique et d'anecdotes sensibles, elle révèle les tabous de l'expatriation volontaire. 

Tambour battant, elle livre une réflexion critique sur cette patrie idéalisée qu'elle fuit, le Canada, où règnent la confiance et un « endormissement collectif ». Le drame de l'Histoire se résumerait-il à ce fil conducteur, à savoir cette confiance aveugle accordée aux pouvoirs ? Il tisserait les métarécits nationaux et ces « modes de vie » de la société de consommation. Et si les démocraties n'étaient que de vils mécanismes mangeurs d'hommes, aux allures humanistes ?

Tel un coup de clairon, cette interrogation aboutit sur la « pandémie ». Nous serions bercés par les mythes « démocratiques » que sont ; les contre-pouvoirs ; la société civile ; le devoir citoyen de voter ; la marche du progrès ; et l'espoir. Au moment où les sociétés de contrôle visent notre mobilité, l'homo democraticus est-il vraiment maître du château ?

Cet ouvrage coup-de-poing célèbre la mobilité et les dystopies, châtiant le règne de la cancel-culture sur les « populations somnambules ». De conclure que sur fond de crises mondiales perpétuelles, notre sommeil s'avérera imperturbable sur tous les fronts, car millénaire et profond.

Christine Boucher est née en 1973 au Canada, historienne d'art polyglotte, skipper et pilote à ses heures. Résignée à ne pas appartenir, incapable de se poser, c'est le cœur à vif qu'elle vit et voyage depuis 40 ans. Ceci est son premier ouvrage.

LangueFrançais
Date de sortie2 juin 2023
ISBN9782982178304
De la cécité volontaire Essais sur l'identité de lieu
Auteur

Christine Boucher

Christine Boucher est née en 1973 au Canada, historienne d’art polyglotte, skipper et pilote à ses heures. Résignée à ne pas appartenir, incapable de se poser, c’est le cœur à vif qu’elle vit et voyage depuis 40 ans. Ceci est son premier ouvrage.

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    De la cécité volontaire Essais sur l'identité de lieu - Christine Boucher

    CHRISTINE BOUCHER

    DE LA CÉCITÉ VOLONTAIRE

    Essais sur l'identité de Lieu

    Une image contenant croquis, dessin, art, illustration Description générée automatiquement

    ÉDITIONS DES HAUT-PARLEURS

    Christine Boucher

    De la cécité volontaire

    Essais sur l’identité de Lieu

    Éditions des Haut-Parleurs  

    llustration de la couverture : © Christine Boucher.

    Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.

    ©Éditions des Haut-Parleurs, 2023, pour la présente édition, pour le Canada et pour le reste du monde.

    ISBN numérique : 978-2-9821783-0-4

    Titre original :

    THE EXPATRIATE ITCH

    ©Éditions des haut-parleurs, août 2023, pour la présente édition.

    Dépôt légal : août 2023

    Mobilité de la Pensée et de la Personne

    L’humain naît libre. Tel un arbre, il est muni de racines. Ces racines surgissent de l’âme. Encore faut-il naître en bon terreau, tout comme l’arbre. L’humain s’enracine en bonne terre. Il s’épanouira selon les lois naturelles. Un mauvais terreau produira un citoyen inadapté. Cette suite d’essais porte sur l’idée de l’enracinement, de la mobilité et du sens d’appartenance à un territoire, à un pays. Il livre des intuitions intimes portant notamment sur l’identité de lieu et la mobilité de l’individu. Il s’interroge sur la nature et la puissance de cette force centrifuge qui maintient des millions d’êtres humains dans les confins d’un seul territoire.

    Puisqu’il n’a jamais été dans l’intérêt des puissants de voir l’être humain s’épanouir, de peur de réduire sa productivité au service de l’État, peu se sont penchés sur l’identité de lieu. La philosophie et la sociologie nous ont pourtant légué de nombreuses pistes. Il est grand temps de s’intéresser davantage aux conditions qui contribuent à l’expansion et à l’épanouissement de l’individu, relatifs à sa géographie. Or cette discussion doit se tenir dans l’arène de l’agora.

    Le présent ouvrage aborde librement le thème de la mobilité, dont nous sommes saisis aujourd'hui. Il s’intéresse plus particulièrement, à la présomption d’appartenance au sol natal. J’y analyse les conséquences personnelles et collectives qu’implique le rejet de ce cantonnement. En effet, la mobilité constitue une menace pour les puissants de ce monde, depuis des lustres. Nombre de communautés ont criminalisé la notion même d’un départ. Le voyage a constitué un acte d’apostat pour les communautés religieuses. Cette stigmatisation se voit perpétuée à ce jour, dès lors qu’un visa est refusé au voyageur, limitant la mobilité de populations entières. À fin d’exemple, l’hindouisme indien ne permit pas aux fidèles de quitter le territoire indien, fusionnant identité religieuse, nationalité et territorialité pendant des siècles. Ces circonstances malheureuses ont historiquement rendu la libre circulation, le voyage et l’expatriation condamnables, jusqu’à menacer le droit à la nationalité, à l’identité, voire au sentiment d’appartenance.

    Il serait juste de dire qu’à la libre pensée correspond la mobilité de l’être. Dans ce sens, nous constatons une corrélation étroite entre l’inertie de l’esprit et l’attachement territorial. Les pays associés à la répression de la liberté de parole ont recours, tôt ou tard, à la restriction de la libre circulation, voire à la détention de masse. L’un précède souvent l’autre.

    À ce jour, nous éprouvons de l’incompréhension à voir certains compatriotes s’expatrier sans retour, par-delà la durée limitée de contrats de travail et de programmes d’études à l’étranger. Nous avons ainsi normalisé et intégré le tabou de la mobilité.Cette suite d’essais considère également les implications sournoises qu’engendre le contrôle croissant de la mobilité citoyenne, de manière générale. Dès lors que l’État se sent menacé par la dissension de masse, la nécessité des contrôles s’impose. Le « marquage » des populations mondiales à l’aide de technologies d’authentification biométriques est désormais imminent, conditionnant l’accès total au « système ». Il mène au renoncement irréversible à la vie privée. La société de surveillance nous guette.

    D’abord écrite en anglais, cette version actualisée a été traduite en français. Une mince chronologie d’anecdotes rédigées en terres éloignées, de l’année 2008 à 2022, enchâsse les nombreuses observations de cet ouvrage. Il favorise l’intimité du témoignage vivant, soucieux d’éviter les banalités du récit de voyage. C’est alors que le sentiment de non-appartenance donne lieu à la notion de déracinement. Il introduit le lecteur aux modalités plurielles de l’identité nomade à travers divers espaces-temps, où la perception de la vie est tout autre. La cohérence longuement espérée d’un dialogue interne et douloureux prend forme. Elle voit enfin l’aboutissement d’une perpétuelle interrogation qui trahit un profond désir d’appartenance et d’identification à son époque.

    Ce parcours est à la fois personnel et universel. Pourquoi lui consacrer un essai? Pour lancer un appel, dans l’espoir d’un écho qui brisera l’isolement. Comment défendre cet ouvrage? Nous avons jugé futile de soumettre la dimension sensible de certaines affirmations à la « rigueur » des sciences sociales, qui sont en effet sur le point de « vaporiser » l’Homme, dans sa capacité de révéler le réel. Le muselage est au goût du jour. Dans la forme, ce texte fait donc fi du questionnement hypothétique dont on fait usage pour amadouer le lecteur. Nous avons préféré lui accorder le soin de déterminer si ces affirmations lui correspondent. À lui de juger. Au risque de froisser, elles résonneront avec certains. Il ne s’agit donc pas ici de « défendre » des réflexions tirées de l’expérience vivante mais plutôt de tendre la main à ceux qui, de par le monde, se reconnaîtront dans ces lignes.

    Enfin, la mobilité, tant psychique que physique, est l’état naturel de tout être sensible, tant de l’Humain que de l’animal. En Amérique, la mobilité est tenue pour acquis. Il est grand temps de reconnaître ce fait civilisationnel, à l’ère des crises migratoires, des pénuries, du réchauffement climatique et de la crise mondiale de l’eau.Il reste à voir si nous protégerons ce droit fondamental, si banalisé soit-il. Car la mobilité est à l’esprit ce que l’oxygène est au corps. Son déni atténue sa lumière. Le point de bascule de notre civilisation pourrait bien se trouver à cette jonction critique.

    CHRISTINE BOUCHER

    Oaxaca, 1 juin, 2022

    I

    L’ABSENCE DE SENS EN AMÉRIQUE

    « La barbarie n’est pas un commencement, elle est toujours seconde à un état de culture qui la précède nécessairement et c’est seulement par rapport à celui-ci qu’elle peut apparaître comme un appauvrissement et une dégénérescence. »

    ─ Michel Henry, La Barbarie

    Du progrès et du bonheur

    Alors que nous nous promenions à travers l’un des « vieux quartiers » de Montréal, un ami français me dit un jour : « Le problème de ton pays, c’est que tout a été accompli ». Le quartier était calme, immaculé et stérile. Il avait l’impression que le niveau de développement, dans mon pays de neige, freinait l’engagement citoyen, n’étant plus tenu sous tension par l’appel à la lutte sociale. Selon lui, la vie était devenue trop confortable et prévisible pour que la lutte demeure au-devant des préoccupations et qu’elle interpelle l’âme. Ainsi, tout avait été accompli. Nous n’avions qu’à affiner le système. Les bases étaient jetées et les combats fondamentaux menés.

    La beauté de la vie ne se perçoit-elle pas, en effet, dans la lutte soutenue, dans ce duende[1] de la vie, qui brûle l’âme comme un tango, par un souffle de noble douleur ? Dans cet esprit, trente ans auparavant, mon père me disait que le Canada ne le « contenait plus ». Déjà étudiant, il s’envolait vers New York pour y travailler, dans l’espoir d’être « absorbé », disait-il, par son environnement. Le Québec des années ‘50 étouffait dans le carcan catholique de l’après-guerre qui avait façonné toutes les sphères sociales. Les États-Unis étaient plus grands que nature : les voitures étaient belles, les femmes ravissantes, l’air du temps électrifiant. Il me racontait ces années-là, les étoiles dans les yeux. Il passa d’ailleurs sa vie à fuir le Canada, à la recherche du duende du Vieux continent et du tarab de l’Afrique du Nord.

    Je n’avais pas échappé à cette malédiction, dénigrant toute participation à la vie citoyenne de mon pays. Mon époque me laissait indifférente tout comme ses enjeux. J’avais accompagné ma famille à l’étranger depuis ma tendre enfance, déracinée et étrangère dans mon pays. Les départs étaient prévus tous les six mois. J’avais connu les Caraïbes, l’Afrique du Nord, l’Europe et l’Asie. Entre le foisonnement culturel de ces terres et le vide historique dans notre « colonie » de gel, je me sentais exsangue et déprimée.

    Il m’était de plus en plus impossible d’imaginer y trouver amis, mari ou quelque avenir professionnel. L’arrivée seule à l’aéroport de Montréal me donnait la nausée. J’étais en état d’animation suspendue dès l’atterrissage. Devenue adulte, me retrouvant à la croisée des chemins, je choisis de plonger dans les profondeurs abyssales de mon désarroi. J’acceptai alors pleinement cette inadaptation, espérant que ce courant me porte au-delà de mes frontières, pour échapper aux flots d’une société qui menaçait de me noyer.

    Qu’est-ce donc ce malaise qui mène certains à chercher une vie ailleurs, ce quelque chose qui nourrit l’âme et dont l’absence fait souffrir? Ce qui pousse à se demander si l’esprit de l’homme est encore mis à contribution en Amérique du Nord, à la lueur d’un tel ennui civique. Non pas l’esprit de la technique et de l’innovation, mais bien l’esprit qui élève l’âme et la condition humaine vers le dépassement de soi ; celui qui permet de distinguer la dignité de l’immonde. Si la lutte donne un sens à la vie, nous sommes témoins d’une époque qui se distingue par son absence de sens. 

    Dans cet esprit, il est malaisé de poursuivre sa vie en marge de la société. Être mal aligné sur son environnement peut avoir d’amères conséquences. On finit par perdre contact avec ses proches. Il s’ensuit que cette absence de sens en mène plus d’un à fuir le pays d’origine pour s’expatrier vers d’autres horizons. J’étais moi-même en quête d’une société qui se renouvelle. Dès mon plus jeune âge, je me trouvais en totale dissonance avec les villes contemporaines d’Occident. Nous sommes, après tout, des êtres spirituels. Une ville doit être vibrante, belle et fière de ses exploits, de son époque. Certains optent pour cet antidote qu’est l’expatriation, en quête d’authenticité. Tel fut le cas de Pierre Loti (Louis-Marie-Julien Viaud) et ses semblables. Cet expatrié, auteur et officier de la marine française, parcourut le monde et navigua sur les mers. En Asie, il intégra les rythmes de la vie turque, inspirant le Madama Butterfly de Puccini et le Lakmé (1883) de Délibes. Paul Bowles, l’auteur et compositeur américain, passa sa vie adulte entre Tanger et Malaga. Les expatriés volontaires sont attirés par ce à quoi ils s’identifient, ce qui les inspire, ce qui célèbre la vie et leur procure un sentiment de bonheur.

    À ce jour, je constate que le citoyen de mon époque est déshumanisé et détourné de son essence. Il est d’autant plus démuni d’outils analytiques, que la société s’enorgueillit de favoriser l’enseignement de métiers techniques, au détriment de l’instruction. Le virage nord-américain vers l'Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO), ou Enseignement programmé, dénotait cette volonté d’arrimer le citoyen à la production technologique et de le priver de l’éducation humaniste universelle, revendiquée par les Lumières. La société de consommation, à son tour, le prive de son héritage spirituel. L’Homme de cette modernité pourtant si acclamée ne peut penser par lui-même. De plus, il est prisonnier du temps. Il peine à analyser son environnement, depuis son for intérieur. Par intuition, il devine le Sublime, si profondément enfoui dans sa conscience. Il souffre en silence, à peine conscient de sa propre absence, dans ces villes de béton qui l’abrutissent et l’avalent.

    La culture, l’art de vivre et le beau n’ont plus droit de cité. Mais encore, qu’entendons-nous par culture?  Le fait même d’évoquer la stérilité de la culture nord-américaine froisse les sensibilités et provoque l’incompréhension. La distinction entre haute culture et culture populaire est un tabou américain puissant. Toute mention du Grand Art est impossible. Toute analyse des goûts de l’homme moyen et de ses appétits est inadmissible. Toute distinction entre l’homme moyen et l’homme de culture est scandaleuse. Les médias nord-américains sont hostiles à ce débat, qui préfèrent « ne pas juger ». Le consensus, la censure et l’autocensure s’ensuivent. Le débat est clos.

    Les populations sont ainsi abandonnées dans un flou culturel et privées de leur héritage spirituel. En occident, les constitutions et institutions prétendent assurer la protection des droits de l’homme, sans pour autant garantir ses droits spirituels. Elles prétendent également garantir l’intégrité territoriale des nations, des droits civils, et un minimum de droits fondamentaux et inaliénables, de sorte que le système puisse opérer et que l’ordre et la vie soient préservés. Elles ont assumé la dimension matérielle et physique de l’homme, alors que la religion assumait le rôle d’arbitre et de médiateur dans nos affaires spirituelles. Mais en cette ère séculaire, l’homme occidental peut-il se complaire dans l’antre de dogmes religieux, en totale dissonance avec sa dimension spirituelle? En Occident, les dogmes séculaires ont occupé le vide laissé par l’Église. Mais, le dogme démocratique est-il au service de l’Homme et de son esprit, ou sert-il l’idéologie d’un consumérisme abrutissant?

    Il serait faux de prétendre que les mythes virulents de la postmodernité élèvent l’Homme à sa plus haute expression. Ils se multiplient au rythme de l’évolution de la

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