En chemins avec Teilhard: Jalons vers une nouvelle humanité
Par Monique Drouet
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Monique Drouet est diplômée de droit privé et de sciences humaines. Restée proche de sa mère atteinte d'hémiplégie totale, elle est membre de plusieurs associations (catholique et œcuménique, bioéthique, philosophique), et membre de quelques sociétés savantes notamment de la Société des Antiquaires de Normandie. Après avoir été secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences de Caen, elle intègre l'Académie des sciences de Cherbourg.
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Aperçu du livre
En chemins avec Teilhard - Monique Drouet
Monique Drouet
En chemin
avec Teilhard
Jalons vers
une nouvelle humanité
« Chemins teilhardiens, jalons vers une nouvelle humanité »
État de la société
La « Der des Ders » avait fait reconnaître – à travers ce pauvre terme « obusite » appliqué aux Poilus atteints de véritables névroses – la possibilité de maladies purement psychiques, donnant alors naissance à la psychiatrie moderne.
1940 ! Seconde Guerre mondiale
Les conséquences psychologiques de la dernière guerre – dévoilant l’aspect abject, violent, meurtrier, d’individus a priori « comme les autres » – ont conduit à la perte de repères et au désenchantement du monde. Nuremberg mit au grand jour l’horreur cauchemardesque des tortures de masses… Apparition juridique du terme « crime contre l’Humanité », précisément parce qu’on chancelle devant les actes de barbarie commis en toute lucidité. Et parce qu’on ne sait plus différencier un « Homme » d’un « Bourreau », on va juger des actes « imprescriptibles par leur nature », modifiant là l’héritage de Césare Beccaria pour lequel « nullum crimen, nulla poena sine lege ».¹ « L’horreur s’attache à des événements qu’il est nécessaire de ne jamais oublier », avait remarqué Paul Ricœur dans les Temps et récits III. La Justice passa… Pour les familles des Morts, pour les Survivants, la condamnation officielle – unanime et internationale – permit de tenter de reprendre confiance en l’Homme : on ne relevait plus douloureusement la tête pour faire face, continuer encore, rester debout, on pouvait la relever pour voir la vie et y participer… être actif, vivre. Des enfants naquirent, le silence dans la plupart des familles fut général : l’atrocité se subit, elle ne se raconte pas.
L’économie est repartie, le progrès en tous domaines permettant l’établissement et l’épanouissement d’une société de consommation offrant une facilité de vie jamais encore atteinte dont le développement semble exponentiel.
Et cependant l’ambiance actuelle est lourde, étouffante, triste. L’avenir ne semble plus pouvoir exister en ce sens que l’homme ne l’envisage plus comme réalité de sa vie quotidienne : la vie s’écoule au jour le jour, l’homme s’agite un peu… comme s’il était pris au piège et qu’il ne puisse trouver en lui le moyen de se libérer.
De la reconnaissance progressive de la matérialisation humaine du Mal et de l’écartèlement moral qui en fut conséquence, de la déstabilisation spirituelle devant une structure religieuse qui ne comprit pas ou ne voulut pas admettre qu’un catéchisme servant un modèle hiérarchique et baignant dans le Bien et la Bonté était devenu parfaitement inadapté, de la tension – permanente, inlassable et maintenant aveugle – de la recherche d’un Idéal qui n’assujettisse pas l’homme, d’un abaissement ahurissant du concept de Justice conduisant à la transformation radicale de la notion de « sanction » au nom d’une certaine idée de la dignité de la personne humaine, a jailli dans les nouvelles générations un nihilisme de Désespérance.
Proposition
Certaines figures émergent cependant toujours de la foule anonyme.
Pour notre propos, seule sera évoquée celle du jésuite Pierre Teilhard de Chardin, né à Sarcenat dans le Puy-de-Dôme le 1er mai 1881 et mort à New York le 10 avril 1955 – l’année de naissance de Bill Gates –. Il sera ordonné prêtre le 24 août 1911. Il a 30 ans.
Brancardier sur le front – à sa demande – dans un régiment de tirailleurs marocains lors de la Première Guerre mondiale, il recevra la Médaille militaire et deviendra Chevalier de la Légion d’honneur pour son courage.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sera bloqué à Pékin.
Pendant toutes ces années, le jeune paléontologue n’arrête pas d’être actif. Il écrira beaucoup, des lettres maintenant regroupées sous forme de livres, tel Accomplir l’Homme ou Lettres de voyages, mais aussi La Messe sur le Monde, ce magnifique « essai » ébauché pendant la première guerre mondiale – alors qu’il était tout près du Chemin des Dames – et qui dévoile l’Homme en achèvement de la Matière offrant à Dieu pleinement immanent un véritable et humble cantique cosmique. Chercheur, il découvrira, avec ses collègues Liu Wu et Tong Haowen, le Sinanthropous pekinensis – l’homme – ou plus précisément la femme, relativement âgée – de Pékin entre 1923 et 1927 (cette dernière a d’ailleurs été soumise à une récente datation permettant de l’estimer à 780 000 ans, soit un recul de 200 000 ans par rapport à la précédente).
Cependant – en même temps –, il a commencé, ce faisant, par frôler – dans un autre domaine, et à titre personnel – la même incohérence déstabilisatrice générée par la guerre : s’ajoutant à l’horreur vécue dans les tranchées, l’évolutionnisme qu’il constate, qu’il peut toucher à travers le squelette du Sinanthrope, va mettre à mal les dogmes bibliques et la structure religieuse à laquelle il avait pleinement adhéré en devenant jésuite.
Il aurait certes pu choisir de fermer les yeux et d’accepter la séparation psychologique entre la Science et la Foi, plus confortable… Un tempérament trop passionné, une lucidité devant la vitesse d’avancement de la Science ont fait obstacle à son adhésion de caste.
Silencieusement, enjambant toutes structures éducatives, au-delà de tous symboles, il s’est saisi des hypostases, de ces substances fondamentales qui sous-tendent et créent le ferment de la Matière humaine, et – à partir d’elles – il a tenté de comprendre comment l’Humain avait pu faire naître, garder et développer cette unité homogène qui le dépasse, cette identité spiritualiste qui seule donne un sens à son existence en lui reconnaissant la possibilité d’une indépendance, d’une liberté qui le transcende.
Les années ont passé.
Le siècle a changé.
C’est à travers cette démarche du Scientifique, ce pari originel qu’il ne saurait y avoir oppositions ni divergences à aucun moment entre les faits de Science et l’énergie humaine constituée de ce besoin d’échanges affectifs multifocaux, de cet amour aux aguets toujours prêt à se réaliser, qu’il semble possible de trouver des « jalons » permettant d’apaiser l’angoisse existentielle actuelle en dévoilant l’absurdité du sentiment d’Inutilité dans un univers assoiffé de Solidarité.
Trois questions serviront de socle, auxquelles répondent quelques points forts affrontés par notre Jésuite.
C’est autour de ces points que se déploiera une espèce de « carnet de voyage » proposant des méditations ou des digressions, jalons moraux et spirituels permettant de retrouver le sens véritable de l’Existence tel que l’envisageait le Père Teilhard.
Ces points forts, si divers, accordent la possibilité de butiner dans l’ouvrage sans le suivre de manière chronologique, afin d’avoir la liberté de méditer suivant son désir plus particulièrement sur tel ou tel problème… ou de suivre le gré de sa fantaisie ou de son planning !
Ces points sont les suivants :
« Qui es-tu ? », point qui ouvre sur la question de l’éternel féminin, et de l’immortalité, sur le style d’écrire particulier de Teilhard dans lequel le Sublime est nécessairement absent, sur son étude du Livre et sur l’approche du Chercheur dans le rapport entre science et foi.
« Que cherches-tu ? », point qui ouvre sur la question de la mondialisation, et de sa condition qui en est d’ailleurs en même temps la conséquence, la Solidarité.
« Quelles voies ouvres-tu ? », point qui ouvre sur la question du Temps, du Mal et du Don.
1 Des délits et des peines (Poche) C. Beccaria
QUI ES-TU ?
Méditations à partir du texte de Teilhard, « l’éternel féminin »
²
« Peut-on renoncer à l’amour ? Si non, pourquoi ? Mais en ce cas, comment concilier amour et chasteté ? »
Voilà la question abrupte à laquelle le jeune séminariste Pierre Teilhard de Chardin va se voir confronter durant la guerre, en mars 1918, quelque temps avant de prononcer ses vœux définitifs. Il va élaborer une réponse à laquelle il restera fidèle toute sa vie à travers ce texte poétique, « L’Éternel Féminin ».
Il est certes possible d’avoir du mal à considérer ce texte comme un poème, dans la mesure où il n’en possède pas les caractéristiques classiques. Il convient cependant de remarquer qu’il est vibrant de poésie, tant sur le choix des mots que sur le rythme de certaines phrases, la démarche stylistique, de pair avec la dialectique, mettant en évidence la recherche masculine, intellectuelle, et spirituelle.
Le plan suivi sera celui de la question initiale.
Peut-on renoncer à l’amour ? Si non, pourquoi ?
Très logiquement, Teilhard tente d’abord de définir l’amour, et d’élucider sa fin. Transposant « Proverbes VIII, 22,30 », il écrit : « Dès avant les siècles, ébauche sortie des mains de Dieu, destinée à s’embellir à travers le temps (…), l’amour va en quelque sorte s’enraciner dans l’humus universel, s’incarner : véritable "force de condensation et de concentration du Multiple initial". »
À l’origine, le Multiple… Teilhard en tirera plus tard – conséquence de la nécessité d’unification par concentration – la loi de complexité-conscience.
Répandue en ce Multiple, l’ébauche, toute ébauche qu’elle soit, possède déjà sa cohésion, son unité, et connaît sa raison d’être : unifier.
« Tout dans l’univers se faisant par union/fécondation », cette ébauche se mélangera intimement à chaque ingrédient de l’univers, non seulement « pour renaître dans une troisième chose », ce qui représente la première forme, horizontale, matérielle, d’unification, mais pour susciter en chacun, à son heure, à son temps, la soif de l’unité, « Idéal suspendu au-dessus de lui pour le faire monter », dit Teilhard.
Première caractéristique donc de l’amour : lové partout dans l’univers, il est essentiel à son développement ; il est « l’essentiel Féminin », conclut le Séminariste.
En face de la Matière amorphe, plurielle, se tient, suivant la définition biblique, la Sagesse, qui infuse, au niveau même de chaque molécule, en les unifiant, une forme d’amour, un désir d’aller plus loin, au-delà d’elle. L’amour s’adresse en tout temps, en tous lieux, à tous et à chacun, « cimentant ainsi les bases de l’univers » précise le texte.
Féminin, charme, parfum, attrait, Teilhard emploie des termes qui relèvent essentiellement du domaine de la Femme. Il faut citer le titre entier de ce texte : « L’Éternel Féminin ; à Béatrix ». On se souvient que le Scientifique avait lu Dante : ce dernier, en particulier dans les sonnets des « Canziniere », chante la passion amoureuse qui l’a saisi alors qu’il avait neuf ans, et qu’il a gardée toute sa vie, pour une petite Florentine, Béatrix Portinari. Elle mourut en 1290. Dante lui resta fidèle et sublima cette passion, faisant en quelque sorte de Béatrix un ange intercesseur dans sa recherche du Salut. De même Goethe, que Teilhard connaissait bien, fait dire à son Faust : « L’éternel Féminin nous entraîne en Haut ».³
L’éternel Féminin est donc cet élan d’amour qui englobe et unifie en sublimant, en idéalisant. Et, parce que l’Amour donne sa cohésion à tout l’univers en lui donnant son sens, il est universel. En conséquence, y renoncer ne relève pas des capacités humaines. Le Séminariste précise : il est « l’universel Féminin ».
« L’Homme, synthèse de la Nature » accumule puissance, gloire, beauté, recherche scientifique… dans l’Antiquité, n’était-ce pas Minerve – une femme donc – déesse des arts, des sciences, des industries, qui personnalisait déjà la Sagesse ? Il y a eu évolution, on devrait peut-être même dire Révélation… L’homme donc accumule puissance, gloire, beauté, recherche scientifique, « sans se rendre compte que, sous tant de formes diverses, c’est toujours la même passion qui l’anime… L’attrait Féminin », en ce que « C’est moi, l’accès au cœur total de la création, la Porte de la Terre, l’Initiation ». Animer… animus… ruah, le Souffle, en hébreu, qui donne l’existence.
L’amour, l’Amour Sagesse biblique, ne peut exister en s’auto-limitant à deux êtres au risque de dégénérer, de chuter, de se décomposer. Tenter cet immobilisme appropriatif revient à « renverser géométriquement sa nature », constate le Séminariste. Autrement dit, au lieu de s’élever, l’homme chute, se matérialise. Teilhard ne peut dire se bestialise, non seulement parce que la Sagesse est distribuée à toute la Terre, et à Tous sur la Terre, mais aussi parce qu’il a là la possibilité de donner une définition de la matière originale pour un Scientifique : La Matière est « la face de l’Esprit quand on l’aborde en reculant ».
C’est au Verbe uni à l’Humanité entière que coïncide la Sagesse incarnée… et Teilhard fait dire à son Féminin cette phrase pleine d’amertume désabusée : « Il a pu sembler que j’étais la perte de l’humanité, la Tentation. »
Elle n’est pas Tentation, mais se doit d’être Tentative vers un Idéal qui la sublime… « Je suis essentiellement féconde, c’est-à-dire penchée sur le Futur, sur l’Idéal », lui fait dire le Poète. Teilhard est ambitieux pour l’Homme, entre autres parce qu’il considère que « l’équilibre de la vie le force à monter sans cesse ». Il souhaite donc qu’il n’y ait aucune matérialisation au sens vulgaire du terme – quelle qu’en soit la cause – qui le réduirait en poussière, mais au contraire acceptation de cet élan fécond, qui conduit lentement l’homme à la porte du Divin.
Cette Sagesse par conséquent se doit d’être protéiforme. Le jeune Séminariste
