DU POINT DE VUE DES MODERNES, Dieu n’a pas sa place en politique. Pour preuve, lorsque le religieux s’immisce dans la vie de la cité, il le fait avec violence et doit en être chassé. Mais pour le philosophe et directeur d’études à l’EHESS Bruno Karsenti, c’est aller vite en besogne que de nous croire, en Occident, détachés de nos origines religieuses, car elles continuent d’informer profondément, dans les trois monothéismes, notre vision de la justice. C’est le propos de La Place de Dieu. Religion et politique chez les modernes (Fayard) qu’il publie. Dans cet ouvrage dense, il montre notamment que l’enjeu n’est pas tant d’exclure le religieux de la vie des groupes sociaux que de comprendre comment il peut produire sa propre laïcisation.
Selon le présupposé athée, nous, modernes, serions arrivés au bout des illusions issues de la religion et, dans cet épuisement, la