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Pierre Benoit mène l'enquête: Pierre Benoit mène l'enquête
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Livre électronique233 pages3 heures

Pierre Benoit mène l'enquête: Pierre Benoit mène l'enquête

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À propos de ce livre électronique

Ecrivain, romancier, poète, journaliste et académicien (1931) à la personnalité fantasque et pittoresque, Pierre Benoit a enchanté des millions de lecteurs du début des années 1920 à la fin des années 1950, tout en faisant souvent les délices de la presse mondaine de l'entre-deux-guerres.

Après avoir (de façon romanesque et fictive) traqué un tueur en série dans le Paris de 1924, après avoir enquêté en Guyane et dans les établissements nocturnes de Montparnasse en 1926, après s'être retrouvé au cœur d'une affaire d'espionnage international en 1928, Pierre Benoit poursuit ses enquêtes imaginaires au fil de cinq aventures, tantôt sous sa propre identité, tantôt sous le pseudonyme de l'inspecteur-suppléant Ferdinand Fraisse, de la 1re Brigade Spéciale, où il fait la lumière avec sagacité et sans jamais se prendre réellement au sérieux...

LangueFrançais
Date de sortie15 avr. 2023
ISBN9798215401552
Pierre Benoit mène l'enquête: Pierre Benoit mène l'enquête
Auteur

Hervé Gaillet

Passionné d’histoire, Hervé GAILLET anime le blog La plume et le rouleau (www.laplumeetlerouleau-overblog.fr) depuis près de vingt ans. Une Belle pour le Soliloque est sa deuxième exofiction policière, après Derrière les lignes qui a obtenu le Prix Alterpublishing  2017. Il y fait, une nouvelle fois, revivre le grand romancier de l’entre-deux-guerres Pierre Benoit, écrivain et académicien (1931) dont il contribue à conserver la mémoire au sein de l'Association des Amis de Pierre Benoit.

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    Aperçu du livre

    Pierre Benoit mène l'enquête - Hervé Gaillet

    I. DOUBLE EFFRACTION POUR PIERRE BENOIT[5]

    Paris, VIe arrondissement.

    ––––––––

    Pierre Benoit était arrivé à l'heure au rendez-vous qu'il avait à La Closerie des Lilas[6]. Vêtu avec élégance et décontraction d'une veste de tweed, arborant un discret nœud papillon brun, il était venu tout à la fois en voisin[7] et en habitué des lieux et, de ce fait, il avait d'abord fait un brin d’aimable conversation avec le personnel du restau-rant. Puis il s'était confortablement installé à l'une de ces tables rondes qui faisaient le style et le charme de l'établis-sement et il avait tranquillement entrepris d'examiner la carte du déjeuner, afin de patienter un peu.

    Il était en train d'hésiter sur son entrée lorsque son convive arriva à son tour.

    -  Ah ! Pierre, quel plaisir de te voir... lança son ami avec une sorte de soulagement, tout en se débarrassant prestement de son manteau.

    -  Assieds-toi, Roger ! On vient de me conseiller d'excellentes huîtres, fraîchement arrivées de Marennes. Un des serveurs est originaire de Charente-Inférieure[8] et il a quelques bonnes adresses du côté d'Oléron. Nous avons parlé du pays...

    -  Tu ne séjournes pas à Arcachon en ce moment ? demanda le dénommé Roger en dépliant sa serviette.

    -  Pas en ce moment... J'y ai écrit Erromango il y a deux ans mais pour mon prochain roman, c'est à Paris que j'ai posé mes valises, pour le moment. Et puis il y a d'autres choses qui me retiennent ici, également[9]..

    -  Ah ! L'amour... Toujours l'amour ? glissa Roger.

    -  Du pain ? proposa Pierre Benoit, souriant, en soulevant la corbeille.

    -  Volontiers... remercia l'autre en commençant immédiatement à détacher la mie du morceau qu'il venait de piocher.

    -  Alors... Des Fines de Claire, pour commencer ?

    -  Allons-y comme ça.

    -  Tu me parais un peu nerveux... Quelque chose ne va pas ?

    Pierre Benoit affichait, comme à son habitude, une mine joviale et détendue qui contrastait avec la tension qu'il percevait chez son ami. L'écrivain avait tablé sur un déjeuner convivial et chaleureux avec un vieux camarade : il commençait à comprendre que cela ne serait pas le cas. Manifestement soucieux, Roger n'avait jeté qu'un regard rapide sur le menu pour effectuer sa commande.

    -  Pierre... Il s'agit d'une affaire un peu délicate à expliquer mais dont j'ai tenu à t'entretenir aujourd'hui.

    -  Pourquoi aujourd'hui ? Tu es pressé ?

    -  Je repars tout à l'heure à Vanteuil.

    -  Vanteuil... Vanteuil-sur-Loire ? Tu y as une propriété, non ?

    -  En effet. Et c'est précisément là qu'il s'est passé quelque chose d'étrange sur lequel je souhaiterais ton sentiment.

    -  Ah...

    Après avoir avalé sa deuxième huitre avec délectation, Pierre Benoit porta sa serviette à ses lèvres puis sortit la bouteille de sauvignon du seau où elle rafraichissait. Il servit son ami avec une petite moue de perplexité.

    -  Mon sentiment... Je te remercie de ta confiance et je serais naturellement ravi de te donner mon opinion. Mais n'en attends pas non plus trop de ma part... Davantage de cet excellent vin ?

    -  Allons, allons ... Ne fais pas le modeste. Tu sais bien ce qui se dit sur ton habileté à résoudre certaines énigmes qui ont pu dérouter l'opinion. Ton discours à l'Hôtel de Massa, l'année dernière[10], est resté dans les mémoires...

    -  On dit beaucoup de choses, plaida l'écrivain avec une humilité un peu affectée. Ne te laisse pas abuser par les rumeurs et les qualités que l'on me prête...

    -  C'est pourquoi, après réflexion, j'ai choisi de t'expliquer ce qui me tracasse pour que tu me dises ce que tu en penses.

    -  Alors, venons-en au fait, s'il te plait...

    -  Voilà... L'affaire s'est déroulée la semaine dernière, alors que j'étais précisément dans ma maison de Vanteuil-sur-Loire. J'y étais allé passer quelques jours. L'Orléanais est bien agréable en cette saison.

    -  Vous aviez récemment acheté cette résidence avec ta femme, n'est-ce pas ?

    -  Oui, juste avant son décès, il y a dix-huit mois. Nous étions passés à cet endroit par hasard et elle avait eu un véritable coup de cœur pour le manoir, qui était à vendre. Nous l'avons acquis, nous y avons passé des moments merveilleux mais, hélas, trop brefs.

    -  La maison doit te sembler bien vide, maintenant...

    -  Oui, soupira Roger. Mais, en même temps, elle me rappelle tant d'heures heureuses... Et puis j'y suis bien et je compte dans le coin de nombreuses relations amicales. Lorsque j'y séjourne, il ne se passe pas une seule journée sans que quelqu'un sonne à ma porte pour me saluer. Je reçois des amis. Je suis souvent invité. Je vis paisiblement et certains me pressent même de me présenter aux prochaines élections municipales !

    -  Quel succès ! rit Pierre Benoit. Pourquoi pas ? Tu aurais belle allure avec une écharpe tricolore !

    Pierre Benoit remplit de nouveau les verres, jetant au passage un coup d'œil vers les cuisines d'où allaient bientôt arriver les quenelles de brochet qu'il attendait avec impatience. Roger, lui, fronçait maintenant les sourcils et affichait un air sombre.

    -  Donc ? demanda l'écrivain, impatient et joyeux. Que s'est-il passé à Vanteuil ? Un coup d'état ? Un crime odieux ? Un vol d'importance ? Non ! On en aurait parlé dans les journaux ?

    -  Rien de tout cela mais, pourtant, quelque chose de bien étrange.

    -  Dis voir...

    -  L'autre nuit, alors que je dormais dans ma chambre, quelqu'un s'est introduit chez moi.

    -  Oh ! Tu as été agressé ?

    -  Pas du tout. Cela s'est déroulé au rez-de-chaussée, au salon.

    -  On t'a cambriolé ?

    -  Non.

    Perplexe, Pierre Benoit avala une bouchée nappée d'une délicieuse sauce Nantua et fronça à son tour les sourcils. Il but une nouvelle gorgée pour laisser le temps à Roger de continuer son explication.

    -  Je n'ai rien entendu, poursuivit celui-ci. Je dormais d'un sommeil de plomb. Au matin, lorsque je suis descendu à l'office, j'ai senti un air vif et j'ai découvert qu'on avait forcé la porte-fenêtre. Elle était restée légèrement entrebâillée et le volet, à l'extérieur, était simplement rabattu...

    -  Tu n'aurais pas oublié de le fermer, par hasard ?

    -  Jamais de la vie ! La porte était nettement abimée. Il n'y avait aucun doute : il y avait eu proprement effraction ! Quelqu'un s'était introduit dans la maison en passant par le salon dont les baies vitrées donnent sur le jardin. J'ai fait le tour des pièces : personne n'était caché.

    -  Diable... reconnut Pierre Benoit. Tu as vérifié ton argenterie, j'imagine ?

    -  Et comment ! assura Roger auquel le récit de ses aventures avait redonné de l'appétit en même temps qu'une énergie suffisante pour s'indigner. J'ai ouvert les placards, le buffet, la commode et le secrétaire... J'ai fait le tour des vitrines et des bibliothèques. J'ai fait le compte de mes lampes, de mes meubles, de mes armes de chasse et de mes munitions.

    -  Ton coffre-fort ?

    -  Je n'en ai pas, là-bas.

    -  Bon. Qu'est-ce qui manquait, alors ?

    -  Rien. Rien ! Tout était là, rien n'avait disparu !

    -  C'est étonnant... convint l'écrivain, placide.

    -  Tu peux le dire !

    -  Qu'en a pensé la maréchaussée ?

    -  Elle m'a pris de haut, figure-toi ! Déposer plainte ? Mais contre quoi ? m'a-t-on répondu sur un ton dépourvu de la moindre reconnaissance pour le contribuable scrupuleux que je suis. Pour une porte qui ferme mal ? Et pour une absence de vol ? On m'a même interrogé sur un ton soupçonneux qui laissait entendre que je venais sciemment faire perdre leur temps aux forces de gendarmerie... Encore un peu et on me verbalisait pour outrage à agents !

    -  Tu as informé les autorités ? Le maire, par exemple...

    -  Un vieux gâteux décoré, quasiment sourd et qui n'a rien compris ! Je vois bien pourquoi ses administrés veulent le remplacer !

    -  Et les voisins ?

    -  Des imbéciles ! Aucun ne m'a pris au sérieux et j'ai bien vu que certains s'interrogeaient même sur mes facultés mentales !

    Roger se redressa, mortifié. Sa figure s'était allongée. Sa colère avait fait place à la lassitude. Il semblait désemparé.

    -  Qu'est-ce que tu as fait, alors ? demanda Pierre Benoit.

    -  Le soir venu, j'ai tout fermé avec soin et j'ai pris mon fusil, que j'ai chargé !

    -  Ouh là ! Du 12 ? Tout de même pas ?

    -  Euh, non... Du 20. Je n'avais pas envie de faire réellement de victimes, ni de dégâts éventuels aux meubles...

    -  Hum ! Et puis ?

    -  Puis je me suis mis dans un fauteuil du salon, et j'ai attendu.

    -  Et que s'est-il passé ?

    -  Rien... Je me suis finalement endormi et, à mon réveil, je n'ai rien constaté. Tout était normal.

    -  Mmmh... grogna l'écrivain. Nous sommes aujourd'hui vendredi. Quand ton... effraction s'est-elle produite ?

    -  Dans la nuit de samedi à dimanche dernier.

    -  Et les nuits suivantes ? Qu'est-il arrivé ?

    -  Rien non plus. Je suis parti de Vanteuil ce matin même, à l'aube. Et j'y retourne tout à l'heure.

    -  Déjà ?

    -  Je suis inquiet, Pierre. Je crains qu'il ne se passe des choses...

    -  Quelles choses ?

    -  Eh ! Je ne sais pas, moi ? C'est pourquoi je suis venu exprès ici pour que tu me donnes ton avis. Qu'est-ce que je dois faire ?

    Pierre Benoit hocha la tête. Le plateau de fromages arrivait. Après une hésitation, il le renvoya pour demander plutôt la carte des desserts puis, après un instant, il se pencha vers Roger avec beaucoup de sérieux.

    -  Tu devrais prendre de la tarte au citron. Elle est excellente, ici...

    -  Pierre ! On fracture ma porte, on s'introduit chez moi, on me menace, on m'assassine presque et toi, tu me parles de tarte au citron ?

    Roger était à la fois indigné et désespéré. Il jeta à Pierre Benoit un regard suppliant.

    -  Pierre ! Je t'en prie... Je viens te demander conseil ou, plutôt, non ! Je te propose quelque chose : viens avec moi !

    -  À Vanteuil ? Tu es fou ! Que veux-tu que j'aille faire là-bas ?

    -  M'apporter ton aide ! Personne ne me prend au sérieux. Je suis menacé. Demain matin, peut-être, je suis mort !

    -  Oh là, oh là... tempéra le romancier, inquiet de l'agitation de son ami. N'exagère pas, tout de même... Hum ! À quelle heure est ton train ?

    -  16h42, gare d'Orsay[11].

    -  Evidemment. Tu as du vieil armagnac ?

    -  Plein ma cave !

    -  Un pyjama ? Une robe de chambre ?

    -  Tout ce que tu veux t'attend dans mon armoire...

    -  Alors : mange ta tarte au citron ! Je commande des cafés et puis nous partons. Nous avons tout juste le temps...

    -oOo-

    Roger avait passé un coup de téléphone depuis le buffet de la gare et, à l'arrivée à Orléans, le père Matthieu, maréchal-ferrant du village de Vanteuil-sur-Loire était venu chercher les voyageurs avec sa victoria[12]. Le trajet jusqu'au village avait duré un peu moins d'une heure et, à l'arrivée, Roger et Pierre Benoit avaient été accueillis par les aboiements sonores de Rufus, le chien de la propriété de Roger, animal issu d'un croisement de races mal déterminées mais d'un caractère aimable et joyeux. Les deux hommes étaient arrivés au moment de la journée où un verre devant un bon feu était de circonstance.

    Roger avait sorti quelques conserves qu'il avait mises à mijoter et, après un tour du propriétaire où il avait montré les nettes traces d'effraction à un Pierre Benoit convaincu, les deux amis avaient ranimé le foyer et s'étaient confortablement installés dans deux vieux fauteuils accueillants. À l'évidence, cette petite escapade campa-gnarde n'était pas pour déplaire à Pierre Benoit. Il réchauf-fait son armagnac dans la paume de sa main en le faisant lentement tourner dans son verre. Roger, lui, se montrait plus nerveux.

    -  Je suis tout de même rassuré que tu sois là, Pierre. Nous allons pouvoir nous relayer...

    -  Nous relayer ? sursauta l'écrivain. Pour quoi faire ?

    -  Pour monter la garde, évidemment !

    -  Et pourquoi ne fais-tu pas dormir Rufus au salon ? Ce serait tout de même plus commode, non ?

    -  Ce ne sont pas ses habitudes. Il a sa niche sur le côté de la maison et je l'attache la nuit pour l'empêcher de divaguer. Rufus n'est pas un chien de garde à proprement parler et son obéissance est un peu... aléatoire. Je ne l'ai même pas entendu aboyer, la nuit où l'on s'est introduit ici.

    -  Pffff... soupira Pierre Benoit, avant de bailler. Ferme bien les volets et les portes, cela suffira. Mais pour ce qui me concerne, j'ai l'intention de prendre une bonne nuit de sommeil afin de mener au mieux demain certaines investigations auxquelles j'ai réfléchi.

    -  Alors... il faudra que je monte la garde tout seul ?

    -  Si ça t'amuse, mon cher ! Moi, je vais me coucher...

    -oOo-

    Pierre Benoit beurrait avec application une tartine sur laquelle il entendait étaler ensuite une épaisse couche de confiture de cerises noires.

    -  Ce sont des cerises de ma propriété, expliqua fièrement Roger, qui avait déjeuné rapidement.

    -  Cela explique que cette confiture soit succulente, répondit Pierre Benoit après une première bouchée. Qui donc te l'a faite ?

    -  La mère Matthieu, la femme de celui qui nous a amené ici depuis la gare, dans sa victoria.

    -  Une bien brave femme...

    -  Et un brave homme, je te prie de le croire. Je les emploie tous les deux occasionnellement pour divers travaux domestiques et je n'ai jamais eu à m'en plaindre. En mon absence, ils viennent s'occuper de Rufus, à l'extérieur seulement. Lui a des connaissances en mécanique auto-mobile et s'occupe de mon véhicule lorsque je viens en voiture. Son atelier est situé de l'autre côté du village. Ils sont très dévoués...

    -  J'aurai plaisir à les rencontrer aujourd'hui, approuva l'écrivain d'un hochement de tête. Que dis-tu d'aller faire un peu le tour du village ?

    Roger se resservit de café chaud. Pierre Benoit terminait le sien avec lenteur, sans manifestation d'une quelconque préoccupation.

    -  J'avoue que j'ai mal dormi, grogna Roger. Je compte sur toi pour me donner ton avis au plus vite et pour mettre un terme à mes craintes.

    -  Moi, j'ai dormi comme un enfant et je te félicite pour la qualité de ta literie ! dit joyeusement le romancier. Je suis donc optimiste sur la résolution de ton affaire.

    -  Parfait ! Crois-tu pouvoir mettre la main au collet de mon cambrioleur ? De quoi as-tu besoin ?

    -  J'ai besoin d'air et d'aller me promener ! La campagne est belle du côté de chez toi. Profitons-en !

    -  D'accord, mais... Sois un peu plus précis.

    -  Je vais l'être, tranquillise-toi, d'autant que nous sommes aujourd'hui samedi et que j'entends être de retour à Paris demain en fin d'après-midi. Les représentations du spectacle où joue Marie Dubas ont leur temps fort le dimanche en matinée et je ne manquerai cela pour rien au monde...

    -  Dimanche ? Tu repars demain dimanche ? Tu vas me laisser seul, entouré de bandits, de meurtriers ?

    -  Voyons, calme-toi, Roger ! réagit Pierre Benoit avec gaieté. J'ai déjà mon idée. Un peu de marche au grand air te fera du bien. Allons rencontrer ton maréchal-ferrant et son épouse, qui fait de si bonnes confitures...

    -oOo-

    L'atelier du maréchal-ferrant n'était pas éloigné de plus d'un kilomètre. Pour s'y rendre, il fallait traverser le bourg, allongé le long de la rive nord de la Loire. Les deux amis marchaient d'un pas égal. Si Roger était tendu, Pierre Benoit, au contraire, était guilleret. Il humait avec délice l'air frais du matin, il écoutait les oiseaux et il regardait avec ravissement les arbres, les champs et les bosquets, décrivant avec emphase des paysages agrestes qui laissaient Roger, au contraire, totalement indifférent.

    -  À notre passage, observa l'écrivain avec perspicacité alors que les deux promeneurs arrivaient maintenant à la sortie du village, les rideaux des fenêtres frémissent légèrement. Derrière leurs carreaux, les Vanteuillois commentent certainement ton retour ainsi que mon arrivée. Je ne serais pas étonné que nous recevions prochainement de la visite...

    -  Sans doute. De toute façon, je te l'ai dit, il y a toujours beaucoup de gens qui viennent me voir.

    -  En attendant d'arriver, demanda le romancier d'un air enjoué, parle-moi un peu de la soirée de samedi soir dernier, celle qui a précédé la nuit où l'on s'est introduit chez toi ?

    -  Si tu veux... Elle s'est très bien passée : j'ai fait une partie de trictrac avec Anselme Darvoy, dont la maison est un peu plus loin sur la route. Comme d'habitude, le jeu a été endiablé car, permets-moi de te le dire, je suis un joueur fameux et Anselme, de son côté, est un rude adversaire. Tu le rencontreras aujourd'hui car il est prévu qu'il vienne, comme presque tous les samedis soir, du reste. Ah ! Je suis bien décidé à

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