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La Chaîne De Daisy: Une Histoire D’amour, D’intrique Et De Pègre Sur La Costa Del Sol
La Chaîne De Daisy: Une Histoire D’amour, D’intrique Et De Pègre Sur La Costa Del Sol
La Chaîne De Daisy: Une Histoire D’amour, D’intrique Et De Pègre Sur La Costa Del Sol
Livre électronique340 pages5 heures

La Chaîne De Daisy: Une Histoire D’amour, D’intrique Et De Pègre Sur La Costa Del Sol

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À propos de ce livre électronique

Daisy, la fière fille d'un riche ex-gangster londonien, John, et de sa femme espagnole, Teresa, a grandi à Marbella sur la Costa del Sol, alias la Costa del Crime. Elle idolâtre ses parents et cherche à impressionner son père vieillissant en l'aidant à gérer les affaires familiales après l'université. Cependant, une erreur de jugement désastreuse aboutit à une tragédie familiale, et sa mère met Daisy sur une voie plus sûre en aidant la communauté locale comme pénitence. La chaîne de Daisy est une histoire tragique qui se termine agréablement bien.
LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie29 mars 2023
ISBN9788835450658
La Chaîne De Daisy: Une Histoire D’amour, D’intrique Et De Pègre Sur La Costa Del Sol
Auteur

Owen Jones

Author Owen Jones, from Barry, South Wales, came to writing novels relatively recently, although he has been writing all his adult life. He has lived and worked in several countries and travelled in many, many more. He speaks, or has spoken, seven languages fluently and is currently learning Thai, since he lived in Thailand with his Thai wife of ten years. "It has never taken me long to learn a language," he says, "but Thai bears no relationship to any other language I have ever studied before." When asked about his style of writing, he said, "I'm a Celt, and we are Romantic. I believe in reincarnation and lots more besides in that vein. Those beliefs, like 'Do unto another...', and 'What goes round comes around', Fate and Karma are central to my life, so they are reflected in my work'. His first novel, 'Daddy's Hobby' from the series 'Behind The Smile: The Story of Lek, a Bar Girl in Pattaya' has become the classic novel on Pattaya bar girls and has been followed by six sequels. However, his largest collection is 'The Megan Series', twenty-three novelettes on the psychic development of a young teenage girl, the subtitle of which, 'A Spirit Guide, A Ghost Tiger and One Scary Mother!' sums them up nicely. After fifteen years of travelling, Owen and his wife are now back in his home town. He sums up his style as: "I write about what I see... or think I see... or dream... and in the end, it's all the same really..."

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    Aperçu du livre

    La Chaîne De Daisy - Owen Jones

    LA CHAÎNE

    DE

    DAISY

    Une histoire d’amour, d’intrique et de pègre sur la Costa del Sol

    par

    Owen Jones

    Traduit par

    Elodie Demogue

    Copyright © 2023 Owen Jones

    Bangkok, et Fuengirola, Spain

    Le droit d’Owen Jones d’être identifié comme l’auteur de cette œuvre a été revendiqué. Le droit moral de l’auteur a lui aussi été revendiqué.

    Dans cette œuvre de fiction, les personnages et les événements sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière entièrement fictive. Certains lieux peuvent exister, mais les événements sont entièrement fictifs.

    DÉDICACE

    Cette édition est dédiée à ma femme, Pranom Jones, qui me rend la vie aussi facile que possible.

    Elle fait un excellent travail.

    Merci également à Wes Waring pour ses conseils sur les fusils snipers.

    Le karma rendra à chacun la monnaie de sa pièce.

    CITATIONS INSPIRANTES

    Ne croyez pas à une chose simplement parce que vous l’avez entendue,

    Ne croyez pas en quelque chose simplement parce que cela a été dit et répandu par beaucoup,

    Ne croyez pas en quelque chose simplement parce qu’on l’a trouvé écrit dans les textes religieux,

    Ne croyez pas en quelque chose simplement en raison de l’autorité des enseignants et des anciens,

    Ne croyez pas aux traditions parce qu’elles ont été transmises de génération en génération,

    Mais après observation et analyse, si quelque chose est en accord avec la raison et est favorable au bien et au bénéfice de tous, acceptez-le et vivez en accord avec lui.

    Gautama Buddha

    ––

    Grand Esprit, dont la voix est dans le vent, entends-moi. Fais-moi grandir en force et en connaissance.

    Fais que je contemple toujours le coucher de soleil rouge et pourpre. Que mes mains respectent les choses que tu m’as données.

    Enseigne-moi les secrets cachés sous chaque feuille et chaque pierre, comme tu l’as enseigné aux gens depuis des siècles.

    Laisse-moi utiliser ma force, non pas pour être plus grand que mon frère, mais pour combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

    Laisse-moi toujours me présenter devant toi les mains propres et le cœur ouvert, afin qu’au fur et à mesure que ma vie terrestre s’estompe, comme le coucher du soleil, mon esprit te revienne sans honte.

    (Basé sur une prière traditionnelle sioux)

    Table des Matières

    1 LA VILLA BLANCA, MARBELLA, 1995

    2 L’ENFANCE DE DAISY

    3. L’APPRENTISSAGE

    4. DAISY PREND LES RÊNES

    5 LES ILLEGAUX

    6 L’HISTOIRE DE TERESA

    7 LA SOIREE DE DAISY

    8 LA LUTTE POUR L’IDENTITE

    9 L’ELABORATION DU PLAN

    10 LE BOUC EMISSAIRE

    11 L’ERREUR DE DAISY

    12 RÉPERCUSSIONS

    13 LE PRIX DE LA FOLIE

    14 GUERISON

    15 LA CROISIERE

    16 L’ENQUÊTE

    17 LES PAPIERS DE JOHN

    18 LA VIS SE RESSERRE

    19 LE LIEN MANQUANT

    20 LE NETTOYAGE

    21 JUSTICE, À PEU PRÈS

    22 LE PREMIER LIEN

    23 ÉPILOGUE

    Notes

    [←2] Expression qui en gallois veut dire « Viens ici » (N.d.T.)

    1 LA VILLA BLANCA, MARBELLA, 1995

    Sur le lit, Teresa est allongée sur le dos, respirant profondément, un large sourire aux lèvres. A ses côtés se trouve son patron, John, qui, à soixante-cinq ans, a subi beaucoup trop de corrections dans la vie pour être capable de jouer un rôle actif dans l’amour passionné. Il aime que Teresa jure lorsqu’elle leur donne du plaisir à tous les deux, mais cela ne lui vient pas naturellement et elle oublie généralement de le faire dans le feu de l’action. Teresa a quarante-deux ans et elle est fière d’avoir John comme amant. En fait, elle l’aime depuis des années, malgré la grande différence d’âge. La première fois qu’elle l’a vu, c’était au marché de Fuengirola, et déjà elle avait été attirée par lui, puis lorsqu’il l’a engagé comme cuisinière et gouvernante, elle est presque immédiatement tombée amoureuse de lui. Mais, à l’époque, elle était loin de se douter que ses fréquentes visites au marché n’étaient que des prétextes pour la voir.

    — C’était génial, Teri… Oh, oui… Tu sais comment donner du plaisir à un homme, ça c’est certain.

    Teresa roule vers son amant, appuyée sur son bras droit. Elle met son bras sur sa poitrine et ils s’embrassent.

    — Tu es la meilleure, lui dit-il.

    — C’est facile pour moi de te rendre heureux, Johnny, parce que je t’aime. Tu es mon héros et mon sauveur, répond-elle, comme elle le fait souvent.

    A l’extérieur, une explosion retentit dans un bruit sourd et le téléphone de John sonne presque immédiatement alors que John tend le bras pour l’attraper, il sait qui l’appelle.

    — Qu’est-ce que c’était, Tony ? demande-t-il sans une trace d’anxiété dans la voix.

    — Je n’en suis pas certain, patron, mais nous n’avons pas été touchés…

    Il est interrompu par une seconde explosion similaire à la première, puis une troisième d’un genre différent.

    — Ça vient d’un peu plus loin sur la route. Je pense que c’est la maison des O`Leary à en juger par les panaches de fumée. Je vais sortir pour mieux voir.

    Tony est un grand homme carré avec une tête chauve. Il est le chef de la sécurité de John et travaille pour lui depuis dix ans.

    John peut l’entendre courir au téléphone, sans respirer, puis s’arrêter.

    — Je suis à environ deux cents mètres de leur porte d’entrée. On dirait que la maison a été touchée et la porte d’entrée… il y a des morceaux de moto partout… Deux hommes sont à terre… en feu… Oh ! Je pense qu’ils viennent d’être tués d’un seul coup de batte de baseball dans la nuque. Ça ressemble à une fusillade avec des RPG pour moi. Je reviens. Je ne veux pas me faire pincer comme témoin de ça.

    — Non, bien sûr que non. Revenez et jouez les idiots, mais voyez ce que vous pouvez trouver sur le QT. Il raccroche.

    Cinq minutes plus tard, John s’est endormi comme il le fait souvent et Teresa se lève tranquillement, s’habille et retourne travailler, car il est temps d’organiser le dîner de son employeur.

    Pendant le repas, Tony donne à John son rapport verbal sur l’attentat.

    — Ce n’est pas officiel, patron, mais je l’ai obtenu d’un des gars de O`Leary, donc je pense que c’est assez proche de la réalité. C’est une fusillade et ils ont utilisé des grenades propulsées par fusée. Apparemment, ils ont tiré la première de la route : elle a traversé la balustrade du portail et a touché la maison. Le gardien, qui comptait probablement sur sa bonne étoile après ne pas avoir été touché, a tiré quelques coups. Les motards sont ensuite repassés devant le portail et ont tiré à nouveau, mais le tir de queue du RPG a dû enflammer le carburant qui s’échappait par un trou du réservoir d’essence et celui-ci a explosé. La deuxième grenade a touché le portail, comme la première était probablement censée le faire, et l’a fait sauter. Quand la moto a explosé et que les motards sont revenus sur terre en feu, les hommes de O`Leary leur ont brisé le cou avec des battes de baseball pour leur régler leur compte.

    —  Et savent-ils qui est derrière tout ça, Tony ?

    — Non, ils ne savent pas, mais quand je leur ai suggéré que c’était peut-être un gang irlandais rival de chez nous, ils n’ont pas démenti.

    — Personne de blessé à part les motards ?

    — Le gardien est dans un sale état, il a été blessé par des éclats d’obus et des morceaux des grandes portes en fer forgé lui ont donné un sacré coup quand elles ont explosé, mais il va sûrement survivre. Une femme de ménage a été touchée par quelques éclats de verre, mais elle va bien. Quant aux O’Leary, ils étaient à l’arrière de la maison, près de la piscine, et ils n’ont rien.

    — La police est-elle venue ? Car il me semble que j’ai entendu des sirènes, mais je dormais à moitié alors j’ai peut-être rêvé.

    — Non, non, la police est venue… les pompiers aussi et une ambulance, mais ils sont arrivés quand tout était terminé. Les O’Leary ont même mis le gardien et la femme de ménage dans la Range Rover et les ont emmenés à l’hôpital. L’ambulance a emporté les corps des motards, quant aux pompiers, ils ont aspergé l’épave fumante pour éteindre un éventuel incendie, puis ils ont vérifié que la maison n’avait subie aucuns dommages au niveau de la structure et la police a bouclé la zone. Ils sont encore nombreux là-bas pour tout vérifier. Ils m’ont même demandé si j’avais vu quelque chose et je leur ai répondu que je n’avais vu que la fumée. En fait, ils s’en moquent complètement tant qu’il n’y a pas d’espagnol impliqué.

    — Non, tu as raison. Eh bien, merci pour toutes ces informations, Tony. Bien joué, comme toujours. Tu penses que nous sommes en danger ?

    — Non, patron, c’était juste les Micks, euh, pardon, les Irlandais, avec leur guerre de territoire. Rien à voir avec nous. J’ai amené quelques hommes supplémentaires, au cas où, juste pour être sûr.

    — Bien. Tu as déjà mangé ? demande-t-il en désignant une chaise.

    — Non, mais il y aura quelque chose qui m’attendra au bureau à mon retour. Merci.

    — Tu es sûr, Tony ? Parce que tu es toujours le bienvenu à ma table, tu le sais. A toi de voir. Ne me laisse pas t’empêcher de manger. Je te verrai plus tard dans la journée.

    John aime faire le tour des jardins près de la maison deux fois avant d’aller se coucher, pour entretenir sa forme.

    John Baltimore s’est installé à Marbella il y a vingt ans. A l’époque, il était âgé de quarante-cinq ans, mais il n’était là que temps en temps, puis petit à petit ses séjours sont devenus de plus en plus longs. Il ne s’était pas enfui comme beaucoup d’autres avant lui, mais il avait gagné et hérité de suffisamment d’argent pour croire que c’était une bonne idée de quitter le Royaume-Uni avant que la police, le fisc et la presse, ne commencent à poser trop des questions. Si suffisamment de preuves étaient retrouvées, ils finiraient par remonter jusqu’à lui, alors il a émigré, bien que son père avant lui et lui-même aient eu des propriétés en Andalousie pendant des décennies.

    La presse a surnommé la côte de la province de Malaga, la Costa del Crime, mais le grand public ne sait pas à quel point cela est réel. C’est une description tout à fait appropriée en ce qui concerne une importante minorité britannique dans la région. De nombreux membres de la mafia britannique se sont installés sur la Costa del Sol avec l’intention d’abandonner leur ancienne vie de criminels, mais ils se sont lassés et sont retournés à leurs anciennes activités plus que douteuses. Certains se contentent de gérer à distance leurs anciennes opérations en Grande-Bretagne, d’autres essaient de s’imposer dans la communauté locale, ce à quoi les Espagnols et d’autres résistent, et cela amène souvent la violence. Parfois ce sont les Britanniques qui gagnent, parfois ils perdent.

    John a tout abandonné en Grande-Bretagne, mais il possède plusieurs entreprises rentables en Espagne, dont il se désintéresse peu à peu, même si, étant un bourreau de travail et n’ayant plus d’héritier ni même de femme, il doit continuer. Il s’est marié trois fois et a eu de nombreuses aventures. Certaines de ses amantes ont même prétendu porter son enfant, mais il n’en a jamais accepté la responsabilité, car il s’attendait à avoir un jour un héritier légitime. Ce jour n’est jamais venu et, à son âge, il a abandonné tout espoir depuis longtemps.

    Il a prévu de mettre Teresa à l’aise pour le restant de sa vie, comme il l’a fait pour ses épouses légales, et il caresse l’idée de laisser le reste à une organisation caritative pour les femmes qui ont connu des moments difficiles. Lui et son père ont contribué à en mettre plusieurs dans des situations compliquées, alors cela lui semble juste pour réparer le mal qu’ils ont pu faire à certaines d’entre elles.

    Le père de John, dont il porte le nom, bien que son père se soit d’abord appelé Sean, avait été envoyé par sa mère de Dublin à Londres pour l’empêcher de s’impliquer dans un soulèvement initié par la Fraternité républicaine irlandaise, dont les rumeurs ont commencé à se répandre dès la fin de l’année 1914. Ils comptaient profiter de la forte implication de la Grande-Bretagne dans la Première Guerre Mondiale et l’Allemagne leur avait offert des armes, pour organiser une révolte. Elle avait eu peur pour sa sécurité après avoir appris par un de ses amis que John commençait à sérieusement songer à rejoindre « la cause », pour réunifier l’Irlande et la débarrasser de l’influence de Westminster.

    Le père de John avait été un petit criminel dans l’East End de Londres au cours de la première année de la guerre, et il vivait dans une chambre d’une maison habitée par des réfugiés belges. Il y avait des centaines de milliers de réfugiés belges au Royaume-Uni, et la plupart d’entre eux étaient des femmes et des enfants. Le père de John avait remarqué que beaucoup d’entre elles étaient contraintes de se livrer à la prostitution pour subvenir à leurs besoins, et il avait eu l’idée astucieuse d’emprunter suffisamment d’argent à un usurier pour louer une maison, qu’il avait ensuite utilisée comme bordel. En une semaine, dix jeunes femmes et jeunes filles belges y vivaient et y travaillaient 24 heures sur 24 et au bout d’un an à peine, il avait mis sur pied une douzaine de ces « entreprises ».

    La première chose qu’il avait faite avec ses gains avait été d’appeler son jeune frère pour qu’il vienne l’aider à gérer ses nouvelles affaires, de plus en plus compliquées.

    Le père de John était devenu millionnaire avant l’âge de trente ans, ce dont il était particulièrement fier, puisqu’il était arrivé à Londres en 1914 avec moins d’une livre à son nom.

    John junior était le fruit d’une de ses nombreuses relations avec des prostituées, et il était devenu le fils de John senior lorsque ses propres parents avaient été tués dans une fusillade, perpétrée par sa famille. John senior avait alors adopté John junior, honteux de ce que son frère avait fait. Le bruit courait également que les mâles de sa famille n’étaient pas vraiment très fertiles et John junior avait toujours pensé qu’il suivrait la tradition de ses ascendants masculins, et qu’il n’aurait pas d’enfants.

    Deux mois plus tard, après de nouveaux ébats, mais avant que John ne s’endorme, Teresa lui avait chuchoté à l’oreille :

    — Johnny, mon héros chéri, tu vas bientôt devenir papa…

    — Hein ? De quoi tu parles, Teri ? Je ne peux pas avoir d’enfants… Je n’en ai jamais eu et je suis certainement trop vieux maintenant ! De toute façon, tu m’as dit que tu étais ménopausée, donc tu ne peux pas en avoir non plus.

    — C’est ce que je pensais, alors ce bébé est un don de Dieu pour nous, Johnny…

    — Un sacré miracle, si c’est vrai. Tu es déjà allée voir un médecin ?

    — Non, pas encore, mais une femme sent ces choses-là, elle n’a pas besoin d’un médecin pour le savoir.

    — Peut-être pas, mais un médecin le saura de façon certaine, alors tu iras en voir un demain.

    — Mais si c’est vrai, Johnny, que feras-tu alors ?

    — Ça ne peut pas être vrai. Je ne peux pas et tu ne peux pas avoir de bébé !

    — Mais, et si c’est vrai ?

    — Foutaises, ça ne peut pas l’être. Tu as des gaz… ou tu prends du poids. Voilà c’est surement ça, tu as pris du poids !

    — Non, Johnny, notre bébé n’a que la taille d’une cacahuète ! Je ne suis pas plus grosse à cause de ça. En fait, j’ai le même poids que d’habitude : cinquante-deux kilos, mais je suis enceinte. Aussi impossible que cela puisse paraître, je suis enceinte. Je me souviens de la sensation d’avant, mais je vérifierai demain avec le médecin.

    — Bien ! Fais-le et tu verras que j’ai raison.

    Quelques secondes plus tard, il s’endort et Teresa vaque à ses occupations pour assurer le confort de son bien-aimé.

    Lorsque John avait appris la nouvelle qu’il allait être le père d’un enfant avant la fin de l’année, il n’avait pas su comment réagir. Tout semblait arriver si vite. Il était secrètement ravi, tout en restant suspicieux de par sa nature, insistant pour faire un test ADN.

    Lorsque l’amniocentèse, effectuée à dix semaines de grossesse, avait prouvé qu’il était bien le père de ce bébé, il avait proposé à Teresa de l’épouser, mais celle-ci lui avait semblé réticente, et cela avait fort déçu John.

    —  Je pensais que tu aurais aimé m’épouser, Teri.

    — J’aurais aimé, admet-elle avec tristesse, mais pas seulement parce que je porte ton bébé. J’aurais aimé que tu me demandes en mariage juste par amour pour moi.

    — Mais je t’aime, Teri, tu le sais. Je ne suis pas très doué pour dire ce genre de choses, mais je pensais que tu le savais.

    — Une femme aime aussi l’entendre, Johnny…

    — Je suppose qu’un homme aussi, ma chérie, je l’admets, mais si tu dis à quelqu’un que j’ai dit ça, je le nierai.

    — Tu es un macho stupide, se moque-t-elle gentiment en s’allongeant dans le creux de son bras. Tu veux l’entendre, mais tu ne veux pas donner le même plaisir aux personnes que tu aimes. C’est égoïste, non ?

    Il ne répond pas pendant plusieurs minutes, mais Teresa est prête à attendre.

    — Oui, je suppose que ça l’est, admet-il finalement. Je suis vraiment désolé de ne pas t’avoir dit plus tôt que je t’aime. Je ne l’ai jamais dit à personne de toute ma vie, sauf peut-être à ma mère. Je ne m’en souviens plus. Je t’ai déjà parlé d’elle ? Elle s’appelait Fleur et venait de Belgique, mais nous ne parlerons plus d’elle pour l’instant. Veux-tu, s’il te plaît, m’épouser, Teri ? Cela fera de moi l’homme le plus heureux du monde, et je sais que ça peut paraître ringard, mais je suis un homme d’action, pas de mots… Je pense que tu le sais déjà aussi.

    — Ça ne sonne pas ringard, Johnny, ce sont de jolis mots… Ses yeux se remplissent de larmes. J’accepte de t’épouser, Johnny. Je t’ai toujours aimé, mais je veux que tu me promettes de t’occuper de notre enfant. Je ne me soucie pas de moi, mais notre bébé ne doit jamais manquer de rien, et tu dois t’engager à t’en occuper, ou alors, il vaut mieux que je parte maintenant.

    — Ma très chère Teresa, si tu m’épouses, notre enfant, garçon ou fille, héritera de tout ce que je possède.

    — Dans ce cas, Johnny, j’accepte. Je t’épouserai…

    John veut que la cérémonie de mariage ait lieu dans la semaine, mais Teresa insiste pour tout planifier et tout faire correctement, la seule chose qu’elle ne demande pas à John c’est de se convertir au catholicisme, ni même que le bébé soit élevé en catholique.

    À quatorze semaines de grossesse, après le grand mariage, Teresa annonce à John qu’ils attendent une fille. Elle craint que John soit déçu, mais elle n’en perçoit aucun signe.

    John, quant à lui, pense qu’il aurait dû être déçu, mais il est surpris de constater qu’il ne l’est pas.

    — Quel prénom devrions-nous lui donner ? demande Teresa un matin dans son lit.

    — Peut-être pourrions-nous l’appeler Daisy ? demande-t-il.

    — Oui, pourquoi pas, dit-elle. Daisy… Margarita en espagnol… une perle… un joyau caché. C’est le nom parfait pour notre petite fille, notre cadeau de Dieu, qui n’aurait jamais dû exister.

    2 L’ENFANCE DE DAISY

    La grossesse de Teresa, la troisième pour elle, bien que les autres se soient terminées prématurément, se déroule sans problème, même si elle est naturellement anxieuse en raison de son passé. John en est conscient et il a même engagé une infirmière privée pour la rassurer et acheté une deuxième voiture afin que le jardinier puisse la conduire à l’hôpital en cas de besoin, si jamais Tony ou lui n’étaient pas à la maison. Mais, malgré les craintes de Teresa, tout se passe pour le mieux et Daisy naît à la maison le 14 décembre, par un après-midi ensoleillé, avec l’aide d’une sage-femme envoyée par la compagnie d’assurance de la famille. L’accouchement se déroule sans problème et John rayonne de fierté à la vue de sa belle épouse tenant leur beau bébé dans ses bras.

    John n’a jamais aimé les photos, mais en une semaine, il en a fait des centaines. Il les montre à ses amis et connaissances et lorsqu’ils disent qu’elle a son nez ou ses yeux, il est aussi fier qu’un coq, même s’il ne remarque pas cette ressemblance lui-même. Pour lui, Daisy est le portrait craché de sa chère Teresa et il n’aurait pas voulu qu’il en soit autrement.

    Il ne l’emmène jamais hors des grilles de la propriété, mais il aime se promener dans le jardin avec Daisy dans son landau, lui décrivant les fleurs et les oiseaux, quand il est certain que personne ne peut l’entendre. Il a fait fondre le cœur de Teresa un matin où elle est passée voir Daisy et a vu John lui chanter Ba, Ba, Black Sheep. Il a rougi de gêne en la voyant l’écouter et elle ne l’a jamais revu le faire.

    Les promenades dans le jardin cessent peu à peu. John n’a pas l’habitude de sortir sans partenaire et il souhaite, maintenant que Daisy n’est plus un nourrisson, que Teresa l’accompagne, ce qui signifie qu’ils ont besoin d’une nounou. Bien que ce ne soit pas ce que Teresa souhaite vraiment, elle sent bien qu’elle doit se plier aux exigences de son époux, qui en plus a été si gentil envers elle.

    Mais au fur et à mesure, les périodes pendant lesquelles la petite Daisy reste avec sa nounou, Lisa, sont de plus en plus longues et fréquentes, et arrive un jour où la petite montre plus d’affection envers Lisa qu’envers sa propre mère : cela brise le cœur de Teresa, mais elle ne peut rien y faire. À peu près à cette époque, Tony remarque que la petite Daisy est souvent seule dans son parc dans le jardin, alors il commence à s’y arrêter pour l’amuser. Il n’a aucun problème à ce que quelqu’un le voit ou le prenne pour un idiot et il aime les enfants, ayant toujours regretté de ne pas en avoir lui-même. Daisy l’apprécie également et ils deviennent de bons amis.

    John est de plus en plus souvent absent de la maison, bien que son bureau y soit, cela ne le dérange pas. C’est ainsi qu’il a été élevé.

    En tant que petite fille, Daisy se montre très vive, apprenant l’espagnol et l’anglais à peu près à la même vitesse. Teresa en profite pour améliorer sa propre maîtrise de l’anglais, qui était jusque-là assez moyenne pour la région et son milieu. Cela lui servira dans les années à venir et améliorera sa relation avec sa fille.

    Malgré cela, Daisy grandit plus ou moins seule, ou, plus exactement, avec les domestiques. Elle vit dans la même villa que ses parents, mais John a l’habitude d’être célibataire et est trop vieux pour changer : il aime sortir boire un verre, manger le soir à l’extérieur et il s’attend à ce que sa femme l’accompagne comme le font toutes les femmes de ses amis, même si, une fois le repas terminé, les femmes se retrouvent généralement à un bout de la table et les hommes à l’autre.

    Le plus souvent, lorsqu’ils rentrent chez eux, la petite Daisy a déjà été bordée par sa nounou et s’est endormie en écoutant une histoire. Pour être honnête, Lisa n’aurait pas pu l’aimer davantage si elle avait été sa propre fille et la mère de Daisy fait de son mieux pour compenser ses absences régulières, parce qu’elle ne cesse de se sentir coupable à ce sujet, mais elle est maintenant sûre que l’avenir de Daisy est assuré et c’est ce qui lui importe le plus. Daisy n’aura jamais à faire ce qu’elle a dû faire pour assurer son avenir et celui de ses enfants, lorsqu’elle en aura un jour.

    Daisy suit le chemin des nombreux enfants de parents riches : dans ses premières années, elle est gâtée par des parents coupables, puis négligée par eux le même jour. Ensuite, lorsqu’elle atteint l’âge de cinq ans, elle est placée dans une école maternelle, où les enseignants tentent de remplacer les parents et les nounous. Tout le monde est bien intentionné, mais cela ne fait qu’accroître la confusion, l’isolement et la solitude de ces enfants, Daisy comme les autres. Elle grandit donc en étant un peu froide, une fille solitaire qui ne recherche ni l’amitié ni la compagnie. Cela n’empêche pas les autres enfants d’essayer de se lier avec elle, mais aucun d’entre eux n’arrive à créer une amitié avec elle, ni même à s’en rapprocher un peu : elle n’a aucune idée de ce qu’est un meilleur ami.

    L’école, c’est toujours la même chose, et même si Daisy semble y exceller, en vérité, c’est juste parce qu’elle souhaite obtenir l’approbation de son père. Elle est certaine de celle de sa mère, qui passe un peu de temps avec elle quand elle n’a pas à remplir ses devoirs dans la vie sociale de John, mais elle aimerait avoir celle de son père, ce héros.

    C’est à ce moment de sa vie, à l’école primaire, qu’elle commence à entendre parler des exploits de son père et de sa réputation d’homme dur. Certains vont même jusqu’à le décrire comme quelqu’un sans pitié et pire, comme un tueur de sang-froid. Malgré toutes ces choses qu’elle entend sur son père, rien ne fait douter Daisy sur lui, et même au contraire, elles ne font que renforcer son statut de héros à ses yeux. Après tout, sa mère ne le considère-t-elle pas, et ne l’appelle-t-elle pas souvent, son héros ?

    Elle ne dit jamais ce qu’elle ressent lorsque les gens disent du mal de son père, mais elle ne réagit pas non plus lorsque les gens parlent de lui avec admiration, bien qu’intérieurement, elle rayonne de fierté pour la personne qui lui apprend plus que les autres.

    Elle reçoit un enseignement en anglais et en espagnol dans la même école et parle couramment les deux langues. Peu à peu, elle commence par se mêler aux autres enfants et à créer des liens avec eux : elle parle aussi facilement avec les enfants espagnols riches et pauvres qu’avec les riches britanniques. Elle n’a jamais rencontré de britanniques pauvres et, jusqu’à ce qu’elle aille à l’internat en Grande-Bretagne à seize ans pour passer le bac, elle n’avait aucune idée de leur existence, et sur ce point, elle est comme beaucoup d’enfants espagnols.

    Ses parents l’ont envoyée à Londres pour étudier dans un pensionnat, mais lorsqu’ils l’ont laissée là-bas, elle a découvert que c’est l’homme qu’elle appelle «Oncle Tony», le chef de la sécurité de son père, qui lui manquait le

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