Le Barbier de Séville
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À propos de ce livre électronique
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, né le 24 janvier 1732 à Paris où il meurt le 18 mai 1799, est un écrivain, dramaturge, musicien et homme d'affaires français. Éditeur de Voltaire, il est aussi à l'origine de la première loi en faveur du droit d'auteur et le fondateur de la Société des auteurs.
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Aperçu du livre
Le Barbier de Séville - Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Personnages
(Les habits des acteurs doivent être dans l’ancien costume Espagnol.)
LE COMTE ALMAVIVA, Grand d’Espagne, amant inconnu de Rosine, paraît, au premier acte, en veste et culotte de satin ; il est enveloppé d’un grand manteau brun, ou cape espagnole ; chapeau noir rabattu, avec un ruban de couleur autour de la forme. Au deuxième acte, habit uniforme de cavalier, avec des moustaches et des bottines. Au troisième, habillé en bachelier ; cheveux ronds ; grande fraise au cou ; veste, culotte, bas et manteau d’Abbé. Au quatrième acte, il est vêtu superbement à l’espagnole avec un riche manteau ; par-dessus tout, le large manteau brun dont il se tient enveloppé.
BARTHOLO, médecin, tuteur de Rosine ; habit noir ; court, boutonné ; grande perruque ; fraise et manchettes relevées ; une ceinture noire ; et quand il veut sortir de chez lui, un long manteau écarlate.
ROSINE, jeune personne d’extraction noble, et pupille de Bartholo ; habillée à l’Espagnole.
FIGARO, barbier de Séville ; en habit de majo Espagnol. La tête couverte d’un rescille, ou filet ; chapeau blanc, ruban de couleur, autour de la forme ; un fichu de soie attaché fort lâche à son cou ; gilet et haut-de-chausses de satin, avec des boutons et boutonnières frangés d’argent ; une grande ceinture de soie ; les jarretières nouées, avec des glands qui pendent sur chaque jambe ; veste de couleur tranchante, à grands revers de la couleur du gilet ; bas blancs et souliers gris.
DON BAZILE, organiste, maître à chanter de Rosine ; chapeau noir rabattu, soutanelle et long manteau, sans fraise ni manchettes.
LA JEUNESSE, vieux domestique de Bartholo.
L’ÉVEILLÉ, autre valet de Bartholo, garçon niais et endormi. Tous deux habillés en Galiciens ; tous les cheveux dans la queue ; gilet couleur de chamois ; large ceinture de peau avec une boucle ; culotte bleue et veste de même, dont les manches, ouvertes aux épaules pour le passage des bras, sont pendantes par derrière.
UN NOTAIRE.
UN ALCADE, homme de justice, avec une longue baguette blanche à la main.
PLUSIEURS ALGUAZILS et VALETS avec des flambeaux.
La scène est à Séville, dans la rue et sous les fenêtres de Rosine au premier acte ; et le reste de la pièce dans la maison du Docteur Bartholo.
Acte premier
Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées.
Scène première
LE COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant.
Le jour est moins avancé que je ne croyais : l’heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloignée. N’importe ; il vaut mieux arriver trop tôt, que de manquer l’instant de la voir. Si quelque aimable de la Cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d’une femme à qui je n’ai jamais parlé ; il me prendrait pour un Espagnol du temps d’Isabelle… – Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. – Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la Cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ? – Et c’est cela même que je suis. Je suis las des conquêtes que l’intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d’être aimé pour soi-même ; et si je pouvais m’assurer sous ce déguisement… Au diable l’importun.
Scène II
Figaro, le comte, caché.
FIGARO, une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban, il chantonne gaiement un papier et un crayon à la main¹
Bannissons le chagrin,
Il nous consume :
Sans le feu du bon vin,
Qui nous rallume ;
Réduit à languir,
L’homme sans plaisir
Vivrait comme un sot,
Et mourrait bientôt.
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein.
Et mourrait bientôt.
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur…
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble…
Se partagent… mon cœur.
Dit-on se partagent ? Eh mon Dieu ! nos faiseurs d’Opéra-comiques n’y regardent pas de si près. Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante.
(Il chante.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur.
Je voudrais finir par quelque chose de beau, de brillant, de scintillant, qui eût l’air d’une pensée.
(Il met un genou en terre et écrit en chantant.)
Se partagent mon cœur.
Si l’une a ma tendresse…
L’autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c’est plat. Ce n’est pas ça… Il me faut une opposition, une antithèse :
Si l’une… est ma maîtresse,
L’autre…
Et parbleu j’y suis…
L’autre est mon serviteur.
Fort bien, Figaro !… (Il écrit en chantant.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur ;
Si l’une est ma maîtresse,
L’autre est mon serviteur.
L’autre est mon serviteur,
L’autre est mon serviteur.
Hen, hen, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, Messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis. (Il aperçoit le comte.) J’ai vu cet abbé là quelque part.
(Il se relève.)
LE COMTE, à part.
Cet homme ne m’est pas inconnu.
FIGARO
Et non, ce n’est pas un abbé ! Cet air altier et noble…
LE COMTE
Cette tournure