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Fallait pas écraser la vieille: Les enquêtes de Cicéron - Tome 3
Fallait pas écraser la vieille: Les enquêtes de Cicéron - Tome 3
Fallait pas écraser la vieille: Les enquêtes de Cicéron - Tome 3
Livre électronique218 pages3 heures

Fallait pas écraser la vieille: Les enquêtes de Cicéron - Tome 3

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À propos de ce livre électronique

Quand un banal, mais tragique, accident de la route met le feu aux poudres entre deux mafias qui ronronnent chacune dans son secteur, qui est-ce qui s'y colle? Eh ben mézigue, évidemment !

Une histoire qui fait des étincelles dans la banlieue et qui va vous persuader que des hommes tels que moi, il en faudrait davantage. Si, si, croyez-moi. Pendant que les nouveaux migrants essayent de s'intégrer, les déjà intégrés prospèrent (Youplala). Vive la diversité sans laquelle on s'ennuierait !

Un petit coup de pied dans la fourmilière, c'est bon pour chasser les habitudes. Suivez-moi, on y va !!


Mise en garde de l'éditeur : de nombreux cas d'addiction ont été rapportés. Cette addiction semble irréversible et définitive. Toutefois, à ce jour, aucune plainte n'a été enregistrée.


CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE


"Une écriture gouailleuse, jubilatoire, des trouvailles littéraires fort bienvenues, et des éclairages sur cette terra incognita que représente la banlieue pour les provinciaux, qui ne la connaissent en général qu'à travers la vision tronquée qu'en donnent les médias... Un vrai coup de coeur!" - Jean Failler


À PROPOS DE L'AUTEUR

Banlieusard pur jus, l’auteur - de son vrai nom Claude Picq - est né en 1953 à Ivry, ceinture verte de Paris transformée depuis en banlieue rouge. « Poursuivi » par les études (faute de les avoir poursuivies lui-même) jusqu’au bac, il est entré dans la vie active par la voie bancaire. Très tôt il a eu goût pour la lecture : Céline, Dard, Malet… Et très tôt il a ressenti le besoin d’écrire.

LangueFrançais
ÉditeurPalémon
Date de sortie7 oct. 2022
ISBN9782372602709
Fallait pas écraser la vieille: Les enquêtes de Cicéron - Tome 3

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    Aperçu du livre

    Fallait pas écraser la vieille - Cicéron Angledroit

    DU MÊME AUTEUR

    1. Sois zen et tue-le

    2. Nés sous X

    3. Fallait pas écraser la vieille

    4. Riches un jour, morts toujours

    5. Qui père gagne

    6. Hé cool la Seine

    CE LIVRE EST UN ROMAN.

    Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres,

    des lieux privés, des noms de firmes, des situations existant

    ou ayant existé, ne saurait être que le fait du hasard.

    Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’Exploitation du droit de Copie (CFC) - 20, rue des Grands Augustins - 75 006 PARIS - Tél. 01 44 07 47 70/Fax : 01 46 34 67 19 - © 2016 - Éditions du Palémon.

    REMERCIEMENTS

    Au monsieur qui a inventé Word et à tous mes amis qui se reconnaîtront et, plus particulièrement, Toi…

    « C’est bizarre la vie, surtout quand on est mort. »

    Cicéron

    PRÉAMBULE

    Pour celles et ceux qui entrent directement, par ce bouquin, dans l’univers de Cicéron et qui, de ce fait, n’ont pas eu le bonheur de lire les précédents ouvrages, voici une courte, mais opportune, présentation des personnages principaux.

    Les Z’Hommes

    Cicéron Angledroit : détective, la petite quarantaine, pas très grand, mal peigné, assez looser et très opportuniste. Il élève, seul, sa fille de trois ou quatre ans, Elvira (Elvira Angledroit… autre calembour). Son ex-femme est partie à l’étranger où elle enchaîne les missions humanitaires. Sa mère, yougoslave, vit à Paris et elle s’occupe de la petite… Il fait ce qu’il peut pour vivre, c’est surtout un observateur. Il vit à Vitry dans un deux-pièces dans une maison divisée en appartements… Ses voisins africains comptent beaucoup dans sa vie.

    René : caddie-man à l’Interpascher de Vitry… mi-ouvrier mi-traîne-savates… un homme bourru, rustre mais attachant (un peu le Béru de San-A mais en moins exotique). Il fréquente, chaque matin, le même bistro (dans la galerie de l’Interpascher) que Cicéron. Ils se sont rencontrés à l’occasion d’un attentat qui a touché le troisième larron important de l’histoire (Momo). René, sous ses airs rustres, est un homme bien et plein de bon sens.

    André dit Momo : un taciturne au statut de SDF (faux statut), intellectuel « rentré », pas expansif ni vantard. Il vend des Belvédères (journal de réinsertion) à la sortie d’Interpascher… Il déploie une telle psychologie que cette activité est très lucrative pour lui. C’est le penseur de la bande. Il connaissait déjà René. Mais un attentat (lire Sois zen et tue-le !), dans la galerie marchande, l’a privé de son bras droit et lui a permis de sympathiser avec Cicéron, qui croisait ces deux-là, chaque jour, sans faire attention à eux. Depuis qu’il est manchot il a doublé son chiffre d’affaires…

    Le commissaire Théophile Saint Antoine : un flic à l’ancienne, pas très loin de la retraite, connaissant bien la vie, désabusé mais très droit. Est devenu pote avec Cicéron, auquel il confie quelques affaires en marge quand il n’a pas les coudées franches. Pote mais avec, quand même, la barrière des convenances et du respect qu’ont ancrées, en lui, son éducation et une longue carrière poussiéreuse de fonctionnaire de terrain.

    Les Nanas

    Brigitte : la maîtresse « officielle » et régulière de Cicéron. Elle est préparatrice dans une pharmacie et mariée à Jacques, un conducteur de travaux qui alterne, selon les bouquins, chômage et missions lointaines. Faut donc que Cicé et elle jonglent avec l’emploi du temps du monsieur.

    Monique : veuve de Richard Costa qui a été au cœur de Sois zen et tue-le. Elle aussi maîtresse de Cicéron mais plus épisodiquement. Elle est également lesbienne et vit désormais avec Carolina, son ancienne belle-sœur (sœur de Richard).

    Carolina : juste ci-dessus évoquée, c’est le fantasme number one de Cicé. Manque de bol, lui si talentueux d’ordinaire, se métamorphose en cloporte dès qu’il approche d’elle. Au fil des aventures, ils se familiarisent l’un à l’autre mais ça n’est pas facile. D’autant que Carolina connaît très bien le passé de Monique et de Cicé et qu’elle semble plus exclusive que notre héros.

    Vaness’ : fliquette qui arrive dans cette histoire, mais pas tièdement, dans la vie de Cicéron. Sexuellement elle le bouscule un peu de sa jeunesse et il a, parfois, du mal à s’accrocher aux branches. Elle est mariée à un CRS baraqué et africain dont l’existence crée des angoisses abyssales (et justifiées) dans la tête du détective.

    Voilà, voilou… Bonne lecture !

    1

    Deux heures qu’on poireaute, René et moi, dans cette voiture sous une chaleur plus qu’étouffante ! Et je vous raconte même pas l’odeur. Je commence à comprendre que des mômes oubliés dans une caisse, sous le cagnard, puissent passer l’arme à gauche avant que leur étourdi de parent ne pense « Merde, j’ai oublié de déposer Marie-Eulalie à la crèche ! ». René renâcle, je fais le gros dos. Il n’arrête pas de gigoter.

    — Faut être bien cons pour s’être laissés enfermer dans le coffre de cette putain de bagnole ! Mais comment qu’on a fait ? lance-t-il énervé.

    — Bonne question !

    2

    Flash-back. J’ai horreur des flash-back en général. Je trouve qu’il vaut mieux raconter l’histoire dans le bon ordre. C’est pour ça que j’écris au présent. Il faut qu’une histoire soit fluide et il y en a qui usent tant de ce procédé de flash-back qu’on ne sait jamais où on en est. Bref j’aime pas. Mais là je n’ai pas résisté à l’effet de surprise et vous me pardonnerez cet écart. Je passe donc au passé et on se retrouve, dans notre coffre, un peu plus loin. Vous me suivez ?

    3

    Maria Costa, ma copine qui est devenue, au fil du temps, ma deuxième mère depuis que je l’ai rencontrée à l’occasion de cette drôle d’histoire qui a motivé mon premier bouquin¹, n’a vraiment pas eu de chance sur ce coup-là. Un samedi matin, alors qu’elle revenait du marché et qu’elle attendait son bus, elle a été fauchée par un jeune chauffard au volant de la BM de son père. Elle est morte sur le coup. Et pas qu’elle. Il y avait aussi, ce matin-là, une jeune mère de famille et son bébé en poussette. La mère s’en est tirée mais le bébé n’a pas survécu non plus. Le chauffard, qui n’avait ni le permis, ni même les dix-huit ans requis, a perdu le contrôle en grillant un feu rouge et en voulant éviter un camion qui venait de sa droite. Il a traversé la route nationale, qui coupe Vitry en deux, et est venu encastrer sa voiture dans l’abribus. La faute à pas d’chance et à ce pauv’con ! Le gamin a bien tenté de fuir mais il a vite été rattrapé par une bande de citoyens, bien plus citoyens que de coutume en raison du manque patent de risque. Le môme n’était autre que Étienne Elédan, le fils de Vaclav Elédan, sorte de parrain d’une petite mafia serbe qui prospère dans la région en organisant des filières d’immigration clandestine en provenance des pays de l’est non adhérents à l’espace Schengen et en discountant quelques putes, issues elles aussi de l’est, le long des boulevards extérieurs de Paris. Pas un gros caïd le Vaclav mais son petit business tournait bien dans des niches plus ou moins laissées à l’abandon par la pègre locale qui s’investissait plus dans le deal et les coups foireux. Sans cette connerie du gamin probablement qu’il coulerait encore des jours heureux en organisant des Calais-Douvres, allers simples, et en offrant aux Parisiens, victimes de la crise et de la solitude, des pipes extra à des prix défiant toute concurrence. Seulement voilà, il n’aurait pas fallu que l’Étienne, il dérape sur la Maria. Parce que, du coup, c’était une autre sorte de mafia, bien mieux intégrée depuis l’après-guerre et cumulant bonne réputation et un code de l’honneur légèrement suranné mais tenace, celles des Ritals qui pullulaient dans cette ex-banlieue horticole, qui l’avait désormais dans le collimateur. Cette mafia, qui tenait bien plus de l’amicale en ces temps apaisés, était dirigée par Gian-Pietro Cairola, un solide quinqua qui avait quitté le monde horticole pour devenir VRP dans l’outillage professionnel. Un gars sympa, avenant et souvent rigolo quand son rôle consistait à organiser des spaghettis-partys ou des pizzas-tours à l’occasion de chaque saint, et ils sont nombreux, dont la célébration est, pour les Italiens, une occasion de faire la fête. Mais ce Cairola, qui avait francisé son prénom en le transformant en Jean-Pierre, avait un sens de l’honneur, voire de la castagne, qu’on ne retrouve que dans ses origines du sud de la péninsule. En outre c’était un grand ami de la famille Costa. Je ne le connaissais pas mais j’en avais maintes fois entendu parler chez Maria qui insistait, à chaque occasion, pour me traîner aux réjouissances qu’il organisait. Mon côté asocial, mon faible goût pour la fête, le bruit et la joie organisée m’avaient toujours écarté d’une réponse positive. Bien souvent j’évoquais Elve, ma fille, dont je m’occupais à temps quasi plein (surtout quand ça m’arrangeait et me servait d’alibi), pour décliner l’invitation. René, lui, était quasiment pote avec toute la clique. Pas du côté Maria, qui ne l’appréciait guère, mais parce que, quand il y a un coup à boire et quelque chose, quoique ce soit d’ailleurs, à manger, René n’est jamais loin. À l’entendre, en privé pour des raisons de confidentialité et de son manque de confiance dans la largeur d’esprit latine, il aurait même eu, il y a quelques années, une aventure avec Nadine, la femme du patriarche du clan qu’était naturellement JP. La belle et le clochard, version 94, en quelque sorte. Depuis il se tenait un peu à l’écart. Conquistador mais pas téméraire. La mort de Maria décimait toute une partie de mon réseau amical en m’écartant désormais encore un peu davantage du clan familial Costa. Clan très intime car, outre Carolina la fille de Maria, inaccessible convoitise de ma part, il ne restait plus guère de ses membres décimés au fil de mes aventures. Le sort s’acharne sur ceux qui vous entourent parfois. Sans doute s’acharne-t-il aussi sur ceux qu’on ne connaît pas mais c’est moins tangible. Carolina se retrouvait désormais seule dans la grande propriété bourgeoise des Costa, signe d’une réussite fulgurante liée au travail acharné et à une conjoncture dont on a du mal à imaginer qu’elle ait pu exister seulement une ou deux générations auparavant. L’enterrement avait attiré une foule étonnante. Ça pleurait dans tous les coins.

    1. Voir Sois zen et tue-le !, même auteur, même collection.

    4

    C’est bizarre la vie, surtout quand on est mort. La Maria je l’ai toujours vue seule. Même sa fille Carolina, qui occupe tout l’étage de la propriété vitryotte, ne descendait guère lui tenir compagnie. Parfois elle avait une vieille copine qui passait l’après-midi avec elle mais c’était bien la seule relation sociale que je lui connaissais. Souvent je me suis immiscé, le temps d’un café vit’fait, dans leur conversation. Elles refaisaient le monde d’avant, celui où tout était mieux, où on n’avait pas grand-chose mais qu’on était heureux avec. Elles me faisaient marrer, les copines, elles se connaissaient, selon elles, depuis soixante ans presque, du temps où la copine travaillait chez les Costa à leur installation en banlieue comme horticulteurs, et elles continuaient à se vouvoyer long comme le bras : « Madame Costa » par-ci, « Madame Machin-chose » (je ne me souviens pas du nom de la copine) par-là. Et là, jour faste de la vie d’un homme (ou d’une femme dans le cas présent), son enterrement, il y avait une foule inimaginable. La famille décimée, les voisins, habituellement indifférents, la communauté italienne, quelques commerçants, l’adjoint au maire dédié aux vieux qui ne connaissait Maria que parce qu’elle figurait sur la liste des bénéficiaires du colis des vieux, et bien d’autres anonymes s’étaient précipités au cimetière de Thiais. Même René était là mais, comme il est émotif, il avait préféré attendre que la cérémonie soit terminée dans un des cafés poussiéreux qui bordent la RN7 au niveau de l’entrée côté Rungis. Momo, quant à lui, avait décliné :

    — J’aime pas les mondanités.

    Ça pleurait de tous les côtés. Monique, la belle fille de Maria et amante de Carolina depuis le décès de son mari, Richard, et la fin de notre histoire (ceux qui ne comprennent pas c’est pas grave. Faut lire Sois zen et tue-le !, un excellent ouvrage que je vous recommande, mais ça n’a aucune importance dans l’histoire présente) était, bien sûr, là avec ses deux enfants qui avaient bien grandi depuis la dernière fois que je les avais vus. En m’apercevant elle est venue se serrer contre moi avec une tendresse, me semble-t-il, non feinte. Il faut dire que nous deux ça s’est terminé sans vraiment qu’on sache pourquoi mais c’est vrai que les circonstances étaient particulières. Carolina, voulant bien me faire comprendre que la place était prise, nous a rejoints aussitôt. Elle est toujours incisive quand je me trouve dans le cercle intime qu’elle a construit avec son ex-belle sœur (ex par le décès de son frère). N’ayant aucune envie de réveiller quelques braises qui m’auraient brûlé, je déclarais sincèrement :

    — Maria était comme une seconde mère pour moi. Ça…

    — Ça te fera un excellent entraînement pour quand tu enterreras ta première mère, m’interrompit Carolina.

    Le ton était donné. Mais c’est vrai que je perdais tout un pan de ma vie, le pendant à mes fréquentations habituelles, celles des pieds nickelés qu’étaient Momo, René et, dans une moindre mesure, Mourad. D’un autre côté j’entrais, de plain-pied, dans un petit monde dont je ne me doutais que très vaguement de l’existence si près du mien : la communauté ritale de cette partie du Val de Marne. Si Maria avait pu assister à ses propres obsèques, sûr que la vieille aurait été tout heureuse de me présenter à tous ses amis qui se faisaient toutefois, à mon avis, trop discrets dans son quotidien. En l’absence de la principale héroïne de cette journée, pour des raisons bien compréhensibles, ce fut le représentant, en personne, de toute cette clique qui se présenta à moi :

    — C’est toi le détective de Madame Costa ?

    — Euh… Oui… Si on peut dire… Cicéron Angledroit et vous, Monsieur ?

    — Je suis Monsieur Cairola. Je m’occupe de représenter la communauté italienne dans notre association locale.

    Je le savais bien qui il était, je vous en ai d’ailleurs déjà dit deux mots un peu plus haut. Cairola, un gaillard plutôt bien bâti, avait revêtu, pour la circonstance, une sorte de smoking d’un noir impénétrable sur une chemise satinée de même couleur (si, le noir est une couleur pour moi !). Il ne lui manquait plus que le casque et l’épée lumineuse pour faire un Dark Vador tout à fait crédible. Sa femme, Nadine, était à ses côtés, ton sur ton. À les voir on se serait cru transporté dans un vieux film des années cinquante genre Les tontons flingueurs. Elle reniflait et semblait penser à des choses tristes pour ne pas tarir ses pleurs de circonstances. À moins qu’elle ne cachât un oignon épluché dans le mouchoir qu’elle ne cessait de se tamponner sur le visage.

    — Il va falloir qu’on cause un peu tous les deux. Tu viens au vin d’honneur après ?

    — Non. Malheureusement j’ai une filature à reprendre.

    Vous le savez j’ai horreur du pinard et de ce genre de manifestation. D’autant plus que, là, ça me paraît tout à fait déplacé d’aller picoler en l’honneur de Maria qui, toute sa vie durant, avait dû supporter les écarts viticolisés de son mari.

    — C’est dommage mais faut qu’on se voie. T’as une carte de visite ? Je t’appelle demain.

    — Non, je n’en ai pas sur moi mais je peux vous noter mes coordonnées.

    Je trifouille dans mes poches à la recherche d’un bout de papier. J’arrache un RIB de mon chéquier et j’indique au dos tous les renseignements utiles pour me joindre. Renseignements pas très lisibles car, bien entendu, mon stylo écrit en pointillé (un peu comme ma carrière). Plus organisé, Cairola sort de sa poche un superbe porte-cartes en métal quasi précieux gainé de quasi-cuir que les Chinois fabriquent par millions pour inonder l’Afrique (je ne sais pas pourquoi je dis ça, la jalousie peut-être, mais c’est vrai que la première chose qui saute aux yeux c’est l’ostentatoirosité – nouveau mot – de l’objet). Il en

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