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Chick Lit 06 : S'aimer à l'européenne
Chick Lit 06 : S'aimer à l'européenne
Chick Lit 06 : S'aimer à l'européenne
Livre électronique509 pages6 heuresChick Lit

Chick Lit 06 : S'aimer à l'européenne

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À propos de ce livre électronique

Un vent de changement souffle sur la consoeurie, qui prépare un voyage excitant, direction New York ! La vie ayant mené nos quatre complices sur des chemins différents, l'occasion est parfaite pour elles de resserrer leurs liens dans le cadre d'une séance de magasinage inoubliable.

Coriande vit un renouveau professionnel et affectif plus qu'enrichissant, tandis que Ge flotte sur
son nuage de future mariée. Sacha, toujours aussi comblée par sa vie familiale, profite cependant
d'une liberté bien méritée. Une seule des pétillantes consoeurs n'a pas le coeur à la fête, et c'est
la pauvre Mali. Une escapade de l'autre côté de l'Atlantique devrait lui faire le plus grand bien.

Sur le ton cocasse qui a fait le succès de l'auteure, et dégageant un parfum typiquement européen,
ce dernier roman de la populaire série Chick Lit se veut le somptueux dessert à la fin d'un festin
que les lectrices ont littéralement savouré !
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditeurs réunis
Date de sortie28 mai 2014
ISBN9782895855354
Chick Lit 06 : S'aimer à l'européenne
Auteur

Amélie Dubois

AMÉLIE DUBOIS grew up in Montreal but found her true home in Mauricie. She has illustrated children’s books such as Lapin perdue, Rien du tout! and Mingan les nuages. Her work has also appeared in magazines and on television. A critically acclaimed artist, she most recently illustrated Copine et copine, which was the French-language finalist for the 2020 Governor General’s Award. 

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    Aperçu du livre

    Chick Lit 06 - Amélie Dubois

    Chick6.jpg

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et

    Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Dubois, Amélie, 1981-

    Chick Lit

    Sommaire : t. 6. S’aimer à l’européenne.

    Texte en français seulement.

    ISBN 978-2-89585-535-4

    I. Titre. II. Titre : S’aimer à l’européenne.

    PS8607.U219C44 2011 C843’.6 C2010-942154-X

    PS9607.U219C44 2011

    © 2014 Les Éditeurs réunis (LÉR).

    Image de couverture : Niloufer Wadia

    Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODEC

    et du Programme de crédits d’impôt du gouvernement du Québec.

    Nous remercions le Conseil des Arts du Canada

    de l’aide accordée à notre programme de publication.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada

    par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

    Édition :

    LES ÉDITEURS RÉUNIS

    www.lesediteursreunis.com

    Distribution au Canada :

    PROLOGUE

    www.prologue.ca

    Distribution en Europe :

    DNM

    www.librairieduquebec.fr

    facebook_logo.tif Suivez Les Éditeurs réunis sur Facebook.

    Imprimé au Canada

    Dépôt légal : 2014

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    TitreChickLit6.jpg

    À mes consoeurs d’amour,

    Que notre histoire ne se termine jamais…

    « What we think, or what we know, or what we believe is,

    in the end, of little consequence.

    The only consequence is what we do. »

    (John Ruskin, The Crown of Wild Olive, lecture IV :

    The Future of England, section 151 (1866).)

    Mère indigne

    — Sacha, cibole ! Prends ta valise comme une grande fille et mets-la dans la foutue soute à bagages ! la supplie Ge, presque en train de faire une crise de nerfs en plein milieu du trottoir.

    — On sait ben ! Vous abandonnez pas votre bébé, vous autres, râle celle-ci, toujours plantée comme un piquet près de l’autobus dont le moteur tourne depuis déjà un bon moment.

    — Qu’est-ce qui se passe ? fait le chauffeur, qui descend de l’autocar en se demandant pourquoi ses dernières passagères ne montent pas à bord.

    Sincèrement désolée de faire attendre tout le monde, je lui réponds :

    — Excusez-nous ! On arrive.

    En soupirant, je lève la tête vers les fenêtres. L’ensemble des voyageurs siégeant de notre côté a les yeux rivés sur nous, semblant analyser avec attention ce qui justifie la scène d’hésitation ridicule sur le bord de l’embarcadère.

    Le visage littéralement décomposé, Sacha panique de nouveau :

    — Et s’il faisait ses premiers pas durant mon absence, hein ?

    — OK ! Sortez un gun quelqu’un, qu’on lui mette sur la tempe, question d’en finir, fait Coriande, les deux bras vers le ciel.

    — Bon là, c’est assez ! décide Ge en empoignant fermement la valise de Sacha pour l’introduire par elle-même dans le compartiment à bagages.

    Sa lèvre inférieure lui descendant presque jusqu’aux genoux, Sacha pleurniche un peu. Sans tenir compte de son état de détresse, Ge lui pousse dans le dos pendant que Coriande lui enserre le bras droit juste en dessous de l’épaule. Ainsi escortée, Sacha obtempère mollement et grimpe de force les marches de l’autocar. En suivant la troupe en queue de peloton, j’ai l’impression de gérer le transfert d’une criminelle dangereuse pour une première incarcération à la prison Tanguay. Le regard soulagé des gens qui nous attendaient m’incite à proclamer des excuses publiques :

    — Pardonnez-nous, vraiment désolées, que je déclare en bonne relationniste publique du groupe de retardataires que nous sommes.

    En arrivant à nos bancs, Ge met sa main sur la tête de Sacha pour la faire asseoir près de la fenêtre, tel un policier qui fait entrer un bandit à l’arrière de la voiture lors d’une arrestation.

    — Pfft ! souffle Ge en prenant place près d’elle.

    Assise au fond, Sacha risque moins de tenter une évasion. Malgré qu’elle pourrait toujours sauter par la fenêtre ? Il faudrait peut-être lui attacher les poignets au banc d’en avant avec nos ganses de sacoches…

    Misère !

    Bon, ceci étant réglé, je vous dévoile notre activité du week-end : on part pour New York ! Nous sommes si excitées (Sacha un peu moins pour le moment à cause de sa capacité réduite à se détacher de son fils, mais elle va décrocher d’ici à ce que l’on franchisse la frontière américaine). Un voyage de plaisance pour découvrir la Grosse Pomme ? Oh que non ! Nous sommes en mission de groupe ultrasérieuse. Une escapade consœuriale d’importance planétaire. Le conseil exécutif de notre organisation secrète a une responsabilité substantielle inscrite dans le registre de l’obligation plutôt que du loisir. Appelons ça « l’accomplissement du devoir prémarital »… Rien de moins qu’un congrès new-yorkais. On s’en va dénicher la robe de mariée de Ge, ainsi que nos robes de filles d’honneur. Ah mon Dieu ! C’est si électrisant !

    — J’abandonne Lucas pour sa deuxième fête de Pâques, tsé…, rabâche Sacha en se tournant vers nous, aussi désemparée que si elle avait carrément donné son fils en adoption à une famille de détraqués mentaux.

    — On s’en fout comme de l’an quarante, de Pâques, mon minou, la rassure Ge, devenue tout de même un peu plus douce envers notre otage.

    — On va te changer les idées en inaugurant officiellement le congrès. Cartes de membres ? fait Cori, protocolaire, pour qu’on puisse enfin entrer dans le vif de notre travail.

    — C’est moi qui les ai, collabore Sacha afin de ne pas retarder davantage le déroulement du congrès.

    Déjà un tantinet plus motivée qu’à l’embarquement, elle extirpe de son sac à main les cartes qu’elle tend à qui de droit. Naturellement, ce sont les originales, datant de l’époque de la formation officielle de la consœurie. Il y a déjà plusieurs années de ça…

    — Eh shit ! Mon toupet ? que je réagis en inspectant la photo sur la mienne ¹.

    — Putain ! Mes joues ? analyse aussi Coriande en regardant la sienne.

    Cori a, en effet, perdu ses joues de bébé depuis.

    — Moi, je me trouve jolie, remarque Ge avec contentement.

    — C’est super beau, mes crevasses noires en dessous des yeux…, se désole Sacha en inspectant la sienne.

    — Séparation pas facile, que je lui rappelle pour justifier son air un peu fatigué de l’époque.

    Les cartes étant toutes accrochées à une corde, je prends celle de Coriande, assise près de moi, pour la lui enfiler autour du cou telle une médaille olympique. Je lui serre la main en retour, sans sourire, très sérieuse (vous vous souvenez qu’on se la joue toujours trop officiel ?). Ge et Sacha effectuent la même manœuvre pendant que Coriande place la mienne autour de mon cou. À la suite des poignées de mains échangées avec les congressistes du banc d’à côté, j’appuie mon dos contre la banquette puis je souffle avec ma bouche comme si une grande étape venait ainsi d’être scellée (hish… le week-end va être long).

    — Ordre du jour ? que je demande, toujours avec mon air de fille présidant une importante commission parlementaire à l’Assemblée nationale.

    — Ici, confirme Ge en tendant à chacune une feuille de papier.

    Ordre du jour du Congrès de Pâques

    Lieu : New York, États-Unis d’Amérique

    Je trouve que ça fait tellement plus sérieux quand on dit « d’Amérique », hein ? Voyons voir la suite…

    Se rendre sans problème à la station d’autobus.

    Échange des cartes de membres avec les participantes du congrès et mot de bienvenue.

    Cocktail de bienvenue.

    Intégration des participantes à la ville d’accueil du congrès.

    Visite de lieux touristiques.

    Soirée nocturne pour s’imprégner de l’ambiance de la ville où a lieu le congrès.

    Choix de la robe de mariée et de celles des filles d’honneur.

    Recherche de souliers assortis.

    Magasinage de plaisance.

    Rencontre de nombreuses vedettes américaines (vedettes suggérées : Bradley Cooper, Bradley Cooper ou bien encore Bradley Cooper).

    Revenir à bon port.

    — Bon, on a déjà deux points de rayés, ça avance bien ! que je déclare tout en ayant une impression de déjà-vu notoire avec le tout premier congrès de la consœurie.

    — On est tellement connes ! rigole enfin Sacha qui semble tranquillement faire fi de ses angoisses d’abandon maternel.

    ¹ Voir ma photo à l’arrière du tome 1 !

    Sacha, la maman organisée

    Il faut tout de même la comprendre, pauvre petite bête. Elle n’a jamais quitté son fils adoré pour plus de vingt-quatre heures d’affilée. Le beau Lucas (alias NOTRE bébé d’amour) a maintenant tout juste un peu plus d’un an. Je sais qu’on décrit habituellement l’âge d’un bébé en mois pendant un bout de temps, mais là, ce temps est révolu. On a statué en groupe que, à partir d’un an, on dirait les années et les demies à la place. Non, mais, je ne sais pas si je suis la seule qui accroche là-dessus, mais chaque fois que quelqu’un me dit : « ma fille a dix-huit mois », je dois compter comme une nouille pendant trois heures dans ma tête pour déduire l’âge de l’enfant. D’accord, c’est évident que je suis de la génération des calculatrices, mais tout de même, je ne comprends pas pourquoi on ne dit pas un an et demi, tout simplement. Déjà qu’on avait fait un effort de groupe surhumain pour apprendre le calendrier de grossesse de notre amie… détaillé en semaines ! Là, c’est assez ! Notre bébé n’a pas treize mois, mais bien un an (peu importe que ce soit un an et un mois). Je vous rappelle qu’il est né deux jours après ma fête, donc le 20 mars. Hish, c’est la limite dans le calendrier astrologique pour être un gentil Poisson (c’est-à-dire une personne trop sentimentale qui gérera probablement très mal ses émotions). Imaginez, sinon, il aurait été Bélier. Misère ! On l’a échappé belle. Bélier : têtu, cartésien, orgueilleux, qui veut toujours avoir raison… Ouf ! J’ai eu beaucoup trop de Béliers dans ma vie amoureuse (Bobby en est un, entre autres). Lucas sera donc un être doux, attentionné et sensible ; peut-être même un artiste ou un missionnaire en Afrique. Ah ! Peu importe, il est juste parfait ; c’est officiellement un être humain parfait.

    Sacha va donc très bien (mis à part sa crise d’il y a quelques minutes, qui était situationnelle et attribuable à sa fibre maternelle que l’on ne comprend pas toujours, à défaut d’avoir eu à dépoussiérer la nôtre, pour l’instant). Hugo se porte à merveille aussi et la petite famille patauge dans le bonheur. Sacha gère et mène le tout comme une bonne chef de meute. Hugo se laisse voguer et il en est bien heureux. Sacha est aussi rendue une maman-kangourou comme notre amie Julie de Québec ; elle se déplace toujours avec des tonnes de bagages et de provisions pour répondre aux besoins de Lucas aussitôt que l’un de ceux-ci se présente. Fascinant… Je crois que, dès l’accouchement, une nouvelle sphère du cerveau se développe : celle de l’organisation. Sacha pense maintenant à TOUT, et ce, dans toutes les facettes de sa vie (et de la nôtre aussi, parfois).

    Une fois, seule avec elle au McDonald’s (péché capital), elle m’a fait une de ces scènes de planification incroyable :

    — Je vais aller mettre mon manteau sur la chaise de la table là-bas. Pendant ce temps, tu attends le cabaret. Une fois notre table réservée, j’irai au comptoir remplir les contenants de ketchup et attraper les pailles et les napkins. N’oublie pas de lui demander le miel pour les croquettes et rejoins-moi à la table. À plus tard.

    Les sourcils en accents circonflexes, je l’avais regardée s’éloigner pour accomplir sa partie de la mission. Mon Dieu ! J’avais l’impression de vivre une intervention-tactique-Colombo pour désamorcer une bombe dans le parc de jeux pour enfants. Je m’attendais presque à la voir faire une roulade sur le côté comme un ninja pour atteindre la table avec les gobelets de ketchup en main. Sacha, on mange un burger de clown, calme-toi…

    Voilà la sphère du cerveau qui se développe quand on a un enfant. En devenant maman, il paraît (certaines pourraient me le confirmer) que les vingt-quatre heures habituelles dans une journée deviennent un dix-huit heures, à la place. On manque de temps, donc il faut en gagner partout où on le peut. Sacha est bien comique. La nonchalance qui l’habitait depuis que je la connais s’est désormais évaporée. La procrastination est dorénavant chose du passé dans sa vie.

    Elle m’expliquait l’autre jour que la relaxation, ça se prépare, ça se planifie quand t’es une maman. On n’arrive pas comme ça à brûle-pourpoint, paf ! et on relaxe. Oh que non ! On sait en se levant le matin à quel moment on relaxera, si les dix-huit heures de la journée en cours le permettent, bien sûr.

    — Aaaaah ! s’extasie Sacha, maintenant bien callée dans son siège, un léger sourire aux lèvres.

    Ah, vous voyez ! Je pense qu’elle vient tout juste de commencer à relaxer. Comme je ne suis pas certaine de ce que j’avance, je lui demande :

    — Est-ce que c’était un soupir de relaxation planifié ou non ? Je veux dire : est-ce que tu savais déjà depuis trois semaines que tu allais soupirer comme ça à ce moment-ci ou t’as juste improvisé l’expiration comme une folle téméraire qui n’a peur de rien ?

    — Planifié, ma chère. Depuis au moins… combien de temps, Ge ?

    — Je dirais depuis Noël ? Depuis que je vous ai fait part du projet d’expédition à New York.

    — Ouais, environ, réfléchit très sérieusement Sacha pour être certaine de bien nous situer dans le temps.

    Ge, l’Aphrodite

    Vous vous souvenez de l’histoire de Ge qui nous avait appris ses fiançailles en juin, plus précisément le jour du baptême de notre bébé Lucas ? Le beau Derek. L’homme parfait. Le futur mari dont toutes les femmes rêvent en secret. Il est né le divin big buck ! Ge a vendu son condo en octobre dernier pour aller vivre chez lui à l’essai. En fait, l’« essai » était déjà commencé depuis bien longtemps. Du baptême jusqu’à la vente de son condo, je pense qu’elle est venue trois fois à la maison, pour un total de quatre heures non consécutives, gros maximum. Coriande et moi (ainsi que Subban le bébé-gars-de-sa-maman-qui-aime-sa-maman) avons donc habité chez elle – sans elle – durant un petit bout de temps.

    La cohabitation de nos futurs mariés se passe à merveille. Ils se roulent amoureusement dans les coussins tous les soirs en revenant du travail avant de se sauter dessus comme des bêtes. Du sexe… et pas n’importe lequel, mes amis ! Oh que non ! Rien de moins que le « meilleur sexe » que Ge n’a jamais connu de sa sainte vie (un classique de début de relation). Pas du petit sexe vite fait et peu satisfaisant. Ne-non, du sexe de compétition. De la pointure sexuelle supérieure. Du GRAND sexe avec un gigantesque S en caractère gras !

    Sinon, ils jasent de tout, ils sont complices, ils se comprennent sans se parler. Dès qu’une minidispute surgit, ils s’expliquent de façon calme et respectueuse et ils recourent ensuite au make-up S pour se réconcilier après s’être re-roulés dans les coussins en s’excusant presque la larme à l’œil. Il fait donc beau sous le soleil ! Le bonheur déborde par les oreilles de Ge. Il y en a partout, ça renverse, ça éclabousse. En sa compagnie, on se noie constamment dans des torrents de bonheur. Dans son monde fantastique et rose tendre, on court dans la ouate tout nu tandis que les oiseaux font cui-cui et que résonne une musique douce de flûte de pan jouée par des fées Clochette avec de grands yeux en amande bleu clair ornés de cils longs comme des plumes. Et quand un pépin de la vie de tous les jours survient dans son univers céleste (du genre un accrochage de voiture ou un dégât d’eau démentiel au sous-sol) ? Ce n’est pas grave, voyons ; on rigole de la situation et on résout le problème en se disant que, dans la vie, les ennuis passagers sont si futiles comparés au réel bonheur de simplement VIVRE et RESPIRER. Si-mo-naque ! Euh… Come back on the planet, please, Aphrodite ! Vous sentez une minipointe de minijalousie de ma minipart ? Pfft ! Une énorme pointe de mégajalousie, oui ! Je dirais même, une éléphantesque pointe d’envie !

    Vous savez que j’aime mon amie plus que tout au monde. Je suis donc très heureuse de tout ce qui lui arrive. Depuis le temps, elle méritait enfin de rencontrer quelqu’un de bien. Mais malgré tout ça, oui, j’envie sa situation de rêve. J’envie la passion qu’on peut lire dans ses yeux et la désinvolture qui régit sa vie au grand complet. Rien n’importe, tant qu’il est là, tant qu’ils sont ensemble. Pour dire vrai, ça tombe légèrement sur les nerfs à la longue. Elle est comme incapable de faire quelque chose sans lui. Il est toujours inclus dans le forfait. On va magasiner. Hourra ! Elle débarque avec Derek… Pourquoi ? Il tient vraiment à faire les boutiques avec nous ? Une fois, ils ont fini par s’enfermer dans les toilettes du Winners pour une petite vite improvisée et j’ai magasiné seule. Une autre fois, je suis allée voir Ge chez lui (il était là, naturellement – c’est quand même sa maison !) et je lui ai proposé d’aller prendre une marche. Au moment du départ, je le vois enfiler ses bottes. Pourquoi ? Il venait avec nous… Pfft ! Délicat de lui en parler. De plus, lorsqu’il est là, elle est un peu gaga et elle le regarde sans arrêt. Ils partagent deux millions d’inside jokes que personne sur la planète ne comprend. Leurs conversations sont toujours truffées d’un nombre impressionnant de bruits bizarres qui ressemblent sans l’ombre d’un doute au langage de Lucas lorsqu’il est excité par sa peluche en forme de girafe (sa préférée, qu’il trimballe toujours un peu brusquement par le cou d’ailleurs). C’est agaçant, des fois. Tout compte fait, j’ai bien hâte qu’elle redescende sur Terre. Ou du moins dans la stratosphère. Pourtant, je me trouve stupide parfois. À l’âge qu’on a, je me sens comme l’adolescente du secondaire qui reproche à sa best de passer toutes les récrés avec son nouveau kick. Ce doit être parce que ma vie tourne un peu carré, ces temps-ci…

    Moi, le Grinch

    De mon côté (et dans la totalité des sphères de ma vie), rien ne va plus. Ma situation amoureuse, surtout. «Aaaaaah ! », vous dites-vous tous en chœur, découragés. La dernière fois que vous avez eu des nouvelles de Bobby et moi, c’était au baptême… On laissait presque sous-entendre dans nos conversations (sans contenu) que l’on voudrait peut-être avoir un bébé ou je-ne-sais-trop-quoi. On avait survécu à une année remplie de mises au point, mais qui avait semblé, au final, donner un résultat acceptable et satisfaisant pour tous. Voulez-vous savoir quelle erreur d’innocents on a faite ? Je suis allée habiter à temps plein chez lui. L’expression « apprendre de ses erreurs », nous, on ne connaît pas ça. C’est comme du chinois pour nos petites têtes de nœuds.

    Je vous explique la situation :

    Durant l’été et le début de l’automne, la vie a été relativement douce, hormis le fait que les problèmes que je considérais comme dérangeants dans notre couple persistaient, et ce, malgré mes efforts pour tenter de revigorer tout ça (ma fameuse liste de stratégies). L’omniprésence de la télé, le manque d’attention l’un envers l’autre, le peu de moments doux passés ensemble, le rare temps de qualité en amoureux, le sexe trop expéditif, trop direct et manquant parfois de passion, la communication quasi nulle et le fait qu’il ne me textait jamais, juste comme ça, pour le simple plaisir (détail insignifiant, mais quand même). À travers tout ça, il y avait néanmoins nos fous rires et nos conneries bien à nous. Notre façon d’être bien ensemble et que ce soit facile. Et, aussi, je crois, l’amour que l’on éprouve sincèrement l’un pour l’autre.

    Ceci dit, lorsque Ge a dit vouloir vendre son condo, tout a déboulé. J’ai commencé à regarder des appartements avec Coriande. Finalement, coup de théâtre ! Celle-ci a obtenu un poste temporaire à l’étranger (trop excitant, je vous en parle tantôt) faisant en sorte qu’elle a choisi d’habiter chez sa mère jusqu’au début du contrat pour ne pas devoir payer un loyer pour rien par la suite. Je la comprends très bien. J’ai donc continué à chercher un logis, seule. Cependant, il se trouve que le fameux condo de Ge a été vendu en six jours et le déménagement a dû s’effectuer la semaine suivante. Euh ? Excusez-moi de déranger vos vies palpitantes tout le monde, mais je suis à la rue ! Les filles semblaient se contrebalancer de ma situation d’itinérance comme de leurs premières brassières. Seule la généreuse Sacha m’a proposé de m’installer dans la chambre du petit (entre la table à langer et la girafe au cou mou). Bien oui, Sacha ! ? Lors d’une crise d’hystérie durant laquelle je criais à tue-tête à mon chum que la consœurie explosait et que je perdais sûrement à tout jamais mes fidèles alliées (et Subban, mon bébé-gars) en plus de devoir aller vivre à l’Accueil Bonneau, Bobby m’a proposé, sans quitter des yeux le téléviseur :

    — Viens rester ici le temps de te trouver une place à ton goût.

    Bon, il a toujours réponse à tout, lui, ou quoi ? Peut-être… C’est donc facile la vie, hein ? Hum… Monsieur résolution-de-problèmes en personne, toi !

    Il a ajouté :

    — Quelques mois, Mali, c’est pas la fin du monde.

    — Ouin…

    Devenue ainsi vagabonde et sans amies, je n’avais pas vraiment le choix. Mon père et sa toute nouvelle remorque sont donc venus effectuer le déménagement et j’ai entreposé mes meubles dans un des cabanons de l’arrière-cour de mes parents. Décidément, les deux loisirs compulsifs de mon père ne m’avaient jamais autant servi en si peu de temps. Il en était fier comme un paon, d’ailleurs. D’autant plus que, dans la même période, mon frère Chad avait aussi quitté son appartement (alias l’ex-appartement de Coriande) sur la Rive-Sud à cause d’un changement de lieu de travail. Fini, le mur de Fermont. La compagnie l’envoyait maintenant en Afrique, plus précisément au Burkina Faso pour l’entreprise Iamgold exploitant des minerais d’or, vous l’aurez déduit. Chef Chad (les travailleurs sous sa supervision l’appellent comme ça) fait depuis ce temps trente jours de travail consécutifs en Afrique, suivis de vingt-six jours de congé ici.

    Bref, nos effets personnels se sont donc retrouvés presque en même temps dans les cabanons de mon père, ravi que ses structures de jardin servent ENFIN un peu. Il a même gravé (avec sa fameuse soudeuse IMG à fil fourré) nos prénoms sur des plaques de métal pour les placer sur la porte de nos cabanons respectifs. Non, mais, c’était important ! Imaginez que le jour de mon déménagement, je me trompe par mégarde et que j’emporte toutes les affaires de mon frère sans m’en rendre compte ? Avec cette enseigne à mon effigie, presque illisible, faut le dire (fil fourré imprécis ?), j’étais certaine de ne pas me tromper de divan et de table de cuisine le jour J. Sacré papa !

    Depuis, Chef Chad s’est trouvé un logis, en Estrie cette fois. Largement moins cher que sur la Rive-Sud de Montréal, donc moins cruel pour le portefeuille de payer un mois sur deux pour rien. Grâce à mon génie de père, le jour de son déménagement (en plein hiver, hourra !) nous avons ouvert le bon cabanon du premier coup. Quelle joie familiale !

    Mais bon, revenons à nos moutons… Une fois mes meubles bien entreposés chez mes parents, j’ai « officiellement » déménagé « temporairement » chez mon chum. Vous auriez dû me voir la binette quand je suis entrée chez lui le jour 1 de notre cohabitation conjugale.

    — Saluuuut, que j’ai fait en regardant la céramique de son entrée, l’air désolé comme si je revenais d’un séjour de huit ans au pénitencier de Joliette pour le double meurtre de ses parents.

    Il a à peine tourné les yeux vers moi pour me dire :

    — Boooonnnnnn !

    Ah non ! Je ne pouvais pas croire qu’il allait commencer notre concubinage officiel avec un « bon » ! Il me semble qu’on avait statué que l’utilisation du « bon » était dorénavant prohibée, et ce, en toute circonstance ? Après une rafale impressionnante de reproches au « tu » (j’apprends difficilement), je suis retournée illico dehors afin de refaire la scène à partir du début. Premièrement, dans la prise deux, il fallait que je change ma face d’ex-détenue pour une face de fille heureuse d’être là. Je n’avais pas à être désolée de quoi que ce soit non plus. OK, j’étais techniquement à la rue et sans réseau social, mais quand même. J’avais maintenant un cabanon à mon effigie, ça compensait, non ?

    Je suis entrée de nouveau chez lui en arborant un visage extrêmement enthousiaste du genre clown-de-fête-d’enfant-sur-l’ecstasy. Je lui ai crié un « ALLO ! » très festif en dansant deux ou trois petits pas de gigue dans son entrée tout en balançant les coudes dans tous les sens comme un canard.

    Il a quitté le téléviseur des yeux afin d’assister à ma décompensation névrotique avant de me formuler une première règle de cohabitation :

    — Le temps que tu vas habiter ici, j’exige que tu prennes ta médication psychiatrique de façon régulière.

    J’ai roulé des yeux en agrippant mes bagages pour commencer à étendre encore plus ma vie dans la sienne…

    Tout a rondement fonctionné durant un mois. On était un peu excités par tout ça. Une espèce d’euphorie liée à la nouveauté, mais je vous jure que le buzz a été de courte durée. Une minipuff de crack avec un effet très bref sur le système nerveux central. Une illusion de bonheur. Rapidement, je suis devenue muette. Ou plutôt, il est devenu sourd. Je vous explique : on dirait qu’il avait développé un genre de mécanisme de protection anti-moi. Souvent, je parlais et il ne m’écoutait pas. Il ne répondait pas. Il faisait comme si je n’avais rien dit. C’était nouveau, ça… Il me semble que quand tu te retrouves deux dans une maison et que tu entends la voix de quelqu’un résonner dans celle-ci, c’est probablement à toi que la personne s’adresse. Des fois, quand je lui parlais d’une autre pièce, au lieu de me dire : « Bébé, je t’entends mal », il ne disait rien du tout, et là, je gueulais « Allo ? Je te parle ! » et il faisait : « Ah ! Je t’entends pas bien…». Alors, dis-le, bordel. Ne fais pas comme si je n’avais rien dit ! Pfft !

    Ensuite, le coup de barre est arrivé. La relation entre son gérant Matt Damon et la Gingras (conasse) s’est abruptement terminée. Matt l’a laissée sans trop de raison (je le comprends). Elle s’est donc accrochée solidement au cou de MON chum pour survivre à la terrible séparation. Ça a commencé au départ par un simple appel téléphonique, puis un autre, pour finir avec un dîner au resto, et là, j’ai pété les plombs. Je ne l’ai jamais portée dans mon cœur, la belle blonde… Je l’ai même toujours soupçonnée de sortir avec Matt pour se rapprocher de Bobby (parano, je suis ?). On a toujours entretenu une relation un peu artificielle, elle et moi. Du genre, je te fais un sourire un peu forcé et tu m’en renvoies un encore pire (bitch !). Bref, je me suis mise à faire des reproches (très au « tu ») à Bobby, à être jalouse, à présumer qu’ils couchaient ensemble. Non, mais, ton chum ne te parle presque pas à la maison (en plus de ne pas t’entendre) et il dîne avec une autre femme avec qui il discute au resto pendant trois heures. Euh ! Hello ? Vous connaissez le cercle vicieux de la jalousie : plus tu es jalouse, plus tu es chiante… et plus tu es chiante, plus ton chum se pousse de toi, donc plus tu es jalouse, et ainsi va la vie. La triste conclusion de tout ça ? J’ai presque peur de vous l’annoncer… Nous sommes en pause pour un temps. Depuis officiellement une semaine, en fait. Je me suis promenée toute la semaine dernière entre la maison de mes parents et l’appart de Sacha pour demeurer incognito dans mon itinérance. Je n’ai encore rien dit à personne concernant notre rupture. Je ne parle aux filles que rarement et elles sont si heureuses que je ne veux pas ruiner le bonheur de tout le monde avec mon malheur.

    Je me demande vraiment ce qui va en ressortir. Et si on va s’en sortir (ici, je ne blague pas). J’entends votre déception simultanée, mais c’est la vérité. Bobby ne m’entendait plus, il ne me regardait plus, et je trouve qu’il passait beaucoup de temps avec sa « c’est juste une amie en peine d’amour ». En conclusion, j’étais frustrée et je manquais clairement d’attention dans cette relation.

    Vous savez les petits regards qu’un homme pose sur nous quand on est bien habillée et joliment coiffée pour aller travailler ou pour une sortie ? C’était terminé tout ça. Révolu. Inexistant depuis déjà un bout de temps. Honnêtement, je ne savais plus quoi faire. J’avais l’impression d’avoir tout essayé. Dans les derniers temps, on s’obstinait plus qu’on riait et, parfois, on s’évitait pour ne pas se retrouver dans la même pièce. Pathétique. Un genre de « besoin d’air » commun. D’où la décision (aussi commune) de prendre une pause. De plus, je vais avouer quelque chose de grave que personne n’ose dire. Je n’avais plus le goût de faire l’amour. Oh boy… On faisait dans le régime sec depuis un bout de temps. Du sexe de pays sous-développé ; on le rationnait en prévision d’une grave pénurie. Comme si notre gageure d’abstinence de l’an passé était encore en vigueur, mais sans que personne n’ait dit « Go ! ». Tannée que ce soit plate et routinier, ça m’a coupé l’envie, bon ! Je ne ferai pas semblant de me comparer à la pire cochonne que la terre ait portée, ce serait tout à fait faux. J’avais d’ailleurs récemment pris une note à cet effet dans mon livre de santé mentale :

    La patiente, visiblement insatisfaite de son couple et de sa cohabitation avec son conjoint, voit sa libido chuter en

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