Je voulais grandir !
Par Chris Natjel
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Aperçu du livre
Je voulais grandir ! - Chris Natjel
Je voulais grandir !
Chris Natjel
Je voulais grandir !
LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
À toi Catherine…
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-01150-9
Note de l’auteur
Ce livre raconte la partie de ma vie amoureuse de jeune homme, que j’ai toujours gardée secrète. Six années durant lesquelles j’ai découvert la soif de vivre, les femmes, et le désir de les charmer et de les aimer. Quelques-unes de celles-ci ont vraiment marquées mon existence, entre mi-juillet 1971 et mi-août 1977. Deux spécialement, et par respect pour ces deux personnes, la plupart des noms les concernant directement ont été modifiés. La ville, et surtout la vraie région, où la mère de Patrice résidait, n’est bien entendu pas mentionnée. Certains détails ou événements, ont été rajoutés, d’autres omis, ou encore remaniés. C’est ainsi que cette histoire est quelque peu romancée.
Seules mes aventures amoureuses faisant partie de mon jardin secret, sont dévoilées dans ce livre. J’ai donc omis volontairement de parler d’autres relations, amicales ou amoureuses, que j’ai pu vivre. Un grand pardon à Nicole, et à Béatrice, en particulier, je n’ai pas été tous les jours sincère…
- 1 -
Mai 1971, l’avant ma « naissance ». Je venais d’avoir quinze ans ! Et bien que n’étant encore qu’un gamin, je regardais déjà la vie autrement. Sortant lentement du cocon de l’enfance, j’ouvrai plus grand les yeux sur tout ce qui m’entourait, commençant à m’intéresser un peu à tout. Comme la plupart des gosses de mon âge, j’avais de nombreux camarades de jeux, filles et garçons, dans ma ville natale de Bourg-en-Bresse. Et bien que participant sans problèmes à toutes sortes de distractions, je sentais quelque chose de nouveau naître en moi. Quelque chose qui me faisait un peu peur, que je ne me sentais pas prêt à contrôler. La plupart de mes copains de l’époque ne pensait continuellement qu’à jouer. Je les délaissais parfois, pour m’intéresser au monde qui s’ouvrait à moi. M’éveillant à cette vie de jeune homme qui m’attendait, je touchais à tous les sujets possibles.
Je commençais surtout à regarder les filles d’un autre œil. Mais une timidité débordante à l’époque me forçait parfois à fuir, à aller m’isoler, et certaines se moquaient de moi. Peu importe, malgré mon jeune âge, j’aimais voir évoluer autour de moi ces dernières. Et je ne m’interdisais pas non plus de jeter mon regard sur des femmes plus âgées. Enfermé dans mon corps d’adolescent, je contemplai ces belles créatures d’un regard gourmand. Et lorsque je les mirais avec trop d’insistance, je ressentais des trucs bizarres en moi. Je voulais grandir, connaître un peu plus de la vie, celles des adultes, celle où tout est permis, enfin presque tout ! Et aussi l’interdit !
Je commençais aussi à me poser certaines questions sur la relation entre un garçon et une fille, ou plutôt entre celle d’un homme et d’une femme. Je connaissais bien entendu la différence entre les deux sexes, et savais comment les enfants venaient au monde. J’avais déjà vu des amoureux s’embrasser, mes parents d’ailleurs. Mais je commençais réellement à prendre conscience de la différence qu’il existait vraiment entre « elles » et moi. A m’interroger sur la vraie relation qu’il pouvait exister entre ces deux êtres, si proches, et si éloignés en même temps. Que voulait dire ce mot que l’on entendait si souvent, « amour » ? C’était quoi l’amour ? Je connaissais celui de mes parents pour moi, et pour mes frères et sœur. J’aimais mes parents bien sûr, mais sans très bien comprendre le sens de ce terme. Quelle était cette différence entre l’amour que me portait ma mère, par exemple, et celui qu’elle devait éprouver pour mon père ? Je sentais bien au fond de moi que c’était deux choses bien distinctes. Et lorsque je voyais, encore, des amoureux qui s’embrassaient, je me doutais bien qu’ils éprouvaient un autre sentiment que celui de l’amour familial.
Le sexe par exemple ! Un domaine encore quelque peu inconnu pour moi, bien que je savais de quoi il retournait. On en discutait quelques fois entre garçon, mais sans savoir vraiment de quoi nous parlions. On regardait des revues érotiques, en cachette. Je trouvais ces femmes à moitié nues belles, très belles ! Lorsque j’étais à la piscine municipale, combien de fois ais-je admiré ces créatures presque dévêtues, jeunes ou non ? Combien de fois ais-je fantasmé, me voyant dans les bras de l’une d’elles ? Je m’imaginais souvent en train d’aborder l’une ou l’autre, mais comment faire ? Comment devait-on s’y prendre pour accoster une fille ? Comment aborder ce sujet, qui me semblait bien délicat. Mais j’avais grande envie d’en connaître un peu plus, beaucoup plus sur l’autre sexe.
Un jour, un copain à moi me fit voir une revue un peu plus spécialisée. C’était la première fois que je voyais ce genre de bouquin. L’on n’y voyait des photos d’hommes et de femmes entièrement nus, dans des poses très explicites. Quoi, c’était ça faire l’amour ? J’ai trouvé cela d’abord indécent, sale ! Je me suis dit que ce devait être des gens qui aimaient se montrer nus. Pour quelles raisons ? Comment pouvait-on s’exposer ainsi aux yeux des autres ? Je pensais sincèrement que cela devait rester intime ; même si on en parlait un peu entre potes, les images devaient rester cachées ! J’ai appris plus tard ce qu’était l’exhibition, quelle horreur !
L’occasion de voir des gens nus en vrai m’en fut donnée quelques fois. Je me rappelle qu’une fois, me promenant à vélo dans les environs de Bourg, près d’un petit bois, j’ai aperçu un couple qui semblait endormi. J’étais très curieux à l’époque. Aussi, je me suis rapproché discrètement, et je les ai vus. L’homme et la femme étaient nus sur une couverture. Et ils ne dormaient pas, pas du tout même ! Ils s’embrassaient, se caressaient, et l’un comme l’autre semblait y prendre un certain plaisir. Lui était sur elle, et se déhanchait d’une telle façon, que je ne pouvais pas ignorer qu’ils étaient en train de faire l’amour. Je les ai regardés un petit moment, tout heureux de les voir s’aimer. Mais je me suis éclipsé très vite. Je n’avais pas le droit de voler leur intimité. En rentrant chez moi, je ne cessais pourtant de penser à eux. Je les revoyais dans ma tête, si proches l’un de l’autre. Je me rappelais les gémissements et les petits cris de la femme. Quel était donc ce plaisir qu’ils devaient ressentir tout deux ? C’était quoi, ce que l’on nomme « l’amour », ou plutôt « faire l’amour » ? N’était-ce que pour faire des enfants, ou était-ce aussi un moment délicieux à partager. Comment cela se passe-t-il quand deux êtres se rencontrent, se rapprochent ? Qu’éprouvait-on lorsque l’on était enlacé ? Est-ce que les gestes, les paroles arrivaient d’eux-mêmes ? Tant de questions se bousculaient dans mon esprit. Je voulais grandir, grandir, pour connaître enfin toutes ces réponses.
Plus tard encore, j’ai connu une fille, qui venait d’emménager avec ses parents dans notre quartier, et qui de suite a été admise dans notre groupe. Elle semblait prendre un malin plaisir à toujours être vêtue très court, et à se montrer, en prenant des poses inconvenantes. Bien sûr, les autres garçons profitaient du spectacle. Moi, je trouvais cela indécent, vulgaire même. Et lorsque l’un de mes copains faisait mine de la « draguer », mon dieu que je hais ce mot, elle semblait se moquer de lui, en le traitant de sale vicieux. En fait, c’était une allumeuse. J’appris ce nouveau terme quelques temps plus tard.
C’est à cet âge là que j’ai embrassé une fille pour la première fois, une copine de notre bande, Valérie. D’un an plus jeune, elle ressentait comme moi cette soif d’apprendre, de grandir. Nous parlions souvent de la vie en général, de celle qui nous attendait. Parfois aussi, nous plaisantions sur « l’amour ». Chaque fois que l’un d’entre nous surprenait un couple en train de s’embrasser, il se dépêchait de le raconter à l’autre. Et nous avons ri aux éclats certaines fois. Puis l’idée nous est venue de nous embrasser, pour voir, pour comprendre. Au début, nous nous contentions de réunir nos lèvres, pour voir l’effet que cela faisait. Nous trouvions ça bizarre, humide, mais nous en parlions, et d’un commun accord on continuait d’épier nos aînés. Et petit à petit nos baisers sont devenus plus soudés. Nos bouches se sont ouvertes un peu plus, et notre langue participait à cet échange. Nous y trouvions un certain plaisir, et nous le fîmes souvent. Bien entendu, nous le faisions en cachette de tous. Mais avait-on le droit de s’embrasser ? N’étions-nous pas encore beaucoup trop jeune ? On n’y pensait même pas. On le faisait d’abord pour apprendre, c’était amusant. Mais également par plaisir. C’était si bon ! Nous ne cherchions même pas à savoir si l’un de nous « aimait » l’autre. Bien sûr que nous nous apprécions. Mais je pense que ni elle, ni moi, n’avons éprouvé le moindre sentiment d’amour. Mais bon sang, que nous aimions nous embrasser, nos lèvres collées les unes contre les autres, nos langues se touchant, se caressant, et explorant la bouche de l’autre. Je trouvais ça merveilleux. Et nous faisions des commentaires, cherchant à trouver le meilleur baiser, ce qui nous plaisait le plus dans cet échange voluptueux. Pendant les semaines qui ont suivis, j’ai « réussi » à embrasser deux ou trois autres filles de mon âge, mais elles ne semblaient pas trop aimer ça. Trop jeunes, disait-elle. Tant pis, je continuais mon apprentissage avec Valérie. Jours après jours, ma « transformation », s’accentuait. Désirant plus que tout vaincre ce handicap qui était une barrière entre moi et ces divines créatures, je n’hésitais pas à les aborder sur le sujet de l’amour. Beaucoup m’ont ri au nez, me traitant de vicieux. Me rappelant également notre jeune âge, ou s’offusquant sur mes propos. Pourtant, je n’employai aucun mot « sale », comme on disait à l’époque. Certaines me disaient d’arrêter de penser à ça ! Que nous n’étions que des gamins, et que nous devions nous comporter comme tel. Mais moi, je voulais grandir !
J’ai fait aussi quelques petites choses « coquines ». Il m’est arrivé de courir après une fille pour lui soulever la jupette. Ou rarement, de poser ma main sur une cuisse ou sur une jeune poitrine. Quelques claques, bien méritées je crois, me remettaient dans le droit chemin. Quand ce n’était pas un père qui me courait après en me traitant de « sale cochon » ! Mais ces jeux, je ne les fis pas longtemps, trouvant que c’était voler leur intimité. Alors qu’il me serait certainement plus agréable, de partager avec l’une d’elles la complicité de se dévoiler ensemble. Je désirais que les filles, (les femmes) s’offrent à moi, comme je voulais m’offrir à elles.
Et au cours des six années qui ont suivies, je n’ai pas cessé d’apprendre, de courir les filles. Même lorsque j’en fréquentais une, je ne pouvais m’empêcher de lorgner vers une autre. Sans ne jamais en parler à personne ! Je voulais me créer mon petit jardin secret. Car je n’aimais pas la façon dont la plupart de mes amis, parlaient de l’amour. Certains semblaient se vanter de « s’être fait » une fille, et cela les rendaient fiers. D’autres n’hésitaient pas à donner des détails croustillants, et ils en riaient bêtement. Je trouvais dommage d’exposer dans presque son intégralité, le rapport que l’un de nous avait eu avec une fille. Moi je n’ai jamais été très bavard. Beaucoup de mes amis du moment seraient surpris, s’ils me reconnaissent un jour en lisant ce livre. Eux qui me traitaient de puceau ! Mais je suis persuadé que beaucoup d’entre eux l’étaient aussi. Ils semblaient si heureux de se faire passer pour des jeunes hommes qui avaient une « certaine expérience ! ». Une minorité de mes meilleurs amis me connaissant parfaitement, savaient ce qu’était réellement ma vie à cette époque. Mais je savais aussi que je pouvais avoir entière confiance, quand à leur discrétion.
Et je ne suis pas resté puceau bien longtemps !
- 2 -
Juillet 1971. Vacances dans le sud ! En début de mois, ma famille et moi partions chez mes grands-parents maternels. La voiture, conduite par ma mère, filait sur l’autoroute du soleil, l’autoroute de l’amour… Assis à l’arrière en compagnie de mes deux frères et de ma sœur, je me prenais à rêver. Le sud, le soleil, les vacances, les femmes ! J’allai rencontrer de nouvelles personnes, j’étais heureux. N’a-t-on jamais dit que la période des vacances était propice aux relations amoureuses ? Le voyage fut long, entrecoupé de quelques arrêts, pour laisser le moteur de la voiture refroidir. Mais aussi pour un arrêt pipi, ou pour grignoter un truc. Et sur les aires de l’autoroute, mes yeux ne restaient pas inactifs. Les filles de mon âge, les moins jeunes, et même les mères de celles-ci. Aucune n’échappait à mon regard. J’imprimais dans ma mémoire tout ce que je voyais. Certaines étaient très belles, d’autres un peu moins. Mais qu’importe, il s’agissait de femmes. Parfois l’une d’elles, les plus âgées souvent, me regardaient d’un drôle d’air en voyant mon regard un peu trop insistant. Alors je détournais rapidement la tête en rougissant. Mais bon sang, qu’elles étaient belles, toutes ces créatures. Et lorsque le vent se mettait de la partie, faisant se relever quelques jupes, je sentais mon sang bouillir !
Les parents de ma maman, avaient acheté une maison dans le Vaucluse. J’ai toujours adoré cette région, baignée de soleil. C’était les vacances, et j’allais retrouver avec grand plaisir mes copains de là-bas. Thierry en particulier, avec qui j’étais devenu très ami. Mais également Jean-Luc, Patrick, et Sébastien, Nadine, Marion, Valérie, et Isabelle, la sœur de Thierry. Les parents de ce dernier étaient des gens formidables. Nous parlions souvent des filles, Thierry et moi. Il avait un an de plus que moi, et avait déjà couché. Lorsque je lui posais des questions à ce sujet, il répondait évasivement, disant qu’il n’aimait pas trop s’étendre sur ses propres relations amoureuses. Il disait que cela devait rester intime. Que chacun de nous devait garder ses petits secrets. Et je trouvais qu’il avait bien raison, finalement. Il me disait que mon tour viendrait, qu’il fallait être patient. Il me donnait néanmoins quelques conseils. Comment aborder une fille, de quoi lui parler suivant le moment, comment l’embrasser, par exemple, et même comment la câliner. Mais sans trop s’étendre encore une fois. Tu verras, ça viendra tout seul, disait-il, crois-moi. Je lui déclarais avec fierté que je savais embrasser maintenant, ce qui le faisait sourire.
Nous allions parfois nous baigner dans la Durance. Et je ne pouvais m’empêcher de regarder, peut-être avec trop d’insistance, les filles en maillot de bain. Et Thierry me taquinait parfois, me demandant laquelle je préférais. Comment aurais-je pu lui répondre ? Je les trouvais toutes plus belles les unes que les autres. Mais bizarrement, je me sentais plus attiré par Nadine. Petite brunette de mon âge, elle commençait à prendre certaines formes bien féminines. Et elle se savait belle ! Sachant se faire désirer, sans en avoir vraiment conscience peut-être. Ses cheveux très bruns tombaient en cascade autour de ses épaules. Et elle était joliment bronzée, juste ce qu’il fallait. Sa frimousse d’ange m’a toujours fait rêver. Elle avait un regard profond avec des yeux verts émeraude. Et son sourire était une invitation à vouloir l’embrasser. Elle surprenait parfois mon regard, et me souriait gentiment, bizarrement. Je la regardais souvent, comme un être précieux, un ange inaccessible pour moi. J’aurai aimé être seul avec elle, mais cela me semblait impossible. Elle semblait attirée par Sébastien, et nous n’habitions pas la même région. Comment aurais-je pu avoir une relation intime avec une personne, que je ne pourrais voir que pendant les grandes vacances ? Non pas que j’aurai refusé de « tomber amoureux » pendant cette période, bien au contraire. Mais que voulait dire être amoureux ? Je n’en saisissais pas encore toute la signification. Et surtout, je pensais que l’amour qui unissait deux êtres, était autant lié à leurs sentiments qu’à leur proximité. Je ne pouvais concevoir un amour entre deux personnes éloignés l’une de l’autre. Pouvait-on aimer à distance ? Pouvait-on éprouver des sentiments pour quelqu’un que l’on ne voyait pas tous les jours, ou que très peu souvent. Moi, je voulais devenir « amoureux » d’une fille que je verrais tous les jours ! Marion aussi me plaisait beaucoup. Mais je sais pas pourquoi, lorsque j’essayais d’accrocher son regard, elle semblait m’ignorer totalement. Peut-être avait-elle déjà un petit copain. Tout en rêvant de trouver enfin moi aussi une copine, je profitais de la joie d’être avec mes amis. Et sans trop m’étendre, comme il le souhaitait, je n’arrêtais pas de parler de filles avec Thierry. Je me rendis compte petit à petit combien il les aimait. Il en parlait avec une telle gourmandise, que je me demandais vraiment s’il avait une copine « officielle ». Non, me répondait-il. Je suis trop jeune, alors je m’amuse.
– Toi aussi Chris, amuses-toi. Profites de la vie, de ta jeunesse.
– Mais j’y compte bien, répondis-je en riant.
– Tu sais, on dit que la vie est courte. Un jour, nous rencontrerons celle qui nous a été promise, celle pour qui nous sentirons battre notre cœur comme jamais. Celle pour qui, toutes les autres ne compteront plus. Il n’y aura plus qu’elle ! On voudra le meilleur pour elle. Alors en attendant ce merveilleux jour, j’apprends l’amour, celui que je lui donnerai, de tout mon être, de tout mon cœur !
Et malgré mon jeune âge, je savais qu’il avait raison. Quoi de plus beau que d’offrir le meilleur de soi-même à celle que notre cœur aurait choisi. Je me prenais encore à rêver. Un jour moi aussi, j’aimerai, mais j’aimerai vraiment ! Mais ce sentiment n’avait encore aucune signification pour moi. Je ne voyais que la femme, celle avec qui je voulais connaître l’amour physique. Cet échange délicieux, qui bien que m’étant encore inconnu, m’attirait inexorablement. Je voulais découvrir le corps de l’autre, l’explorer, et comprendre enfin ce qu’était l’amour.
Je ne pouvais voir mes amis tous les jours. Parfois nos parents nous emmenaient en balade. Bien que content de passer un moment avec ma famille, je ne me sentais pas libre. Je voulais grandir, grandir, pour faire ce que je voulais, voir qui je voulais. Alors chaque fois que je pouvais m’échapper, je rejoignais mes copains, et surtout Thierry, avec qui j’ai tant appris.
Je l’écoutais toujours avec beaucoup d’attention, sur le peu qu’il voulait bien me dire à chacune de nos conversations. Parfois, il me disait que j’employais des mots « trop crus », qu’il fallait surveiller mon langage. Il me parlait de la « femme » avec un tel respect, et employait des termes précis, mais jamais vulgaires. Et petit à petit, il se dévoila un peu plus, me parlant de cet amour physique qu’il avait déjà vécu. Je me prenais à rêver sur ses dires, en m’imaginant enlacé avec une fille pour connaître à mon tour cette douce félicité. Comme je lui posais la question, il me précisa que sa première fois fut avec une fille de deux ans de plus que lui.
– J’étais inexpérimenté, et la fille trop pressée. Mais tu ne peux pas t’imaginer comme j’ai aimé cette première relation. Elle m’a donné le goût d’aimer encore plus les femmes. Mon dieu, si tu savais comme c’est bon de faire l’amour ! Surtout si tu le fais avec quelqu’un qui partage totalement ce moment-là.
– Oui, ça doit être merveilleux, répondis-je simplement.
– Ce qui serait génial, ce serait que notre première fois à nous les garçons, nous puissions le faire avec une femme qui ait un peu d’expérience. Mais bon, je pense et je suis persuadé que cette « expérience » vient toute seule, il suffit pour cela d’aimer vraiment les femmes.