Blues dans les nuages: Aviateur, montagnard, musicien
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-François Georges se revendique aviateur. Ingénieur aéronautique, il a effectué toute sa carrière chez un grand constructeur au sein duquel il a occupé de nombreuses fonctions. La retraite ne l’a pas éloigné de ce domaine puisqu’il a présidé l’Aéro-Club de France pendant huit ans et qu’il y est encore présent et actif. Musicien amateur, pilote et passionné par le sport qu’il a toujours pratiqué avec enthousiasme dans des disciplines compatibles avec l’âge, il avoue écrire avec plaisir.
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Avis sur Blues dans les nuages
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Aperçu du livre
Blues dans les nuages - Jean-François Georges
Jean-François Georges
Blues
dans les nuages
Préfacé par Brigitte Revellin-Falcoz
feuillage
Dédicace
« Grâce à elle, avec elle et pour elle. »
Préface
Définir Jean-François en quelques mots est juste impossible tant cet ami aux multiples facettes se caractérise par une curiosité sans limites.
Animé par un grand amour de la vie, Jean-François aime débattre, convaincre, mais avant tout partager. Et qui sait écouter le chant de son âme comprend à quel point il est avant tout un homme de passions.
Il en a même fait un art de vivre, un style de vie ; il a toujours considéré que l’on ne s’engage pas dans une activité par esprit de compétition, mais par passion : c’est une façon d’aborder la sagesse dans une approche personnelle à la recherche de moments d’exaltations et de joies profondes.
Son regard parle de lui-même et les paroles en deviennent inutiles. Plus que d’autres, Jean-François porte en lui un humanisme où l’indifférence n’a pas sa place. Ses yeux rieurs pétillants de malice, remplis d’émotions et de joie de vivre, sont vraiment le reflet de son âme.
Il ne vit pas ses passions en comptabilisant les performances, les heures de vol, les concerts ou les dénivelés, mais tout simplement en intériorisant ce qu’elles façonnent en lui.
Jean-François fait partie des belles rencontres que la vie peut offrir. Pouvoir faire un bout de chemin à ses côtés reste pour tous ses proches un privilège autant enrichissant qu’inspirant, dans le partage d’une amitié chaleureuse.
Brigitte Revellin-Falcoz
De ses débuts en aéroclub à la fonction
de commandant de bord d’un A 320 d’Air France,
la carrière de Madame Revelllin-Falcoz a été exemplaire.
Elle est, par ailleurs, à l’origine d’avancées très
importantes en faveur des pilotes handicapés.
C’est aussi une photographe de talent
Il faut bien commencer par quelque chose…
Toute ma vie j’ai rêvé, non pas d’être une hôtesse de l’air, mais d’écrire un livre. Un rêve parmi beaucoup d’autres mais dans la catégorie des tenaces et persistants. Depuis qu’existe en moi cette velléité (intention fugitive non suivie d’acte, dixit le Petit Larousse) il y en a eu pour tous les goûts. Même le polar ! Mais rien que de très normal car le polar a fait partie de mon éducation. Pas n’importe quel polar, le vrai, la référence absolue et incontestable, la Série Noire. Ma mère, femme de goût, éprouvait la même délectation à la lecture de Peter Cheyney, James Hadley Chase et Marcel Proust. J’ai pris assez tôt le goût de ces livres noirs et jaunes et ce d’autant plus qu’ils étaient rangés dans la partie la plus haute des rayons de la bibliothèque familiale avec donc un petit parfum d’interdit. Marcel Duhamel et la NRF ont sans doute contribué plus qu’on ne l’imagine à l’éveil littéraire de nombre de mes contemporains.
Bien avant cette fréquentation, livresque, des femmes fatales et des privés au grand cœur et au gosier en pente, j’avais connu une période… mousquetaire. Le responsable n’en était autre qu’Alexandre Dumas père, l’auteur de cette extraordinaire saga historico romanesque que constituent Les Trois Mousquetaires, Vingt Ans Après et Le Vicomte de Bragelonne. Les outils de cette plongée au cœur des intrigues, des duels, des complots, des vengeances et des amours royales étaient les livres de l’irremplaçable Bibliothèque Verte (existe-t-elle encore ?) et surtout ceux de la collection Nelson dont le papier fin et doux comme celui d’un missel procurait à chaque page tournée une sensation infiniment agréable et dont j’ai pleinement conservé le souvenir.
Un livre n’est pas un objet comme un autre. Livre de poche, le compagnon des voyages, bande dessinée lue et relue, vieille reliure transmise de génération en génération, livre d’art négligemment posé sur une table basse, ouvrage de la Pléiade fièrement exhibé en bonne place dans la bibliothèque, roman à la mode, ils ont tous leur personnalité, leur caractère et font partie de notre entourage et de notre affectif. J’aime assez peu les livres prêtés et n’aime guère plus prêter les miens. Pour le livre j’éprouve un besoin de possession et de présence : il doit être visible, on doit pouvoir le feuilleter, le palper, le humer, le voir jaunir au fil des ans.
J’éprouve une sensation étrange dans ces demeures d’où les livres sont absents, cachés peut-être, cantonnés Dieu sait où, parfois même emprisonnés dans de mauvaises bibliothèques fermées à clé.
Il est par contre des librairies qui sont de véritables cavernes d’Ali Baba où la tentation est présente au coin de chaque rayon, le long de chaque étagère. On peut y passer des heures dans ces librairies de quartier ou dans ces grands magasins qui accordent encore droit de cité à la culture. Il est rare de n’en point repartir au moins avec un petit quelque chose, ce bouquin que l’on cherchait depuis des lustres ou cet autre qui fera un cadeau très apprécié. Les éditeurs ont bien du talent. Ils parviennent avec du papier et de l’encre à façonner des objets qui portent les rêves et suscitent de vrais désirs.
Le lecteur aura compris à quel point j’aime le livre, compagnon, confident, témoin de mes passions de toujours comme de mes enthousiasmes d’un jour. Le livre rassure et apaise. J’ai souvent remarqué que dans le métro seuls ceux qui ont un livre en main montrent autre chose que ces visages sinistres tout droit sortis d’une BD de Enki Bilal. Ils ont l’air vivants !… Bref ! Chaque vrai livre est un don du ciel mais le passage du statut de lecteur à celui d’auteur (je n’ose pas employer le terme trop intimidant d’« écrivain ») s’est avéré beaucoup plus difficile que je ne l’imaginais. Toujours cette question lancinante et un peu absurde : écrire… mais quoi ?
Après la période polar, dont je suis resté un lecteur constamment fidèle, vinrent les périodes Roman puis Nouvelles, toutes deux improductives ou ne dépassant pas le stade de l’embryon sans suite. Je ne saurais dire comment me vint l’idée ou l’envie de coucher sur le papier toute la passion que m’inspirait la musique de Duke Ellington. J’eus même le culot de consulter un éditeur de renom sur la pertinence d’un tel projet. J’ai conservé sa réponse qui à ma grande surprise était plutôt encourageante. Malgré cela aucun manuscrit sérieux ne vit le jour. Et le temps passait.
Mais ma vie a fini par s’organiser entre ces trois maîtresses exigeantes que sont l’Aviation, la Montagne et la Musique. Je prends bien garde de les citer par ordre alphabétique afin qu’aucune ne s’imagine être la favorite ! D’ailleurs à quelqu’un qui me posait la question plutôt banale : « quel est votre rêve le plus cher ? », j’avais expliqué que c’était tout simplement de me poser sur un des glaciers du massif du Mont-blanc en écoutant Jam A Ditty de Duke Ellington dans les écouteurs de l’avion. Et si de plus une beauté familière occupait le siège à ma droite, alors le bonheur serait total !
Bénis soient mes parents à qui je dois cet alliage précieux, ce mélange de saveurs peut-être un peu riche comme certains plats, mais tellement bon. Par chance la Chose de l’Air est devenue mon métier. Vraiment par chance puisque les vicissitudes de la fin de la guerre, la nécessité de nourrir sa famille et quelques relations personnelles ont conduit mon père dans une société de construction aéronautique où il fut chargé de la mise au point et des essais d’un moteur d’avion. Moteur qui, semble-t-il, avait un réel besoin de mise au point ! Le charmant bambin que j’étais a ainsi eu l’occasion de mettre son petit derrière dans des machines volantes exceptionnelles, Fizler Storch, Stampe, Piper Cub. J’ai d’ailleurs conservé pour ces vénérables aéronefs une véritable piété filiale. Et qui peut dire ce que ces moments tout simples ont déclenché chez l’enfant que j’étais ? Le fait est que quelques années plus tard je collais sur des cahiers des images d’avions achetées avec la monnaie des courses ou échangées après d’âpres négociations dans les cours de récréation. Un plan de vol avait été déposé…
« Jamais dans la paroisse ! » recommande la sagesse populaire. Précepte que je me suis toujours efforcé de respecter scrupuleusement. En l’occurrence et s’agissant toujours de fixer mes velléités littéraires sur un sujet, la règle m’interdisait donc l’aviation. Et c’est bien ainsi. Il a été beaucoup écrit, parfois avec talent, plus rarement avec génie (Saint Ex !), sur le rêve d’Icare. Je fuyais donc lâchement des comparaisons dangereuses.
La Musique alors ? Déjà envisagée. Mais décidément je préfère l’écouter les yeux clos ou, encore mieux, la jouer… les yeux clos également. Certes il existe et j’en connais au moins un, des musiciens qui sont aussi de vrais mélomanes et de fins musicologues. Mais je n’aurais pas la prétention de me ranger parmi eux. Mélomane sans doute, musicien plus que modeste peut-être, mais certainement incapable d’écrire sur la musique autre chose que des banalités ou des affirmations péremptoires. Restait la Montagne. Pourquoi pas ? Il est vrai que dans ce domaine la littérature n’est pas bien riche. Les étagères des librairies spécialisées sont garnies d’ouvrages qui expliquent à longueur de pages comment mettre un pied devant l’autre pour atteindre tel sommet ou escalader telle voie prestigieuse. À côté de ces bouquins qui n’ont que de lointains rapports avec la littérature on trouve surtout les récits homériques d’exploits plus fabuleux les uns que les autres mais d’où la poésie et le romantisme sont absents. La sécheresse glacée de la haute montagne semble y avoir pétrifié toute émotion. Au Panthéon des alpinistes écrivains ils ne sont pas bien nombreux autour de Samivel. Chose étrange cet homme aux multiples talents est davantage reconnu et apprécié pour ces délicieuses aquarelles et ces dessins à l’humour délicat que l’on a fini par identifier à la culture de la Montagne. Et pourtant Contes à pic et Le fou d’Edenberg ont leur place dans toute vraie bibliothèque. Ce sont bien les œuvres d’un très grand écrivain. Sous l’œil des choucas ou L’opéra de pics révèlent pour leur part un immense dessinateur aquarelliste et un véritable poète. Peut-être qu’après tout les photos de Shiro Shirahata et les aquarelles de Samivel expriment mieux que n’importe quel écrit ou n’importe quel discours la magie de la Montagne. Peut-être aussi est-il vain de prétendre écrire sur la Montagne.
Pourtant j’ai cru pendant un temps à ce projet imaginé avec un ami complice de multiples escapades et doté, comme moi, du sens de l’orientation et du goût de la contemplation. Nous voulions raconter une certaine montagne hors des sentiers battus, accessible à beaucoup et