« JE SUIS PARFOIS UN MYSTÈRE POUR MOI-MÊME »
SES ÉCRITS DISENT TOUS L’INCOMMUNICABILITÉ ENTRE LES ÊTRES
Comme le souligne Philippe Lançon dans une préface à l’œuvre de Peter Handke, le déplacement et le mouvement, thèmes centraux dans l’écriture du Prix Nobel de littérature, sontun « commencement ». C’est encore une fois cette marche, cette fuite qui animent le personnage de La Voleuse de fruits, la dernière fiction de Peter Handke. Alexia, la fugueuse, est jeune, elle a toujours voyagé seule, notamment en Sibérie. Elle parcourt en marchant les forêts, les champs et les routes départementales qui séparent la région parisienne de la Picardie. De chaque arbre, de chaque brin d’herbe ou de chaque habitant rencontré, l’auteur fait une description minutieuse et nous propose une perception personnelle. Le nouveau roman, c’est certain, a construit Peter Handke depuis son premier ouvrage: Les Frelons, publié quand il avait23ans. Son œuvre, considérable, traverse le xx siècle. Ses romans, ses pièces de théâtre, les scénarios écrits pour la plupart des films de Wim Wenders disent tous l’incommunicabilité entre les êtres, les angoisses de l’homme… Jamais de psychologie ni d’idéologie, sauf quand il rédige ses récits de voyage en 1996, où il présente les Serbes comme des victimes de la guerre civile. Sa proximité avec Slobodan Milosevic lui vaudra des polémiques au moment de l’attribution du prix Nobel en 2019. Il y a toujours des lignes vers l’ailleurs dans siècle, et où il sera traducteur de Duras ou de Modiano. Comme chez Faulkner, on ne sait jamais vraiment où l’on est avec Peter Handke. Mais s’égarer avec lui donne une conscience aiguë de la fragilité humaine.
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