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Le Témoignage dans le Quatrième Evangile
Le Témoignage dans le Quatrième Evangile
Le Témoignage dans le Quatrième Evangile
Livre électronique386 pages2 heures

Le Témoignage dans le Quatrième Evangile

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À propos de ce livre électronique

première partie donnera les caractéristiques générales de la notion de témoignage chez saint Jean. Cependant, pour arriver à une compréhension plus profonde de cette catégorie, il est important d'étudier les textes johanniques qui mettent en évidence les affirmations des témoins, l'objet de leur témoignage et les difficultés rencontrées. Ne pouvant analyser tout, nous concentrerons notre attention sur trois textes fondamentaux où l'évangéliste présente différents aspects du témoignage. Les textes que nous avons choisis ne sont pas les seuls à illustrer la notion de témoignage dans le quatrième évangile, mais ils permettent d'en présenter les traits plus importants.

LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2022
ISBN9781005416720
Le Témoignage dans le Quatrième Evangile
Auteur

Walid El Khoury

Father Walid El-Khoury, OAM-Born in Aana (Lebanon) on January 19, 1964-Nationalities: Lebanese and Italian-Denomination: Maronite CatholicMonastic Formation-Entered the Noviciate of the Antonine Maronite Order on June 29, 1981-Temporary Vows on July 16, 1983-Permanent Vows on November 1, 1988-Ordained Sub-Deacon on May 20, 1989-Ordained Deacon on April 14, 1989-Ordained Priest on June 24, 1989University Degrees:-BA in Philosophy and Theology from Saint Thomas Aquinas University (Angelicum) - Rome (1983-1988)-Master in Biblical Theology from the Catholic University of Lyon (1996)Monastic Functions:-Assistant Pastor of Saint Elias Parish - Antelias 1988 – 1990-Vice Rector and Assistant to the Director of Monastic Formation at the Monastery of Saint Isaiah - Rome 1990-1994-Director of Monastic Formation at the Monastery of Saint Anthony - Chaponot - France 1994 – 1995-General Secretary of the Order (Monastery of Saint Roukoz - Dekwaneh) 1996 – 1999-Superior of Saint Anthony Monastery and Director of Monastic Formation at the Monastery of Saint Anthony - Chaponot, France 1999 - 2002-Vice President of the Antonine University for Information Technology and Communication - Hadath - Baabda 2002 – 2004-Superior of the Antonine Community in Toronto - Canada 2004 - 2005-Third General Assistant of the Antonine Maronite Order (Monastery of Saint Roukoz - Dekwaneh) 2005 - 2011-General Secretary of the Antonine Maronite Order (from the audience of Saint Roukoz Monastery - Dekwaneh) 2011 - 2017-Superior of the Antonine Mission in Canada - and Pastor of Our Lady of Lebanon parish - Toronto since 2017.Activities:-Author of the book "Testimony in the Fourth Gospel" (in Arabic & French)-Author of several biblical articles in Arabic-Professor of the New Testament at the Antonine University and the Antonine Higher Institute for Religious StudiesLanguages:- Arabic, French, English, Italian, Syriac, Greek and Hebrew.

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    Aperçu du livre

    Le Témoignage dans le Quatrième Evangile - Walid El Khoury

    INTRODUCTION

    La catégorie du témoignage est entrée progressivement dans le vocabulaire ecclésial depuis environ un siècle. Le terme apparaît discrètement dans Vatican I, pour désigner l'Eglise en tant qu'elle constitue, par elle-même et par toute sa présence au monde, un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfutable de sa mission divine¹.

    Avec Vatican II, le thème est omniprésent. Des vocables comme témoigner, témoignage et témoin reviennent plus de 100 fois et s'appliquent aussi bien à l'Eglise toute entière qu'à des groupes de chrétiens: Les fidèles, incorporés à l'Eglise par le baptême,... se trouvent-ils plus strictement obligés de répandre la foi et de la défendre par la parole et les œuvres, comme de véritables témoins du Christ². Là où Vatican I proposait l'Eglise comme un signe dressé à la vue des nations, Vatican II personnalise et intériorise le signe de l'Eglise et parle plutôt du témoignage des chrétiens³. Les chrétiens eux-mêmes par leur vie sainte, et les communautés chrétiennes par leur vie d'unité et de charité posent le signe de l'Eglise. En vivant parfaitement leur condition de fils du Père, rachetés par le Christ et sanctifiés par l'Esprit, les chrétiens font entendre aux autres hommes que le salut est vraiment parmi nous. Aux yeux du Concile témoigner signifie accréditer l'Evangile comme vérité et salut de l'homme par une vie conforme à l'Evangile.

    Dans la pensée contemporaine et surtout dans le contexte de l'évangélisation, ce thème revient donc avec une insistance nouvelle: la notion d'engagement devient inséparable du témoignage. En fait, dans notre société, plus sensible au témoignage qui reflète une foi engagée qu'aux homélies éloquentes, un témoin est beaucoup plus efficace qu'un orateur. Le témoignage se trouve désormais au cœur de l'enseignement de l'Eglise⁴ et de la théologie fondamentale actuelle⁵.

    Toutefois, ce thème n'est pas une nouveauté, il est en continuité avec la tradition ecclésiale depuis le début du christianisme et il trouve ses racines dans la Bible.

    Le témoignage est un des thèmes utilisés par l'Ecriture pour introduire l'homme aux richesses du mystère divin: telles, par exemple, les catégories de l'alliance et de la parole. Dans l'Ancien Testament, le témoin est avant tout le prophète. Le fait d'avoir été choisi et envoyé par Dieu, et donc d'avoir été au sein d'une expérience privilégiée, constitue son originalité comme témoin. Le prophète connaît Yahvé, parce que Yahvé lui a parlé et lui a confié sa parole. Le prophète a reçu la parole de Dieu non pour la garder, mais pour la transmettre. Il est le serviteur de la parole, le témoin de Yahvé, dans un climat souvent d'hostilité et de persécution.

    Le témoin est aussi le Peuple d'Israël choisi et appelé par Yahvé. Le second-Isaïe évoque le procès de Yahvé contre les faux dieux (cf. 44, 6-8). Il somme les dieux rivaux de prouver leur existence en prédisant l'avenir, mais leur incapacité de répondre manifeste leur néant (cf. Is 45, 21). Dans ce contexte Israël est convoqué comme témoin: C'est vous qui êtes mes témoins, oracle de Yahvé, vous êtes le serviteur que je me suis choisi, afin que vous le sachiez, que vous croyiez en moi et que vous compreniez que c'est moi... (Is 43, 10; cf. Is 43, 12; 44, 8). Israël est donc invité à se comporter comme témoin au milieu des nations. Toutefois, Israël est incapable de compléter sa mission de témoin, puisqu'il est un peuple sourd, aveugle (cf. 42, 18-19). Yahvé seul manifeste qu'il est le vrai Dieu en accomplissant des actes de justice et de puissance (cf. 45, 21-24).

    Cependant Dieu se rend témoignage à lui-même lorsqu'il révèle à Moïse le sens de son Nom (cf. Ex 3, 14) ou lorsqu'il atteste qu'il est le Dieu unique (cf. Ex 20, 2-3). Mais Dieu témoigne aussi des commandements que renferme la Loi (cf. 2R 17, 13; Ps 19, 8; 78, 5. 56). C'est pour cela que les tables de la Loi sont appelées le Témoignage (cf. Ex 25, 16; 31, 18)⁶; placées dans l'arche de l'alliance, elles font d'elle l'Arche du Témoignage (cf. Ex 25, 22; 40, 3. 5. 21-22), et le Tabernacle devient la demeure du témoignage (cf. Ex 38, 21; Nb 1, 50-53).

    Dans le Nouveau Testament, le recours à la catégorie du témoignage n'est pas occasionnel, mais répété et intentionnel. Une simple statistique sur la fréquence de marturein et ses dérivés est hautement significative: Les termes appartenant à cette famille linguistique reviennent 172 fois. Mais sa distribution n'est pas homogène⁷. Mis à part les écrits johanniques, témoigner et témoignage abondent dans la tradition lucanienne et surtout dans le livre des Actes. Témoigner caractérise l'activité apostolique au lendemain de la résurrection, et le titre de témoins désigne en premier lieu les apôtres. Quatre traits les définissent comme tels⁸:

    - Comme les prophètes, ils ont été choisis par Dieu (Ac 1, 26; 10, 41).

    - Ils ont vu et entendu le Christ (Ac 4, 20) et ils ont vécu dans son intimité (Ac 1, 21-22) et par suite ils possèdent une expérience vivante, directe de sa personne, de son enseignement et de ses œuvres. Leur témoignage se fonde sur la réalité des œuvres et des paroles de Jésus. Si Jésus n'a pas accompli les œuvres qu'il a faites, le témoignage apostolique ne vaut plus.

    - Ils ont reçu mission du Christ pour témoigner (Ac 10, 41) et, pour remplir ce mandat, ils ont été investis de la puissance de l'Esprit (Ac 1, 8). Mais leur témoignage va au-delà du simple récit des faits concernant Jésus; ils témoignent du sens profond de son existence terrestre, à savoir le salut inauguré par sa mort et sa résurrection (Ac 5, 31; 10, 42).

    - Le dernier trait des apôtres comme témoins est le dévouement: une attitude qui se traduit par une fidélité absolue au Christ et à son enseignement reconnu comme la vérité et le salut de l'homme. Malgré les difficultés de l'apostolat, les apôtres annoncent la parole de Dieu avec un courage exceptionnel, fruit de l'Esprit qui agit en eux et triomphe de la timidité et de la peur des persécutions et de la mort. Les apôtres déclarent sous l'effet de ce courage intérieur: Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu (Ac 4, 20).

    Toutefois, ces traits s'appliquent à une catégorie particulière de témoins, notamment les apôtres. Par leur témoignage, ceux-ci rendent la révélation de Jésus-Christ accessible aux croyants. Grâce au témoignage, l'homme trouve l'Evangile devant lui, comme une réalité incarnée dans des êtres de chair et de sang.

    La révélation est essentiellement manifestation du mystère personnel de Dieu. Le christianisme est la religion du témoignage précisément parce qu'il est manifestation du mystère des personnes divines. Le Christ révèle, en définitive, le mystère personnel qui le constitue comme Fils du Père dans la chair et le langage de l'homme Jésus. Les apôtres, à leur tour, témoignent de leur intimité avec le Christ, Fils du Père, en relation intime avec le Père et l'Esprit. Tout l'Evangile se présente comme confidence d'amour, un témoignage du Christ sur lui-même, sur le Père et l'Esprit et sur le mystère de notre condition de fils.

    Les apôtres sont comme la charnière entre le temps de Jésus et le temps de l'Eglise. Ils assurent la continuité entre la communauté d'avant et d'après Pâques. Depuis deux mille ans, le christianisme repose ainsi sur le témoignage des apôtres autant que sur la révélation accomplie par Jésus. En effet, si le Christ était mort et ressuscité sans témoins, ou si ces témoins n'avaient pas proclamé la vérité, la Bonne Nouvelle ne serait pas arrivée jusqu'à nous. Le témoignage est donc une structure fondamentale de la révélation chrétienne. D'ailleurs les évangiles ne rapportent pas de récits de la résurrection, mais des apparitions à des témoins.

    De tous les évangélistes, Jean est sans aucun doute celui qui développe le plus ce thème. Le quatrième évangile se présente dans son ensemble comme un témoignage, selon l'expression de celui qui a rédigé la seconde finale: C'est ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son témoignage est véridique. (Jn 21, 24). Déjà, au chapitre 19, on rencontre la même idée: Celui qui a vu rend témoignage - son témoignage est véritable, et celui-là sait qu'il dit vrai - pour que vous aussi vous croyiez. (Jn 19, 35). Ainsi la tradition d'Asie Mineure attribuait-elle volontiers à l'apôtre Jean le titre de témoin⁹.

    L'auteur du quatrième évangile emploie les mots marturia et marturein en grec (témoignage et témoigner) 47 fois¹⁰; il utilise également d'autres termes qui expriment l'idée de témoignage. Ces termes occupent donc une place relativement importante dans le matériel linguistique de l'évangile de Jean. Mais les données statistiques ne sont pas seules à forcer l'attention et à inciter à la réflexion; en fait ces termes prennent dans leur contexte des connotations théologiques très riches.

    D'autre part, le vocabulaire du kérygme, normalement lié à la proclamation de la Bonne Nouvelle et essentiel dans la tradition synoptique, est totalement absent du texte johannique: on ne trouve jamais des termes comme kerussein (proclamer, prêcher)¹¹, euaggelion (évangile, bonne nouvelle)¹², ou euaggelizein (évangéliser, prêcher la bonne nouvelle)¹³.

    On se demande, justement, pourquoi Jean a-t-il choisi le vocabulaire du témoignage pour transmettre l'annonce de la Bonne Nouvelle, à différence des autres évangélistes. Le rapport de ce thème avec la révélation et la foi d'une part, et sa nécessité dans le contexte d'un procès d'autre part, donnent au témoignage johannique une orientation particulière.

    Témoignage et révélation

    L'histoire de l'humanité peut être perçue comme la longue quête de connaissance sur cette réalité qui la dépasse et en laquelle réside son origine. Face à l'interrogation de l'homme Dieu se donne à connaître à travers la révélation.

    Dans le quatrième évangile, il existe un échange de témoignages qui a pour but de proposer la révélation et de nourrir la foi. Le Christ témoigne du Père, tandis que le Père et l'Esprit témoignent du Fils. Les disciples, à leur tour, témoignent de ce qu'ils ont vu et entendu de Jésus. Leur témoignage n'est pas la communication d'une idéologie, d'une découverte scientifique, mais la proclamation du salut promis et enfin réalisé.

    Toutefois, le témoignage le plus important de l'évangile de Jean est celui du Témoin par excellence qu'est Jésus qui révèle Dieu. Il est l'envoyé du Père, le Fils unique, et sa parole sur Dieu a un poids incomparablement plus grand que celle de tous les autres. Le Père est le garant de la mission de Jésus et il lui a donné des œuvres et des signes qui attestent ses propos. L'Esprit aussi témoigne en faveur de Jésus et confirme ses disciples dans la foi. Les témoins humains fondent leur parole sur le témoignage de Jésus et ils peuvent compter sur l'assistance de l'Esprit: ils sont les témoins du Témoin. L'évangéliste est très attentif à garder la distance entre Jésus et les autres témoins. En effet, Jésus seul possède l'immédiateté de la connaissance divine et lui seul peut manifester ce qu'il a vu et entendu auprès du Père (cf. 1, 18). La relation unique qui existe entre le Père et le Fils, et qui permet à Jésus de dire moi et le Père nous sommes un (10, 30), confère au témoignage de Jésus un caractère exceptionnel.

    Ce premier indice nous aide à comprendre le choix de Jean pour le champ linguistique du témoignage comme véhicule privilégié de la révélation.

    Témoignage et procès

    Par son témoignage devant le monde Jésus atteste une réalité nouvelle et inédite. Cette réalité nouvelle va se trouver en conflit aigu et permanent avec le monde. Elle oblige à un choix aussi décisif que radical. Ce conflit est annoncé dans le prologue: Il était dans le monde... et le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli (1, 10-11). C'est pourquoi le témoignage que constitue le quatrième évangile prend place dans le vaste procès engagé par le monde contre Jésus et les siens. Jésus est véritablement le témoin par excellence, car sa parole déclenche la crise et elle place l'homme devant le choix du croire ou du non-croire; celui-ci devient ainsi le propre juge de ses actes. En fait, on y trouve beaucoup de métaphores juridiques et certainement un grand nombre de termes empruntés au langage du droit.

    Dans un contexte souvent hostile on voit continuellement Jésus en controverse avec les Juifs; il invoque devant eux toute une série de témoignages pour authentifier sa

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