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L'invention de l'apôtre Paul
L'invention de l'apôtre Paul
L'invention de l'apôtre Paul
Livre électronique227 pages2 heures

L'invention de l'apôtre Paul

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À propos de ce livre électronique

L’invention de l’apôtre Paul est la suite logique de Jésus Christ & Consorts. Le premier ouvrage nous montre comment et dans quel contexte politico-religieux, le christianisme a vu le jour ; il conclut à l’inexistence historique de Jésus Christ. Dans la seconde publication, l’auteur, fidèle à l’exégèse rationaliste, se penche sur Les Actes des Apôtres et sur les Épîtres pauliniennes, et les confronte à certains textes des « Pères » de l’Église. Son analyse, servie par une remarquable érudition, conduit le lecteur vers une conception rénovée de l’histoire du christianisme. Désormais, il sera difficile aux missi dominici médiatiques du lobby chrétien d’écarter d’un revers de main dédaigneux les données du courant mythiste.
LangueFrançais
Date de sortie21 juin 2013
ISBN9782312011530
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    Aperçu du livre

    L'invention de l'apôtre Paul - Patrick Boistier

    978-2-312-01153-0

    Sommaire

    Sommaire

    Pierre dans les Actes des Apôtres

    Paul dans les Actes des Apôtres

    La biographie officielle de Paul

    Les auteurs des Actes

    De Saul à Paul

    Deux éditions des Épîtres pauliniennes

    L’édition fidéiste

    Le mystère caché

    La quatrième strate dans l’Épître aux Romains

    D’où vient la doctrine spiritualiste ?

    Annexe 1. Le Fils de Dieu dans les Épîtres

    Annexe 2. L’occultation du corps spirituel

    Annexe 3. L’irruption du SaintEsprit dans les Épîtres

    Annexe 4. La transformation du paganisme romain au ive siècle

    Dernières nouvelles

    Bibliographie

    Pierre dans les Actes des Apôtres

    Au début des Actes des Apôtres, l’auteur présente son écrit comme un deuxième récit « à Théophile », comme une suite de l’Évangile selon Luc. Il prétend rapporter les premières activités des disciples de Jésus Christ, après que celui-ci fût « élevé au ciel ». En fait, le livre est presque entièrement consacré à Pierre, le chef des douze apôtres, et à Paul l’Apôtre des « gentils ».

    De 1/6 à 2/43, l’auteur des Actes nous décrit les apôtres attendant à Jérusalem « la promesse du Père » qui doit les baptiser de l’Esprit Saint. Alors se produit le miracle des « langues de feu », le jour de la Pentecôte : remplis de l’Esprit Saint, les apôtres se mettent à parler d’autres langues que la leur, se faisant ainsi comprendre de tous les étrangers séjournant à Jérusalem.

    Dès lors, les apôtres et les autres disciples de Jésus s’organisent. L’un des apôtres, nommé Pierre, devient le porte-parole de l’assemblée jérusalémite des disciples (qui ne s’appellent pas encore « chrétiens »). Les Actes recensent quatre discours de l’apôtre Pierre, qui se situent clairement dans la tradition biblique, sans manquer pour autant de démarquer le groupe jésus-christien ¹ des partis pharisiens et sadducéens traditionnels.

    Ce que Pierre prêche aux Israélites, c’est :

    1° La repentance d’avoir condamné l’homme Jésus, alors qu’il était « approuvé » par Dieu (2/22-24).

    2° La conversion en la foi que Dieu a ressuscité Jésus le Nazaréen d’entre les morts, qu’il l’a fait « Seigneur » et « Christ », et qu’il l’a placé à sa droite dans le ciel (2/34-36).

    3° La certitude qu’à elle seule, cette foi suffit à effacer les péchés individuels des convertis (3/19), et à leur assurer le salut lors de « la grande et éclatante journée du Seigneur », c’est à dire au jour de la fin du monde, quand « le Soleil sera changé en ténèbres et la Lune en sang » (2/20).

    Près de Pierre, deux de ses collègues – Jacques et Jean – jouent parfois un rôle actif, mais qui reste toujours subordonné à celui du chef du collège apostolique. Les neuf autres apôtres ne sont que de vagues figurants. C’est toujours Pierre qui, dans les premiers chapitres, jusqu’à 12/23, occupe l’avant-scène.

    En 3/6-8, Pierre guérit un boiteux. Il en prend occasion pour prêcher la résurrection des morts, mais se voit traîné pour ce motif devant le sanhédrin (4/1-21). À ce sujet, on peut souligner l’erreur qui situe Anne comme grand-prêtre au temps de Ponce Pilate (Actes, 4/6). Cette erreur paraît provenir de l’Évangile selon Luc (3/2) ; ce qui permet de placer la rédaction définitive des Actes après celle du selon Luc.

    Plus loin (5/5-10), un mot de Pierre terrasse les disciples Ananias et Sapphira, qui ont voulu frauder le Saint-Esprit. Plus loin (5/15), les malades se mettent à son ombre pour obtenir leur guérison. En 5/34-39, le discours de Gamaliel, pharisien notoire et docteur de la loi, présente un évident anachronisme : « Car, avant ces jours-ci, Theudas se leva […]. Après lui s’éleva Judas le Galiléen, aux jours du recensement ». L’auteur des Actes, peu versé en chronologie, situe la révolte de Theudas avant celle de Judas (qui eut lieu « aux jours du recensement » de Cyrénius, vers 6/7 de notre ère alors qu’un écrit attribué à Flavius Josèphe décrit le soulèvement de Theudas « durant le gouvernement de Cuspius Fadus », aux environs de 45 de notre ère (Antiquités Judaïques, 20/II).

    Ensuite, Pierre gagne la Samarie, où il accomplit sa première mission apostolique hors de Judée (8/15). Il y confond Simon le magicien (8/20-24). Il se rend ensuite à Lydde, où il guérit un paralytique (9/32-34), à Joppé, où il ressuscite une morte (9/40-42), à Césarée, où un païen, le centurion Corneille, de la cohorte appelée « Italique » est converti et baptisé par lui (10/48). Mais c’est une erreur de placer à Césarée, entre l’an 30 et l’an 40 (Actes, 10/1), une légion « Italica » qui n’existait pas à cette époque : elle fut créée en l’an 66, et ne quitta pas l’Europe.

    En 12/3, Pierre est mis en prison. En 12/7-10, il est miraculeusement libéré par un ange.

    À l’évidence, dans la partie des Actes consacrée à Pierre, tout est prétexte à l’apologie du jésus-christianisme, par le recours permanent au mysticisme et au merveilleux. Cette partie se termine lorsque, prenant congé de quelques-uns des disciples assemblés dans la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, « il (Pierre) s’en alla en un autre lieu » (12/17). D’après le contexte, l’anecdote se situerait vers 43/44 de notre ère.

    Simon Pierre est-il un personnage historique ? Jean Kléber Watson ² pense qu’en tant qu’adversaire de Paul, il « fut un personnage réel, mais il ne fut pas disciple de jésus ». En effet, les Épîtres pauliniennes ³ laissent entendre « qu’il n’eut du Maître qu’une expérience intime, semblable à celle de Paul ». Peut-être était-il l’un de ces « trafiquants du Christ » que dénonce la Didakhè (11/3-6). Prosper Alfaric ⁴ voit en lui un avatar du dieu Esmoun (même racine, smn), « l’Obéissant », dont on aurait fait « Simon ». Or, c’est une évidence que, dans les Homélies clémentines, Pierre n’est que la réplique de Simon le Mage ; aussi Amable Audin ⁵ pense avec vraisemblance qu’un « Simon primitif » s’est scindé en deux : le mage et l’apôtre. Cette hypothèse se trouve corroborée par l’Évangile de Pierre, apocryphe qui marque une transition entre un credo ancien et les récits canoniques. Le fragment retrouvé en 1886 raconte la Passion évangélique, mais avec une intention différente. Par exemple, les soldats romains n’y insultent pas le « roi des Juifs » mais s’en prennent au « Fils de Dieu ». Jésus y souffre en qualité d’être divin, non en celle d’agitateur. Selon Watson, ce détail « révèle un état plus ancien de la foi »… Il en va de même de la prédication aux enfers suivie de l’ascension immédiate vers les cieux… En outre, le cri de Jésus expirant – « Ma Puissance, tu m’as abandonné ! » – appartient à la gnose simonienne. Il se pourrait donc que le merveilleux attribué à Pierre, dans les Actes des Apôtres, soit lui aussi le démarquage d’une tradition simonienne antérieure au Nouveau Testament ⁶.

    Mais ce qui nous semble le plus probable, c’est que la partie des Actes des Apôtres consacrée à Pierre est le remaniement d’un ancien évangile qui racontait les exploits, non du disciple, mais du maître. Peut-être ce maître ne s’appelait-il pas encore Jésus ; peut-être même ne lui avait-on pas encore attribué de nom, et lui donnait-on le simple surnom de Céphas (« Pierre », « Roc »). Nous en sommes d’autant plus convaincus que dans l’hymne L (du rouleau des Hymnes de la mer Morte), nous lisons : « Et tu as fondé sur le rocher ma bâtisse, et des assises éternelles me servent de fondement ». Notre conviction s’affermit encore quand nous constatons la superposition de certains faits racontés au sujet de Pierre, dans les Actes des Apôtres, et certains faits racontés au sujet de Jésus dans l’Évangile selon Marc.

    Dans le premier exemple, les deux grabataires pourraient bien avoir le même grabat.

    Le deuxième exemple est encore plus significatif. Comparons Tabitha koum et Talitha koum : on a l’impression que ces deux expressions proviennent de deux versions parallèles d’un même fait merveilleux qui avait beaucoup volé sur les lèvres jésus-christiennes ⁷. C’est à Pierre qu’il se rapportait d’abord. Tabitha s’est altéré en Talitha. Mais Pierre attribue sa puissance à une entité qui l’habite : Jésus le Christ… Le Marc judaïsant humanise cette entité en la séparant de Pierre. Ceci dit, il y a probabilité que la partie qui, dans les Actes des Apôtres, se rapporte à Pierre, provienne des « dits et faits » du « Seigneur » transmis à Marc par Pierre, selon Papias (dans l’Histoire Ecclésiastique, III/39, 15-16) ⁸.

    Dans un troisième exemple, c’est le procès d’Étienne devant le Sanhédrin qui paraît avoir été transposé en procès de Jésus devant les mêmes juges.

    Un autre évangéliste (Luc, 23/46 et 34) mettra dans la bouche de Jésus sur la croix les deux paroles qui sont

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