Rue des Perplexes: Roman
Par Mohamed Magani
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mohamed Magani est né en 1948 à El Attaf. Fondateur et président du Pen algérien en 2003, il a été enseignant à l’université d’Alger, avant de se consacrer aujourd’hui à l’écriture.
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Aperçu du livre
Rue des Perplexes - Mohamed Magani
RUE DES PERPLEXES
Mohamed MAGANI
RUE DES PERPLEXES
roman
CHIHAB EDITIONS
© Éditions Chihab, 2013.
ISBN : 978-9947-39-033-7
Dépôt légal : 2343/2013
Du même auteur
La Faille du ciel, roman, Enal.
Esthétique de boucher, roman, Enal/Enap.
Un Temps berlinois, roman, Publisud/Ed. Casbah.
Le Refuge des ruines, roman, Ed Barzakh.
Une Guerre se meurt, roman, Ed. Casbah.
Scène de pêche en Algérie, roman, Dar el Gharb.
La fenêtre rouge, roman, Ed. Casbah.
An Icelandic dream, nouvelles, Ed. Casbah.
Please pardon our appearance…, nouvelles, The Tunfell Press, Londres.
Histoire et sociologie chez Ibn Khaldoun, étude, OPU.
Enseignement primaire, où en sommes-nous ? Étude, Dar El Ijtihad/Epigraphe.
In memoriam,
Abdelkebir Khatibi
Qu’est-ce que la civilisation ? Qu’est-ce que la culture ?
Est-il possible pour une nation saine d’être engendrée
par la violence – dans la guerre ou dans l’abattoir – et d’être conçue par des esclaves, ignorants et parasites ?
Agnes Ryan
Trois chapitres dans la vie
d’une chienne
Aux premiers moments de son arrivée dans la cité, coin paisible, sans histoire, où le plafond de la pensée s’élève haut tandis que le PNB de l’espoir reste au plus bas, son regard prend possession d’elle et le degré de fascination ne cesse de grimper. Il l’invitera chez lui si la chose est possible. Ses apparences pleurent misère, sale et osseuse, on l’eût dite rescapée d’un camp de concentration. Elle le fixe comme s’il est la dernière bouchée sur terre. Il s’efforce de réfléchir à quelle attitude adopter devant pareille déchéance. La chasser. L’alimenter. Appeler les voisins. S’en approcher. Ne pas réagir et attendre son départ. Elle continue de le fixer, immobile, sans prêter attention à rien. Ni le vacarme strident des véhicules, ni les cris des enfants lancés derrière un ballon sur la chaussée ne lui font détourner la tête. Quand finalement, sans doute lasse d’attendre un geste quelconque de compassion, elle lui présente de biais son corps rachitique et commence à s’éloigner, Mahyou entreprend de la suivre, saisi d’un sentiment de curiosité passionnel jusqu’à la terminaison de ses doigts.
La psychologie des chiens errants comme espèce, il en savait un bout à l’instar de tout le monde et il les traitait à coups de pierres. Celle des chiens comme individus, il allait apprendre à en saisir les différences et en garda un souvenir inaltérable. Mahyou l’observait, plus qu’intrigué, et la suivit en veillant à garder une distance constante derrière elle. La chienne se retournait de temps à autre pour lui jeter un long regard, jauger un homme ne manifestant aucune animosité ni violence. Elle le traîna d’une rue à l’autre, d’un quartier à l’autre, ici et là poursuivie par des mioches particulièrement acharnés contre les chiens errants. Mahyou se gardait d’intervenir et laissait l’animal se débrouiller selon sa nature propre. A sa grande surprise, elle retourna à l’endroit où il l’avait aperçue la première fois, juste devant chez lui.
Comme s’ils attendaient son retour, des enfants surgirent de l’autre côté de la rue, pierres et projectiles de toute sorte dans les mains. La réaction de la chienne resta longtemps dans les mémoires et fut peu après le sujet favori de discussion dans bien des cafés et foyers. Elle se coucha tout de suite sur le dos et entama une curieuse gymnastique désespérée. A la manière d’une toupie elle tournait, se tortillait comme une anguille, puis se remettait à tourner, les pattes et la queue prises d’une agitation frénétique. Sidérés, les enfants baissèrent les bras. « Elle fait du break danse ! », fit l’un d’eux. Le spectacle draina bientôt une foule de spectateurs. D’autres garçons et filles accoururent, des adultes aussi.
Issus de la cité des Enseignants décrépissante toute proche, sans doute s’étaient-ils rappelés des bribes d’une éducation humaniste prodiguée par leurs parents, les mioches perdirent toute velléité d’agressivité et se délestèrent des pierres. Ils suivaient en silence l’inimaginable comportement de l’animal auparavant inconnu dans les parages. Attendris, émus, ils regardaient à présent la chienne autrement. Un sentiment de pitié, tout aussi animal, les envahit. Ils saisirent le sens de la danse et y entendirent un appel désespéré du désir de rester en vie. La décision spontanée de la prendre en charge fut prise sur-le-champ. Elle n’allait manquer de rien, protégée par petits et grands de la cité des Enseignants. Quel motif l’avait poussée à venir chercher hospitalité et subsistance auprès d’une des couches sociales les plus défavorisées ? D’autres cités nettement plus nanties l’auraient mieux servie, à l’image de la cité des Policiers, où l’obésité des animaux domestiques rivalisait avec celle des enfants. Elle avait trouvé une grande famille d’accueil et elle put se reposer de la cruelle nécessité de l’errance.
Un animal perdu a eu l’intelligence de se faire admettre dans la société des hommes, si peu tolérante pourtant. Il a réussi à la domestiquer à sa manière. En dépit d’une longue période dans sa nouvelle affectation, et de ses multiples tentatives, Mahyou n’a pu s’enraciner dans ce coin du pays. Quelque chose a fait obstacle et subsiste au ras de la conscience, sans se dévoiler clairement. Il a besoin de se rappeler la chienne, par moments dominé par une cynanthropie à le faire aboyer à la lune, lorsqu’il ne sent plus la force de simuler la patience dans sa cellule. Sa présence invisible le détend et lui procure des instants de délivrance qui ne se comprennent qu’en remontant le temps.
Au nombre de trois, les qualités de la chienne fusionnaient un fond d’errance synonyme de discrétion, une promptitude au comportement de l’animal dressé, ainsi qu’une propension marquée à défendre « les siens » en toute circonstance. Elle avait séduit pas mal de monde, à commencer par les enfants. Ils avaient trouvé en elle un compagnon de jeu toujours disponible dans une cité manquant terriblement de loisirs, quasi inexistants en réalité, quand les heures duraient des jours et les jours des semaines. Ils lui avaient construit une niche sous un arbre et veillaient sur elle tous ensemble. Avec elle, les intrus ne pouvaient passer inaperçus dans la cité, elle les chassait et elle pourchassait chats et chiens errants sans merci. Ses interminables tours de garde se prolongeaient la nuit et on pouvait voir sa forme nocturne se profiler sur les murs des préfabriqués. Plus rien n’échappait à son regard et à son sens olfactif aiguisé par les tiraillements de la faim. Avec les hommes, sa préférence allait aux groupes, non aux individus. Ange gardien, elle se postait à quelques mètres, couchée à leurs pieds pour ainsi dire, et se contentait de les observer de temps à autre, le museau sur les pattes. La chienne restait là, inamovible à son poste, comme l’inévitable planton d’une administration. Elle accourait à tout appel ou sifflement. On avait besoin d’elle, souvent pour exhiber sa nature docile ou pour lui faire exécuter son légendaire tour de la toupie sur le dos.
Sa notoriété se propagea. On n’hésitait pas à venir la voir des environs ou de plus loin. De même son intouchabilité s’accrut. Plus personne n’osait lui jeter des pierres ni même la traiter de chienne. Miracle de l’espèce humaine, avec ses quatre rangées de huit préfabriqués aux allures de baraquements militaires rébarbatifs, la cité toléra le seul animal étranger depuis sa construction. Peu à peu, la majorité de ses bienfaiteurs vint à lui conférer émotions et sentiments, à la considérer comme habitante à part entière de leur communauté. Plus le fil de son histoire se rallongeait, meilleure s’écoulait son existence au milieu des hommes, paisible, joyeuse, confortable autant que peut l’être celle d’un animal domestique ou de compagnie.
A mesure que les mois passaient, sa vraie particularité était de rester elle-même cependant, sans avoir à démontrer continûment le talent d’un chien tourneur. Pour calmer faim et soif, elle emboîtait le pas à un homme ou une femme de la cité. Ombre silencieuse, elle donnait l’impression de choisir au hasard. Mais très vite, on s’aperçut que ses choix étaient judicieux, la personne suivie venait de faire les courses. Son destin, sa vie antérieure à son apparition, ses pérégrinations de l’errance : Mahyou serait allé au bout du bout du monde pour tout savoir. Il ne savait pourquoi elle le fascinait, il lui aurait fait la cour si la morale humaine ne s’en offusquait.
L’arrivée de la chienne coïncida avec une série d’événements dans sa vie propre. De gros soucis l’avaient éloigné de tout depuis pas mal de temps. Il évitait ses amis de la cité des Enseignants, si à l’occasion il croisait l’un d’eux il se défilait vite au motif de travaux chez lui, ou prétextait une migraine ou un mal de dos. Sa vie prit une franche orientation écranique, il ramait dans les flots d’images déversés par les chaînes de télévision.
Dans l’histoire des travaux il mentait en partie vrai : un maçon retors s’était joué de lui avec un art consommé de la roublardise. Au début, l’idée de prendre pour seuls manœuvres les sourds-muets avait paru à Mahyou tellement généreuse et digne de respect. Devant sa crainte de ne pouvoir communiquer avec eux, le maçon fut assez convaincant : « Un manœuvre sourd-muet n’a ni oreilles ni langue. Il n’a rien à écouter ; ni radio ni racontars, il ne peut rapporter les ragots des voisinages et ne pense qu’à bosser. Vous avez des voisins et leurs femmes. Je ne veux pas de problèmes ! De plus, il faut bien aider ces pauvres handicapés. Ils me font vraiment de la peine. » En réalité, le choix d’un sourd-muet relevait
