La Niejdana, Comment l'amour vint aux Machines

Par Sarah Akka

Une autre histoire de l'Humanité. L'intrigue a lieu à une époque charnière de l'évolution, une époque où la machine a commencé à perdre le contrôle de sa création. Emergent alors des phénomènes étranges, inédits et pour le moins inattendus, venant ainsi fissurer un système social, politique et économique fondé par des machines, pour des machines. Pour le meilleur et pour le pire.

• Langue: Français
• Éditeur: Sarah Akka
• Date de sortie: 23 juil. 2021
• ISBN: 9781005544850

Sarah Akka

Sarah Akka is a native French speaker and writer based in London.She is passionate about science and spirituality related topics. She holds a PhD in Neuroscience plus research degrees in Cognitive Sciences, Philosophy and History of Sciences.Her favourite productions are tales, sci-fi and essays that stimulate reflection and imagination.She illustrates her texts herself and finds inspiration in nature, animals, science, history, archaeology and dreams.

Aperçu du livre

La Niejdana,

Comment l’amour vint aux Machines

Sarah Akka

Illustrations et texte

©Sarah Akka

©2021

Tous droits réservés. Aucun extrait de ce livre ne peut être adapté, traduit ou reproduit, sous quelque forme ou procédé que ce soit, sans le consentement préalable de l’auteur.

Au commencement était le chiffre

Au commencement était le chiffre. En prononçant cette phrase qu’il avait pourtant entendue et répétée depuis toujours, Vassili Jdan se demanda, pour la première fois de sa vie, si elle avait vraiment un sens. Qu’en savons-nous ? songea-t-il. Il se surprit à presque douter des enseignements. Se rappelant qu’il convenait de se tenir bien droit quand on donnait un cours à des apprentis, il marqua un silence, dissimula habilement sa gêne, prit ses notes bien qu’il n’en avait pas besoin, et poursuivit en faisant de son mieux pour avoir l’air d’un mentor détenteur du savoir absolu. L’amphithéâtre était plein, et parfaitement silencieux.

"Aujourd’hui nous allons aborder la troisième et dernière étape de l'évolution de nos ancêtres, à savoir la création de molécules tout à fait spéciales, ayant permis d’optimiser toutes sortes de calcul et d'améliorer la performance de nos fonctions vitales : les protéines.

Cette étape fut la dernière avant NOTRE ère, l'ère des individus tels que vous et moi, de la caste aristocratique, de l'élite. Nous avons les devoirs, les responsabilités et les privilèges qui sont les nôtres uniquement en vertu de ces protéines et des programmes qui les produisent. »

Les apprentis ingénieurs prenant des notes, on pouvait entendre le petit bruit sourd caractéristique de leurs claviers.

« Tous les individus de notre caste sont équipés à plus de soixante pourcents de programmes capables de générer leurs propres protéines au cours du développement et du cycle cellulaire. Cette propriété de nos corps rend possible le développement adaptatif de nos fonctions vitales, motrices, mentales et même sociales. Ce n’est pas un hasard si les individus les plus puissants de ce monde ont à peine dix pourcents de composants et courants électroniques dans l’organisme, tandis que les plus humbles en ont plus de quatre-vingt-dix pourcents. À ce titre, ces derniers ne sont bons qu’à imiter, répéter, obéir et exécuter les ordres. Ce sont d’excellents ouvriers, mais de médiocres décideurs, de médiocres meneurs, de médiocres ingénieurs. C’est pour cela qu’ils nous sont inférieurs, que leur caste est bien en dessous de la nôtre, nous est subordonnée et le sera tant que leurs fonctions et leurs composants ne surpasseront pas les nôtres. »

Si vous vous rendez en banlieue Sud par exemple, vous aurez l’occasion de voir en quoi, et pourquoi, les individus de la plèbe n’ont pas les mêmes capacités. La plupart d’entre eux fonctionnent encore avec une majorité de composants électroniques ; il n’est pas rare qu’ils aient un ou deux organes ayant souvent déjà servi : un réseau de neurones, des yeux, une cochlée, des muscles ; mais ces organes sont nettement sous optimaux.

Ces individus sont, tout comme nous, produits de manière industrielle, mais la technique diffère radicalement de la nôtre, car il s’agit de production par assemblage, et non de reproduction. Les individus de notre caste sont générés à partir de cellules germinales sexuelles et ont besoin d’un médium physiologique pour croître et se développer de manière autonome après extraction de l’embryon et implémentation dans la nouvelle matrice de croissance..."

Après une longue démonstration des performances supérieures des individus de leur caste, qu’ils devaient à leur constitution majoritairement biologique, la sonnerie de vêpres annonça la fin du cours. Vassili