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Insomnie de l’abîme: Recueil de poésie
Insomnie de l’abîme: Recueil de poésie
Insomnie de l’abîme: Recueil de poésie
Livre électronique212 pages1 heure

Insomnie de l’abîme: Recueil de poésie

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À propos de ce livre électronique

C’était un temps, sans fleur, sans odeur. Sans sourire mais peut-être bien un rire. Le sol était froid et les murs étaient noirs. J’entendais, là, silencieux, battre le cœur de ma mère. Puis le lendemain. Tout. Rien. Je ne sais plus. Tout avait perdu cette noirceur. Puisque plus rien n’existait. Rien ne criait, rien ne pleurait. Je me levais et tombais. Et enfin, tout recommençait. Comme un automne sans lendemain. Et. Quand mon enfance s’est éteinte. Mon mariage à l’abîme était proclamé. Le prêtre bénissait notre union. Et nos cœurs se dévoraient à l’unisson.

À PROPOS DE L'AUTEUR.E

Solan Lavande essaie de toucher à tout ce que la créativité lui donne. L’écriture est pour ael dans un sens comme un exutoire, et dans un autre comme une démonstration d’affliction. Personne Trans-Agenre, ael peint, dessine, est artiste Drag, étudie le maquillage et travaille dans son art les thématiques de la violence, du genre et de la sexualité.
LangueFrançais
Date de sortie7 juil. 2021
ISBN9791037731494
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    Aperçu du livre

    Insomnie de l’abîme - Solan Lavande

    I

    Chanson d’un commencement

    Les cordes pleuvent sur mon cœur en émoi. Les hordes arrachent de mes mains, la moindre trace de moi et hurlent au lendemain que je ne connaîtrai pas.

    Laisse-moi à terre. Sur le sol qui pue la poussière et emplit mes poumons jusqu’à ce que ma respiration se comprime en une bombe inexistante, qu’elle crisse, crie et se réduise en un silence impossible. Enfin la fin. Tout s’arrête. La chanson entame un cycle nouveau plein d’espoir et d’effroi.

    Personne n’est capable de m’enseigner comment dire au revoir. Tout ne fait que s’inviter dans mon existence si vaste et si vide.

    Cette chanson creuse, comme une rengaine, mes souvenirs et porte à mes yeux une sécheresse que je n’aurais imaginée. Un carnaval de visions me revient d’un temps où la mort n’était qu’une connaissance avant d’être ma fiancée. Avant que je prenne conscience qu’elle est à la fois mon corps et mon âme.

    Avant que je ne comprenne que j’en suis éperdument épris, chaque saison à ses côtés me rapproche de son enfantement, et quand naîtra son fœtus mort-né, ma respiration sera prise au loin, comme une brise, et je deviendrai le vent de l’univers, le vide de l’espace, les étoiles du ciel, l’eau des océans et la mortalité de l’humanité.

    J’écoute l’horizon et tu aperçois une lueur indistincte. Elle avale l’obscurité autour d’elle. Elle grossit, croît, se nourrit, ingère et se bâfre de l’existence autour d’elle, car seule elle peut grandir au commencement. Les ténèbres paisibles laissent place à la terrible clarté. Alors, exposé à l’infernale vision de tous et de tout, là, au cœur de l’univers, au centre de ce qui semble n’être qu’inévitable, la prison qu’est ton corps brille de mille feux, tu luis, tu transpires et tu expires. Tu expires et tombes.

    Elle te voit tomber et t’attrape dans ses bras, tu lui souris et elle te porte au couperet, tu le regardes, le vénères, l’adores, le pries. Tu le pries avec ferveur. Et il tombe sur ton cou. Déconnecté(e), tu es libéré(e) de ton corps, tu tombes au loin, loin de ton corps et de tout ce flot de sang chaud qui refroidit, un souffle fait frémir une dernière fois tes entrailles pourrissantes. Tes yeux se ferment et tu vois.

    Alors que le vent monotone

    d’une pensée qui m’étrangle

    souffle dans mon être qui se brise et hurle à la lune et au commencement de l’éternité,

    Je sens le frisson d’un cri atone

    Broyant mes entrailles entre ses ongles cassés

    Et la nausée d’un ancien temps

    Remplir mes yeux de l’ultime fin d’une éternité qui n’a jamais existé

    Le printemps se fane

    La sécheresse rafle les pousses de la naissance

    L’abandon s’installe

    La mère de toute chose s’installe et congèle

    l’espace d’un instant

    Dans une violence inouïe

    Tous les cœurs, les estomacs et les envies

    Étouffæ sous le soleil ardent de la vérité

    Je regarde l’eau du bassin s’évaporer

    Le vent fait frémir les feuilles desséchées sur le sol

    Et emporte avec lui l’espoir et les au revoir

    L’abondance devient rationnée

    l’infini s’endort

    Au firmament les esprits rient

    Le vrombissement d’une mécanique illusoire assassine le silence

    La vie tue au commencement

    Une rancœur aigre envahit mes entrailles

    elles ressortent, elles se tordent et les biles se mélangent

    bouillonnantes frémissantes

    les vagues de détresse m’emplissent

    si fort, si puissamment

    jusqu’au plus profond de mon cadavre

    une tempête livide assombrit mes yeux

    ils sont là

    horribles

    noirs

    transparents

    une âme diaphane en sort

    et des remords, criant, criant, criant encore et encore

    mordent et dévorent

    la poitrine nue

    où les secrets sont enfermés

    cachés à la vue de tous

    et dissimulés du destin

    qui entre et vient les prendre désormais par la main

    les tirant jusqu’au bord de l’abîme

    là une infime partie de mes orteils

    se décroche et tombe dans les ténèbres

    en équilibre sur mes pieds en décomposition

    je crie et scande mon nom

    il disparaît dans le silence

    et je sens une odeur rance

    Enivrante, elle m’étourdit

    jusqu’à l’oubli

    elle brasse mes yeux et les retourne dans une brume épaisse

    les agresse

    les mange

    les dévore comme un dessert, un trésor

    les empale sur une pique et les fait brûler

    les rendant noirs, charbonneux, emplis d’une délicate odeur de fumée

    et dans les orbites les replace

    comme si c’était là la juste place de globes braisés

    et désormais j’y vois

    j’y vois

    j’y vois mieux que jamais.

    Je veux rêver d’une étoile…

    « Je vous le dis : il faut encore porter du chaos en soi pour pouvoir donner naissance à une étoile qui danse. Je vous le dis, il reste du chaos en l’humain.

    Malheur voici venu le temps où l’homme ne donnera plus naissance à nulle étoile ! Malheur voici venu le temps de l’homme le plus méprisable, incapable de se mépriser lui-même.

    Voyez, je vous montre le dernier homme.

    "Qu’est-ce que l’amour ?

    Qu’est-ce que la création ?

    Qu’est-ce que le désir ?

    Qu’est-ce qu’une étoile ?"

    Voilà ce que dira le dernier homme en clignant de l’œil. »¹

    Voilà que je ne puis plus survivre sans l’ombre de moi-même. Sans qu’elle soit aux côtés de ce cadavre flottant vers l’infini des anciennes étoiles dansantes, virevoltant au-dessus de l’esprit de ce théâtre de douleur que j’expose à la vue de tous.

    J’ai du chaos en moi qui ne demande qu’à sortir, qu’à déchaîner sa rage, comme vous entendez votre chaos au plus profond de vous. Le chaos. Voilà un mot que nous oublions tous bien que nous participions chacun de nous à l’alimentation de celui de l’autre. Tous, tous autant que vous êtes, vous participez à mon chaos, il grandit, il rugit il arrache mes entrailles et me les balance à la gorge pour m’en faire vomir mon bonheur désormais envolé. Le suprême bonheur de l’enfance, comme le baiser de sa mère,

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