9 ans: Récit autobiographique
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né à Hanoï au Vietnam, Christian Micheau a vécu en Côte d’Ivoire pendant 13 ans. Après la période de l’armée en France, il part à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, pour y travailler. Cependant, il est victime d’un accident de voiture. 9 ans est le témoignage émouvant de sa période d’hospitalisation.
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Avis sur 9 ans
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Aperçu du livre
9 ans - Christian Micheau
Prologue
À tous les handicapés, quels qu’ils soient, je dédie ce livre pour tous les moments passés dans ce monde très particulier et à toutes les dames qui m’ont accompagné dans ce voyage et qui ont participé au plus intime de tous mes désirs.
Si dans un chapitre ou un autre vous vous reconnaissez… Ben, oui, c’est vrai. C’est bien vous !
Ce roman sera composé d’histoires courtes, d’anecdotes, de pleurs, de joies, d’humour, d’amour, de situations grotesques, de drames, de rencontres, d’une vie au quotidien, dans un univers que l’on appelle celui des blouses blanches…
C’est cette incroyable aventure qui va durer 9 ans que je vais vous conter dans les pages suivantes.
Période 1
Nouméa, 1972
Hôpital Gaston Bourret
1
La mort au bout de la route
Juin 1972, le 26… Dans une île du Pacifique, la vie sembla s’arrêter un instant, cette nuit de l’été dans l’hémisphère Sud…
La route du bord de mer qui contournait Nouméa était déserte. La baie des Citrons, balayée par une douce brise, s’éclairait des feux de mille étoiles qui semblaient s’engloutir dans l’immensité de l’océan. Seul, le clapotis des vagues était perceptible et la plage déserte s’étendait à perte de vue. La route du littoral n’était, à cet endroit, qu’une longue ligne droite virant enfin à gauche pour épouser le dessin de la côte.
Juste avant le virage, dans une cavité, se situait un énorme mur de parpaings bétonné. Un peu comme une grotte, pas très profonde mais large.
À 2 heures du matin, cette nuit-là, dans le calme presque solennel du bord de mer, 2 phares surgirent brusquement du bout de la route comme s’ils semblaient venir d’un autre monde, brisant la sérénité et le silence de cet endroit.
Seuls, les phares semblaient indiquer une présence de vie dans cette partie déserte de l’île. Le bruit du moteur prit une sonorité amplifiée car la vitesse de l’Austin grandissait de seconde en seconde, au fur et à mesure que le macadam s’engouffrait sous ses roues. À pleine vitesse, elle arriva au bout de la ligne droite, mais ne négocia pas le virage. Elle vint s’encastrer directement dans le mur, dans un bruit effroyable de tôle déchirée, pour ne plus bouger, après un dernier soubresaut…
Le silence qui suivit le choc était lourd de conséquences. L’amas de ferraille gisait là, et déjà, les flammes venaient lécher ses contours tordus et disloqués. Le feu d’une densité crescendo devenait maître de la situation et dans ce formidable brasier incandescent, qui éclairait jusque sur la plage, on pouvait distinguer un corps gesticulant et agonisant de douleur…
On n’entendit plus les clapotis des vagues. Seul le crépitement des flammes sur le métal prenait une dimension sinistre.
2
La providence
Le car de police, qui faisait sa ronde habituelle de l’Anse Vata, roulait d’une allure régulière et modérée. Rien ne semblait venir troubler cette nuit et les Canaques, apparemment, cuvaient leurs bières avec tranquillité. Les différents heurts qui pouvaient opposer blancs et noirs sur cette île étaient souvent dus à l’excès abusif d’alcool. Quelques bières de trop et les indigènes s’insurgeaient contre les « Oreilles », ces blancs capitalistes venus de Métropole pour se remplir les poches d’argent pacifique… Mais sitôt à jeun, ce peuple était la gentillesse et l’hospitalité même.
Les deux policiers à l’intérieur du fourgon pensaient aux lits douillets qui les attendaient sitôt la ronde terminée. C’était la dernière qu’ils effectuaient, plus par routine que par acquit de conscience. Ils venaient de quitter l’Anse Vata où quelques couche-tard sortaient de l’ambiance enfumée et déversant des flots de musique du « Gorille », club privé où se retrouvait la bourgeoisie de Nouméa. La baie des Citrons, située après l’Anse Vata, prolongeait celle-ci après quelques courbes sinueuses et au détour d’un virage, la route de la baie des Citrons apparut, bordée de palmiers majestueux et de son sable couleur farine qu’éclairait une lune resplendissante d’éclat.
Au bout de la route, le brasier continuait son œuvre dévastatrice et l’un des policiers se pencha plus en avant, scrutant la lueur au loin. La distance aidant, il dit à son collègue :
— Tiens ! Il y a quelqu’un qui fait brûler quelque chose sur le bord de la route.
— Ouais ! On dirait qu’il y en a qui s’amusent, répondit l’autre.
Pourtant, au fur et à mesure que le fourgon avançait, la vision du sinistre se précisa et à la vue de la voiture en flammes, le conducteur appuya résolument sur l’accélérateur.
— Nom de Dieu ! s’exclamèrent simultanément les deux policiers.
Après un rapide coup de frein sur les lieux de l’accident, les agents jaillirent du fourgon comme s’ils avaient eux-mêmes les fesses en feu. La silhouette, à bord de la voiture enflammée, remuait les bras en l’air et se convulsait, cherchant désespérément de l’air puis retomba inerte, affaissée sur le côté. Les deux policiers contournèrent la voiture et tentèrent d’ouvrir les portières avant. En vain. Coincées et tordues sous l’amas de ferraille, elles ne purent s’ouvrir.
L’un d’eux cria à l’autre :
« Va chercher le cric dans le fourgon, vite ! Il faut le sortir de là avant qu’il ne soit complètement cramé ! »
Après une course rapide jusqu’au fourgon, l’agent revint le cric à la main et entreprit de défoncer la vitre du hayon arrière de l’Austin.
Les flammes étaient hautes et à plusieurs reprises, les agents durent reculer face à l’intensité de la chaleur. La vitre du hayon arrière cassée, l’un deux plongea le torse à l’intérieur du brasier et attrapa les bras de l’homme à demi couché sur le siège passager.
Cependant, celui-ci, coincé sous le volant, était déjà inanimé et ils durent s’y mettre à deux pour arriver à l’arracher de force de l’habitacle en feu. Quand, enfin, ils eurent une bonne prise, ils tirèrent d’un seul coup, de toutes leurs forces, le corps inerte à l’extérieur du véhicule et l’emmenèrent sur le sol, loin des flammes qui devenaient de