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Les contemplations Autrefois, 1830-1843
Les contemplations Autrefois, 1830-1843
Les contemplations Autrefois, 1830-1843
Livre électronique326 pages2 heures

Les contemplations Autrefois, 1830-1843

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LangueFrançais
Date de sortie26 nov. 2013
Les contemplations Autrefois, 1830-1843
Auteur

Victor Hugo

Victor Hugo (1802-1885) was a French poet and novelist. Born in Besançon, Hugo was the son of a general who served in the Napoleonic army. Raised on the move, Hugo was taken with his family from one outpost to the next, eventually setting with his mother in Paris in 1803. In 1823, he published his first novel, launching a career that would earn him a reputation as a leading figure of French Romanticism. His Gothic novel The Hunchback of Notre-Dame (1831) was a bestseller throughout Europe, inspiring the French government to restore the legendary cathedral to its former glory. During the reign of King Louis-Philippe, Hugo was elected to the National Assembly of the French Second Republic, where he spoke out against the death penalty and poverty while calling for public education and universal suffrage. Exiled during the rise of Napoleon III, Hugo lived in Guernsey from 1855 to 1870. During this time, he published his literary masterpiece Les Misérables (1862), a historical novel which has been adapted countless times for theater, film, and television. Towards the end of his life, he advocated for republicanism around Europe and across the globe, cementing his reputation as a defender of the people and earning a place at Paris’ Panthéon, where his remains were interred following his death from pneumonia. His final words, written on a note only days before his death, capture the depth of his belief in humanity: “To love is to act.”

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    Aperçu du livre

    Les contemplations Autrefois, 1830-1843 - Victor Hugo

    The Project Gutenberg EBook of Les contemplations, v 1-2, by Victor Hugo

    This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with

    almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or

    re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included

    with this eBook or online at www.gutenberg.org

    Title: Les contemplations, v 1-2

    Author: Victor Hugo

    Release Date: August 29, 2009 [EBook #29843]

    Language: French

    *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES CONTEMPLATIONS, V 1-2 ***

    Produced by Adrian Mastronardi, Rénald Lévesque and the

    Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net

    (This file was produced from images generously made

    available by the Bibliothèque nationale de France

    (BnF/Gallica)

    LES

    CONTEMPLATIONS

    PAR

    VICTOR HUGO


    I

    AUTREFOIS.--1830-1843

    Cinquième Édition

    __

    COLLECTION HETZEL

    __

    PARIS

    LIBRAIRIE L. HACHETTE ET Cie

    RUE PIERRE-SARRAZIN, 14

    __

    1858

    Tous droits réservés

    Si un auteur pouvait avoir quelque droit d'influer sur la disposition d'esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l'auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci: Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d'un mort.

    Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes. Grande mortalis ævi spatium. L'auteur a laissé, pour ainsi dire, ce livre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l'a déposé dans son coeur. Ceux qui s'y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s'est lentement amassée là, au fond d'une âme.

    Qu'est-ce que les Contemplations? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme.

    Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu «au bord de l'infini». Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l'abîme.

    Une destinée est écrite là jour à jour.

    Est-ce donc la vie d'un homme? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas? Ah! insensé, qui crois que je ne suis pas toi!

    Ce livre contient, nous le répétons, autant l'individualité du lecteur que celle de l'auteur. Homo sum. Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu; commencer à Foule et finir à Solitude, n'est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l'histoire de tous?

    On ne s'étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, ces deux volumes s'assombrir pour arriver, cependant, à l'azur d'une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s'effeuille page à page dans le tome premier, qui est l'espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil. Quel deuil? Le vrai, l'unique: la mort; la perte des êtres chers.

    Nous venons de le dire, c'est une âme qui se raconte dans ces deux volumes: Autrefois, Aujourd'hui. Un abîme les sépare, le tombeau.

    V. H.

    Guernesey, mars 1856.

    LES

    CONTEMPLATIONS

    Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants,

    Passer, gonflant ses voiles,

    Un rapide navire enveloppé de vents,

    De vagues et d'étoiles;

    Et j'entendis, penché sur l'abîme des cieux

    Que l'autre abîme touche,

    Me parler à l'oreille une voix dont mes yeux

    Ne voyaient pas la bouche:

    «Poëte, tu fais bien! Poëte au triste front,

    Tu rêves près des ondes,

    Et tu tires des mers bien des choses qui sont

    Sous les vagues profondes!

    La mer, c'est le Seigneur, que, misère ou bonheur,

    Tout destin montre et nomme;

    Le vent, c'est le Seigneur; l'astre, c'est le Seigneur;

    Le navire, c'est l'homme.»

    Juin 1839.

    LIVRE PREMIER

    AURORE

    I

    À MA FILLE

    O mon enfant, tu vois, je me soumets.

    Fais comme moi: vis du monde éloignée;

    Heureuse? non; triomphante? jamais.

    --Résignée!--

    Sois bonne et douce, et lève un front pieux.

    Comme le jour dans les cieux met sa flamme,

    Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux

    Mets ton âme!

    Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.

    L'heure est pour tous une chose incomplète;

    L'heure est une ombre, et notre vie, enfant,

    En est faite.

    Oui, de leur sort tous les hommes sont las.

    Pour être heureux, à tous,--destin morose!--

    Tout a manqué. Tout, c'est-à-dire, hélas!

    Peu de chose.

    Ce peu de chose est ce que, pour sa part,

    Dans l'univers chacun cherche et désire:

    Un mot, un nom, un peu d'or, un regard,

    Un sourire!

    La gaîté manque au grand roi sans amours;

    La goutte d'eau manque au désert immense.

    L'homme est un puits où le vide toujours

    Recommence.

    Vois ces penseurs que nous divinisons,

    Vois ces héros dont les fronts nous dominent,

    Noms dont toujours nos sombres horizons

    S'illuminent!

    Après avoir, comme fait un flambeau,

    Ébloui tout de leurs rayons sans nombre,

    Ils sont allés chercher dans le tombeau

    Un peu d'ombre.

    Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,

    Prend en pitié nos jours vains et sonores.

    Chaque matin, il baigne de ses pleurs

    Nos aurores.

    Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,

    Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes;

    Une loi sort des choses d'ici-bas,

    Et des hommes!

    Cette loi sainte, il faut s'y conformer.

    Et la voici, toute âme y peut atteindre:

    Ne rien haïr, mon enfant; tout aimer,

    Ou tout plaindre!

    Paris, octobre 1842.

    II

    Le poëte s'en va dans les champs; il admire,

    Il adore, il écoute en lui-même une lyre;

    Et, le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,

    Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,

    Celles qui des paons même éclipseraient les queues,

    Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,

    Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,

    De petits airs penchés ou de grands airs coquets,

    Et, familièrement, car cela sied aux belles:

    «Tiens! c'est notre amoureux qui passe!» disent-elles.

    Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix,

    Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,

    Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,

    Les saules tout ridés, les chênes vénérables,

    L'orme au branchage noir, de mousse appesanti,

    Comme les ulémas quand paraît le muphti,

    Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre

    Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,

    Contemplent de son front la sereine lueur,

    Et murmurent tout bas: C'est lui! c'est le rêveur!

    Les Roches, juin 1831.

    III

    MES DEUX FILLES

    Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,

    L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,

    Belles, et toutes deux joyeuses, ô douceur!

    Voyez, la grande soeur et la petite soeur

    Sont assises au seuil du jardin, et sur elles

    Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,

    Dans une urne de marbre agité par le vent,

    Se penche, et les regarde, immobile et vivant,

    Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase,

    Un vol de papillons arrêté dans l'extase.

    La Terrasse, près Enghien, juin 1842.

    IV

    Le firmament est plein de la vaste clarté;

    Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté.

    Le beau lac brille au fond du vallon qui le mure;

    Le champ sera fécond, la vigne sera mûre;

    Tout regorge de sève et de vie et de bruit,

    De rameaux verts, d'azur frissonnant, d'eau qui luit,

    Et de petits oiseaux qui se cherchent querelle.

    Qu'a donc le papillon? qu'a donc la sauterelle?

    La sauterelle a l'herbe, et le papillon l'air;

    Et tous deux ont avril, qui rit dans le ciel clair.

    Un refrain joyeux sort de la nature entière;

    Chanson qui doucement monte et devient prière.

    Le poussin court, l'enfant joue et danse, l'agneau

    aute, et, laissant tomber goutte à goutte son eau,

    Le vieux antre, attendri, pleure comme un visage;

    Le vent lit à quelqu'un d'invisible un passage

    Du poëme inouï de la création;

    L'oiseau parle au parfum; la fleur parle au rayon;

    Les pins sur les étangs dressent leur verte ombelle;

    Les nids ont chaud; l'azur trouve la terre belle,

    Onde et sphère, à la fois tous les climats flottants;

    Ici l'automne, ici l'été; là le printemps.

    O coteaux! ô sillons! souffles, soupirs, haleines!

    L'hosanna des forêts, des fleuves et des plaines,

    S'élève gravement vers Dieu, père du jour;

    Et toutes les blancheurs sont des strophes d'amour;

    Le cygne dit: Lumière! et le lys dit: Clémence!

    Le ciel s'ouvre à ce chant comme une oreille immense.

    Le soir vient; et le globe à son tour s'éblouit,

    Devient un oeil énorme et regarde la nuit;

    Il savoure, éperdu, l'immensité sacrée,

    La contemplation du splendide empyrée,

    Les nuages de crêpe et d'argent, le zénith,

    Qui, formidable, brille et flambloie et bénit,

    Les constellations, ces hydres étoilées,

    Les effluves du sombre et du profond, mêlées

    À vos effusions, astres de diamant,

    Et toute l'ombre avec tout le rayonnement!

    L'infini tout entier d'extase se soulève.

    Et, pendant ce temps-là, Satan, l'envieux, rêve.

    La Terrasse, avril 1840.

    V

    À ANDRÉ CHÉNIER

    Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,

    Prendre à la prose un peu de son air familier.

    André, c'est vrai, je ris quelquefois sur la lyre.

    Voici pourquoi. Tout jeune encor, tâchant de lire

    Dans le livre effrayant des forêts et des eaux,

    J'habitais un parc sombre où jasaient des oiseaux,

    Où des pleurs souriaient dans l'oeil bleu des pervenches;

    Un jour que je songeais seul au milieu des branches,

    Un bouvreuil qui faisait le feuilleton du bois

    M'a dit: «Il faut marcher à terre quelquefois.

    «La nature est un peu moqueuse autour des hommes;

    O poëte, tes chants, ou ce qu'ainsi tu nommes,

    Lui ressembleraient mieux si tu les dégonflais.

    Les bois ont des soupirs, mais ils ont des sifflets.

    L'azur luit, quand parfois la gaîté le déchire;

    L'Olympe reste grand en éclatant de rire;

    Ne crois pas que l'esprit du poëte descend

    Lorsque entre deux grands vers un mot passe en dansant.

    Ce n'est pas un pleureur que le vent en démence;

    Le flot profond n'est pas un chanteur de romance;

    Et la nature, au fond des siècles et des nuits,

    Accouplant Rabelais à Dante plein d'ennuis,

    Et l'Ugolin sinistre au Grandgousier difforme,

    Près de l'immense deuil montre le rire énorme.»

    Les Roches, juillet 1830.

    VI

    LA VIE AUX CHAMPS

    Le soir, à la campagne, on sort, on se promène,

    Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine;

    Moi, je vais devant moi; le poëte en tout lieu

    Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu.

    Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute.

    Pourtant, si quelqu'un veut m'accompagner en route,

    J'accepte. Chacun a quelque chose en l'esprit;

    Et tout homme est un livre où Dieu lui-même écrit.

    Chaque fois qu'en mes mains un de ces livres tombe,

    Volume où vit une âme et que scelle la tombe,

    J'y lis.

    Chaque soir donc, je m'en vais, j'ai congé,

    Je sors. J'entre en passant chez des amis que j'ai.

    On prend le frais, au fond du jardin, en famille.

    Le serein mouille un peu les bancs sous la charmille;

    N'importe: je m'assieds, et je ne sais pourquoi

    Tous les petits enfants viennent autour de moi.

    Dès que je suis assis, les voilà tous qui viennent.

    C'est qu'ils savent que j'ai leurs goûts; ils se souviennent

    Que j'aime comme eux l'air, les fleurs, les papillons

    Et les bêtes qu'on voit courir dans les sillons.

    Ils savent que je suis

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