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Le roman du grand Condé
Le roman du grand Condé
Le roman du grand Condé
Livre électronique185 pages2 heures

Le roman du grand Condé

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À propos de ce livre électronique

"Le roman du grand Condé", de Marcel Dhanys. Publié par Good Press. Good Press publie un large éventail d'ouvrages, où sont inclus tous les genres littéraires. Les choix éditoriaux des éditions Good Press ne se limitent pas aux grands classiques, à la fiction et à la non-fiction littéraire. Ils englobent également les trésors, oubliés ou à découvrir, de la littérature mondiale. Nous publions les livres qu'il faut avoir lu. Chaque ouvrage publié par Good Press a été édité et mis en forme avec soin, afin d'optimiser le confort de lecture, sur liseuse ou tablette. Notre mission est d'élaborer des e-books faciles à utiliser, accessibles au plus grand nombre, dans un format numérique de qualité supérieure.
LangueFrançais
ÉditeurGood Press
Date de sortie20 mai 2021
ISBN4064066315320
Le roman du grand Condé

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    Le roman du grand Condé - Marcel Dhanys

    Marcel Dhanys

    Le roman du grand Condé

    Publié par Good Press, 2022

    goodpress@okpublishing.info

    EAN 4064066315320

    Table des matières

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    XIV

    XV

    XVI

    XVII

    XVIII

    XIX

    XX

    XXI

    XXII

    XXIII

    XXIV

    XXV

    XXVI

    XXVII

    XXVIII

    XXIX

    XXX

    XXXI

    XXXII

    XXXIII

    XXXIV

    XXXV

    XXXVI

    XXXVII

    XXXVI

    XXXIX

    XL

    XLI

    XLII

    XLIII

    XLIV

    XLV

    XLVI

    XLVII

    XLVIII

    XLIX

    L

    LI

    LII

    LIII

    LIV

    LV

    LVI

    LVII

    LVIII

    LIX

    LX

    LXI

    LXII

    LXIII

    LXIV

    LXV

    LXVI

    LXVII

    LXVIII

    LXIX

    ÉPILOGUE

    LXX

    PREMIÈRE PARTIE

    A Paris ce3novembre1640.

    Quelle chose étrange que les rêves!

    L’autre nuit je me vis seule sur le sommet d’une montagne.

    Dans le ciel très pur, un aigle planait, les ailes toutes grandes. Tout à coup, il se mit à décrire de larges cercles au-dessus de ma tête. Je voulais fuir, une force mystérieuse paralysait mes membres. Je m’efforçais de crier, aucun son ne s’échappait de mes lèvres. En proie à la plus violente terreur, je contemplais les serres cruelles de l’oiseau royal, son bec tranchant et recourbé, ses yeux étincelants.

    Rapide comme l’éclair, l’aigle fondit sur moi: je sentis mon visage fouetté par le vent de ses larges ailes; je poussai un cri de détresse et je m’éveillai.

    Je n’ai jamais vu d’aigle dans ma vie, mais cette impression de crainte et de fascination éprouvée dans mon rêve, je l’ai ressentie de nouveau, hier, en voyant pour la première fois le duc d’Enghien.

    Quoique ma mère soit des plus assidues à l’hôtel de Condé, et que je n’aie pas de meilleure amie que sa sœur, Anne de Bourbon, je n’avais jamais rencontré le duc, car on me menait peu dans le monde avant son départ pour la Bourgogne où il supplée, depuis deux ans, M. le prince, son père, dans les fonctions de gouverneur.

    Le duc a toujours témoigné l’affection la plus tendre à sa sœur qui est son aînée de trois ans. Pendant les deux ans qu’il vient de passer en Bourgogne, il lui écrivait les nouvelles de cette province, et, pour charmer ce qu’il appelait son exil, il la priait de lui mander les nouvelles de Paris.

    Naturellement, nous tenions, nous, les amies d’Anne, une large place dans ce commerce épistolaire; à peine entrée dans l’intimité de la sœur, nous étions bien et dûment présentées au frère.

    Anne excelle à tracer d’une plume délicate, et non dénuée de malice, des portraits que l’on dit très ressemblants. Elle envoyait ces croquis au duc qui en faisait ses délices, car il y retrouvait un reflet des grâces et des élégances de Paris et de la cour, et de tout cela il est furieusement sevré, à Dijon: les Bourguignonnes étant, à l’en croire, jolies, mais terriblement fagotées.

    Pour juger de la fidélité de la peinture, il avait été convenu qu’Anne ne nous nommerait pas à son frère, à son retour, afin de voir s’il nous pourrait reconnaître d’après le portrait qu’elle lui avait tracé de chacune d’entre nous.

    Nous étions toutes réunies, hier, à l’hôtel de Condé. Nous devisions avec animation au sujet du bal que Mme la princesse doit donner prochainement pour fêter le retour de son fils.

    Nous devons danser le ballet Apollon et les Muses dont la musique est de M. Levert.

    Les personnages sont ainsi distribués:

    Ma sœur, Anne, devait faire le personnage d’Hébé, moi celui de l’Aurore; le duc, en Apollon, devait conduire notre troupe.

    A l’exception de Julie d’Angennes et de ses cousines Marie et Isabelle de Bouteville, il ne connaissait aucune d’entre nous.

    Anne le prit par la main, le conduisit au milieu du cercle, et l’engagea à rendre ses hommages à Gilberte d’Estaing.

    Le duc promena un instant autour de lui son vif et fier regard, puis, après une légère hésitation, il fit deux pas vers Marie de Loménie et s’inclina devant elle.

    Anne se récria et lui dit en badinant:

    –Votre méprise va mettre à néant le renom que me valait, dans notre cercle, la soi-disant fidélité de mes portraits.

    –Mais du tout,–fit galamment le duc–ma méprise prouve seulement qu’à fixer tant d’astres non pareils mes yeux sont éblouis.

    Je me tenais un peu à l’écart, avec Anne de Chabot. Le duc se tourna vers nous. Son regard croisa le mien, il vint droit à moi, et s’inclinant avec cette grâce hardie que je n’ai vue qu’à lui:

    –Cette fois, je suis sûr de ne me pas tromper en saluant l’Aurore!

    On m’a confié ce personnage dans le ballet parce que, depuis que M. Voiture m’a galamment comparée à l’Aurore, dans son joli madrigal, mes compagnes m’appellent l’Aurore et c’est sous ce nom qu’Anne avait envoyé mon portrait au duc.

    Eh! bien, l’aigle de mon rêve, c’est lui! Pendant qu’il s’avançait vers moi, il y avait dans ses yeux je ne sais quelle joie hardie et cruelle. Je ne pus supporter l’audace de son regard, j’éprouvai de nouveau cet inexprimable sentiment de crainte, cette sorte de fascination qui, dans mon rêve, m’avait empêchée de faire un mouvement pour échapper aux serres cruelles de l’oiseau royal.

    J’ai revu Anne aujourd’hui, je lui voulais conter mon rêve et l’impression que j’avais ressentie en voyant le duc, mais, au moment de prononcer ce nom, j’ai éprouvé un sentiment d’embarras et de gêne que je n’ai pu surmonter.

    –Vous ne me parlez pas de mon frère, –m’a dit Anne–que vous en semble?

    –Mais,–et je ne sais pourquoi je me sentais rougir–je l’ai vu si peu de temps!

    –Eh! ce peu de temps lui a bien suffi, à lui, pour porter sur l’aimable Aurore un jugement moins évasif!

    A ce moment, Mme la Princesse m’a fait mander près d’elle, de quoi j’ai été furieusement fâchée; j’aurais tant voulu savoir ce que le duc a dit de moi! mais je n’ai pu me résoudre à le demander à Anne quand je suis retournée près d’elle, et elle n’a pas songé à reprendre l’entretien. Au reste, ce n’est pas difficile à deviner ce qu’il a dû lui dire. Il m’a sûrement trouvée sotte et ridicule tant je me sentais l’air contraint et embarrassé sous son regard.

    II

    Table des matières

    23novembre1640.

    «Aurore a les yeux bruns et brillants, la bouche agréable et de belles couleurs. La nature lui a donné un corps digne de son âme et l’on a vu la blancheur de son teint effacer et ternir celle du satin blanc et des jasmins dont elle portait hardiment des guirlandes. Elle a un petit menton pointu si agréable qu’il n’y en a guère de ronds qui ne lui cèdent; le nez bien fait, les plus belles joues qu’on puisse voir, quoi qu’elle ait la forme du visage allongée; les cheveux fins et cendrés. Elle est fort propre et s’habille galamment. Elle a la gorge et la taille admirables, un air noble et modeste et des grâces non pareilles.»

    Tel est le portrait qu’Anne de Bourbon a fait de moi pour son frère. Il est sincère, mais est-il ressemblant? n’en dois-je pas attribuer les traits les plus flatteurs à la vivacité de son amitié?

    Le duc m’a pourtant reconnue à ce portrait: «Les yeux bruns et brillants… les cheveux fins et cendrés…» Ai-je donc aussi cet «air noble et modeste et ces grâces non pareilles?»… Ah! je voudrais qu’il me vît ainsi, lui!

    Depuis son retour Anne est radieuse.

    –Mon frère a ramené avec lui la vie et la joie dans notre demeure,–me dit-elle.

    Et c’est bien vrai! Depuis son arrivée nous vivons dans un tourbillon de fêtes et de plaisirs; jamais les réunions de Mme de Rambouillet n’ont été si brillantes; les divertissements se succèdent à Rueil, chez la duchesse d’Aiguillon, et le bal de Mme la princesse aura lieu dans huit jours.

    Comme le dit si bien Anne, la présence du duc donne à toutes les fêtes, à toutes les réunions, un attrait incomparable. Par sa conversation pleine de vives et impétueuses saillies, ses regards de feu, son ardeur au plaisir, il exerce, autour de lui, une irrésistible séduction.

    Je suis très préoccupée de mon costume pour le bal de Mme la princesse.

    L’Aurore! Il m’a saluée de ce doux nom! je ne sais qu’imaginer d’assez frais, d’assez virginal pour la parure de l’Aurore. J’ai demandé conseil à ma sœur, mais rien de ce qu’elle m’a proposé n’a pu me satisfaire.

    –En vérité,–m’a-t-elle dit,–vous étiez moins en peine de votre parure lors de votre présentation à la cour.

    –Sans doute,–repartis-je, un peu à l’étourdie,–ce n’était pas du tout la même chose.

    –Ce n’était pas la même chose, assurément: paraître devant le Roi!

    Quoi qu’en puisse penser ma sœur, paraître devant le duc me paraît une bien autre affaire… Cependant je ne vois pas… Eh! qu’importe? au lieu de me perdre en ces subtiles analyses de mes sentiments, je ferais bien mieux de m’occuper du choix de mon costume.

    Je m’arrêterai, je crois, à une robe de mousseline des Indes feuillagée d’argent. Je prierai ma mère de me prêter ses perles; elle en a de fort belles, je ne veux pas d’autre parure que ces perles pour représenter la pure rosée matinale.

    Si mon costume ne plaît pas au duc, et je le verrai dans ses yeux, je sens bien que toute ma joie de cette fête sera gâtée.

    III

    Table des matières

    26novembre1640.

    A quoi bon me coucher, je ne dormirai pas.

    Lorsque le duc s’est avancé vers moi, j’ai cru voir vraiment le fils de Jupiter, le brillant Apollon qui mène le chœur des Muses et des Grâces.

    De quel accent il m’a dit, me montrant d’un geste mes compagnes magnifiquement parées:

    –Les astres les plus brillants disparaissent devant l’éclat des premiers feux de l’Aurore!

    En l’écoutant, mon cœur battait à se rompre et j’ai baissé les yeux devant l’ardeur de son regard!

    Oh! que la vie est belle! qu’il est bon d’être jeune! que le plaisir a d’attraits!

    J’ai dansé deux entrées avec le duc. Il porte à la danse cette ardeur et cette fougue que l’on remarque dans toutes ses actions, mais que tempère sa grâce hardie et non pareille.

    Jusqu’ici, mise en garde contre les pièges du monde par les pieuses exhortations de Mère Marie-Madeleine de Jésus, j’avais su résister à l’enivrement des fêtes et des plaisirs, j’en comprenais le néant et la vanité. Dans les plus brillantes réunions ces pensées sérieuses mettaient une ombre sur mon front. Mes amies disaient: «Marthe s’ennuie.» Anne ajoutait: «Le corps de la sage Marthe est ici, mais sa pensée est absente, elle s’est réfugiée dans quelque cellule, du Carmel.»

    Et c’était vrai. Bien des fois, du milieu des fêtes, ma pensée s’élançait vers la cellule austère de Mère Marie-Madeleine de Jésus; j’entendais sa voix grave, un peu lasse et triste, cette voix qui apaisait mon âme et la berçait dans la douceur d’une indicible joie, et je pensais: «Que ne suis-je auprès d’elle! elle a choisi la meilleure part! Que

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