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À visage Découvert
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Livre électronique264 pages3 heures

À visage Découvert

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À propos de ce livre électronique

Dans un style volontairement simple et parlé, l’auteur nous décrit une rencontre insolite à Laon…

Nous accompagnons un convoi humanitaire à travers l’Europe de l’Est. Un mystère commencé dans la cathédrale de Laon sera le fil rouge de cette aventure utile et peu banale.

Découverte d’un monde nouveau, longtemps fermé aux occidentaux.

La Grande et la petite histoire seront au rendez-vous de ce périple riche en révélations.

Les personnages, cherchant sans cesse à donner un sens à leur action, sont attachants.
LangueFrançais
Date de sortie10 août 2012
ISBN9782312004372
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    Aperçu du livre

    À visage Découvert - Jean-Louis Fourrier

    cover.jpg

    À visage Découvert

    Jean-Louis Fourrier

    À visage Découvert

    Le mystère du Mandylion

    LES ÉDITIONS DU NET

    70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux

    À David Clere

    Jackie Quinde Jimenez

    et Nicolas Perrot

    les acteurs de cette histoire

    © Les Éditions du Net, 2012

    ISBN : 978-2-312-00437-2

    Préface

    Je suis plutôt de l’Église de la question plutôt que celle des certitudes.

    Scientifique de formation, agnostique par pragmatisme, à 20 ans, j’ai rencontré Jean-Louis Fourrier.

    Dans les pas de Coluche et de Bernard Kouchner, je m’étais engagé à plein temps mais bénévolement, dans l’humanitaire.

    C’est dans ce contexte, en 1991, au tout début de l’implosion de l’ex Yougoslavie, que j’ai croisé le chemin de Jean-Louis.

    Ensemble, pendant des mois, nous allons construire une aventure humanitaire vers une Bosnie en pleine tourmente, au cœur d’un conflit déroutant aux portes de l’Europe.

    Cette expérience m’a non seulement trempé le caractère mais surtout nourri l’engagement politique qui allait devenir le mien quelques années après.

    On ne sort pas indemne de voyages dans les tréfonds de la guerre, où l’abject côtoie des individus à l’aura extraordinaire. Ils ont terriblement appris, au jeune de 20 ans que j’étais, sur la nature humaine, sur la capacité de chacun d’entre nous à être capable du meilleur comme du pire, et du pire sans limite…

    Ce sont ces questionnements qui traversent également ce livre et j’ose croire qu’ils sont osés lorsqu’il s’agit d’un homme de foi.

    Jean-Louis Fourrier est un homme à part dans le monde des prêtres.

    C’est avec bonheur que, 20 ans après, je renoue un dialogue avec celui qui m’a assagi, celui qui m’a questionné, celui qui m’a permis de découvrir plus profondément les richesses insoupçonnées d’une solidarité simple.

    Il nous invite à ce voyage au cœur d’une Europe centrale en quête d’une identité perdue, à la rencontre de personnages et de territoires passionnants.

    Je forme un vœu avec l’auteur : puisse le lecteur s’associer à ses questions et à ses quêtes pour qui sait, à son tour, un jour, se mettre dans le mouvement d’une solidarité toujours nécessaire, ici ou à quelques encablures de chez nous.

    Philippe BUISSON

    Maire de Libourne

    Conseiller Régional d’Aquitaine

    Surprenante rencontre dans la cathédrale de Laon

    Arrivé à Laon, David, exténué, cherchait un endroit pour se reposer…

    Il n’en pouvait plus, son sac à dos pesait lourd, les bretelles lui sciaient les épaules… il se sentait mal, épuisé, perdu, comme si sa récente expérience humanitaire du Mexique était un échec. Il s’allongea à l’ombre sur un banc, devant la gare, et se remit à penser à Carmen, cette femme qui mendiait de porte en porte dans le quartier de la « Zona Rosa » à Mexico et qui lui avait prédit en consultant les lignes de sa main gauche : « ta vie t’orientera encore vers des horizons nouveaux, le Christ en sera le déclic, puisses-tu être attentif !… » Mais, au Mexique, pays baigné de religiosité et de superstition, ce genre de prophétie n’avait rien de surprenant ni rien d’inquiétant.

    La tête contre son sac, ruisselant de transpiration, David allait s’assoupir. Mais déjà il était intrigué par la majesté surprenante de la ville qui se présentait devant lui. Laon en effet est une ville très particulière, peu connue ce qui la confine au rang des lieux mystérieux. Le caractère médiéval, ramassé et fortifié intriguait David. Depuis la gare, cette ville semblait hors du temps. Les combats et les conflits n’ont pas manqué dans son histoire. Construite sur un piton rocheux, elle est dominée par une immense cathédrale dont les cinq tours semblent attirer l’ensemble de l’édifice vers le haut. Vers le haut, c’est bien cela que les constructeurs du Moyen-âge ont voulu montrer en établissant ce véritable chef-d’œuvre d’architecture.

    Malgré la fatigue, malgré le poids de la canicule, David était subjugué par ce cadre insolite s’imposant à lui. Il lui était impossible de fermer totalement les yeux et de se laisser aller dans un sommeil réparateur… Cette cathédrale avait pour lui quelque chose de mystérieux, d’inquiétant peut-être même… Pourquoi ces cinq tours si remarquées et admirées par Victor Hugo lors de son passage en 1835 l’intriguaient-elles autant ? Pourquoi les tours de la façade occidentale étaient-elles surmontées de ces bœufs colossaux et surprenants ? David savait bien que les cathédrales construites au Moyen-âge renferment bien souvent des mystères et des légendes, mais il ignorait que la cathédrale Notre Dame de Laon renferme plus de légendes que les autres dont beaucoup n’ont pas encore livré leurs mystères.

    Il se sentait comme attiré par ce monument ; c’est pourquoi malgré la fatigue, la curiosité et peut-être plus encore, David fit preuve d’un courage inouï pour gravir les centaines de marches qui montent de la gare à la ville ancienne dominée par cet édifice mystérieux.

    L’ascension du piton rocheux fut un véritable exploit. Après maintes haltes, la cathédrale s’imposa devant lui. Grande, immense, plus mystérieuse encore, encaissée dans un ensemble de maisons, elle se présentait avec tout son passé et ses secrets. David était là, impressionné, interloqué, abasourdi par la beauté du monument.

    Une poignée de touristes parlant fort cassait ainsi le caractère sacré, hors du temps, qui se dégageait de l’édifice. David était gêné par leur comportement tapageur, il était près de les prier de se calmer, mais il se ravisa. Il se mit à écouter un guide qui conduisait un groupe et c’est ainsi qu’il apprit enfin, et tout à fait incidemment, la signification insolite des gigantesques bœufs qui se trouvent en haut des tours. Ces bœufs, disait le guide, rappellent la légende rapportée par le moine Guibert de Nogent au XIIe siècle : un bœuf, mystérieux, lumineux et miraculeux remplaça un bœuf dans un attelage de quatre animaux qui transportaient au sommet de la colline les matériaux nécessaires à la construction. Cette légende n’impressionna pas David qui savait bien que le Moyen-âge est une période très friande de merveilleux.

    Le groupe de touristes suivait le guide et continuait bruyamment à commenter la beauté de l’édifice. David s’était éloigné de cette agitation et avait pénétré dans la cathédrale, de plus en plus étonné par l’étrangeté du lieu. La splendeur du monument l’impressionnait et lui faisait oublier sa fatigue. L’immensité et l’homogénéité du vaisseau central produisirent chez lui comme un choc. Il lui semblait qu’il entrait dans un monde irréel, hors du temps. Cependant, la clarté de l’édifice, la blondeur des murs, le silence, le forçaient à avancer avec sérénité, dans une certaine quiétude. Il marchait très lentement, observant le moindre détail, et remarqua en particulier qu’il foulait des pierres multiséculaires… En effet, plus de 200 dalles funéraires tapissent encore le sol dont le relief usé est accentué par la lumière diffuse des vitraux. Ces dalles, taillées dans la pierre du pays, alternativement blanches ou noires suivant qu’elles proviennent de Senlis ou de Tournai, rappellent le passé ; un passé souvent non écrit.

    Des générations de fidèles ont foulé ces dalles, leur histoire s’est souvent évanouie dans l’oubli, histoire heureuse ou dramatique… seules restent quelques marques de leur passage, l’usure sur ces dalles qui donnent à tout l’édifice un caractère d’écrin ou de chasse précieuse. David laissait aller ses pensées : « son expérience humanitaire au Mexique avait-elle servi ? Avait-elle été utile, laisserait-elle, elle aussi, des traces pour le futur ? ou bien était-elle déjà tombée dans les oubliettes de l’histoire ? » Et dans quelques années, se souviendrait-on de son passage sur terre ? Aujourd’hui il foulait tout un passé de Laon qu’il ignorait et qu’il ne connaîtrait jamais…

    Mais pensait-il, faut-il vraiment toujours tout savoir ?

    La vérité est parfois bien au-delà encore de ce que l’on peut percevoir…

    Agit-on pour laisser des traces ?…

    L’Histoire peut être pour nous, riche d’enseignement évidemment, mais son mystère nous intrigue parfois et nous propulse plus loin…

    David s’était écarté de la nef centrale et après quelques minutes passées à méditer, il s’orientait vers le bas côté nord de la nef de la cathédrale, là où se trouve la chapelle Saint Paul. Il était comme attiré par une force mystérieuse qui l’orientait vers autre chose. La chapelle Saint Paul est claire, très dépouillée, avec un autel XIXe siècle sur lequel est posée une espèce de coffre rouge au centre duquel se trouve un petit tableau curieusement illuminé.

    Jamais David n’avait entendu parler de cela, mais quelque chose l’intriguait, le fascinait, l’attirait vers ce tableau.

    Il s’arrêta devant cette œuvre de longues minutes et se laissa porter ; sa fatigue subitement venait de s’estomper. Son esprit, et même tout son être, semblaient envahis par une plénitude, un certain bonheur.

    Ce petit tableau, en fait, est une icône ; une icône pleine de mystère, dont les origines ne sont pas connues de façon précise. Le coffre rouge, qui s’étend sur toute la longueur de l’autel laisse apercevoir par une petite fenêtre ce véritable joyaux de la cathédrale intitulé la Sainte Face.

    Maintes fois, David avait pu voir dans les églises, des saintes faces du Christ, mais cette icône-là avait quelque chose d’insolite et de particulier.

    Elle l’attirait comme jamais une icône n’avait suscité son intérêt.

    Encadrée de longs cheveux bruns ondulés, la tête du Christ, extrêmement sombre, se détachait sur une surface beige ; son front et ses yeux étant comme éclairés, illuminés.

    David revenant du Mexique était habitué à voir ces visages basanés, il lui semblait que l’icône créait un lien avec ce qu’il venait de vivre.

    Le regard du Christ était insistant, ses yeux interrogateurs, David était comme enveloppé par une présence mystérieuse et chaleureuse.

    Seul dans la chapelle Saint Paul, il ne croisait pas le regard du Christ, mais se sentait regardé. C’était comme une rencontre dont on est sûr qu’elle mènera quelque part, qui veut établir une suite, qui veut commencer une histoire, qui peut mener vers une aventure.

    David avait posé son sac, et assis face à l’icône, la tête entre les mains, il attendait.

    Il ne priait pas, il était vidé, il était déçu par son aventure passée.

    Il laissait passer le temps, sans rien faire mais sans s’ennuyer.

    De plus, la fatigue, oubliée pour un moment, l’empêchait de réfléchir ou plutôt de se concentrer.

    Le groupe de touristes venait d’entrer dans la chapelle, David ne se retourna pas, agacé par le bruit et des paroles qui semblaient inutiles venant troubler la quiétude du lieu. Cependant, il apprit par le commentaire du guide que tous ces gens étaient de Bordeaux et venaient visiter les cathédrales du nord de la France.

    Sans être érudit, tant bien que mal, le guide ou plutôt le chef de groupe, essayait de donner, lisant un document, quelques renseignements sur le lieu visité. Ainsi, il s’attarda sur l’icône et invita les touristes bordelais à regarder tout particulièrement ce tableau insolite.

    – « Vous vous trouvez, disait-il, en face d’une icône d’une rare beauté. Heureusement et miraculeusement préservée jusqu’à nos jours. Le système de caméra de sécurité que vous observez à droite et à gauche vous fait deviner l’importance du tableau. De plus, si celui-ci se trouve dans cette sorte de grand coffre-vitrine rouge, c’est pour dissimuler les instruments nécessaires pour produire une hygrométrie stabilisée. »

    David avait alors relevé la tête et, avec intérêt, regardait alors ce tableau insolite, écoutant les menus renseignements du guide.

    – « Oui, poursuivait le guide, c’est une œuvre d’art d’un grand intérêt archéologique, dont on peut suivre l’histoire depuis le XIIIe siècle : Envoyée en 1249 de Rome, par Jacques Pantaléon de Troyes, ancien archidiacre de la cathédrale et futur Pape Urbain IV (1260-1264) à sa sœur Sybille, alors Mère supérieure de l’Abbaye cistercienne de Montreuil-en-Thiérache, cette icône connut bien des événements avant de gagner Laon en 1636 et la cathédrale en 1795. Cette mystérieuse icône est la première icône « non faite de main d’homme. Ce genre d’objet a toujours été, au fil des siècles, source d’une grande vénération. »

    Le guide poursuivit une autre théorie,

    – « Cette icône aurait été acquise à Bari, port italien de l’Adriatique. Bari a longtemps été, vous le savez, la ville d’un grand pèlerinage pour les chrétiens orientaux, surtout depuis que les reliques de Saint Nicolas y ont été apportées. Cette icône porte une inscription en cyrillique qui daterait de la seconde moitié du XIIe siècle. Écriture en bulgare : OBRAS (image), GOSPODEN (du Seigneur) NAOUBROUSE (dans un linge). Après avoir longtemps cru que cette icône était serbe ou russe, on pense de plus en plus qu’elle est bulgare, puisque deux fois dans l’histoire du Moyen-âge, la Bulgarie s’est étendue jusqu’au bord de l’Adriatique. D’ailleurs, on lit aussi dans le Grand Atlas des abbayes cisterciennes cette note à propos de l’abbaye de Montreuil-les-Dames, entièrement disparue : seule reste l’icône bulgare de la Sainte Face. »

    Le groupe des Bordelais semblait particulièrement intéressé par ce que disait le guide et, bientôt, David toujours assis sur sa chaise, se trouva entouré de personnes qui se regroupaient vers l’autel pour voir l’icône de plus près. Les commentaires allaient bon train et David sentait bien que ces gens avaient comme une connaissance ou un intérêt particulier pour ce qui touche la Bulgarie. Il entendait souvent le mot « bulgare » sans saisir la totalité des phrases. Il pensait que, dans ce groupe de français, il y avait quelques bulgares. Alors, il se hasarda à poser la question :

    – « Y a-t-il parmi vous des bulgares ? Vous semblez bien vous intéresser à la Bulgarie !… »

    Un jeune d’une vingtaine d’années, lui répondit aussitôt :

    – « Non, nous sommes bordelais, mais une association humanitaire bordelaise, dont nous sommes tous membres ou partenaires, œuvre depuis de nombreuses années pour la Bulgarie. C’est ainsi que beaucoup parmi nous ont déjà des informations sur ce pays et, par leurs dons, se sentent parties prenantes ».

    David était surpris d’entendre cela ; il se leva, salua la Sainte Face mystérieuse qui semblait l’interroger, et se mêla à la foule des touristes, pour sortir avec eux de la cathédrale. La nef de la cathédrale de Laon est longue et on a le temps d’engager une conversation jusqu’à la sortie. David demanda quelques explications sur cette association humanitaire bordelaise ; on lui en donna et on lui parla aussi beaucoup d’un de ses membres, prêtre de son état, pour l’avoir entendu prêcher dans les églises de la Gironde afin de récolter des fonds.

    Sous le portail de la façade principale, inondée de soleil, le groupe s’arrêta une dernière fois. David demanda l’adresse de cette association bordelaise, expliquant qu’il avait travaillé depuis longtemps dans une mission humanitaire au Mexique et qu’il était obligé désormais de se fixer en France. Peut-être, pensait-il, que cette association pourrait avoir besoin de lui.

    Le groupe qui terminait son voyage de découverte des cathédrales du nord de Paris, proposa à David de l’emmener. Le bus, en effet, faisait d’une seule traite le trajet Laon-Bordeaux. David marqua un temps d’hésitation et d’appréhension. Devait-il changer ses projets sur un coup de tête ? N’allait-il pas trop vite en besogne ? Finalement, considérant qu’en revenant en France il s’était dit qu’il suivrait son intuition et son cœur : il accepta.

    Les liens historiques du Sud de la France avec la Bulgarie

    Le voyage fut long et fatigant, mais plein d’intérêt. En effet, David fit la connaissance de plusieurs personnes, dont certaines avaient une expérience de l’aide humanitaire. Mais, celui qui le marqua le plus fut, sans doute, un certain Nicolas Perrot, un jeune de 24 ans, avec lequel il discuta longuement.

    Nicolas proposa assez vite à David de rencontrer dès leur arrivée à Bordeaux le prêtre dont il avait déjà entendu parler à Laon. Nicolas lui apprit qu’il était lui-même le filleul de ce prêtre et qu’il l’avait maintes fois accompagné pour des missions humanitaires en Macédoine et en Bulgarie.

    Et c’est ainsi que, grâce à Nicolas, je fis connaissance de David Clère. J’appris qu’il avait travaillé manuellement et durement et qu’il s’était très tôt posé la question du sens de la vie. Ne sachant pas très bien de quel côté se tourner pour obtenir des réponses à toutes ses interrogations, un peu perdu, il s’était engagé dans une mission humanitaire et avait décidé de partir pour le Mexique au cœur du bidonville de Nezahual Coyote dans la zone populaire du nord de Mexico. Il m’expliqua que régulièrement il devait revenir en France pour mettre à jour son passeport et à chaque fois se posait la question de la continuité de son engagement. Sur place, en effet, il rencontrait des jalousies et des prises de pouvoir qui le gênaient beaucoup dans la vérité de l’action qu’il désirait mener. Je sentais en David, un jeune extrêmement sensible, voulant vivre dans l’authenticité.

    – « On ne grandit qu’avec les autres » aimait-il à répéter. »

    – « Et si nous pouvons les aider, nous avons bien plus encore à apprendre d’eux. Je pourrais vous donner des centaines d’exemples…, vous savez, j’ai rencontré des gens au Mexique, de pauvres gens souvent, et j’étais en admiration de voir comment ils savaient donner et communiquer. Oui, j’ai appris beaucoup de chose sur l’Homme, même dans les relations du bidonville de Nezahual Coyote et peut-être justement là. Je me souviens de Carmen qui lisait l’avenir dans les lignes de la main, de Maria qui s’occupait des personnes âgées, de Pablo et de sa femme qui ont su me dire et m’expliquer la difficile histoire du Mexique et comment après son indépendance en 1810 profitant de son passé souvent piétiné et essoufflé, le Mexique avait su renaître et révéler tout son art et son histoire… »

    Trois semaines après avoir rencontré David, je devais mener, à la suite d’un semi-remorque humanitaire, un fourgon ambulance. Le semi-remorque serait chargé d’une tonne de médicaments et de nombreux matelas et devait s’arrêter à Demir Kapija, au Sud de la République de Macédoine.

    En effet, depuis quelques années, l’association s’occupe, dans cette localité, d’un centre spécialisé pour enfants handicapés et abandonnés. Le fourgon ambulance, lui, devait se rendre dans la banlieue de Burgas en Bulgarie, sa destination finale, après une halte à Demir Kapija.

    Nicolas, qui avait fait plus ample connaissance avec David depuis leur premier contact dans la cathédrale de Laon, allait cette fois encore faire partie du voyage. Il avait réalisé avec moi trois missions en Macédoine et en Bulgarie. Plus jeune que David, il semblait bien s’entendre avec lui. En tous cas il désirait le faire profiter de son expérience, et je proposai donc à David de nous accompagner pour cette nouvelle mission. Il se porta volontaire pour conduire l’ambulance.

    L’itinéraire passerait par le Nord de l’Europe, la Croatie, la Bosnie, et la Serbie pour enfin arriver en Macédoine en longeant le lac d’Ohrid, lac mitoyen avec l’Albanie.

    Le départ d’un convoi humanitaire nécessite toujours une organisation précise. Plusieurs bénévoles s’affairaient pour charger le semi-remorque conduit par deux bulgares de la compagnie Euro-Trans. Ces hommes ne parlaient pas le français, ce qui était extrêmement regrettable pour nous et nous compliquerait sans doute les choses.

    À 8 heures 30, le lundi 8 janvier 2007 le semi-remorque et le fourgon ambulance quittaient Bordeaux en direction de ce que nous appelons encore l’Europe de l’Est.

    Nous embarquions pour une nouvelle aventure et pour quelques semaines de cohabitation dans un espace restreint.

    Dans le petit habitacle qu’est la cabine d’un fourgon, on peut davantage se concentrer et avoir des conversations profondes.

    Disons que l’on n’est pas gêné par une tierce personne ou par le téléphone.

    Seul le paysage peut nous distraire ou parfois, même, élever notre esprit.

    Visiblement David était heureux d’accomplir cette mission humanitaire, non seulement parce qu’il en connaissait l’utilité, mais parce qu’il était certain qu’il allait rencontrer des personnes qui vivent des réalités bien différentes des nôtres.

    Son expérience au Mexique avait été un très grand moment dans sa vie.

    Il se doutait bien que, cette fois,

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