Demain je serais

Par René Charraud

Dans le « train du temps », dimension insaisissable, seul l’imaginaire nous permet de nous déplacer librement. L’action se déroule sur un plateau chirurgical au C.H.U. de Bordeaux. Je suis un P. Je reçois de façon indolore et semi consciente des stimulations dans diverses parties du cortex cérébral. Chacune induit l’évocation d’un « compartiment souvenir ». Évocation proférée oralement par trois personnages imbriqués à la manière de poupées russes. Matriochkas: - Minou : Petit garçon naïf de onze ans, cancre parmi les cancres qui use ses fonds culottes dans le quartier de la Fontorse à Confolens. Avide d’avenir il aiguillonne sans cesse notre curiosité. - René : Jeune prof de biologie anté trentenaire qui, tout nu de formation au sortir de l’université, découvre le monde enseignant et la passion de la scène. - Papoun : prof confirmé de biologie animateur passionné de spectacles historiques. A «oublié » progressivement son odorat. S'instaure alors entre ces personnages un dialogue surréaliste qui est l’occasion d’évoquer l’intime de nos identités..

• Langue: Français
• Éditeur: Les Éditions du Net
• Date de sortie: 19 févr. 2014
• ISBN: 9782312027449

Aperçu du livre

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Demain je serais

René Charraud

Demain je serais

LES ÉDITIONS DU NET

22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

© Les Éditions du Net, 2014

ISBN : 978-2-312-02744-9

Avant-propos

Lisible ou pas lisible ? Là est la question.

« Le texte est bien fluide » m’affirme ma première liseuse

Ah oui, c’est vrai, je devrais me présenter :

Je suis un P

Un P ? Mais qu’est-ce donc, un P ? Un Pseudo ?

Effectivement, Ce pourrait être un P comme Pseudo, mais ce pourrait être aussi un P comme Personnage ou même encore comme Personne.

Étrange faculté de notre langue, Personne signifie « ensemble vide » ou bien encore tout le contraire : « tout moi, tout vous ; tout lui » Tout ou rien quoi ! Vous me suivez ? Pas à Pas ou Pas du tout ?

Pour le moment, du P je ne vous en dirai pas Plus. Lisez Plus avant. Dois je vous dire que j’aime les sons ? Tournez les Pages sinon comment savoir si cela vous a Plu ou si vous ne voulez Plus{1}.

« Le texte est bien fluide et on a envie de connaître la suite confirme ma gentille liseuse…mais…….

Peut être pas si gentille que ça tout bien compté, je sens venir quelques bémols.

« Les phrases sont parfois trop compliquées et je ne sais pas pourquoi tu te sens obligé de mettre des img1.png img2.png img3.png img4.png img5.png img1.png img6.png img7.png img8.png img9.png img8.png img10.png img2.png img1.png img11.png img2.png img12.png img13.png img5.png img1.png au début de chaque chapitre. Et tes personnages ? On s’y perd tant ils sont imbriqués les uns dans les autres……

C’est vrai, certains de mes personnages sont tellement fusionnels qu’on pourrait s’y perdre. On peut les comparer à des poupées Matriochkas ventrues accouchant les unes des autres. Et les img14.png img15.png img16.png img17.png img18.png img19.png img20.png img21.png il faudra chercher.

Donc avant de rentrer dans « mes délires », je vais vous présenter les principaux personnages.

– P : c’est moi qui aujourd’hui vous accueille. C’est vrai je cultive mon ego, mais peut il en être autrement pour chacun d’entre nous en « toute modestie »

– Minou : Petit garçon naïf de onze ans, cancre parmi les cancres qui use ses fonds culottes dans le quartier de la Fontorse à Confolens. Avide d’avenir il aiguillonne sans cesse notre curiosité.

– René : Jeune prof de biologie anté trentenaire qui, tout nu de formation au sortir de l’université, découvre le monde enseignant et la passion de la scène.

– Papoun : prof maintenant confirmé de biologie animateur passionné de spectacles historiques. A « oublié » progressivement son odorat.

– Zélia : Jeune femme dynamique, journaliste scientifique à Paris. Très attachée aux 4 personnages précédents

– Samuel Coigny professeur émérite, ambitieux spécialiste de neurochirurgie au CHU

– Toutes les Personnes{2} : que l’on découvre à chaque page. Elles ont, au gré de leur rencontre construit chaque chapitre de ma vie depuis son commencement.

1 : Gagnant au loto bio

Le professeur Coigny n’en croit pas ses yeux. Le fax est sans ambiguïté : « le cas que vous nous avez soumis est bien porteur du gène park2 avec la même mutation sur les bases 161. 758. 589 à 163. 148. 833. du chromosome 6 FRAGE 6E en position 2q25 du bras long du chromosome 6. » Non il ne rêve pas, il fait défiler encore une fois le fax du professeur Steinmetz, généticien au laboratoire de biologie moléculaire de l’Union européenne à Heidelberg, chercheur spécialisé dans l’étude des cellules mutantes de type HeLa. (HeLa du nom de Henrietta Lacs qui vécu et mourut d’un cancer dans les années 1930. Paradoxalement plusieurs trillions, probablement plusieurs centaines de trillions de ses propres cellules tumorales, forment au vingt et unième siècle, depuis plus de quatre-vingt ans, la première lignée cellulaire « immortelle » d’origine humaine jamais établi. Véritables cobayes cellulaires soumis à de multiples expérimentations, elles sont cultivées et continuent de vivre indéfiniment dans de nombreux laboratoires au travers le monde)

Il faut dire que dans l’immédiat les cellules HeLa n’intéressent pas Coigny au premier chef, peut être plus tard……… Mais le chromosome 6, c’est aussi le chromosome qui contient les gènes de compatibilité tissulaire : le complexe C. M. H. {3} Un ensemble de gènes dont la variabilité est si grande qu’ils construisent à eux seuls une véritable carte d’identité biologique infalsifiable. De façon redoutable, ils sont responsables du rejet des greffes d’organe.

Pour le professeur Coigny, le porteur, en réalité la porteuse, car c’est d’une femme dont il s’agit, la porteuse est à ses yeux, sans conteste vraiment exceptionnelle. Elle est exceptionnelle car elle possède le même chromosome 6 avec une grande probabilité, plus de 99 %, de transporter avec lui la même composition génique et une histocompatibilité complète pour son patient en attente de son opération au CHU de Bordeaux.

Il prit un temps pour savourer ce résultat inespéré et sourit. Voici quelques mois, une publicité à la télévision annonçait avec une aguichante candeur que 100% des gagnants au loto avaient tenté leur chance… évidemment…… Mais, à contrario, chacun sait que « le joueur » n’a qu’une infime probabilité de gagner quand il prend un billet. Un calcul statistique simple révèle qu’on ne peut compter que sur moins d’une chance sur plus de 13 millions ! Infime !! Aujourd’hui le professeur Coigny n’avait pas gagné au loto, mais la probabilité d’être en face d’un cas comme celui sur lequel il tombait était encore bien plus infime et il ne pouvait pas laisser passer une telle opportunité. Hasard, destinée ou rencontre programmée il ne se perdit pas en conjectures L’important c’est qu’il puisse entrer en contact avec « elle », la convaincre, obtenir sa collaboration. Une collaboration indispensable pour lui permettre de mener à bien ce qui sera, il le pressent, « une substantielle avancée scientifique ». « SON » avancée scientifique. Certes tout n’était pas gagné et il lui faudrait probablement écorner un peu le serment d’Hippocrate en ignorant certains alinéas de la loi de bioéthique{4}. Mais il chassa toute « pensée négative » La loi de bioéthique n’existe qu’en France argumenta t il « et je ne vais pas m’expatrier. en Belgique ou je ne sais en quelle Russie. !!!!! » Quoiqu’il en soit au bout de 4 années de galère, il tenait son « protocole » expérimental et il ferait tout pour le mener à son terme. Une telle opportunité ne se représenterait pas deux fois. Il quitta précipitamment son bureau et se dirigea vers le secrétariat administratif où il entra sans frapper et, impatient, tendit son papier en direction de la secrétaire assise devant l’écran de son ordinateur.

– Tenez, il faut que je prenne contact d’urgence avec cette personne porteuse de cette mutation vous trouverez ses cordonnées dans l’un des centres de transfusion sanguine plus précisément dans le répertoire des donneurs de moelle osseuse. N’oubliez pas de me fournir ses coordonnées téléphoniques et son adresse je vous prie.

La secrétaire se retourna et fit face au nouvel « arrivé sans frapper » qui tendait un minuscule papier dans sa direction :

– Bonjour monsieur ! Puis avec une lenteur calculée, à la mesure de sa désapprobation, elle prit le papier du bout des doigts, et ne vit qu’un nom et prénom griffonnés à la hâte.

– Zélia Desnoy ? Mais qui est-ce donc ? s’exclama t elle.

– Comment je peux la retrouver moi avec ces seules informations protesta t elle. Il existe sûrement plusieurs centaines de Zélia Desnoy en France et dans le monde. Et de plus elles ne m’ont pas laissé d’adresse. Peut être même sont elles sur liste rouge ou bien encore…. Comment voulez vous que je fasse avec aussi peu d’indications ? Marmonna t elle avec humeur se voyant chargée d’un travail supplémentaire à moins de cinq minutes de sa sortie de bureau.

– Des indications ? Soyez donc attentive un peu, je viens de vous expliquer qu’elle a donné plusieurs fois de la moelle osseuse ! Rétorqua t’il impatient, en voilà une quand même d’indication non ?

L’information restreignait le champ de recherche. Quadra avancé, Il faut dire que Coigny était avant tout beau parleur à défaut d’être bel homme, ce qui pour elle limitait de façon significative, l’intérêt de l’écoute.

– Mouais dit elle non convaincue. Et tapotant rageusement sur son clavier, Savez vous qu’il y a plus de 240 000 donneurs de moelle osseuses en France ? Et, bien sûr, vous ne connaîtriez pas par un heureux hasard, dans quel centre de transfusion on peut la trouver ? Se retournant vers son écran. Comment veut il que je trouve ça maintenant ? En claquant des doigts peut être. ? Ronchonna t elle laissant éclater sa mauvaise humeur.

– Vous n’avez qu’à les passer un par un. Il n’y en a pas tant que ça en France rétorqua t il, voyant le peu d’entrain de sa secrétaire qui s’intéressait davantage à l’heure habituelle de sortie de bureau presque déjà dépassée qu’à la demande qui lui était faite. Visiblement, elle n’appréciait pas la morgue de son patron et encore moins ce travail de recherche qui lui apparaissait dérisoire voire même inutile.

– Don de moelle osseuse ? Mais, bon dieu, pourquoi faire en neurochirurgie ?

– Il me faut cette information de toute urgence, aujourd’hui même. Son numéro de téléphone me suffira ! C’est plus rapide et plus réactif insista Coigny. Il ressassait déjà les arguments qu’il allait déployer pour convaincre celle qu’il appelait déjà Zélia. Non vraiment elle ne pourrait pas lui refuser, d’ailleurs tout le monde le lui disait, il possédait l’art de convaincre. Il en avait toujours été ainsi du moins le croyait il. Oui, Il en était persuadé, il n’aurait aucun mal à la convaincre. En reprenant mentalement chaque argument, tout lui paraissait imparable, irréprochable, non discutable : pour chaque argument, tout lui paraissait imparable, irréprochable, non discutable : pour la science mais aussi pour elle et sa famille ; pour le monde entier…… Il réfléchit : le téléphone serait-ce suffisant ? Il valait mieux prendre rendez-vous. Mais, il ne fallait pas paraître contraignant……Il faut agir avec délicatesse et surtout beaucoup de discrétion sinon, il risquait de voir tout capoter… Le doute s’emparait de lui il lui fallait en avoir le cœur net.

– Vous parlez tout seul maintenant ? Lui susurra la secrétaire ironique. Il se retourna et elle lui rendit son papier.

– Voilà, vous avez de la chance ! Tenez, j’ai trouvé son numéro de téléphone et son mail. Elle habite Paris et elle est journaliste scientifique mais je ne sais pas si elle est blonde ou brune et surtout je ne connais pas son tour de poitrine poursuivit elle sarcastique. Alors qu’il se préparait à quitter la pièce, perfide, elle lui lança :

– Heu, oui, attendez, j’oubliais, il y a un petit problème…

– Oui, je vous écoute.

– Cette personne ne pourra plus donner de sa moelle ou au moins pas dans l’immédiat dit elle d’un ton pincé indiquant son agacement pour ce travail supplémentaire qui de plus, en tout état de cause ne servirait à rien. Il revint sur ses pas, inquiet.

– Ah bon ? Et pour quelle raison ?

– Elle est enceinte. Lâcha t elle, un soupçon de malice non dissimulée dans la voix.

– Enceinte ? Mais c’est Merveilleux ! Enceinte !! s’exclama – t il au grand étonnement de la secrétaire qui, un peu déçue ne s’attarda pas et pris congé ravie de pouvoir quitter son travail en temps et heure avant qu’on lui demande comme elle le pressentait, une autre recherche tout aussi saugrenue. Donneuse de moelle pffff…

– Merveilleux, extraordinaire ! C’est encore plus extraordinaire, il jubilait, il ne pouvait pas en espérer autant. Comment aurait il pu imaginer une telle concordance ? Enceinte, enceinte répétait il à l’envi, esquissant un pas de deux.

2 : Le beaujolais nouveau est arrivé

Quelques mois plus tard, au petit matin Zélia se dirige vers le parc Montsouris. La fraîcheur de l’air colore ses joues. Sur sa poitrine son « petit bout » blotti dans sa poche kangourou se balance au rythme de la marche de sa jeune maman. Juste un petit tour avait elle promis, un petit quart d’heure, pas plus. La maquette de la première page doit être présentée impérativement cet après midi en avait décidé le conseil de rédaction. Les illustrations restaient à définir. Il fallait que ce soient ses photos qui passent sinon…

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Elle savait que rien ne lui serait épargné. Contre l’avis de tous, elle avait voulu conserver cet enfant pas vraiment désiré.

– Tu vas sacrifier ta carrière pour élever un enfant que tu n’as même pas voulu lui répétait on invariablement. Tu ne pourras pas mener de front ton métier de journaliste qui te trimbale aux quatre coins du monde et le métier de jeune parent nécessairement plus sédentaire… C’est impossible, il faut choisir sois raisonnable.

Raisonnable ? Mais certainement pas ! Ce ne serait pas Zélia. Zélia avait depuis longtemps choisi : elle réussirait les deux. En réalité ce n’était pas deux mais trois objectifs qu’elle s’était fixée. Le troisième chalenge avait surgi ce jour de novembre voici maintenant quelque six mois. Alors que son ventre rebondi annonçait une naissance proche, elle avait reçu un étrange coup de fil, qui, elle le su plus tard allait changer le cours de sa vie.

C’était à la pause de midi au fond du restaurant brasserie rue des saints pères dans le cinquième arrondissement de Paris, à quelques encablures de la salle de rédaction.

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L’annexe du journal avait