Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L'amour existe !: Plus fort que les frontières
L'amour existe !: Plus fort que les frontières
L'amour existe !: Plus fort que les frontières
Livre électronique997 pages16 heures

L'amour existe !: Plus fort que les frontières

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Devant la précarité des couples modernes, « La fin de l’amour » n’étant qu’une conclusion logique, l’interrogation « Peut-on aimer pour toute une vie ? » redevient de plus en plus prégnante. Pour être percutant dans nos réponses il nous faudrait du « recul » qui à cause du temps peut déformer le présent vécu. Revenir au présent en reculant le temps par exemple avec les correspondances « in live » serait donc d’autant plus précieux si l’un des acteurs arrive à avoir du « recul » dans l’analyse du « présent vécu », ce qui est assez rare. C’est la raison de ce livre car je pense avoir à la fois « le recul » et « le présent » à travers les correspondances pendant près des 3 ans (1973-1975) dans des conditions géopolitiques inimaginables, car celle qui est devenue mon épouse et avec laquelle nous avons tout partagé est Française et moi Roumain né en Moldavie.
Que ce livre apporte une réponse à tous ceux qui sous la pression du temps ont des difficultés pour entretenir la flamme de leur « soleil » et risquent de tomber dans l’obscurité et perdre le fil d’Ariane de leur vie.
LangueFrançais
Date de sortie12 août 2020
ISBN9782312075488
L'amour existe !: Plus fort que les frontières

Lié à L'amour existe !

Livres électroniques liés

Mémoires personnels pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L'amour existe !

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L'amour existe ! - Eugeniu Triboi

    cover.jpg

    L’amour existe !

    Eugeniu Triboi

    L’amour existe !

    Plus fort que les frontières

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2020

    ISBN : 978-2-312-07548-8

    Pourquoi ces lettres ?

    Un livre sur l’AMOUR, encore un ? Pourquoi ? Que ne sait-on pas déjà ? Que peut-il apporter encore ? Et en plus des lettres ! Pour qui, pourquoi dévoiler ce qui est du domaine intime ? C’est vrai, depuis l’antiquité la plus profonde, depuis qu’on sait écrire, on a écrit sur l’amour.

    D’abord l’amour c’est quoi ? Ca vient du latin « amor ». Et encore ? Le CNRTL – Ortolang – Lexicographie a écrit 84 pages ! (https://www.cnrtl.fr/definition/amour/substantif)

    Mais les grecs sont plus précis car ils ont essentiellement 3 mots (dieux) pour précisent ce qui est l’amour : Eros, Philia et Agapê. Le premier est à l’origine de l’amour, du coup de foudre, du désir, de l’érotique. Ses flèches (Coupidon) d’amour ou de désamour ne pardonnent pas car elles touchent même les Dieux. Le second, fait appelle aux relations dans le couple, à l’amitié et au partage. C’est la stabilité et le temps renforce le couple. Elle fait référence à la famille, à la filiation. En fin, l’Agape matérialise le regard sur l’autre, ou l’autre compte plus que soi, vivre avec et par l’autre.

    Alors l’amour c’est tout, l’amour est par tout, l’amour c’est la vie !

    En conséquence tout le monde à un moment donné c’est interrogé sur l’amour, sur l’essence même de l’amour et sur son déterminisme social, biologique, etc.

    « Peut-on aimer pour toute une vie » est devenue une interrogation récurrente dont les réponses sont variables selon le sens qu’on attribue au mot « amour » d’une part et le profil du répondant, littéraire, sociologue, psychologue, biologue, etc. de l’autre part. Evidemment, c’est seulement avec « le recul » qu’on peut être plus percutant dans nos réponses. Cependant « le recul » qui par définition est acquit au moment quand on n’est plus « en action » n’est pas suffisant car le temps souvent efface ou déforme le présent vécu, devenu passé. Ainsi les témoignages basés sur « je me souviens » sont plus du domaine « littéraire » car la réalité est déformée voir réinventée. Donc revenir au présent en reculant le temps par exemple avec les correspondances « in live » entre les deux êtres amoureux, pour analyser leur comportement, serait d’autant plus précieux si un des acteurs arrive avoir du « recul » dans l’analyse du « présent vécu » pour répondre à la question essentielle de la durée de l’amour. Or la présence concomitante du « présent » et du « passé » est assez rare.

    C’est la raison de ce livre, car tout simplement à 78 ans je pense avoir à la fois « le recul » sur « la vie, l’amour et la famille » et aussi « le présent » à travers les correspondances pendant près des 3 ans dans des conditions géopolitiques inimaginables, car celle qui est devenus mon épouse et avec laquelle on a partagé nos vies depuis 1972 à 2018 est française dont les parents sont français pied-noir (la mère) et corrézien (le père) et moi roumain né en Moldavie. Ceci pourrait être utile à ceux qui rentre dans la vie et aussi à ceux qui emportés par le quotidien, come le fameux « cours Forrest, cours » du « Forrest Gump », pour finalement reconnaitre que : « Je courrais toujours pour aller partout, mais je ne pensais pas pour autant que ça allait me mener quelque part », s’interrogent « quo vadis homine » et aussi « pour quoi » ? Pour répondre à cette interrogation les Grecques nous ont donné le Dieu « Destin », mais aussi Diogène, le cynique, qui apostrophe le Grand Alexandre en lui disant « ôte-toi de mon soleil », car lui il avait un. Et nous on avait un soleil, chacun était un soleil pour l’autre !

    Sur ce sujet « la vie, l’amour, le bonheur, la mort » tout les « littéraires » sont exprimés, et même moi qui dans ma vie de « scientifique-chercheur en agronomie », n’étant donc ni philosophe, ni littéraire, reconnaissais « qu’avant 60 ans on vivait dans l’inconscient de la jeunesse, et après 60 ans dans l’inconscience de la vieillesse ». Ainsi la vie, « un long fleuve tranquille » ou « tumultueux », soit nous endormes en nous transportant dans un espace atemporel, soit nous dirige en nous « ôtant notre soleil ».

    En fin je cite mon épouse qui dans sa lettre de 16.01.1975 déclaras que : « Je pense que l’amour est vraiment la plus belle chose qui existe sur cette terre. Je n’y croyais pas avant de te connaitre, mais maintenant je suis de plus en plus persuadée »

    Cette affirmation qui rayonne le bonheur, ne peut pas être comprise sans la connaissance de ces deux êtres pour qui tout était fait pour les séparer. Donc, il est nécessaire d’abords de décrire qui sont ces deux êtres et le contexte qui les a conduit vers cette affirmation que tant des gens ignorent. Pour cella, conforme à l’ancien adage « connais-toi-même » j’ai fait appelle à leurs « sagas », que chacun à écrit au moment quand dans leur vie « la transmission » occupait leur esprit.

    Toutes les sociétés ont trafiqué l’histoire pour la rendre compatible avec l’évolution de la société et des idéologies en vogues. Si dans le passé, surtout dans la période 1800-1940 la France et la Roumanie étaient des pays amies, et la culture française étant prédominante a contribuer à la « modernisation » de la langue roumaine, après la deuxième guerre mondiale, nos deux pays situés aux extrémités Ouest et Est de l’Europe, sont trouvés séparés non seulement par 2 500 km et mais aussi par un « mur de fer » et des idéologies totalement opposées.

    Suite à la prise par les russes de la Bessarabie, la moitie de la Moldavie qui est la parte Est de la Roumanie, (aujourd’hui la République de Moldavie) où je suis né, ma famille à choisit « la valise » à la place du « cercueil » et a « émigrés dans leur propre pays » comme les pieds noirs en 1962, pour éviter une déportation de 17 ans comme ont subit ceux qui sont restés sur place. Sous les communistes on a vécu une période très difficile, non seulement à cause d’une pénurie matérielle et surtout alimentaire, mais aussi dû regard méfiant du régime soumis aux soviets communistes russes. Malgré ça, pour m’en sortir j’ai réussi à faire des études, pour arriver in fine chercheur en agronomie à l’Institut de recherche de Fundulea (1964). En tant que chercheur, en 1968 j’ai eu la chance de faire un stage à la Station de recherches agronomique INRA de Clermont Ferrand sous la conduite de Louis Gachon, qui est devenu mon « maitre » scientifiquement et humainement. Je me suis retourné en Roumanie pour continuer mes recherches, mais dans des conditions difficiles, routinières, sans perspectives réelles. Cependant même dans cet environnement j’ai eu des résultats intéressants et originaux qui ont conduit mes « supérieures » à m’obtenir un deuxième séjour en France en 1972, pour avoir les conditions nécessaire pour aborder mon sujet de recherche.

    Sous la direction et les conseils de Mr Gachon je me suis dirigé d’abord vers la Station de recherche d’Antibes où une jeune scientifique a fait sa thèse sur l’enzyme « nitrate réductase » qu’on a supposé responsable des toxicités observées dans mes essais, et ensuite au Centre de recherche de radio-agronomie de Cadarache, où je pourrai aborder expérimentalement mon projet de recherche en utilisant les isotopes radioactifs du phosphore et du zinc.

    La jeune scientifique qui a fait sa thèse sur l’enzyme « nitrate réductase » s’était Anne Marie Blondel, qui en suite et après une période de plus 3 ans (1972 à 1975) de difficultés, d’incertitudes, en dépit d’une séparation dû au 2000 km et surtout de la géopolitique, et malgré un premier refus en 1974 des autorités roumaine qui ne voulaient pas perdre « un chercheur », on a réussi de fonder notre foyer.

    C’est l’amour qui finalement est sorti vainqueur, plus fort que les frontières, que les distances, que le temps, et qui a été notre « soleil de Diogène ».

    On a pu passer cette longue, insupportable période, grâce à l’amour, aux lettres qui nous ont toujours accompagnés et qui témoignent presque quotidiennement nos états avec des hauts et des bas, et au travail, qui heureusement a représenté une soupape de secoure.

    Pour comprendre notre correspondance en la plaçant dans l’espace et dans le temps, une brève chronologie est nécessaire :

    img1.png Automne 1972, visite de la Station de recherche agronomique d’Antibes, rencontre avec Anne Marie Blondel.

    img1.png Décembre à avril 1973, séjour dans le Service de radio-agronomie du CEA Cadarache, St Paul lez Durance.

    Durant cette période on a passé ensemble tout les weekends et aussi le Noël 1972 en Corse quand j’ai fait connaissance avec la famille d’Anne Marie.

    img1.png Avril 1993, après 4 mois de bonheur absolu, retour à la Station de recherche agronomique de Clermont Ferrand. Cette première séparation nous a révélé une interrogation vitale sur notre avenir : trop tôt pour prendre une décision malgré notre amour, avons-nous la certitude que notre amour est si forte qu’aucune barrière ne pourrait pas nous empêcher de bâtir ensemble nos vies ? En considérant que les 4 mois n’ont pas étés suffisantes pour mieux se connaitre et sur la force de notre amour, on a décidé de rapporter notre décision pendant l’été 1973 suite à la visite d’Anne Marie en Roumanie, ce pays si lointain, différent et mystérieux, de l’autre côté du rideau de fer, mais si proche cependant, qu’elle ne connaissait pas. La distance et le temps seront-ils plus fortes que notre amour ?

    img1.png Eté 1973, premier séjour en Roumanie pour Anne Marie. On a décidé de concrétiser notre amour par le mariage, et par conséquence je demande au Gouvernement de la Roumanie l’autorisation de mariage. Une période d’incertitudes suit, avec des multiples « pressions », inimaginable pour un occidental, mais avec un espoir de pouvoir malgré touts les difficultés inhérentes à notre décision, bâtir ensemble notre vie.

    img1.png 27 septembre 1973 dépose de la demande d’autorisation de mariage.

    img1.png Noël 1973 et Nouvelle Année 1994, deuxième séjour d’Anne Marie en Roumanie. On attend la décision du Gouvernement roumain.

    img1.png 29 juin à 23 juillet 1974, troisième séjour d’Anne Marie en Roumanie.

    Réponse négatif car la Roumanie ne peut pas se permettre de perdre un cadre – chercheur dans lequel elle a investie. Effondrement des nos illusions… mais on persiste par une audience au Conseil d’Etat concernant notre demande suivi du dépôt d’un mémoire près du Conseil d’Etat justifiant notre demande. Une deuxième période d’attende commence… mais l’espoir est toujours présent. Mardi 12 novembre 1974 : réponse positif. Certainement que certaines de mes connaissance en Roumanie, hautement placés, ont favorisé l’obtention du cet accord pour de mariage à Bucarest. (voir les lettres, pg 367)

    img1.png Lundi 30 décembre mariage à Bucarest et fête de l’année nouvelle et du notre mariage, notre nouvelle vie (à Gaesti).

    img1.png Mars 1975 départ pour Antibes – France.

    img1.png 5 avril 1975 mariage religieux et fête du mariage en Corse.

    img1.png 6 janvier 1976 départ vers Clermont Ferrand où Anne Marie a été transférée depuis la Station de recherche d’Antibes à celle de Clermont Ferrand et Eugen Triboi est engagé comme ingénieur sous contrat et ensuite, par concours, il est devenu chercheur scientifique (fonctionnaire de l’Etat).

    img1.png Départ à la retraite en 2008 en qualité de « chargé de recherche (Anne Marie) et directeur de recherche (Eugen) », chercheurs scientifiques fonctionnaires de l’Etat.

    Ainsi, notre amour a résisté à tout les agressions car ce que Vera Gachon, l’épouse de mon « maitre » nous a souhaiter en avril 1974 (pg. 513), en citant Jules Michelet, a été toujours la quintessence de notre vie :

    « Vivre l’un de l’autre…

    Se confier chaque jour la pensée,

    Trouver l’un dans l’autre un si doux oublie de soi-même…

    Mourir et créer ensemble.

    Etre ensemble des dieux »

    Ceci donne à l’amour cette beauté et cette grandeur qui lui donnent son caractère métaphysique et sacré.

    C’était le chemin qu’on a suivi pour répondre à l’interrogation « Peut-on aimer pour toute une vie » et bâtir notre amour qui avec le temps s’est métamorphosée pour se renforcer continuellement.

    Voilà quelques exemples extraits de nos lettres.

    Vivre l’un de l’autre, à été notre souhait profond, qu’on le retrouve souvent dans nos lettres :

    « Et ça je n’ai voudrais absolument pas car je suis là pour t’aider à vivre et non pour te poser de problèmes, ça jamais chéri ! je ne veux pas être un fardeau mais au contraire être à tes côtés pour que la vie soit plus facile ». (AM, Lundi 4 février 1994)

    « Mon Chéri, ma vie n’aura vraiment un sens que quand je t’aurai auprès de moi pour toujours. J’ai envie de tout te donner, mon être entier, le bonheur, la joie, le sourire, la paix, je veux te voir heureux, comblé, j’ai envie de te voir vivre auprès de moi et de ne vivre que pour toi, et oublier tout ce qui nous entoure. J’ai envie d’avoir un petit bébé, notre enfant, qui nous représentera, que nous protégeons, que nous aimerons et qui sera tout pour nous. Je sais que ma vie sera merveilleuse auprès de toi. Cella devienne une obsession pour moi, je ne rêve qu’à une seule chose de te voir arriver ici et de te rendre heureux. Tu es tout ce que j’ai de plus cher au monde, je t’attends mon chérie et j’ai beaucoup d’espoir ». (AM 7 mai 1974)

    « Au sujet des petites fleures des Carpates que tu m’as envoyées j’ai fais quelque chose que te plaira certainement, je les ai toutes réunies et collés sur une toile orangée. Ça forme un petit tableau que j’ai mis en dessus de mon lit et j’ai mis tout autour la pensé de Michelet que Mme Gachon t’avait envoyée, je suis très contente de cette association et bien certaine que tu apprécieras. Tu le verras bientôt je suis persuadée ». (AM, mardi 11 juin 1974)

    « Ça m’amuse de faire des choses pour toi et je pense que j’enregistrerai chaque foi que ce sera net et tu pourras t’amuser à écouter à ton arrivée. Tu te sentiras un peu moins seul et surtout moins loin de ton cher pays. Tu sais chéri, j’ai tellement peur que tu t’ennuies un jour et que tu me dises que tu regrette et surtout que c’est de ma faute. Je pense que non, mais serait vraiment pour moi la pire des choses car ce que je veux par-dessus tout c’est te rendre heureux. Je pense qu’avec un foyer, une femme qui t’aime, ces enfants qui te rendrons heureux et un travail intéressant, tu serras heureux, mais j’ai tout de même un peu peur, et surtout envahie par un grand sentiment de responsabilité. Excuse-moi chéri de te dire ça, je sais que je te fais de la peine, mais j’y pense et j’ai décidé de tout te dire. Je sais que tu seras heureux avec moi, et je sais que tu me rendras heureuse, car déjà loin de toi je suis la plus heureuse des femmes car je sais que tu m’aime et je pense que l’essentiel sera de préserver notre amour, le protéger, savoir l’entretenir et l’agrandir de jour en jour, c’est notre seule devoir, et nous réussirons ». (AM, dimanche 2 février 1975)

    « … les problèmes que j’ai concernent ta situation à ton arrivée ici, et bien sur pour moi c’est quelque chose qui me tiens à cœur car je sais que ce sera à la base de ton équilibre dans les mois à venir. J’ai te dit hier au téléphone ce que Gachon a annoncé à Mme Blanc, il lui a dit qu’il avait un poste pour toi mais que nous devions obligatoirement allé à Clermont tous les deux. Evidement Mme Blanc n’était pas du tout contente et elle est venue m’annoncer ça comme une mauvaise nouvelle puisque cella implique mon départ de là. Donc, moi j’ai eu une réaction un peu différente car je me sens bien à Antibes mais si Clermont est indispensable au fait que tu aie un poste, je n’hésite pas un instant.… Je comprends sa réaction et cela prouve qu’elle tient beaucoup à moi, mais d’un autre coté je trouve qu’elle exagère car elle ne pense pas assez à l’importance que j’attache au fait que tu aies un poste » (AM, mercredi 19 février 1975)

    Se confier chaque jour la pensée.

    « je suis tellement lasse et triste que j’ai besoin de venir passer un moment avec mon mari chéri qui est la seule personne à qui je peux me confier vraiment ». (AM, Mardi 21.01.1974)

    Trouver l’un dans l’autre un si doux oublie de soi-même

    « … s’était tellement merveilleux de me sentit dans tes bras des heures entières, pleinement conscient de mon bonheur bien mieux que si j’avais dormi. Oh, tu es merveilleux mon chéri, comme j’aimerai être blottie contre toi, ton bras sur ma tête, ton souffle chaud sur ma joue, le battement de ton cœur contre mon épaule, ton corps entier tout contre le mienne, immobile et parfaitement heureuse. Mon petit mari chéri, je suis seule, loin de toi, mais en fait je ne te quitte jamais, tu es là, près de moi, tu dicte tout ce que je fais, tu fais parti de moi, et maintenant c’est pour toujours… ». (AM, Jeudi le 9 janvier 1975)

    « … cette dernière lettre te caractérise. Ta sagesse, ton caractère de femme rationnelle est très bien mis en évidence. Tu es comme je veux, comme je t’aime.… Je vois comme tu es profonde, comme tu pense à tout. Ici à Bucarest je t’avais écouté avec admiration et avec une paix intérieure totale, comme tu me parlais de notre maison, de son intérieur, comme tu savais chaque objet d’où il vienne et où il sera placé. J’étais tranquille, j’étais heureux. Et je regret que je n’étais pas avec toi à Bastia, pas pour t’aider, car je ne pouvais pas t’aider, parce que tu sais mieux que moi de ce qu’on a encore besoin, mais par égoïsme, de te voir, de t’écouter, de respirer ton bonheur, car en fait pour toi ça constitue un plaisir. Et quand tu es contente tu es merveilleuse, de toi part dans toutes les directions une onde tranquillisante, la paix. Comme du Noël 72. Tu étais contente, tu trainais d’un fauteuil à l’autre, tu radiais le calme. Et je veux te regarder, te respirer comme ça. Même je n’ose pas te déranger pour ne casser, briser cette tranquillité » (ET, Mercredi 22 janvier 1975)

    Mourir et créer ensemble, l’identité totale.

    « Ce qui m’a fait aussi plaisir c’est ce que tu me dis… toi aussi tu as l’impression que maintenant que nous sommes mariés, c’est différent, tu m’aime différemment… c’est exactement ce que je te disais dans ma lettre d’hier, j’ai toujours trouvé ces impressions communes assez bizarres. Je pense que l’amour est vraiment la plus belle chose qui existe sur cette terre. Je n’y croyais pas avant de te connaitre, mais maintenant je suis de plus en plus persuadée.

    Et je vois que chaque jour je t’aime d’avantage, plus profondément, avec plus de sérieux et d’assurance. Comment pourrais-je maintenant concevoir ma vie sans toi ? C’est impossible ! Tu fais partie de moi-même comme je sens que je fais partie de toi, je t’appartienne corps et âme, tu ne me quitte jamais, quoique je fasse même si ce que je fais est très très sérieux, j’ai une partie de mon esprit qui est avec toi, et pas une seule seconde de ma vie je reste sans penser à toi ». (AM, jeudi 16 janvier 1975)

    Ma Petite Miette, pendant la dernière période j’étais frappé surtout par deux choses, notre identité d’esprit et même physique. On a été tous les deux enrhumée presque dans la même période. On peut même croire qu’on a pris le rhume un de l’autre !

    Puis une de tes lettres dans laquelle tu prouve des sentiments merveilleuses, ma Petite. Tu t’inquiète de moi, de mon adaptation chez toi, de cet envie que j’aurais de ma chère patrie, tu es merveilleuse ma Petite et je suis tellement content et fière de toi, de ton pouvoir de compréhension, et de voir et prévoir les faits.

    Ma Petite, en vérité j’ai eu une très grande chance de te trouver. Puis ce qui est formidable c’est la façon comme tu me parle de notre amour, qu’il faut savoir le protéger, savoir l’agrandir, savoir le maintenir toujours comme il est maintenant. C’est exactement ce que je j’avais écrit avant dans une de me lettres, et peut-être les deux lettre, la tienne et la mienne, ont été écrites au même moment. C’est formidable ! Ça prouve notre maturité, notre identité en touts ! Et on ne peut qu’être heureux tous les deux. En fait, on mérite cette bonheur car on est de gens qui savent l’apprécier, savent le vivre et le maintenir. Il ne faut pas crier ou écrire qu’on est heureux, ça se voit sur notre visage, dans notre cœur.

    Sur notre porte il faut écrire « ici il y a des gens heureux ». L’homme est fait pour être heureux. Regardez-les et vous deviendrai aussi heureux si vous êtes un honnête homme. (ET, Jeudi 13 février 1975.)

    Pour nous, l’autre faisait parti intégrante de « moi », inséparable, indestructible. C’est dans cette union qui réside notre bonheur et toutes les difficultés n’ont fait que de le renforcer. C’est l’amour qui nous rends conscient que le bonheur existe car avec le mariage nos âmes et nos corps sont entrés en parfaite résonance.

    Ceci est en opposition totale avec l’obsession du bien-être matériel et du plaisir recherchés à tout prix et de plus en plus aujourd’hui, qui renforce l’individualisme et où l’autre n’est qu’à son service. Notre correspondance est en totale opposition avec cette superficialité où le bien–être est une marchandise et le bonheur confondu avec le plaisir.

    Cet égocentrisme masculin et aussi féminin se manifeste à tout les niveaux de la société et sous le motif « d’émancipation de l’individu et égalité des sexes » il se propage à tout les niveaux notamment par les nouvelles technologies (aculturalisation par les media, sites de rencontre, pornographie,…). Par exemple les videos pornographiques en ligne représent 27 % de la video en ligne, 16 % du flux total de données et 5 % du total des GES dues au numerique ! Ainsi la sobrieté numerique bon seulement càont-re les GES mais surtout sur le comportement humain, serait indispensable car « ne pas choisir n’est plus une option viable ». (https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/07/2019-01.pdf). L’émancipation matérielle, intellectuelle et sexuelle des individus et spécialement des femmes est évidemment un progrès. Cependant elle induit inévitablement des conflits d’où une institutionnalisation des droits sexuels (LGBT, PMA, GPA…). La nouvelle révolution numérique augmente cette translation vers une société ou les relations homme – femme sont de plus en plus éphémères, le mariage n’est plus garant de l’amour et de la stabilité et laisse sa place à des pacs et à des réunions libres par manque de confiance en l’autre ou par égocentrisme. L’enfant n’est plus le fruit de l’amour mais « un projet » conçu sans père ou avec une mère porteuse. La famille n’est plus la base de la société. L’amour et le bonheur sont en train de se vider le leur essence et la vie de sens. Ne dirigeons nous vers cette société décrite par Huxley dans « Le meilleur du monde » ?

    Nos vies sont tout le contraire de cette trajectoire. C’est l’amour qui a était à l’origine de notre totale fusion et du bonheur et qui a donné un sens à nos vies. Ceci peut servir d’exemple à tous ceux qui s’interroge sur « la vie » et qu’ils se trouvent déboussolé à un moment donné ne sachant pas la voie à suivre.

    Il ne s’agit pas d’une « écriture littéraire » mais d’un langage simple, qui découle du cœur comme l’eau dans une rivière, où chacun de nous transmet à l’autre dans un style personnel ses sentiments si complexes et variable. La plume d’Anne Marie coule sans aspérités, claire, limpide, elle coule spontanément de telle sorte qu’on regrette quand elle s’arrête, alors que la mienne est brève, où les difficultés de cette merveilleuse langue française sont si évidentes pour quelqu’un né ailleurs et qui n’est pas un littéraire, et qui ne demande que de l’indulgence. Il faudrait chercher les sentiments, les états de l’âme et de la conduite, et pardonner les impuretés, qui par ailleurs, d’après mon épouse, pourraient être hilarante ! Notre histoire n’est pas banale, car temps et l’espace œuvraient vers leur incompatibilité, mais qui trouve l’union grâce à l’amour. Il ne s’agit pas d’un roman car les discours ne sont pas intégrés d’avance et au contraire, c’est un dialogue des instantanées décalées dans le temps. C’est l’âme qui parle…

    Certes, on pourrait faire une analyse tel que Roland Barthes nous décrit dans son « Fragments d’un discours amoureux », dans le sens de trouver les ingrédients communes des paroles des amoureux qui permettrons une « modélisation », tel que l’attente, la compassion, l’angoisse, la tristesse, la dépression et la joie et l’exubérance, le pessimisme et l’optimisme, etc., qui peuvent être même répétitifs car les faits et les interrogations sont répétitifs, car c’est la vie et non une écriture littéraire de type romanesque, mais notre correspondance en se situant en dehors des cas analysés par Barthes qui sont quand même assez classiques, est originale car le cadre est original.

    Dans ces circonstances on ne pourrait pas tirer qu’une conclusion mettant en exergue la durée de l’amour et du bonheur, tel que je l’avais écrite le 31 janvier 1974.

    « Tes lettres je les garde toutes et au moment quand on serra ensemble et tu serras mélancolique ou avec un mauvais humour – esprit, je ne te dirai rien, je te passerai une lettre de chez toi pour la lire et puis je te demanderai à m’embrasser ! C’est tout ! Tu es ma petite femme et tu serras et resteras ma petite femme toute ma vie ! »

    Ou, le 26 mai 2018, quand elle était très gravement malade, d’ailleurs elle est parti le 21 décembre, et quand j’ai lui offert le livre « Correspondance », un recueille des lettres d’amour entre Camus et Maria Casarès, avec cette dédicacé :

    « La femme qui est dans mon lit n’a plus 20 ans, elle a 70 !

    Mais c’est mon lit ou le sien ?

    C’est le NOTRE et le notre est plus grand que la somme du mien et du siens.

    Je l’aime plus qu’à 20 ans ! »

    Que ces lettres et donc cette conclusion apportent une réponse aux jeunes, moins jeunes et mêmes aux adultes et séniores qui sous la pression du temps ont des difficultés pour entretenir la flamme de leur « soleil » et risque de tomber dans l’obscurité et perdre le fil d’Ariane de la vie.

    Pour mieux comprendre notre cheminement le chapitre « Notre histoire. Les deux bouts de l’Europe » présent notre déterminisme historique en insistant sur les relations France – Roumanie, et le chapietre « Prologue, toi et moi, nos sagas » decrit notre trajectoire et comportement dans la vie. Le cœur du livre est représenté par le chapitre « La rencontre » qui décrit le « coup de foudre » et aux échange des 276 lettres. Le dernier chapitre est consacré à 30 ou 46 ans après notre rencontre en tant qu’Epilogue.

    Notre histoire : Les deux bouts de l’Europe

    Faisons un peu d’histoire. Pourquoi, car je ne suis pas historien ? Parce que je veux parler de notre histoire, celle d’Anne Marie et la mienne, donc principalement de la France et de la Roumanie, donc des deux bouts de l’Europe.

    Mais, d’abord commençons par quelques élucubrations sur la reproduction sexuée.

    En présence de deux sexes, deux modèles prédominent la reproduction selon le comportement des « parents » par rapport aux « nouveaux nés ». Un est basé sur le « mâle dominant », qui selon la demande biologique cherche son partenaire et mission accomplie, continue son existence en solitaire. L’ours, le cerf, l’éléphant, et même des oiseaux et des poissons font partie de cette catégorie. L’autre, au contraire est « monogame », basé sur la constitution d’une « famille » sous la forme d’un couple persistant dans le temps (les gibbons, castors, inséparables, cygnes, albatros, tourterelles, poisson-ange…). En revanche si un individu mâle ou femelle a des relations sexuelles concomitantes avec plusieurs partenaires, comme les cervidés et les bovidés, alors il est considéré polygame. Il peut être polygyne s’il s’agit d’un mal dominant qui se trouve à la tête d’une famille de type « harem » tant qu’il n’est pas détrôné par un concurrent plus jeune et plus en forme, ou polyandre pour une femme à plusieurs mâles. En tout cas, en général, c’est la femme qui s’occupe de la descendance.

    Concernant l’homme on peut considérer qu’il est monogame s’il s’agit d’un couple (un homme et une femme) ou polygame s’il s’agit d’un homme ayant plusieurs femmes (harem)… Cependant, l’homme étant « un animal doté d’une conscience » d’autres processus comme « l’amour » et « la fidélité » sont présents. Une présence d’un amour fort conduit à une stabilité du couple dans toute circonstance (forte monogamie) qui renforce la structure familiale, alors que si « le plaisir » est le critère dominant il s’agit d’une polygamie consciente le plus souvent de type Casanova. Quand il s’agit d’une polygamie consciente au niveau d’un individu ou même sociétale, c’est la condition féminine qui est mise en cause. On s’interroge donc sur le déterminisme de la monogamie humaine basée sur l’amour qui est la seule voie conduisant au bonheur de l’homme et de la femme.

    Cependant dans notre société actuelle ou « le plaisir » et « le matérialisme » en remplaçant la pensée métaphysique deviennent des critères majeurs déterminant la trajectoire de la vie, il est de plus en plus fréquent de perdre « le sens de la vie ».

    La psychanalyste Fabienne Kraemer en analysant le comportement des couples selon l’origine des deux conjoints, met en évidence une plus forte instabilité des couples mixtes, même si les deux sont européens, par rapport à un couple d’autochtones. Les différences culturelles et même matérielles sont mises en exergue comme explication à la difficulté d’ancrage dans la société, d’autant plus si les « us et coutumes » (langage compris) déterminés par l’histoire de chacun sont éloignés car au fil du temps l’autre devient un étranger. Ainsi le multiculturalisme n’est pas en soi-même un gage d’amour, de bonheur et de stabilité et l’analyse du déterminisme historique des « us et coutumes » peut nous aider à comprendre l’évolution d’un couple mixte.

    Notre couple est mixte, de type Europe/Europe. Anne Marie est française et moi roumain. Nos deux pays d’origine, la France et la Roumanie, se trouvent aux deux extrémités de l’Europe, la France à l’Ouest sur le bord de l’Atlantique et la Roumanie à la frontière Est de l’Europe. Plus de 2 000 km le séparent. Ainsi, à priori toutes les conditions sont réunies pour que nos sagas soient très différentes. En conséquence, pour comprendre les faits décrits dans nos sagas (chapitre 3) qui à priori ont déterminé notre comportement décrit dans nos lettres, je souhaite d’abord faire un bref aperçu historique de nos origines comme facteur déterminant nos « us et coutumes » et in fine notre comportement.

    L’histoire de la France est très bien connue. En revanche, l’histoire de la Roumanie, même si elle fait partie actuellement de l’UE, est mal connue au niveau européen, même s’il s’agit d’un pays qui a une surface d’environ la moitié de la France et une population d’environ 20 millions. Ceci s’explique par leur rôle dans l’histoire de l’Europe tel qui est reflété par l’index des citations dans un livre tel que « L’Histoire de l’Europe pour les nuls » (First Editions) (457 pages) : France 167, Roumanie 5, Rome 117 et Grèce 39. Ainsi mon analyse des faits qui ont conduit à l’Europe d’aujourd’hui se résume principalement aux deux bouts de l’Europe, à la France et à la Roumanie, les deux pays qui ont formaté nos personnages.

    DE ROME À LA CHUTE DU CONSTANTINOPLE

    Notons tout d’abord que les deux pays ont été « façonnés » par l’Empire romain. D’abord la Gaule par César (51 av J. C.) qui a introduit la souche et la langue latine. Vercingétorix est fait prisonnier, transporté à Rome et tué. César nous a laissé aussi « La guerre de Gaule ». A l’Est, le nord du Danube était peuplé par les Daces qui, comme tous les barbares, cherchaient fortune chez les romains. Pour finir avec ces « barbares » fortifiés dans les Carpates, Trajan a fait deux guerres pour finir la conquête en 106. Le chef dace Décébale se suicide mais il a laissé un trésor avec lequel Trajan a bâti son Forum et la « colonne de Trajan », le premier monument qui en bas-relief décrit ses guerres. Comme César, il a introduit la souche et la langue latine. Notons que c’est Trajan qui a amené l’Empire romain à sa taille maximale.

    Puis, plusieurs invasions des « barbares » du nord de l’Europe et de l’est asiatique, ont façonné ces deux territoires. A l’Ouest, les Goths passant par le Danube et les Huns d’Attila ont fini par mettre fin à l’Empire romain après environ 1000 ans d’existence. Cependant l’Empire persiste à l’Est, à Byzance – Constantinople, dans l’Empire byzantin latino-grec, qui défend l’Europe des Perses et plus tard des Arabes et même des barbares comme les Vandales. Ainsi Byzance devient la muraille de l’Europe. En plus elle est chrétienne, d’où la présence des deux pôles de rayonnement Rome et Constantinople.

    A l’Ouest, notons aussi l’arrivée dans la Gaule romaine des Francs au 5ème siècle, qui sont finalement à l’origine de la future France.

    En revanche à l’Est, la « Dacia felixe », depuis la retraite des légions romaines (271) pendant près de mille ans jusqu’à la retraite des Tatars (1241) est devenue la route préférée des envahisseurs qui la traversent ou même qui s’installent. D’abord les Goths, les Huns, les Avars. Puis les Slaves et les Bulgares qui attirés par la richesse de Constantinople envahissent les territoires du nord du Danube et les Balkans. En contact avec la population locale, même si les Slaves ont été « latinisés » ils ont marqué la population locale dans plusieurs domaines, tels que le langage et l’écriture car le slavon a été longtemps la langue de l’église. En revanche au sud du Danube il s’imposent et s’organisent formant des états à caractère slave et bulgare, mais ils ne réussissent pas prendre Constantinople. Puis ce sont les Hongrois qui déferlent surtout en Transylvanie, et les Coumans qui s’installent même dans les plaines tel que témoignent des nombreux noms des villages. Et en fin les Tatars qui font « tabula rasa » sur leur passage.

    A l’Ouest, dans la Gaule défilent les Francs (Germanie occidentale, ils s’installent dans le nord de la Gaule), les Burgondes (de Hongrie, s’installe en Bourgogne), Wisigoths (scandinaves passés par la Dacie et Danube, s’installent en Aquitaine et l’Espagne), les Vandales (Germanie orientale, en route vers le nord de l’Afrique). Et c’est le Franc Clovis 1er qui au 5ème siècle est à l’origine de la 1ère dynastie des rois d’un territoire qui s’appellera désormais, France.

    En plus, cette différenciation démographique est accompagnée par une différenciation culturelle, visible même aujourd’hhui. A l’Ouest, dans un Empire désintégré sous le coup des Barbares, c’est la religion qui a conservé une certaine unité territoriale, ayant comme capitale spirituelle Rome tandit qu’à l’Est c’est l’Orient avec Byzance qui reste le phare du monde chrétien.

    Sur ce fond chrétien, l’apparition de l’Islam au 7ème siècle dans le nord de l’Afrique, et sa progression fulgurante devient un danger réel pour l’Europe. Constantinople est attaquée sans succès deux fois (678-678 et 717-718). En revanche à l’Ouest, l’Islam pénètre et colonise le sud de l’Espagne wisigothe et s’attaque aussi à la France. Devant ce danger, Rome et la France réagissent. Un grand Empire chrétien est créé par Charlemagne (800-814) : l’Empire carolingien ou l’Empire Franc ou l’Empire d’Occident. C’est le 1er Empire à l’échelle de l’Europe. En 962 la partie est de cet Empire (sans la France) donnera naissance au Saint Empire romain germanique (962-1806), qui va persister aussi près de 1000 ans.

    Cependant entre Rome et Constantinople une querelle christologique fait son apparition qui finit par les schismes de 1054 et 1204, pendant le sac de Constantinople par la IVème Croisade, conduisant la séparation en deux églises, à l’Occident l’église catholique, universelle avec Rome et à l’Orient l’église orthodoxe, véridique, avec Constantinople. Ainsi il s’agit de la première grande division de l’Europe entre l’Ouest catholique et l’Est orthodoxe, qui va induire des us et coutumes différents.

    Ces différences sont accentuées par l’arrivée à la fin du 13ème siècle d’un nouveau conquérant asiatique aux portes de l’Empire byzantin européen : les Turcs Ottomans.

    C’est un terrible conquérant attiré par la Rumelie, le pays des Romains, et non par « l’Europe », car ils ne pouvaient pas accepter deux « empereurs » (sultans) donc un non musulman. Elle devrait être musulmane et ottomane. Süleyman Pacha, fils du sultan Orhan, en créant une tête de pont à Gallipoli dans le Bosphore s’adressait en 1354 à son père le sultan Orhan en disant : « Grâce à tes vœux, nous faisons la conquête du pays de Rome ! » (Faruk Bilici, Les Balkans ottomans : un monde englouti).

    Ils commencent à conquérir les Balkans (Bulgarie 1396, Thessalonique 1430, Bataille de Kosovo 1448, prise de Constantinople 1453, Serbie, de Morée-Péloponnèse 1460, Bosnie 1463, Herzégovine 1470) et arrivent au Danube.

    Les Balkans sont intégrés à l’Empire Ottoman qui commence par tout les moyens à les islamiser, par exemple en offrant des avantages économiques tel que le droit d’être propriétaire des terres agricoles ou/et en important des populations musulmans depuis l’Asie Mineur.

    Les territoires au nord du Danube, ancienne Dacie, après une période de désintégration suite à la retraite des Romains, ont commencé à se ré-agréger en petites structures (cnezat, voïvodat) pour finir par la création des 3 grands Principautés autour des Carpates : Transylvanie (12èmesiècle), Valachie (1330) et Moldavie (1359).

    Au Nord de la Moldavie il y avait la Pologne et la Baltique, et à l’Est dans les steppes du Nord de la mer Noire et de la Caspienne, au debout du 13 siècle il avait aussi un allié important aux Ottomans, les tatars de l’Horde d’Or qui par leur razzia dévastaient tout l’Est de l’Europe jusqu’en Hongrie et Silésie. Et plus, à l’Est c’était la Russie qui dans son expansion entre la Baltique et la Mer Noire avait dans son collimateur la Pologne el les Pays roumains qui lui barraient son chemin.

    A Nord-est de la Valachie, c’étais la Transylvanie, l’Hongrie et l’Autriche, la voie pour l’Europe Centrale et pourquoi pas vers l’Empire romain germanique.

    Pour s’ouvrir ces deux voies, vers le Nord et vers l’Europe Centrale, il a fallait donc conquérir les Principautés roumaines ce qui c’est avéré très laborieux car qu’il s’agisse des princes valaques au sud des Carpates ou moldaves à l’est, même ceux qui ont passé leur jeunesse comme otages chez les turcs, une fois au pouvoir ils ont commencé la lutte contre les Ottomans et ils ont même payé de leur vie leur indépendance. Cependant ils ont réussi à les stopper et à garder une certaine autonomie politique et religieuse en échange d’un fort tribut.

    En Valachie, Mircea le Vieux ou le Grand, « le plus brave et le plus capable des princes chrétiens » d’après l’allemand Leunclavius (XVI siècle), après plusieurs victoires contre les Ottomans pour éviter l’invasion et l’annexion a fini par d’accepter leur suzeraineté en 1415, En Moldavie, Etienne le Grand surnommé « l’athlète de la Chrétienté » par le Pape Sixte VI après 47 batailles contre les tatars, les polonais, les hongrois et les ottomans, en 1489 a fini lui aussi par accepter définitivement d’être vassal au sultan, en évitant ainsi une invasion ottomane. Citons aussi Michel le Brave prince de Valachie qui a réussi même de fédérer le Saint-Empire romain germanique, la Pologne et les Principautés de Valachie, Transylvanie et Moldavie, contre l’Empire Ottoman, et qui en 1600 à unifier pour la 1ère fois les trois Principautés roumaines, Transylvanie, Moldavie et Valachie.

    Tous ces Princes ont réussi à stopper la « colonisation » des Principautés par les Ottomans et ainsi à garder une certaine autonomie politique et religieuse en échange d’un fort tribut.

    Au début ces Princes étaient élus par les valaques et par les moldaves, mais à cause de leur multiples révoltes, le Sultan a suspendu les élections en désignant lui-même les futures Princes selon des critères financiers et d’obéissance, pour des périodes relativement courtes. C’est par exemple le règne des Phanariotes, grecs originaires de Phanar, quartier de Constantinople. De cette manière les Ottomans exploitaient au maximum les ressources des Principautés sans avoir besoin de les intégrer dans l’Empire comme une colonie – pachalik qui nécessitait une présence militaire. Cependant ces « vassalités » qui ont sauvé les Principautés ont permis aux Ottomans de se diriger vers la Pologne et aussi vers l’Autriche.

    Pauvre Pologne, après qu’elle est devenue un royaume catholique elle se trouvait entourée de tout coté par des « voisins » en expansion ou en quête de piller : le Saint-Empire romain germanique, Chevaliers Teutoniques, Prussiens, Tatare (mongole), Ottomans, Russes, Suédois… Toujours en guerre, comme dans le XVII siècle : polono-russe (1605-1618), polono-turque (1620-1621), polono-suédoise (1626-1629), polono-turque (1633-1634), période du Déluge, de révoltes et d’invasions (1648-1667), soulèvement de l’Ukraine et des cosaques (1650), 1er guerre du Nord, invasion de la Pologne par les Suédois (1655-1660), polono-cosaque-tatare (1666-1671), polono-turque (1672-1676), et enfin le grande guerre turque (1683-1699) quand Jean III Sobiewski sauve Vienne et l’Autriche (1683) assiégée par les ottomans et ainsi arrête l’expansion de l’Islam dans l’Europe.

    Finalement, prise en tenailles par les russes, les allemands et les autrichiens, elle disparait de cartes suite à 3 guerres (1772, 1793, 1795). C’était un crime contre un pays qui a apporté tant des choses à l’Europe : un meurtre !

    En revanche, au sud du Danube, les Balkans, la Grèce tombe à son tour et Constantinople résiste jusqu’en 1453, quand après 1000 ans elle devient turque et musulmane. L’offensive ottomane continue dans l’Europe de l’est jusqu’à Vienne qui est assiégée deux fois, en 1529 et 1683, mais aussi dans le Bassin Méditerranéenne par la conquête du Nord de l’Afrique (1517-1574).

    Qui pouvait les arrêter ? A l’Ouest, François 1er roi de France, en querelle avec Charles Quint qui régnait sur le Saint Empire depuis 1519, s’est même allié avec les Ottomans en pensant affaiblir son rival d’une part et pour naviguer librement dans la Méditerranée. Ainsi la France est le seul pays qui n’a pas participé à la bataille navale de Lépante (1571) contre les Ottomans, qui réunissait une coalition européenne. Donc, la Méditerranée et l’est de l’Europe reste sur domination ottomane. L’espoir ne pouvait pas venir que de l’Autriche (les Habsbourg) d’une part et de la Russie d’autre part, d’autant plus qu’à la chute de Constantinople, considérée comme la 2ème Rome, Moscou souhaitait devenir la 3ème Rome et ainsi régner sur le monde orthodoxe.

    LES 4 EMPIRES

    AUTRICHE, FRANCE, OTTOMAN ET RUSSE

    Les siècles suivants sont surtout une confrontation directe entre les Empires, surtout russe et ottoman.

    Dans ces circonstances les princes valaques et moldaves tentent d’obtenir de l’aide et même un refuge en cas d’insuccès, soit chez les Russes, soit à Vienne.

    En 1699, suite à la bataille de Zenta sur la rivière Tisa en Serbie (1697) pendant la cinquième guerre entre la Sainte Ligue (le Saint-Empire Habsbourg, la principauté de Transylvanie, la Pologne-Lituanie, Venise et la Russie) et les Turques, l’Empire Ottoman est en fin forcé de reculer et de céder des territoires conquis notamment la Podolie à la Pologne, l’Hongrie, Croatie – Slavonie et Transylvanie aux Habsbourg et la Dalmatie aux Vénitiens (la paix de la Karlowitz) et Azov à la Russie.

    Ainsi le Saint-Empire germanique avec la monarchie de Habsbourg domine l’Europe Centrale et rivalise avec la France jusqu’en 1806 quand il périt sous les coups de Napoléon.

    Quant à la Russie de Pierre le Grand, elle complète sa sortie dans la Baltique par une expansion vers le sud de l’Europe ayant comme objectif la Mer Noire qui va lui permettre d’avoir une flotte pour participer au destin de l’Europe orientale.

    Le siècle suivant, le 18ème, avec Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Diderot et d’Alembert, et même avec des « rois » un peu plus éclairés, est le siècle « des lumières », car d’après Saint-Just « la révolution doit semer dans toute l’Europe l’idée neuve du bonheur » et aussi « les droits de l’homme et du citoyen ». Evidement il a eu la révolution de 1789 et puis Napoléon… qui voulait « unifier » l’Europe pour court-circuiter l’Angleterre. Finalement, la France malgré son rayonnement culturel qui a façonné toute l’Europe et même la Russie, a été mise au pilori par ses vainqueurs. Toutefois « la lumière » va transformer le 19ème siècle dans un siècle des nations.

    A l’Est, « la reconquista » commence par l’alliance de Dimitrie (Démètre) Cantemir, prince de Moldavie, avec le tzar Pierre le Grand (1711) qui est venu en personne avec une armée en Moldavie, mais malheureusement sans succès car son Empire était très éloigné de la frontière de l’est de la Moldavie (le fleuve Dniestr, Nistru). Dans le passé ses voisins étaient la Pologne au nord et les tatars à l’est, mais les russes en se posant comme défenseurs de la chrétienté, visaient la conquête de la Mer Noire. Dans cette expansion de deux Empires, les Principautés roumaines qui étaient les premiers intéressés à se libérer de la domination ottomane, comptaient peu. Ainsi suite à une 3ème guerre (1768-74) la Bucovine, région du nord de la Moldavie, passe aux autrichiens, et après la 4ème guerre et le second partage de la Pologne, les russes arrivent en 1792 (traité de Iassy en Moldavie) au littoral de la Mer Noire et à la frontière de la Moldavie, le Dniestr. Suite à la révolution française et à Napoléon, l’Autriche quitte au moins provisoirement sont intérêt vers les sud-est, surtout vers la Valachie, permettant ainsi aux Russes de continuer leur expansion par l’occupation pendant 6 ans des deux Principautés, Valachie et Moldavie (1806-1812).

    RUSSES OU TURCS, QUI SONT LES PIRES ?

    « Nous avons eu les sauterelles, nous avons eu les Turcs, les Russes, et tous les fléaux » « Laquelle des deux invasions vous fait le plus souffrir ? »

    L’analyse de G I Bratianu (1943) nous éclaire sur ce sujet.

    « La guerre et l’occupation russe avaient passé cette fois comme un véritable fléau sur les Principautés danubiennes. D’une expédition à l’autre, le régime d’occupants était devenu plus exigeant et plus dur ; déjà pendant la guerre précédente (elle avait pris fin en 1792), le duc de Richelieu, qui se trouvait au service de la Russie, avait remarqué au sujet des boïars de Moldavie, qu’ils m’ont paru très éloignés de l’état d’ignorance et de stupidité, auquel les Russes affectent de faire croire qu’ils sont réduits, pour justifier sans doute la hauteur et les mauvais traitements qu’ils leur font essuyer et qu’ils ne semblent mériter en aucune manière. Les contributions exigées par les Turcs avaient presque triplé pour la Moldavie administré par les Russes, et quintuplé pour la Valachie… Le rapport de l’agent français Mériage concluait ainsi : Ses provinces sont d’une admirable fertilité. Elles sont couvertes de troupeaux, mais l’armé russe a tellement dévoré ce pays qu’au commencement de 1809 il n’offrait déjà plus que l’image d’un désert… Après la fin des hostilités le consul de France à Iassy mandait encore à son gouvernement que les vexations et les exactions exercées par les autorités russes pendant l’occupation de ces provinces et notoirement dans les derniers temps de leur administration, ont laissé des souvenirs amers aux habitants, pour qu’ils puissent encore désirer le succès des Russes et surtout leur retour »…… on prête à Koutouzov, en réponse aux réclamations des malheureux « indigènes », dont il abusait de toutes les manières : « qu’il leur laisserait les yeux pour pleurer ».

    Et Thouvenel (1840) situe la misère dans les plaines de la Valachie :

    « Des rives de l’Olt à Bucarest, le pays est nu : c’est une plaine de trente lieues dévastés par la guerre et qui est, depuis ce temps, restée sans culture comme si, dans l’opinion des Valaques, elle devait encore bientôt servir de champ de bataille. Les bois qui la couvrent ont été rasés et brulés, il ne reste que quelques taillis chétifs ; mais pas un village, pas une terre labourée, la nature brute a reconquis tous ses droits ; seulement, à quelques intervalles, deux ou trois cabanes élèvent au-dessus du sol leurs toits de chaumes. Dans ces huttes souterraines végètent des êtres tellement dégradés par la misère qu’ils semblent ne plus appartenir à l’humanité ».

    Mais le réveil est là, surtout par tous ces jeunes qui ont étudié dans l’occident, notamment en France. Un grand poète moldave écrivait en 1848 à une amie française :

    « Je suis un paysan du Danube, quasi barbare, un Moldave, enfin, c’est tout dire !… Mon pays est beau, madame, riche, pittoresque ; tant par la couleur primitive que par le manque de civilisation besogneuse. C’est une petit oasis, d’autant plus inconnue qu’elle est perdue entre trois déserts : l’Empire autrichien, le despotisme musulman et l’absolutisme moscovite. Ma nation compte près de 10 millions d’habitants qui sont encore dans toute la barbarie des mœurs patriarcales »

    Entre l’Orient et l’Occident, « that is the question ! ».

    En 1830, d’après Saint-Marc Girardin le choix était fait :

    « Après l’inégalité, ce qui frappe le plus l’étranger à Iassi et à Bucarest (nb : capitales de la Moldavie et de la Valachy respectivement) c’est le mélange et la diversité des costumes. Parmi les hommes, plusieurs ont conservé le costume oriental ; les autres ont le costume européen ; et ces deux sortes de costumes se rencontrent dans la même famille ; le père est vêtu en boyard, le fils est vêtu à la française ; car ce sont surtout les jeunes gens qui ont le costume européen, et cela montre dans quel esprit marche cette société. Je n’ai jamais vu personne au-dessus de 40 ans qui portât le costume oriental. Quant aux femmes, il y a longtemps qu’elle ont toutes adopté le costume européen ».

    En Turquie il a fallu attendre Atatürk à la fin de la 1ère guerre mondiale pour voir une certaine européanisation.

    L’Europe était donc à la disposition des deux Empereurs, Napoléon et Alexandre 1er. La lettre adressée le 2 février 1808 par Napoléon à son ambassadeur à Moscou (et au tzar russe) est sans aucune ambiguïté : « Dites bien à l’Empereur que je veux tout ce qu’il veut ; que mon système est attaché au sien irrévocablement ; que nous ne pourrons pas nous rencontrer parce que le monde est assez grand pour nous deux ; que je ne le presse point d’évacuer la Moldavie et la Valachie ; qu’il ne me presse point d’évacuer la Prusse. Quant à la Suède, je verrai sans difficultés que l’empereur Alexandre s’en emparât, même de Stockholm… » Une alliance avec le tzar aurait permit à Napoléon d’aller vers la Perse et l’Inde et ainsi frapper les britanniques… « Dans ces vastes systèmes de compensations et d’échanges de trônes et des territoires, les Principautés devenaient un simple monnaie, jetée avec tant d’autres sur le marché des transactions européennes, où les partenaires de ce jeu surhumain offrait la Finlande contre l’Espagne, ou les Etats Danubiennes contre la Silésie » (G I Bratianu, La Bessarabie, 1943).

    Finalement devant le danger « Napoléon » qui est arrivé en Pologne, les russes se retirent mais en gardant la partie la plus fertile, la Bessarabie, la moitie est de la Moldavie, entre les rivières Prut et Nistre, jusqu’aux bouches du Danube (traité de Bucarest, mai 1812).

    6 semaines plus tard Napoléon rentre en Russie qui est obligée des retirer ses troupes stationnées au Danube, en vue de la bataille de Berezina.

    Puis il resta à conquérir l’indépendance par rapport à l’Empire Ottoman qui d’après le tzar russe était « l’homme malade de l’Europe ».

    VERS UNE EUROPE DES NATIONS

    L’Empire russe voulait contrôler les bouches du Danube et la Mer Noire et pourquoi pas conquérir Constantinople, qui était « la clé du monde » d’après Napoléon, alors que l’Autriche, revenue sur la scène internationale était intéressée par le nord-ouest des Balkans, y compris l’ouest de la Valachie, et pourquoi pas d’une sortie sur la Mer.

    En revanche la France et l’Angleterre, malgré leurs divergences, avaient un intérêt commun, le contrôle de la circulation en Méditerranée par l’anéantissement du piratage arabe et turc. En plus, et surtout l’Angleterre, s’inquiétait de la progression de l’Empire russe vers l’Orient, notamment dans les Balkans et dans la Mer Noire, voir Méditerranée, au détriment de l’Empire ottoman.

    D’autre part, après la chute de Napoléon, sur les cendres du Saint-Empire romain germanique, la Prusse régnait et en créant la « Confédération germanique » (1815-1848) elle vise une expansion vers les territoires du Nord-est d’une part et s’affirme comme partenaire économique privilégié de l’Empire Ottoman d’autre part, en participant à son développement et surtout à la modernisation de son armée à la place de la France.

    Notons aussi qu’en plus de ces 4 Empires impliqués dans le « devenir » de l’Europe existent encore d’autres Pays –Empires qui grâce à leur position « océanique » découvre un nouveau monde qu’ils exploitent à leur guise. C’est le cas de la Péninsule Ibérique qui est le siège des deux plus grands Empires coloniaux, l’Espagne et la Portugal. Au début de 8ème siècle presque toute la péninsule était conquise par des arabes musulmans venus d’Afrique de nord. La libération de terres occupées, « la reconquista », commence rapidement et prend fin en 1492, avec la chute de Grenade, le dernier bastion musulman. Débarrassée des musulmans l’Espagne s’intéresse plus à l’Amérique qui vient d’être découverte par Colomb, qu’à l’Europe. De même le Portugal, après la « reconquista » de leur pays et la prise de Ceuta (1415, détroit de Gibraltar) participe avec l’Espagne « aux grandes découvertes » en explorant la côte ouest de l’Afrique, le golf Persique et atteint l’Inde (Vasco de Gamma) et même l’Amérique du Sud. Ajutons aussi « les Provinces-Unies » (Hollande) qui participent aussi à la découverte et conquête du « monde nouveau », surtout du sud – est asiatique. Tout ces Empires – pays « océaniques » trouvent leur libertés d’action hors Europe, qui avec ses guerres ne les intéressaient pas.

    En revanche « les autres Empires » et surtout la France s’intéressent à ces voisins ibériques devenus si riches. Ainsi en 1823, pour respecter le principe de « légitimité dynastique » décidé au Congres de Vienne, la France intervient pour remettre en place le roi Ferdinand VII obligé de démissionner par les « libéraux ».

    C’est dans ce contexte que le vent de liberté arrivé de France, propagé par la Révolution française de 1798 et par la République, a contribué au réveil des petits peuples – nations qui sera funeste à l’Empire ottoman. La légitimité dynastique du congrès de Vienne (1815) est mise en cause par le principe des nationalités (un peuple, un état). Ainsi les Serbes, les Grecs et les Roumains se révoltent contre l’Empire Ottoman (1817 – 1821) qui réagit avec une férocité inimaginable. Exemple la pendaison du patriarche grec Grégoire V le jour de Pâques (1821) à la porte du Patriarcat de Constantinople, le massacre de l’ile de Chio (1822) où la population mâle a été égorgée (25 000) et les femmes et les enfants emmenés en esclavage ou même des phanariotes qui jadis étaient à leur service et qui ont soutenu la révolte, etc.… Devant ce fanatisme musulman la lutte pour l’indépendance était semblable aux croisades d’autrefois. La sainte Russie orthodoxe en poursuivant ses objectifs d’expansion vers les peuples slaves des Balkans, réagit et en 1821 envoie un ultimatum en demandant la protection des chrétiens de l’Empire ottoman, la restauration des églises détruites, et le rétablissement du régime privilégié institué déjà dans les Principautés roumaines.

    De même l’opinion publique occidentale s’indigne et soutient l’indépendance de ces peuples, surtout de la Grèce. Par exemple en France, « la fille ainée de la Grèce », les milieux artistiques et littéraires (Hugo, Delacroix, Châteaubriant…) par humanisme soutiennent ouvertement cette nouvelle croisade contre l’Islam. En Europe des comités philhellènes d’amis des grecs soutiennent activement la lutte pour l’indépendance grecque. Même Lord Byron a été une fervent philhellène. Il a dirigé le comité anglais de libération de la Grèce où il est même décédé.

    Ainsi les grecs, soutenus par la Russie, l’Angleterre et la France, vainqueurs à la bataille navale de Navarin, sont les premiers à obtenir l’indépendance en 1830, comme un hommage à la contribution de la Grèce antique à la civilisation européenne. Elle a été reconnue par les Ottomans seulement en 1932.

    Concernant les Principautés roumaines, leurs princes autochtones bien qu’investis par la Porte souveraine, se sont souvent révoltés contre l’oppresseur turc, et même ont fini décapité à Constantinople, telle la famille Brancoveanu. Leur fidélité à l’Empire ottoman étant discutable, l’administration des deux Principautés a été confiée aux grecs phanariotes, originaire du cartier Phanar de Constantinople, plus fidèles car ils étaient déjà impliqués dans l’administration de l’Empire Ottoman entier.

    Ainsi les Principautés étaient confrontées à un triple mal, domination turc à l’intérieur, une administration grecque et la peur d’une Russie conquérante, la seule vraie ennemie de l’Empire ottoman. Comme le destin des Principautés était lié à la Russie il fallait « volens nolens » aller vers la Russie pour essayer de mettre fin à 500 ans de domination ottomane, avec le prix de supporter l’envahissement répété de leur territoire par les troupes russes.

    A partir du Pierre le Grand, les troupes russes sont entrées, elles ont même envahi, 9 fois les Principautés : 1711, 1739, 1769-1774, 1788-1792, 1806-1812, 1828-1829, 1848 et 1854-1856, 1877-1878. Leur comportement a induit un sentiment de méfiance antirusse, depuis 1739. En 1770 le général russe Souvorov était prêt de prendre Constantinople, mais il a renoncé car l’Autriche s’y est opposée.

    Cependant en 1774 la Russie arrive à la frontière de la Moldavie et aux bouches du Danube et se considère comme protectrice des chrétiens de l’Empire Ottoman. Le nord de la Moldavie, la Bucovine est attribuée à l’Autriche. En 1812 la Russie prend la Bessarabie, et la soumet à une russification poussée, surtout à la perte de toute autonomie en 1828. Son caractère de « protecteur » est confirmé en 1829. En plus durant le Printemps des peuples de 1848, suite à la révolution française et à la diaspora roumaine éduquée à Paris, et devant le réveil de l’esprit national qui souhaitait l’unification des Principautés, la Russie occupe les Principautés qui étaient sous administration conjointe de la Russie et de l’Empire ottoman, avec une armée d’environ 100 000 hommes pour écraser tout esprit de liberté. En plus les Turcs passent le Danube et rentrent à Bucarest. Toutefois sous la pression anglaise ils étaient prêts d’admettre l’existence d’un Etat roumain, mais contraints par les russes ils renoncent. Ainsi cette fois-ci le tzar et le sultan sont tombés d’accord pour étouffer l’esprit de liberté. Pour « garder l’ordre », les Russes sont restés sur place jusqu’en 1851. Ils faisaient peur même aux Français : Prosper Mérimée envisageait « d’apprendre le russe pour parler aux cosaques dans les Tuileries ». Pourtant cette peur n’était pas justifiée car l’objectif prioritaire russe n’était pas « la protection » des Français mais de tous les orthodoxes de l’Empire ottoman. Comme le Sultan a refusé, en 1853 ils reviennent dans les Principautés. C’est le début de la guerre de Crimée (1853-1856) gagnée par l’Angleterre et la France. Au traité de Paris (1856) l’autonomie de la Valachie et de la Moldavie (sans la Bessarabie) est garantie par 52 Etats. Ceci a été possible car pour la première fois la Russie était affaiblie.

    Cependant leur unification était incertaine car la Turquie était farouchement contre. De même, l’Angleterre qui tenait à l’intégralité de l’Empire Ottoman et l’Autriche par peur de réveiller des aspirations nationales parmi son propre conglomérat de peuple. Dans cette condition, Napoléon III fervent défenseur de l’indépendance a réussi à admettre la nécessité de consulter les populations intéressées. Une 1ère consultation a été truquée par la Turquie et par la présence de l’armée autrichienne. Devant cet incroyable scandale, Napoléon III a réussi à convaincre la reine Victoria d’Angleterre pour refaire les élections sous un régime libre, et forcer la Turquie d’annuler l’élection précédente. Elle a eu lieu en septembre 1857 et cette foie-ci 84 électeurs ont été pour l’union et seulement 3 contre ! Ils demandaient une autonomie totale, un seul gouvernement et un prince étranger.

    A la conférence des décideurs (Paris, mai 1858) ces doléances n’ont pas été prises en compte notamment l’unification des Principautés qui sont restées séparées et sous la suzeraineté de la Turquie à qui elles devaient payer un tribut. Ainsi, l’unification risquait d’être envoyée aux calendes grecques. Pour éviter cette tergiversation à l’élection de leur gouverneur en janvier 1859 la Moldavie et puis la Valachie ont élu le même prince, Alexandru Ion Cuza, et en décembre 1861 le nom de Roumanie à été attribué aux deux Principautés ainsi réunies. Etant trop autocrate dans la modernisation du pays ainsi que dans son comportement, il a été remplacé par un prince « étranger », Charles – Carol de Hohenzollern, un prussien soutenu par Napoléon, comme

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1