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De ma terre natale à ma Terre intérieure: Témoignage religieux et philosophique
De ma terre natale à ma Terre intérieure: Témoignage religieux et philosophique
De ma terre natale à ma Terre intérieure: Témoignage religieux et philosophique
Livre électronique254 pages4 heures

De ma terre natale à ma Terre intérieure: Témoignage religieux et philosophique

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À propos de ce livre électronique

Suivez le fil d'un destin guidé par l'optimisme et la foi en la présence de Dieu.

En dépit des nombreuses difficultés rencontrées au cours de ma vie, j’ai pu m’associer à cette sentence du prophète Baruch (5, 1-9) : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours » et plus loin : « Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées et que les vallées seraient comblées : ainsi la Terre sera aplanie afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu » Ma Terre intérieure fut, en définitive, façonnée par une recherche de cohérence et par l’optimisme de Teilhard de Chardin qui pensait que le Créateur était présent en permanence auprès de nous dans le but de nous protéger et de supporter notre misère.
Là se situe l’Espérance.

Découvrez le témoignage philosophique et religieux d'un homme dont le parcours a été parsemé de difficultés autant que d'espérance.

EXTRAIT

La souffrance fait partie des émotions de ce monde qui respire de manière mystérieuse. On dit d’ailleurs, pour les plantes du monde végétal, que la fleur est associée à un processus de souffrance. Toute l’humanité est soumise à cette alternative de paix et de violence, de joie et de tristesse, de plénitude et de douleurs morales ou physiques. Tout homme est, au moins une fois dans sa vie, face à une épreuve, mais c’est souvent l’épreuve qui fortifie son être… à moins que cette épreuve ne le détruise… La souffrance reste un mystère et nous sommes devant elle des êtres souvent démunis mais libres. L’échec est vécu comme un drame de sorte que la vieillesse et la mort enferment l’homme dans une situation d’angoisse qui le terrorise. Alors la vie devient un non – sens et une recherche des seuls plaisirs immédiats. Comme le pense Teilhard dans sa vision évolutionniste, la souffrance est un processus qui doit nécessairement à un progrès, dans la mesure où ce processus est accompli dans l’union au Christ. Tout échec, et je peux en témoigner, peut être l’occasion d’une renaissance. Les religions ne jouent plus guère leur rôle de faiseuses de sens car l’être humain de notre temps ne comprend et n’admet que ce qui est « tangible. »
Durant son séjour ici-bas, l’homme rencontre, en de multiples occasions des états de souffrance physiques ou morales dont il ne connaît ni l’issue ni le sens. Son intelligence et sa liberté relative lui donnent souvent la possibilité de faire face à sa douleur par l’utilisation de thérapeutiques appropriées. Il existe des cas particulièrement tragiques où se trouvent en cause des contraintes morales ou religieuses qui affectent le mental et le soma de manière irréversible. L’illusion consiste à penser, en toute logique, que des circonstances plus ou moins malheureuses peuvent conduire la personne concernée à un échec inexorable. C’est ainsi que certains vivront dans un perpétuel état d’insatisfaction pour des raisons diverses liées à un passé qui ne s’est pas très bien déroulé, à cause de soi ou à cause des autres, que sais-je ? Des personnes reconnaissent : « ne pas s’aimer soi-même ! »
La théologie chrétienne fournit une réponse à de multiples types de problèmes et s’inscrit nécessairement dans une anthropologie qui va à l’encontre des préjugés habituels.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marcel Comby est retraité de l’Éducation Nationale, Il est membre du Réseau Blaise Pascal et de l’association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin. En tant que scientifique et catholique pratiquant, il s’est spécialisé dans la recherche de tout ce qui concerne les rapports entre la raison et la foi chrétienne. Sa pensée s’inscrit dans le cadre de la théorie de l’évolution inspirée par Teilhard. Ainsi sa vision du monde entre habituellement en résonance avec l’essentiel de cette philosophie de nature organique et cosmique.
LangueFrançais
Date de sortie9 août 2019
ISBN9782851136497
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    Aperçu du livre

    De ma terre natale à ma Terre intérieure - Marcel Comby

    Du même auteur

    Spectroscopie

    Éditions Bénévent

    décembre 2004

    Le monde tel que je le comprends

    Éditions TdB

    septembre 2009

    Fille de Sion, réjouis-toi

    Éditions Aubin

    septembre 2011

    L’homme, qui est-il vraiment ?

    Éditions Edilivre

    mars 2012

    Pour une unification du monde et son accomplissement

    Éditions Harmattan

    janvier 2013

    Les oiseaux ont 2 ailes pour voler

    Éditions du Signe

    octobre 2014

    Le dedans des choses

    Éditions Saint-Léger

    juin 2016

    Prologue

    Au cours de ces quelques pages, j’évoque quelques circonstances de ma vie afin de montrer comment le savoir et la transmission du savoir m’ont permis de surmonter une situation qui aurait pu s’avérer cataclysmique et comment la pensée de Teilhard de Chardin m’a finalement ouvert de nouveaux horizons dans le cadre de la métaphysique.

    Je suis né le 6 octobre 1931 à Odenas dans le département du Rhône mais deux mois après ma naissance, mes parents ouvrirent un commerce d’alimentation, toujours dans le Beaujolais, à Saint-Étienne des Oullières où je passai toute mon enfance jusqu’à la fin de la guerre en 1944. J’eus peu de communication avec mon père puisqu’il fut fait prisonnier de guerre en 1939 et resta en Allemagne durant 5 ans en tant que plombier dans un hôpital. Il faisait alors partie du stalag XI A. En fait, je ne fus pas pour autant isolé socialement car plusieurs hommes du village s’occupèrent de moi et me fournirent des activités diverses. Il s’agit du curé de la paroisse, de mon voisin le boulanger et un paysan dont un membre de sa famille était chef du service central a la SNCF.

    Dans ma conception du monde et de la théologie en particulier, je m’inspire, dans une certaine mesure, de Teilhard de Chardin sans toutefois distiller son œuvre mot à mot. À vrai dire, ma vision des choses résonne en contrepoint des siennes et il se trouve que depuis quelques années, j’écris beaucoup, soit sur le net, soit dans la revue : « Teilhard aujourd’hui » devenu cette année : « NOOSPHERE » sans compter les livres que je publie. Il m’arrive aussi de donner des conférences si on me le demande. J’ai appris qu’il n’existe pas, au sein de la condition humaine, de plaisir sans effort. Et, à ce titre, je cite ici un texte de Teilhard extrait de « Réflexions sur le Bonheur ».

    Je précise que :

    Pierre et Marie Curie furent de célèbres pionniers de la physique moderne

    Pierre Termier (1859-1930) fut un géologue français. Spécialiste de la tectonique et de la synthèse structurale des Alpes, il a étudié les mouvements tangentiels de la chaîne.

    Fridjdoft Nansen (1861 – 1930) fut un grand explorateur, un éminent scientifique et un grand diplomate norvégien ; il reçut le prix Nobel de la paix en 1922.

    Le bonheur n’est pas qu’une sensation ou un sentiment. C’est une vibration de l’être.

    À ce propos, je citerai certains éléments du langage qui m’apportent une certaine évasion intérieure qui me propulse en un autre espace ou un autre temps. Je cite par exemple : pionnier, jubilé, Jérusalem céleste, Messiaen, César Franck, Monroe, Arkansas, Sierra Nevada, Malraux, Montherlant, Berchtesgaden. Le dernier nom propre me rappelle le charme mélancolique du folklore bavarois mais également un certain territoire imaginaire d’où l’on ne revient pas. Il y a comme cela des petits bonheurs furtifs que procure le poids des mots. D’ailleurs, étant encore enfant, j’avais placardé sur un mur de ma chambre une affiche représentant un beau cow-boy debout devant son cheval au repos avec en arrière-plan un paysage grandiose et lumineux du désert californien. Cette photo symbolique annonce probablement une conquête : celle du savoir sans doute, mais plus encore celle d’une réalité d’un autre ordre.

    Au sens fort, appelons Symbole cette possibilité de transparence de toute chose. Ne disons pas : « telle chose a d’abord sa réalité de chose, ensuite elle a la possibilité de faire penser à Dieu », car d’où vient sa réalité de chose, si ce n’est pas par Dieu ou pour Dieu qu’elle est ? Disons plutôt : « telle chose a sa réalité en Dieu », ensuite elle est présente à nos yeux superficiels l’illusion d’être réelle sur son plan. Alors si Dieu m’éclaire, je verrai que cette réalité illusoire n’est rien d’autre qu’illusoire, et qu’elle me cachait la présence immuable du seul Réel auquel mon âme aspire.

    Ainsi le désert, dans notre imaginaire, occupe une place primordiale en grande partie grâce à la Bible. En effet, il occupe une place de choix dans la vie spirituelle du peuple d’Israël. Le symbole du désert a, dans la tradition biblique, une double portée. Il représente d’une part un lieu de désolation, sans vie, sans eau, que Dieu n’a pas béni. D’autre part, il évoque une étape dans l’histoire du salut : le passage du peuple d’Israël sur ce territoire aride, avant d’arriver en terre promise.

    En quittant l’Égypte, Israël prend le chemin indiqué par son Dieu. L’itinéraire n’est pas le plus court, mais le Seigneur veut être le guide de son peuple (Exode 13, 21). Le passage d’un état de dominé à celui d’une nation maîtresse de sa destinée se fait par la traversée du désert. C’est en ce lieu qu’Israël commence à adorer son Dieu. C’est là aussi que la Loi est donnée et l’Alliance conclue. Des expériences aussi marquantes ont laissé des traces dans l’imaginaire collectif du peuple choisi. Le temps du désert est aussi un temps d’épreuve. Ayant quitté l’Égypte, où au moins il mangeait à sa faim, Israël se retrouve démuni, à la merci totale de son Dieu qui désire sonder en profondeur la foi d’un peuple. Celui-ci n’échappe d’ailleurs pas aux regrets et aux infidélités (Exode 14, 11). La domination égyptienne n’empêchait pas la capacité de se rendre meilleur. Alors quel était donc le dessein divin sur son peuple ?

    Mais dans sa grande fidélité, Dieu n’oublie pas son peuple et lui fait voir sa miséricorde. Malgré les murmures de mécontentement, il donne de quoi survivre au désert : l’eau jaillissant du rocher, les cailles, la manne... Par contre, il fait périr ceux qui refusent de sortir de leur endurcissement (Nombres 14, 29). Mais au bout de la route, pour ceux et celles qui ont tenu le coup, la terre promise apparaît. À partir de ce moment, l’image du désert est aussi bien celle d’une terre d’épreuve que le lieu de la révélation de la gloire et de la sainteté divine.

    En fait, ce désert évoqué ici représente celui que j’aurai à parcourir quelques années plus tard. Le cow-boy est le symbole d’un être drapé dans sa solitude et le cheval représente un impétueux désir, désir de savoir plus et de transmettre plus, désir sans cesse renouvelé de surmonter le destin en y cherchant les mystérieux effets de la résilience et d’atteindre une certaine terre promise.

    Chapitre 1

    La condition humaine

    (Matthieu 17, 1 – 13)

    D’abord, il faut préciser que, dans notre peau de terrien, nous ne savons ni ne pouvons accéder directement à la nature même des réalités que nous observons et encore moins à leur essence. Le monde réel nous paraît en fait illusoire. Alors que devenons-nous hors de l’espace – temps, affectés de notre condition d’être imparfait, incomplet et inaccompli ?

    Lors d’un examen universitaire de physique générale qui se déroulait il y a plus de 50 ans, l’épreuve pratique qui me fut attribuée portait sur l’utilisation d’un spectroscope mobile dans le but d’observer certaines caractéristiques d’un objet microscopique. Celui-ci occupait le centre d’un support circulaire tandis que l’appareil pouvait être déplacé le long de la périphérie. Une source de lumière blanche permettait d’entreprendre l’étude de la configuration de l’objet compte tenu des résultats fournis par les mesures angulaires opérées sur les différentes raies spectrales. Qui ne connaît ces fameux anneaux lumineux composant l’arc – en – ciel après la pluie ?

    Si je cite cet événement apparemment assez banal sur le plan scientifique, c’est qu’il contient une grande valeur métaphorique. L’objet central, qui ne révèle rien au niveau de l’observation directe, peut être considéré comme la métaphore d’une réalité dans son sens absolu. Le spectroscope, qui a le pouvoir de transformer la nature invisible pour nos sens en une analyse intelligible faisant intervenir les couleurs de l’arc-en-ciel, représente pour moi l’ensemble des facultés de la psyché. Celle-ci se comporte comme une sorte de « filtre » qui va laisser passer seulement des modèles et des images tels que les expressions du langage, l’ensemble des nombres entiers, l’univers infiniment suggestif des formes géométriques, le réservoir abondant des concepts et des notions, le trésor infiniment riche de nos émotions et de nos intuitions, etc. Il faut savoir que dans toutes les cultures, les couleurs ont revêtu d’ailleurs des symboliques particulières : elles représentent soit des divinités, soit des éléments dans les œuvres d’art, soit des symboles religieux, soit des représentations de certaines réalités fondamentales telles que le soleil et la lumière, l’eau et la nature, le monde des planètes, etc. Les couleurs peuvent être liées aussi aux facultés de l’esprit. Elles figurent donc, dans ce champ symbolique, les composantes de la Conscience Rationnelle.

    Cette conscience rationnelle dérive de l’expérience que nous avons des réalités. Elle a pour fonction d’établir essentiellement des rapports entre les choses, de les distinguer, de les comparer, de les séparer, de les mesurer, de les contempler et de les classer par catégories. L’abstraction est le trait essentiel de cette connaissance.

    Ainsi, à l’instar de cet appareil magique qui nous livre certains secrets de la matière, nous savons construire une « carte intellectuelle » de la réalité dans laquelle les choses se réduisent à leur profil général. La philosophie peut ainsi s’enrichir de toute une pédagogie capable de nous apprendre à réfléchir et à comprendre l’organisation du monde et en particulier l’organisation ordonnée de tous nos modes de pensée.

    Je précise alors que, dans un processus de retour aux sources, la lumière et la blancheur, constituent des métaphores essentielles désignant des réalités supranaturelles dans les Évangiles. Le blanc représente le passage de la mort à la vie. Le blanc est l’état limite de la réunification des couleurs, donc une renaissance, un retour à l’origine de toute chose.

    Le blanc est la couleur de la Révélation, de la Grâce et de la Transfiguration dont la lumière éblouit. Le blanc élève l’esprit, apaise et réjouit le cœur, éveille l’intelligence tout en exprimant avec force et puissance une Vérité inaccessible.

    La lumière vient à nous puis retourne à l’Être Suprême.

    Peut-être a-t-on la possibilité de raisonner en faisant appel à la symétrie événementielle. Ainsi pour moi, l’épisode de la Transfiguration est très intéressant. Il a une valeur considérable dans la mesure où l’apparence de Jésus évoque cette réalité selon laquelle la couleur blanche représente chez le physicien la réunification des couleurs du spectre lumineux. Il s’agit d’un changement d’état, d’une mutation, d’une renaissance, d’un retour vers la perfection divine qui se fonde sur une vie d’amour et de don, délivrée de toutes les dualités auxquelles sont soumises toutes les réalités immanentes.

    Notre corps devient sans nul doute un corps transfiguré, et il est probable que nous sommes infiniment proches de tout un univers cosmique très subtil qui existe déjà en relation avec nous, qui nous absorbe, mais que nous ne pouvons pas encore appréhender dans notre vêtement terrestre.

    Chapitre 2

    Jeunesse des temps perdus

    Rendez-vous en terre inconnue

    18 avril 2017 La chaîne de télévision FR 2 relate les aventures de la comédienne Cristiana Reali, partie un jour à la découverte des Aborigènes, sur les côtes sauvages du Kimberley, au nord-ouest de l’Australie. Pour elle, comme pour son guide Frédéric Lopez, c’est un véritable choc de rencontrer le clan des Worrorra. Ceux-ci ayant décidé de revenir sur la terre de leurs ancêtres, chassés autrefois par les Blancs ; un choix qui implique de tout réapprendre de ces traditions et de ce mode de vie très particulier. Ce séjour enrichissant lui permit une plongée dans l’histoire passionnante des Aborigènes et leur évolution au fil des années. Mettre en lumière et entendre la parole d’hommes et de femmes qui vivent dans des zones particulièrement reculées, comprendre leur culture, leur religion, partager leur vision optimiste du monde, telles sont les intentions de « Rendez-vous en terre inconnue ». La magie naît d’une rencontre inattendue qui naît d’une mystérieuse connivence entre des êtres humains que tout sépare. Gary, le chef de clan, explique avec une étrange sincérité que la dure vie de ses ancêtres contenait d’immenses valeurs que sa communauté avait délaissées au profit d’un système culturel marqué par l’abus de l’alcool et de la drogue conduisant la personne humaine à une inexorable destruction des autres et de soi. Pour Gary, il semble que l’homme soit davantage créé pour vivre en symbiose avec la nature et la famille que pour emprunter les chemins artificiels de la vie moderne qui conduit à la solitude intérieure et à une certaine désespérance.

    4 décembre 2018 Sur la même chaîne FR2, on découvre une rencontre inoubliable entre la tradition des Kogis et la modernité incarnée par le spationaute français Thomas Pesquet. Ces Amérindiens de Colombie vivent en autarcie, sans argent et ont une admiration sans fin pour la Terre qu’ils respectent et protègent. Leur message est très parlant pour Thomas qui a lui aussi un discours écologique d’autant plus qu’il possède l’outil céleste pour admirer notre planète. Mais le merveilleux de l’histoire n’a pas qu’un aspect écologique. Il révèle magnifiquement que notre attachement à notre terre natale ou même à une autre terre conditionne tout le déroulement de notre vie. Ce sont nos racines et nous leur devons toutes nos pensées, toutes nos intuitions, tout notre être. Ainsi prendre rendez-vous en terre inconnue, n’est-ce pas seulement se rendre par curiosité dans des contrées lointaines, mais remonter dans le temps, comme le rêvait cet émouvant ami Gary, ou encore, comme l’aurait écrit Teilhard de Chardin, explorer le Dedans des choses, autrement dit : la Terre intérieure.

    Le village de mon enfance

    La France rurale d’hier était, il faut bien le dire, affublée de traditions qui de nos jours étonneraient profondément. Ce qui est amusant, c’est que je réussis à m’y faire remarquer involontairement à quelques semaines de ma naissance… lors de mon baptême ! À cette époque d’avant Vatican II, sur le plan de la pastorale, les prestations en matière de services religieux étaient très réglementées. Comme dans les trains, il fallait distinguer trois classes. Ainsi la qualité d’une célébration était fonction du niveau social des personnes concernées. Mes parents n’étant pas riches, je n’avais droit, pour mon baptême, qu’a une seule cloche sur les trois qui étaient normalement en activité lors des grandes fêtes. Or quelles ne fut pas la surprise et la colère du curé voyant sans pouvoir réagir toute ma famille s’engouffrer dans l’étroit escalier qui mène au clocher. Et les cloches sonnèrent à toute volée comme si j’avais été le marquis du village. « Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant, et dont les princes mangent dès le matin ! » (Ecclésiaste 10 – 16)

    Mais cette rigueur dans les règles de l’Église catholique de ce temps-là n’avait pas qu’un aspect négatif. Les rites religieux participaient magistralement au rythme du sacré et à celui de la nature, ce qui, plus tard, convînt parfaitement à mon esprit sensible à la beauté et perméable au symbole, transparence de toutes choses. En fait, je naquis dans une vieille petite maison sans caractère flanquée au beau milieu d’un champ de vignes, y resta deux mois avec mes parents et grands-parents maternels et accompagnai mes parents qui s’installèrent définitivement dans le village voisin pour tenir une épicerie. Quant à moi, durant les13 années que j’y vécus, a pu s’appliquer cet aphorisme de La Bruyère : « Les enfants n’ont ni passé ni avenir, ils jouissent du présent ». Ils meurent souvent très tôt car la société d’alors n’avait rien de comparable du point de vue confort avec celle d’aujourd’hui. À 7 ans, je contractai la redoutable coqueluche que ma mère tentait d’enrayer à l’aide d’un sirop obtenu en serrant fortement dans un torchon de cuisine les quelques limaces que j’allais cueillir dans les prairies alentour. C’est à l’âge de 8 ans que je quittai définitivement ce que j’appellerais la petite enfance en raison de toutes les petites expériences que j’allais vivre, pour mon plus grand bonheur d’ailleurs… en attendant de faire une autre expérience cette fois à l’aube de mon adolescence.

    Il y a plus de 77 ans, ce village de mon enfance fut plongé dans l’ambiance oppressante de la Seconde Guerre mondiale. Un modeste poste Radiola, messager de l’appel gaullien du 18 juin 1940, était la seule liaison avec le monde extérieur, la France, l’Europe et tout le reste. Et pourtant la vie, à cette époque troublée, était, pour un innocent enfant de la campagne, toute aussi belle et enrichissante que l’emploi du temps d’un écolier ou d’un collégien de l’an 2017 soumis à un activisme débordant et à des sollicitations de toutes sortes. L’esprit d’un enfant ne se construit pas sur des addictions provoquées par l’usage abusif de certains appareils dont la technologie éloigne du réel. Mon esprit à moi s’était construit, comme on va le voir, sur des passions naturelles en lien avec la vie des autres ou avec la vie tout court. En septembre 1939, mon père fut mobilisé et plus tard fut fait prisonnier de guerre. Il demeura 5 ans en Allemagne en tant que plombier au service d’un hôpital de Dessau. Durant tout ce temps, je demeurai seul avec ma mère qu’à mon âge, je ne pouvais seconder dans la gestion de l’épicerie. En dehors des heures d’écoles, j’étais en somme un citoyen possédant une grande autonomie dont j’allais me servir utilement pour satisfaire à mes activités préférées. Je prends ici la précaution de ne pas utiliser le mot « loisir ». Il y a bien des loisirs que je me suis offert comme faire des cabanes dans les arbres avec mes camarades de classe et jouer à la petite guerre. Mais cela n’eut qu’un temps.

    À la rencontre du savoir

    Certains mots du langage, qu’ils soient français ou étrangers, ont toujours fait naître en moi une sensation particulière qui apparaît comme un message subliminal. J’aime le mot « pionnier » par exemple ou « Jérusalem céleste » ou encore le toponyme de certaines régions du monde particulièrement le nom de certains états des USA. Un soir de l’année 1940, je passai devant le bistrot du village et entendis pour la première fois retentir le mot « De Gaulle ». J’étais bien loin de savoir qui était ce personnage, mais le son produit par la gérante produisit en moi une étonnante réaction et une satisfaction de joie contenue. Ce n’est qu’en juin de cette même année que mon expérience prémonitoire allait trouver son explication et naturellement j’en fus ravi car dès cette époque je haïssais le Maréchal Pétain et davantage encore son acolyte en la personne de Pierre Laval, personnage qui sentait la corruption par tous les pores de la peau.

    Pierre Laval est né le 28 juin 1883 à Châteldon (Puy-de-Dôme) et mort fusillé le 15 octobre 1945 à la prison de Fresnes. Parlementaire et maire d’Aubervilliers, il fut plusieurs fois ministre et président du Conseil sous la Troisième République. Après Philippe Pétain, il était la personnalité la plus importante de la période du régime de Vichy et le principal maître d’œuvre de la politique de collaboration d’État avec l’Allemagne nazie. Ayant puissamment aidé à la fondation de « l’État français » en juillet 1940, il fut vice-président du Conseil et dauphin désigné du maréchal Pétain jusqu’à son éviction soudaine, le 13 décembre 1940. Il revint au pouvoir avec le titre de chef du gouvernement, du 18 avril 1942 au 19 août 1944, période au cours de laquelle il prononça le discours du 22 juin 1942 comportant la phrase fameuse : « Je souhaite la victoire allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme demain s’installerait partout. » En fuite à la Libération, il fut arrêté, jugé, condamné à mort pour haute trahison et complot contre la sûreté intérieure de l’État par la Haute Cour de justice et fusillé.

    De Gaulle était synonyme de liberté retrouvée. Enfant, j’ai en permanence saisi en moi de

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