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Expat' aux Philippines: Le vécu lucide et sans filtre d'un expatrié montois aux Philippines
Expat' aux Philippines: Le vécu lucide et sans filtre d'un expatrié montois aux Philippines
Expat' aux Philippines: Le vécu lucide et sans filtre d'un expatrié montois aux Philippines
Livre électronique273 pages3 heures

Expat' aux Philippines: Le vécu lucide et sans filtre d'un expatrié montois aux Philippines

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À propos de ce livre électronique

La vie d’un français expatrié aux Philippines depuis dix ans. Son vécu, son analyse.
LangueFrançais
Date de sortie10 juil. 2020
ISBN9782312074719
Expat' aux Philippines: Le vécu lucide et sans filtre d'un expatrié montois aux Philippines

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    Aperçu du livre

    Expat' aux Philippines - Didier Miraud

    cover.jpg

    Expat’ aux Philippines

    Didier Miraud

    Expat’ aux Philippines

    Le vécu lucide et sans filtre d’un expatrié montois aux Philippines

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2020

    ISBN : 978-2-312-07471-9

    Avant-propos

    Les Philippines… Pour un Français lambda, ce nom évoque vaguement un pays lointain – très lointain – perdu dans le Pacifique en région tropicale. Peu de nos compatriotes sauraient dire avec certitude où ce pays se trouve…

    Les raisons de cette ignorance sont simples : les Philippines sont rarement évoquées dans les journaux télévisés, sinon à l’occasion d’un typhon ou d’un séisme particulièrement violents, destructeurs et meurtriers… Malheureusement on parle davantage des trottoirs de Manille, cette mégalopole où sévissent la prostitution des très jeunes filles et le tourisme sexuel le plus abject. Bien qu’exotique ce pays ne fait pas encore partie des catalogues des agences de voyages « grand public », les infrastructures y étant encore à l’état embryonnaire, même si ce pays a toutes les qualités pour devenir à terme une destination touristique intéressante. Les Français et les Européens vont volontiers en Thaïlande, au Viet Nam, en Chine, en Indonésie, voire en Australie, mais les Philippines ne sont pas encore inscrites dans les neurones occidentales, alors que ce pays ne manque certes pas de charme et d’attraits naturels et historiques des plus intéressants. Mais il y a, comme ça, des parties du monde qui restent à l’écart des circuits, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi.

    Les Philippines sont donc largement méconnues chez nous. Voila pourquoi, y vivant depuis maintenant près de 10 ans, après avoir quitté mes Landes natales et mon travail de flic à Paris, j’ai décidé de m’y installer afin de rejoindre mes enfants nés de ma relation avec une fille issue de ce pays, rencontrée, par un de ces hasards de la vie, qui scelle quelques années de votre existence, pour le pire et le meilleur (en l’occurrence j’apprendrais un peu trop tard que ce fut pour moi le pire, mais ceci est une autre histoire) –, dans un bus parisien – elle vivait à Paris avec sa mère depuis quelques années, après avoir connu l’Algérie, et l’Allemagne –, pendant que j’effectuais mon service militaire comme Auxiliaire de police dans la Police Nationale à Saint-Maurice (commissariat de Charenton-le-Pont), dans le Val de Marne.

    Depuis 2010 je vis donc une existence d’expatrié, vivant de petits boulots et d’une allocation de handicapé en raison de la cécité qui m’a touché depuis 5 ans. Grâce à ma nouvelle compagne qui parle anglais couramment j’ai fait de spectaculaires progrès dans la langue de Shakespeare et, grâce à mon passé de flic et mon habitude de manier la législation, je me suis intéressé, par l’intermédiaire d’Internet, aux codes judiciaires philippins, ce qui me permet, en servant d’interprète, de venir en aide aux expat francophones – Français, Belges, Suisses, Canadiens – à qui il arrive d’avoir maille à partir avec une justice « à l’américaine » et très corrompue de ce pays… Ayant plusieurs enfants d’âges divers j’ai eu également à connaître les arcanes de l’enseignement et des écoles philippins, copiés sur le modèle anglo-saxon, mais avec une « philippian touch » très déroutante pour un enfant de l’école laïque, publique, gratuite et obligatoire chère à Jules Ferry… J’ai eu aussi, et malheureusement, à utiliser les services de santé, expérience, particulièrement déroutante pour un habitué de notre vieille et bonne Sécurité Sociale : croyez-moi, vu d’ici, le système de santé « à la française » est du domaine d’un rêve inaccessible, et les Français ont bien tort de se plaindre de la Sécu ou des services hospitaliers de notre pays…

    En 10 ans j’ai donc beaucoup appris sur ce pays complexe où le mode de vie est aux antipodes de celui des Français – mais très attachant, qui est devenu mon pays, même si je me tiens étroitement informé des événements politiques, économiques, sociaux, sportifs qui s’y déroulent, grâce à mon père avec qui je suis en relation très suivi par courriels, et aux moyens d’information actuels – Internet, radios et télés françaises et francophones.

    Je crois donc en savoir suffisamment sur ce pays pour le faire connaître, de l’intérieur, et en m’appuyant sur une longue expérience, aux Français, réputés pour être mauvais en géographie, ce pays, à la fois traditionnaliste et entré de plain pied, par certains aspects, dans la modernité.

    Pendant la rédaction de ce livre de souvenirs, les Philippines ont été affectées, comme nombre de pays, par la pandémie du covid-19, qui a fortement ébranlé le pays et ses habitants. C’est pourquoi, à un moment de mon récit, je me suis adapté en rendant compte, à la manière d’un journal de bord des événements, pour mieux faire le parallèle entre ce que vivent un pays sous-développé et un pays riche comme la France. Et cette crise vous en apprendra davantage que la lecture de nombre de documents plus ou moins officiels ou orientés. Puisqu’il s’agit ici vraiment d’une plongée à l’intérieur d’un pays.

    PREMIÈRE PARTIE :

    Les Philippines :

    « bienvenue en terre inconnue »

    img1.jpg

    Les Philippines, un archipel tropical surpeuplé, longtemps colonisé

    DES CONDITIONS NATURELLES DIFFICILES

    Les Philippines se situent dans l’Océan Pacifique, à 800 km du continent asiatique, entre l’île de Taïwan, au Nord, dont elles sont séparée de 360 km par le détroit de Luçon, et Bornéo au Sud Ouest.

    Elles forment un archipel de 7107 îles, dont environ 2000 sont habitées, et au moins 2400 d’entre elles ne portent pas de nom, pour une surface totale de 300000 km2 (soit l’équivalent de la superficie du Royaume-Uni) : les 11 îles les plus grandes totalisent 94 pour cent du territoire – la plus grande, Luçon, s’étend sur 105000 km2, et la deuxième, Mindanao, sur 95000 km2.

    On distingue trois zones géographiques : Luçon, Visaya et Mindanao. Luçon est l’île la plus septentrionale et la plus grande et abrite la capitale, Manille et la plus grandes ville du pays, Quezón City. Au centre, le groupe dense des Visayas comprend, entre autres, les îles de Negros, Cebu, Bohol, Panay, Masbate, Samar et Leyte. Au Sud, Mindanao est la deuxième par sa superficie ; ses principales villes sont Davao, Marawi, Zamboanga et Cadaga de Oro. Au Sud Ouest de Mindanao se trouvent les îles de Sulu, telles que Baslan, Jolo et Tawi-Tawi, proches de Bornéo. Enfin, à l’Ouest des Visayas s’étend l’archipel de Palawan, qui compte à lui seul plus de 1700 îles. L’île la plus proche du continent asiatique se situe à 650 km au Sud Est des côtes chinoises.

    À la latitude comprise entre 21°10 et 4°40 Nord, l’arc insulaire s’étend sur 1620 km du Nord au Sud et 1066 km d’Ouest en Est. Au Sud est située l’île des Célèbes tandis qu’au Sud-Sud-Est se trouve l’archipel des Moluques, tous deux appartenant à l’Indonésie. Au Sud Ouest le détroit de Sulu les sépare de Bornéo, île partagée entre la Malaisie, l’Indonésie et le sultanat de Brunei. Et à environ 500 km à l’Est s’étend le petit archipel des Palaos, une petite république indépendante de 480 km2 et 22000 habitants.

    D’origine volcanique, les îles des Philippines font partie de la Ceinture de Feu du Pacifique. Elles sont parsemées de plusieurs volcans actifs, la dernière éruption étant celle du mont Mayon en 2014. Ce volcan présente la silhouette la plus proche du cône parfait qui soit au monde.

    Le relief particulier des îles est montagneux, creusé de nombreuses vallées. Toutes les îles possèdent des plages, le plus souvent étroites et les grandes plaines ainsi que les cours d’eau navigables sont rares.

    La plupart des îles était couvertes de forêt tropicale, mais la déforestation a réduit sa surface à 10 pour cent.

    Le climat est de type tropical marin. La mousson d’été apporte de fortes pluies de Mai à Octobre, tandis que la mousson d’hiver, qui s’établit de Décembre à Février apporte de l’air plus frais et sec.

    Les températures sont souvent supérieures à 40 degrés et les températures les plus fraîches ne descendent jamais en dessous de 20 degrés. Les précipitations annuelles peuvent atteindre 5000 mm sur la côte Est et tomber en dessous de 1000 mm dans certaines vallées abritées. La saison des typhons dure de Juillet à Octobre ; ils peuvent être particulièrement violents, destructeurs et meurtriers au Nord et à l’Est de Luçon, ainsi que dans les régions de Bicoloe et à l’Est des Visayas. En moyenne 15 tempêtes tropicales et 5 à 6 typhons traversent le pays chaque année.

    Aux Philippines les ressources sont variées mais peu abondantes : bois, pétrole, nickel, cobalt, argent, or, sel, cuivre.

    Le relief du pays explique que l’espace agricole n’est pas très étendu : 19 pour cent du territoire sont constitués de terres arables, avec 12 % consacrés aux cultures permanentes, qui produisent dans l’ordre du riz, des cocotiers, les noix de coco étant la principale source d’exportation agricole du pays, et du maïs, et 4 % occupés par des pâturages permanents. La forêt occupe 46 %du territoire. Les terres irriguées, essentiellement pour le riz, très gourmand en eau (le riz est une céréale qui pousse « les pieds dans l’eau et la tête au soleil ») représentent près de 16000 km2. Le riz est cultivé dans les plaines mais aussi sur les versants des montagnes aménagés en terrasses qui demandent un entretien permanent et donc un travail particulièrement pénible.

    Comme beaucoup de pays en voie de développement, les problèmes environnementaux sont nombreux : déforestation, érosion (nombreux glissements de terrain dûs aux pluies violentes), pollution de l’air et de l’eau, pollution des mangroves. À ces problèmes « classiques » s’ajoutent de fréquentes catastrophes naturelles : typhons, séismes, éruptions volcaniques, glissements de terrains, tsunamis…

    HISTOIRE DES PHILIPPINES AVANT LA COLONISATION (MILIEU DU XVIe SIÈCLE)

    C’est à la fin de la dernière ère glaciaire que le niveau de la mer est monté de 35 mètres, submergeant l’isthme reliant les reliefs volcaniques, qui formeront les Philippines, au continent asiatique, donnant également naissance au mers peu profondes du Nord de Bornéo.

    L’histoire des Philippines a commencé après l’arrivée des premières populations, en provenance des îles proches du continent asiatique, par voie terrestre ou maritime, il y a près de 50000 ans, comme en témoignent de nombreuses traces archéologiques (nombreux outils de pierre, armes et outils en silex…) trouvées dans le pays, notamment au Nord de l’île de Luçon et dans l’île de Mindanao ; les grottes de Tabon, sur l’île de Palewan, montrent des traces d’occupation humaine remontant à plus de 30500 ans ; c’est dans ces grottes qu’on a découvert le plus ancien fossile humain des Philippines, un morceau de crâne daté de 22000 ans.

    En 2019, les archéologues ont retrouvé, dans une grotte, les restes d’un individu datant d’il y a 50000 ans ; mi bipède – il marchait sur le sol, mi australopithèque – il grimpait aux arbres. Après la submersion de l’isthme et la transformation en archipel du territoire, les flux de populations ne deviennent alors possibles que par voie de mer grâce à l’utilisation de pirogues de type prao construites à partir de troncs évidés à l’aide d’herminettes. Vers 2000 ans av. J.-C. des migrations de Chinois installés sur l’île de Formose (Taïwan), cultivateurs de riz et millet, ont lieu vers les Philippines. Puis des migrations commencent depuis les Philippines vers l’Indonésie puis vers la Nouvelle-Guinée et les îles du Pacifique.

    Depuis le IIIe siècle, les peuples des Philippines sont en contact avec les peuples d’Asie du Sud Est, en particulier Indochine, Viêt-Nam, Bornéo et Sumatra… Après l’avènement de la dynastie Ming, elles passent dans la sphère d’influence chinoise.

    Vers l’an 1000 de l’ère chrétienne, les Philippines possédait une population organisée en tribus dispersées, sédentarisées pour la plupart dans des petits villages isolés, qui vivaient de la culture et de la pêche, ou semi nomades dans les régions montagneuses de l’intérieur, qui tiraient leur subsistance de la chasse, de la cueillette et de la culture sur brûlis.

    Les migrants malais apportèrent le fer et le tissage. À partir de l’an 1000 les contacts avec l’extérieur se multiplièrent avec l’arrivée de commerçants chinois, indiens, arabes et indonésiens, qui troquèrent céramique, métaux, textile etc. contre des perles, du corail, de l’or, du riz et du poisson séché. Des Chinois installèrent des communautés permanentes au XIIe siècle. Les Philippines passèrent ensuite sous la domination de royaumes maritimes indo-malais installés à Sumatra et à Java. Au XIVe siècle, l’archipel des Sulu, situé au Sud des Philippines est situé sur la route maritime entre la Chine et les Moluques, et le commerce avec les marchands chinois fait sa fortune et il s’émancipe de toute tutelle.

    Avant l’arrivée des Espagnols, les Philippines comptaient quelques petits royaumes plus ou moins indépendants les uns des autres, bouddhistes, tels les royaumes de Butuan, Tondo et Maysaban, florissant depuis le Xe siècle, et des sultanats musulmans, tels que ceux de Sulu, Maynila, Maguindanao et Lanao. Ces royaumes et sultanats avaient une organisation politique et sociale complexe et faisaient du commerce avec la Chine, la Thaïlande, le Viêt-Nam, Java et le Japon. Mais aucun de ces royaumes n’arrivent à étendre son influence sur l’ensemble de l’archipel.

    La colonisation espagnole (milieu du XVIe-fin du XIXe siècle).

    Le 16 Mars 1521, Ferdinand de Magellan, explorateur portugais voyageant pour le compte de l’Espagne, est le premier Européen à aborder ces îles, quand il débarque sur l’île de Homonhon au Sud Est de Samar. Le tour du monde sera achevé par ses lieutenants, car il trouve la mort, le 27 Avril, sur l’île de Mactan. (proche de Cebu) blessé à mort par une flèche empoisonnée par un indigène (considéré comme le premier héros philippin) lors d’un combat opposant d soldats Espagnols aux guerriers du roi de Cebu. Cet archipel prendra le nom de Philippines quelques années plus tard donné par Rui Lopez de Villa-Lobos en l’honneur de l’infant, futur Philippe II d’Espagne. Peu après sa découverte l’archipel est entré dans l’empire colonial espagnol à partir de 1565 avec la conquête officielle par Miguel Lopez de Legazpi, qui établit la colonie permanente de San Miguel sur l’île de Cebu ; d’autres colonies sont implantées par la suite en se dirigeant vers le Nord et atteignant la baie où il fonde Manille en 1571 sur l’île de Luçon. À Manille, les Espagnols construisent une nouvelle ville, et commence alors une période de domination de l’archipel par l’empire espagnol. La conquête est longue et la petite communauté espagnol reste d’abord essentiellement cantonnée à Manille. Peu à peu l’archipel est conquis, mais Le sultanat de Sulu, au Sud du pays, résiste vaillamment, et, malgré plusieurs expéditions les Espagnols n’arriveront pas à l’occuper lors de cette conquête et Sulu est abandonné et reste indépendant.

    Les Espagnols apportent une unité politique et introduisent des éléments de la civilisation occidentale, tels l’imprimerie et le calendrier. Les Philippines sont gérées comme un territoire de la Nouvelle-Espagne et administrée à partir de Mexico entre 1565 et 1821, directement de Madrid de 1821 à la fin de la guerre hispano-américaine en 1898, avec une brève période d’administration britannique entre 1762 et 1764 (conséquence du traité de Paris qui met fin à la guerre de 7 ans). Durant cette domination espagnole de nombreuses villes sont fondées, des infrastructures construites, de nouvelles cultures et de nouveaux animaux d’élevage sont introduits et le commerce est florissant. Les missionnaires espagnols convertissent la plupart des régions au christianisme, et construisent des écoles, des universités et des hôpitaux à travers les diverses îles de l’archipel.

    Le premier établissement d’enseignement espagnol est fondé en 1611 par l’ordre des Dominicains, qui prendra rapidement le nom de Collegio Santo Thomas ; il obtiendra du pape le statut d’université en 1635. Devenu aujourd’hui la Royal Pontifical University Santo Thomas, elle est la plus grande des universités Manilènes.

    Manille et son port Capité, situés au centre de l’île de Luçon, à 14° de latitude Nord, deviennent rapidement un centre d’échanges commerciaux important entre l’Asie et l’Amérique espagnole. Le « galion de Manille » (en fait plusieurs bateaux), qui part d’Acapulco, transporte l’argent américain destiné à acheter des biens expédiés aux Philippines par les empires chinois et japonais : ces biens sont aussitôt transportés à Acapulco, d’où ils se retrouvent sur tous les marchés d’Amérique : les soies et les porcelaine chinoises, les paravents et autres objets laqués japonais se trouvent à Gualajara, Mexico, Lima etc.

    Ce territoire Sud asiatique constitue pour les Castillans un pont idéal pour l’évangélisation de la Chine et du Japon. Le premier saint philippin, Lorenzo Ruiz, est d’ailleurs un « indio » (indigène) emmené avec lui par saint François-Xavier. Si cet objectif religieux a échoué à la suite des réactions, négatives pour le moins, des Chinois et des Japonais à la présence chrétienne, l’Église a été rapidement investie aux Philippine par les monarques espagnols de pouvoirs étendus : justice, ordre public, collecte des impôts, en plus de l’enseignement et de la santé. C’est ce que les historiens philippins évoquent par le vocable « Friocracy » (« le règne des Frères », au sens des ordres religieux). De fait, si jusqu’au début du XIXe siècle, l’autorité officielle dans l’archipel a été exercée par le lointain Mexique, l’éloignement de Mexico et l’éloignement de Madrid expliquent que l’influence de l’Église a été très forte. Cela explique un certain nombre de conséquences encor visibles aujourd’hui, 120 ans après la fin de la colonisation espagnole : un chapelet d’édifices religieux, unique en Asie (et dans le monde si l’on en juge par l’architecture typique des églises philippines) ; une économie dominée par l’importance de la propriété immobilière (à la fin de la colonisation, quand les ordres religieux se sont séparés de leurs biens, ils les ont vendus à quelques famille blanches ou métis toujours puissantes) ; une culture à la fois relativement non violente et conservatrice, notamment sur le plan du contrôle des naissances. L’analyse des pouvoirs religieux sur la société philippine est finement décrite dans les romans de José Rizal (1861-1896).

    Dans les années 1840 l’intérêt des puissances coloniales s’accroit pour Sulu, dont la situation sur le plan commercial et stratégique est exceptionnelle. Le gouvernement colonial espagnol occupe la capitale de Sulu, Jolo, en 1851. Le sultanat de Sulu s’étendait alors sur l’archipel de Sulu et sur les côtes Nord Est de Bornéo ; en 1877, le sultan, qui s’était réfugié sur une autre île, donne ses possessions de Bornéo en bail à la British North Borneo Chartered Compagny. Après une longue résistance, Sulu accepte de devenir vassal de l’Espagne en 1878 et est intégré au territoire philippin.

    Les Philippines étaient le quatrième exportateur de café (environ 32000 tonnes) jusqu’à la disparition total de la production en 1892 à cause de la rouille du café qui a détruit les caféiers.

    À la fin du XIXe siècle s’est développé un mouvement d’émancipation, dont deux des personnages clefs furent Andrès Bonifacio et le poète et écrivain José Rizal. Rizal, chirurgien ophtalmologue formé en Europe (France, Espagne, Allemagne), où il a nourri son projet révolutionnaire inspiré par ses lectures, notamment « Don Quichotte » de Cervantès. La révolution philippine contre l’Espagne débute en Avril 1896. Son inspirateur et leader charismatique, José Rizal, baptisé le « Don Quichotte des Philippines », est capturé et emprisonné avant d’être exécuté par les autorités espagnoles le 30 Décembre 1896. Andrès Bonifacio (1863-1897) proclame, peu après la capture du chef de la Révolution, l’indépendance des Philippines, le 23 Août 1896 et se proclame président du pays. Les Espagnols lancent une guerre contre lui et le forcent à fuir, tandis que les autres forces révolutionnaires, menées par Emilio Aquinaldo remportent des succès. La mort tragique de José Rizal en fait un martyr national et renforce l’élan patriotique et révolutionnaire. Aquinaldo accuse Bonifacio de trahison et de sédition, le fait arrêter et exécuter le 10 Mai 1897.

    (Les historiens philippins

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