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Minorque L’île bio

« Magnifique, sauvage, c’est une île qui invite à la contemplation. Une image rêvée de l’île de Méditerranée, un refuge où Miró, Picasso ou Dalí se retirent pour dessiner, peindre, sculpter. »
Dorothée Meilichzon, architecte d’intérieur du Menorca Experimental.

lle a tout pour plaire, le ciel, le soleil et la mer. Elle a la terre, les chevaux et la pierre. Aristocrate et paysanne en même temps, souvent qualifiée de discrète, elle est tout simplement secrète. Longtemps, les radars du tourisme ont oublié jusqu’à son existence, snobant les quelques immeubles low cost de Cala Galdana ou de Son Bou, dont la clientèle anglaise et allemande était la cible au mitan des années 70. Ceux qui découvraient presque par hasard la ville de Ciutadella et son coeur de pierre la gardaient pour eux, laissant aux autres la turbulente Eivissa (nom catalan d’Ibiza), la mondaine Palma ou la cool Formentera, ses soeurs baléares plus ou moins lointaines. Nombreux furent ceux qui comprenaient «. Plus jaloux qu’un Catalan, seul voisin en odeur de sainteté autorisé à honorer sa surnaturelle beauté et sa gentillesse infinie, on n’osait à peine les contredire. Trop petite pour résister à l’envahisseur, Minorque se souvient d’avoir toujours été très convoitée. Dominée par les Maures, conquise par la couronne d’Aragon, elle fut anglaise au XVIIIe siècle, avec un court chapitre de sept ans (1756-1763) sous domination française, un épisode peu glorieux de notre histoire dont le seul trophée reste la mayonnaise, qui tiendrait son nom de la ville de Mahón. Les Britanniques, eux, royale flotte oblige, y furent les plus vifs à laisser leur empreinte. Fiers de leur île, résistants historiques, profondément républicains, les Minorquins nous rappellent parfois qu’ils furent les derniers à s’incliner devant les phalanges de Franco, sonnant le glas d’une guerre civile espagnole violente et sanguinaire qui les plongea dans le noir et l’oubli pour plusieurs décennies. Plus tard, en 1983, dès lors que l’Espagne recouvrait peu à peu ses droits à la démocratie, que la Catalogne renaissait au rythme d’une Movida joyeuse et que les Baléares se constituaient en communauté autonome – parmi dix-sept autres provinces –, ils furent les premiers à afficher des visées écologistes. Avec un respect de la terre et des traditions profondément ancré, leur bonheur a toujours eu le prix d’un temps long, d’une énergie que l’époque d’aujourd’hui qualifie de durable. Il fallut à peine dix ans au Conseil insulaire pour obtenir de l’Unesco son classement en réserve de biosphère. Depuis plus de vingt-cinq ans, elle est la seule île de Méditerranée à porter ce titre. Pourtant, aucun de ses habitants n’ignore que l’effort pour préserver ce paradis, comme une graine que l’on plante, est un travail de longue haleine.

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