Fundu, le secret de Yickou: Autobiographie
Par Auro Pina
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
AuroPina est originaire du Gabon où elle a grandi avec sa mère. Actuellement, elle travaille chez des seniors en France où elle vit depuis plus d’une décennie. Mère de deux enfants, elle développe une passion pour l’écriture qu’elle n’hésite pas à partager.
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Aperçu du livre
Fundu, le secret de Yickou - Auro Pina
Prologue
C’est l’histoire d’une petite fille heureuse de rencontrer son grand frère, mais qui comprendra vite que ce dernier est son pire cauchemar. Cauchemar dont elle n’avait nullement le droit d’en parler si ce n’est subir encore et encore chaque jour, inlassablement, sans jamais laisser cela affecter sa vie ou son humeur. Elle se devait d’arborer à chaque instant une joie et un sourire de façade quand bien même elle sombrait dans le désespoir dans son for intérieur. Comme disait le proverbe « La vie est une branche de palmier que les vents inclinent à leur gré ». La vie était ainsi faite et elle devait vivre avec.
Vivre dans une souffrance sourde et silencieuse sous les yeux de tout le monde, mais sans que personne s’en rende compte.
Une rencontre qui bouleversera toute ma vie d’enfant à jamais. Rencontre qui volera cette innocence et cette insouciance si caractérielle à cette tranche de vie qui était la mienne.
J’avais une vague idée de ce phénomène, des pensées floues, abstraites sur la question, je ne pensais pas que ce genre de chose existait jusqu’à ce que j’en fasse moi-même les frais.
Je crois qu’avant lui je ne connaissais pas ce que c’était que la méchanceté gratuite ou même la cruauté, tout court, ce que c’était que de haïr une personne. Il me l’a montré chaque jour, c’est incroyable. Comment un enfant peut-il ressentir et subir autant de souffrance, mais quand même continuer à sourire et être joyeux ? C’est sidérant à quel point la peur peut s’avérer un argument dissuasif qui peut pousser un enfant à garder un secret aussi lourd, aussi sombre soit-il. Il m’a appris à mentir juste pour que ce secret que nous partagions malgré moi soit gardé, enfermé à double tour dans le coffre-fort de mon cœur et dont ses poings en étaient la clé. J’ai donc dû m’initier très tôt au mensonge à cause de lui juste pour cacher ce secret.
J’ai commencé à mentir à l’âge de cinq ans, je n’avais pas trop le choix et dehors de ce sombre secret qui me liait à mon grand frère, je n’avais jamais su mentir, je n’avais jamais menti tout court.
Chose étrange, c’est que ma mère me dit un jour que dans mon sommeil, je revivais les scènes de la journée et c’est comme ça qu’elle savait à peu près ce que j’avais fait durant ma journée, mais jamais au grand jamais je n’ai fait allusion dans mon sommeil aux horreurs que me faisait subir mon grand frère. Il a été mon pire cauchemar pendant dix longues années de mon enfance et il ne m’a jamais demandé pardon à croire que, pour lui, c’était normal tout ce qu’il m’a fait vivre.
Voici mon histoire…
Chapitre 1
Ma vie avant lui
Je m’appelle Auropina, je viens d’une famille africaine, mais je suis née d’un père blanc que je n’ai jamais connu. Je ne pourrais pas réellement vous l’expliquer ni en parler. Je n’ai jamais demandé de comptes ou d’explications à ma mère là-dessus ni à connaître mon histoire. En même temps, à mon époque, il y avait des questions qui ne se posaient pas, car comme je l’ai si bien dit plus haut, je suis issue d’une modeste famille africaine et certaines questions étaient pour ainsi dire tabou. De toute façon, je dirais qu’il ne m’a jamais manqué non plus. Ma mère a eu quatre enfants et j’occupe le troisième rang de la fratrie. Avant moi, il y a eu d’abord mon grand frère puis une grande sœur, ensuite il y a moi et enfin, il y a eu une dernière, notre petite sœur.
Je suis née dans une ville appelée Port-Gentil, appelée aussi île Mandji. Son nom lui vient de l’homme qui l’a découverte. Il s’appelait Émile Gentil et cette île était un port pour les commerçants, un comptoir important durant la sombre époque de l’esclavage. Cette ville se trouve au Gabon et elle est appelée aussi capitale économique ou ville pétrolière car plusieurs sociétés pétrolières s’y trouvent. Elle est le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime, une des neuf provinces que compte le pays.
Je ne vivais qu’avec ma mère. Mon grand frère, quant à lui, vivait au village avec nos grands-parents. Ma grande sœur vivait chez son père et notre benjamine chez son père aussi. J’étais la seule à vivre avec notre mère, mais en même temps je n’avais qu’elle, étant donné que je n’avais pas de père. J’avoue, je n’avais aucun rapport avec mon frère et mes sœurs, car ils étaient chez leurs pères respectifs et cette situation était assez difficile à vivre pour moi.
Parlons de ma mère, une femme battante qui n’a jamais baissé les bras devant les obstacles. Elle s’est toujours battue sans jamais fléchir les genoux, une maman africaine, le genre toujours à se plier en quatre pour ses enfants, une femme pleine d’amour. J’ai toujours vu maman sourire même lorsqu’elle devait et aurait pu pleurer sous le poids des méandres de la vie, même lorsque la vie s’imposait à elle et lui mettait des coups d’une violence inouïe, ma mère tenait ferme. Comme le disait si bien Nelson Mandela, paix à son âme, « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre » et l’amour inconditionnel que portait ma mère pour ses enfants a été un catalyseur qui lui a permis de tenir bon avec force et honneur face à l’adversité. Maman était sexy et toujours coquette, j’aimais la voir dans ses petites robes qui lui allaient si bien avec ce corps de jeune fille, car les maternités n’avaient pas eu d’effet sur son physique et j’aimais la taquiner là-dessus. Elle ne se maquillait pas vraiment, car maman était très naturelle. Elle était belle et je voulais lui ressembler quand je serais plus grande.
Je me souviens de ces années où nous vivions chez mon oncle Théodore avec ma maman. J’étais une petite fille et j’allais en maternelle, mon oncle vivait là avec sa femme et ses trois enfants, mes cousins et ma cousine Betty. Toutes les deux, nous étions comme des sœurs, toujours ensemble, toujours complices, et nous ne supportions pas d’être séparées. Avec maman, nous avions une chambre rien qu’à nous. C’était de belles années, une belle époque. Je m’entendais très bien avec mes cousins et ma cousine Betty. Je me souviens, le soir, nous aimions prendre un bol de riz au lait,