Libre comme un poisson: Chronique d'une famille dans le monde de la formation
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À propos de ce livre électronique
Une série d’évènements va dévoiler les intérêts individuels au sein même du clan et parmi le personnel s’adonnant à des activités peu recommandables. Chacun va devoir user de stratégie pour parvenir à ses fins et sortir de l’emprise d’employeurs dénués de scrupules. Ce roman raconte l’implosion d’une famille assoiffée de pouvoir et d’argent qui vont causer sa perte.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Catherine Zoungrana obéit à l’appel de la plume, une discipline à laquelle elle s’est assignée parce que pour elle, elle est thérapeutique et dans son idée du partage, se veut utile à elle-même, à la jeunesse à qui elle a consacré une partie de sa vie en atelier d’écriture. Sans prétention aucune, elle se perçoit comme une libre penseuse et elle s’adapte au numérique en l’apprivoisant pour vivre avec son temps et apporter des réponses dans son métier de conceptrice formatrice e-learning en français langue étrangère.
Auteure, membre SGDL
Succès précédent : Nassara la fille au teint claire, chez Edilivre, 2009
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Aperçu du livre
Libre comme un poisson - Catherine Zoungrana
Préface
Le monde de la formation est impitoyable, quand les intrigues familiales s’en mêlent et que le personnel se livre à des activités illicites et trahit la confiance de ses employeurs, l’annonce d’une catastrophe sonnante et trébuchante s’en suit…
Chapitre 1 : Bienvenue Chez Informtell
Semaine 1 : Jeudi 5 mai 2016
Jean
Jean ouvre la fenêtre de son appartement situé au 3ème étage d’un immeuble calqué sur les cités de banlieue, où d’innombrables colonnes similaires à celle-ci se dressent les unes contre les autres. Il penche la tête pour prendre la température de la journée qui démarre. Aujourd’hui revêt une couleur particulière pour Jean, notre héros. Il fait encore un peu frisquet et toujours pas de soleil en vue, en région parisienne.
« — Ah, sale temps comme d’hab ! pense-t-il » Du coup, il se ravise, en regardant la chemise printanière qu’il vient de s’offrir à l’occasion de son anniversaire. « — Putain, cinquante ballets déjà, faut que ça change… laisse entendre un pli subitement survenu sur son front de quinquagénaire, doublé d’un rictus d’insatisfaction. Putain, je suis en retard là ! Jetant sa chemise assortie aux yeux verts amande, hérités de sa mère et qui ont séduit tant de femmes autrefois. Comme il est loin ce temps-là, aujourd’hui, ses yeux ont viré au gris vert ou vert de gris comme sa mine et la chemise enfilée à toute vitesse, histoire de rattraper les quelques minutes qui le séparent du passage du bus. Il a quand même eu le temps de se recoiffer et de contempler son visage. Décidément, il n’aime pas voir son visage, encore moins le nez proéminent, définitivement rital qui selon lui gâche son ovale. Il n’a pas conscience que ce nez à la Aldo Maccione fait de lui un homme à femmes. Son regard de velours, surmonté d’épais sourcils a construit tout son parcours amoureux et reste une arme de séduction redoutable. A ses yeux, loin est le temps de la séduction car d’autres préoccupations animent le cœur de Jean depuis son licenciement économique de chez Airworld compagny. Une des plus importantes compagnies aériennes au monde. La 3ème au niveau international pour être plus précis. Après 10 ans de bons et loyaux services et surtout après avoir parcouru la planète, exploré les plus belles contrées et profité de toutes les réjouissances que cette terre peut offrir et de ses opportunités de rencontres amicales ou amoureuses. Après, avoir tout sacrifié, des amours sans bagages, sans avenir, éphémères, dont la légèreté n’a laissé aucune empreinte. Seulement des impressions, des sensations sans visages au goût du plaisir qui se renouvelle comme celui de fumer une clope tirée de son paquet au gré du hasard. Peu importe l’emballage au fond. Un vagin, c’est un concept… celui du plaisir avant tout. Quelle importance, puisque Jean avait oublié jusqu’au monde qui l’entoure et s’était barricadé dans sa tour, une cité grouillante, sans visage, où les impressions et les sensations l’avaient privé du bien le plus précieux qu’il affectionnait, s’engouffrer dans un vagin, comme dernier refuge du monde. Le temple du plaisir, et même des plaisirs les plus simples que nous offre la vie, de manger à sa faim, de dormir, de partager, d’exister, d’aimer…
Mais aujourd’hui, l’espoir est revenu et Jean enfin, sort de l’ombre pour revenir à la lumière. Peu importe, le temps qui passe et les tempes grises qui affichent un vécu certain et un certain vécu. La vie n’en a pas fini avec lui. Bien au contraire. Ouf, Il vient de choper son bus à neuf heures précises, pour se rendre à l’entretien qui va changer le cours de sa vie. Mais, chut, ça il ne le sait pas encore…
Paul, Camille et les autres
Au centre de formation « Informtell », ce matin la bousculade est de rigueur, entre les allers venues des demandeurs d’emploi, les futurs apprenants cherchant leur salle et les nouveaux formateurs errant dans les couloirs du centre, chacun se croise dépité ou blasé. Dans cette cohue, un homme au physique sec et au pas vif parvient à se frayer un chemin pour tout simplement atteindre son bureau. Lorsque la porte claque derrière lui, son assistante Sofia s’incruste, brandissant un trousseau de clés.
La question qui se pose est toujours la même, Qui va où ? Car l’attribution des salles est le casse-tête chinois de Paul chaque jour. Pourtant, le planning s’établit à la semaine au siège avant que Camille ne le supervise car il suffirait de le suivre bêtement mais les impondérables constituent son lot quotidien d’énigme à résoudre. Comme un chirurgien qui fait face à un cas médical insurmontable à traiter, il analyse la situation dans son cagibi qui fait office de bureau, faisant mine d’avoir à désamorcer une bombe prête à exploser. Du reste, cette bombe l’attend de pied ferme à onze heures ce matin et se prénomme Camille. Une féministe patentée qui dirige le centre depuis une dizaine d’années, dont l’objectif est d’augmenter la fréquentation des locaux et de réduire drastiquement les dépenses.
"— Bientôt, il nous faudra un chausse-pied pour faire rentrer tout le monde, hurle Paul dans le bureau cherchant le soutien de sa très dévouée assistante Sofia.
Ouais, pourquoi ne pas faire cours dans le parking tant qu’on y est ? demande-t-elle, se voulant ironique.
Non, Camille se fout de ma gueule là ! À quoi bon faire des plannings qui ne servent à rien hein, je vais te leur coller l’inspection et l’hygiène sur le dos moi, tu vas voir…
Bon, que fais-je avec les AIF (Aide insertion à la formation) du jour, je les mets dans la salle « Saturne » ?
Qu’ils aillent au diable ! répond Paul, furieux.
Bah ouais mais là, ça urge avec Flore qui attend son tour en salle pédago !
Bon OK mais, pas d’ordi aujourd’hui, c’est clair !
Ah ouais, c’est vrai, j’appelle l’informaticien, c’est la loi des séries en ce moment, et je fais quoi avec le groupe de FLE ! (Français langue étrangère)
Oh, putain, c’est bon je m’en occupe, décale mon RDV avec Camille à cet après-midi stp !
En espérant qu’elle soit dispo, hein ! Esquissant un petit sourire narquois.
Sinon, tu lui dis d’aller se faire foutre de ma part !
On entend sur le trajet parcouru de Sofia, les voix qui s’échappent de chaque salle de cours à présent occupée par les stagiaires qui selon l’intonation donnent un aperçu de la matière enseignée, montantes et aiguës pour les langues et descendantes, graves pour les matières scientifiques ou techniques.
Au fil des minutes, les couloirs sont désertés pour faire place à des silhouettes déambulant, une feuille ou une sacoche à la main.
Parmi les retardataires, Jean déboule dans le couloir d’Informtell, croise Sofia et la coupe dans son élan en lui barrant la route et en s’excusant.
‘— Bonjour Madame, excusez-moi, j’ai rendez-vous avec Madame Camille Vertigo pour le poste de formateur aéroportuaire.
Ah oui, euh asseyez-vous là, on va venir vous chercher d’accord !
D’accord, merci !
Échange de sourires
Sofia reprend sa route en direction du bureau et se fait percuter par une formatrice ! C’est Flore.
Sofia, désolée, mais ça fait une heure que j’attends ma salle !
Oui Flore, tout en décrochant la clé du trousseau, tenez, allez en salle Saturne au fond du couloir à gauche !
Elle est multimédia ?
Pas d’écran, juste un tableau blanc, je vous donne un marqueur mais attention, un par semaine pas plus OK ! Sourire méprisant ?
Interloquée, s’en suit une succession de balbutiements.
Ah b b b ben, bien, ben bien bien… merci !
Sofia parvient enfin à s’introduire dans le bureau exigu où un défilé constant de formateurs vient se plaindre inlassablement tout au long de la journée.
Elle consulte rapidement le planning sur un écran en mal de veille !
— Où vais-je mettre les FLE (français langue étrangère) ce matin, ils traînent encore dans les couloirs et ne parlent pas français. Une moue désapprobatrice déforme son visage qui se crispe encore plus à l’apparition de Camille par la vitre de son bureau.
— Eh, merde ! intériorise-t-elle
La porte s’ouvre violemment.
Sofia, mon rendez-vous de dix heures est là ? Pourquoi les FLE traînent-ils dans les couloirs et est-ce que Paul est dans son bureau ? Le tout sur un ton cinglant.
Bonjour Camille, alors oui, je ne sais pas et oui, les yeux rivés sur l’écran.
Je ne comprends pas la réponse du milieu pour les FLE, tu me règles le problème de suite là !
Oui Oui, pas de souci Camille ! Sourire forcé du style émoticône plein de dents. Puis rajoute : Ah au fait, Paul veut décaler le rendez-vous de onze heures à cet après-midi, c’est possible ?
Quoi ! Ça fait deux fois qu’il me reporte, c’est bon je le convoque par courrier AR ! De type avertissement ! Ça lui fera les pieds, il va se faire foutre !
Ah ben, les grands esprits se rencontrent ! Échappe à Sofia ?.
Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Non rien, euh je t’envoie le rendez-vous de dix heures ? Même sourire forcé
Euh, ben oui, ça marche et toi tu t’occupes des FLE illico presto, c’est compris !
Oui de suite ! De nouveau, sourire forcé.
Jean pénètre dans le bureau de Camille, intimidé par cette belle métisse, trentenaire au caractère bien trempé.
Camille l’invite à s’asseoir.
Excusez le désordre, je n’ai que très peu de temps à vous consacrer, mais bon…
Au même moment, le portable se met à vibrer puis très rapidement la sonnerie retentit. Elle évalue le degré d’urgence tout en le priant de l’excuser et c’est Paul qui l’appelle ! Un message automatisé « je suis en réunion et vous rappelle plus tard » lui est renvoyé.
Paul maugrée, « Elle va me le payer cette garce ! ».
Camille reprend l’entretien…
Bon, reprenons, je cherche un formateur pour une formation qui va démarrer le mois prochain dans le domaine de l’aéroportuaire. Je vous explique qui nous sommes mais vous avez dû vous renseigner également sur internet, j’imagine !
Oui !
Puis reprenant la parole.
Donc pour faire court, nous sommes à deux pas de Roissy et nous voulons développer le pôle aéroportuaire très prometteur au niveau de l’accueil et de la sécurité, surtout par les temps qui courent, y a de gros besoins, voyez !
Jean acquiesce et attend le signal qui lui donnera la parole. Puis d’instinct, s’impose et enchaîne avec un argument de poids.
J’ai dix ans d’expérience dans l’aéroportuaire, j’ai commencé ma carrière comme agent d’escale et ensuite comme Stewart et j’ai…
Combien de langues parlez-vous ?
Anglais, italien, allemand, français
Espagnol ?
Un poco, renchérit Jean qui se sent pousser des ailes
Perfecto ! répond Camille, laissant percevoir un début de satisfaction de cet entretien de meilleur augure que ne laissait présager cette matinée.
Le portable vibre de nouveau,
Oh zut, tant pis, et vous connaissez la réglementation aérienne ?
Oui sécuritaire notamment !
Vous êtes disponible quand ? Tout en pianotant sur son portable pour répondre aux sollicitations de Paul. La ligne directe se met également à sonner. Bon sang, mais c’est pas vrai ! La formation commencera dans un mois si le progiciel Altéa est opérationnel. Bref, votre candidature m’intéresse, donc je n’irai pas par quatre chemins. Les horaires chez nous sont de neuf heures à dix-sept heures du lundi au vendredi. Je vous communiquerai l’ensemble des modules de cette formation qualifiante et diplômante en trois mois avec un stage pratique d’un mois à réaliser pour les stagiaires. Nous pouvons vous remettre le scénario pédagogique mais pas les contenus. Est-ce que ça vous convient ?
Oui, Oui, bien sûr et en ce qui concerne la rémunération ?
Camille affiche une moue faussement