S’il est fréquent de voir des groupes Facebook d’anciens élèves de lycée se créer aujourd’hui, les retrouvailles entre Amélie Mortiers et Éric Kherson ont peut-être la résonance de toute une vie. Les deux protagonistes du nouveau roman de David Foenkinos, La Vie heureuse, n’étaient pas amis mais la jeune femme, désormais directrice de cabinet du secrétaire d’État au Commerce extérieur, est persuadée que lui proposer un poste au sein de son équipe est une idée qui a tout du génie. Éric a gravi les échelons de l’entreprise Décathlon pendant plus de vingt ans jusqu’à obtenir un poste à hautes responsabilités. Celui-ci lui compléterait à merveille ses connaissances. S’il est d’abord intrigué par cette proposition venant d’une ancienne camarade revenue des tréfonds de son adolescence bretonne, il accepte, sentant bien que cela pourrait être une échappatoire à la mélancolie qui le ronge depuis la mort de son père et le départ de sa femme. Lors d’un voyage professionnel à Séoul pour rencontrer le grand patron de Samsung, les doutes d’Éric refont surface. Cette ville, portée sous une chaleur écrasante et des averses terrassantes, l’atteint physiquement et mentalement. Cette décompensation totale le pousse à quitter l’hôtel pour déambuler dans les rues de la capitale coréenne, l’âme décharnée par une vie sans cesse brutalisée. Au détour d’une rue, une boutique se présente à lui, l’enseigne lui indique « Happy Life ». Ses jambes l’y mènent, une hôtesse l’accueille lui proposant l’expérience la plus funeste d’une vie: préparer son enterrement.
PREMIÈRE PARTIE
1
Éric Kherson appréhendait toujours de prendre l’avion. Il dormait en général assez mal la veille du voyage, se laissant dériver vers les pires scénarios possibles, imaginant tout ce qu’il laisserait derrière lui après sa mort violente dans un crash. Mais le désir d’ailleurs demeurait plus fort que la peur, dans ce combat incessant entre nos pulsions et nos frayeurs.
2
En tant que nouvelle directrice de cabinet du secrétaire d’État au Commerce extérieur,
